Un nouveau siècle
pour le Couvent des Jacobins

Fondé au XIVe siècle, ce lieu spirituel et intellectuel
renaît en Centre de congrès,
mariant haute technologie et patrimoine.

A l'origine était...

Le Couvent des Jacobins, fondé en 1369. Il porte le nom de frères prêcheurs, appelés aussi Dominicains, un ordre implanté aux portes nord de la ville, actuelle rue Saint-Malo. Le duc de Bretagne Jean IV est son principal mécène. 
Les fiançailles d'Anne de Bretagne avec le roi  de France Charles VIII y auraient été célébrées, le 17 novembre 1491, leur mariage consacrant l'union de la Bretagne à la France.

L'activité principale des Dominicains est la prédication et l'enseignement de la philosophie et de la théologie. Même si les religieux sont pauvres, la bibliothèque du couvent comprend plus de 5 000 livres imprimés (fonds en partie conservé à la bibliothèque des Champs Libres). Aux XVIe et XVIIe siècles, le couvent des Jacobins est un centre d’étude dont le rayonnement intellectuel engendre des vocations et des recherches de qualité.

Après la Révolution, le couvent est occupé par l'armée, qui apporte au bâtiment d'importantes transformations.

LE PROJET DU CENTRE
DES CONGRÈS

Redonnant un nouveau souffle à un élément majeur du patrimoine breton, l'installation du Centre des congrès dans l'ancien couvent offrira une âme et un caractère particuliers aux rendez-vous qu'il abritera, à partir de 2018. 
A 90 minutes de Paris dès juillet 2017, ce nouveau centre des congrès aux standards d’accueil internationaux, recevra tous types d’événements : congrès, conventions, salons. Cet équipement proposera des espaces conçus dans une démarche de développement durable, entièrement connectés, équipés des dernières technologies.
La gestion du centre des congrès est confiée à Destination Rennes, société publique locale financée par Rennes Métropole et la Ville de Rennes.

Le Centre des congrès, en 2018 :
1 auditorium de plus de 1000 places
25 salles de commissions en simultané
   
3 000 m2 d'exposition   
1 500 personnes accueillies en  restauration
Labtop / Jean Guervilly Sociétés d'architecture
Avec sa tour signal, le Centre de congrès revient mettre en lumière un lieu d'exception, au cœur du centre ancien de Rennes.
Labtop / Jean Guervilly Sociétés d'architecture
A la place de l'ancienne église, le petit auditorium de 300 places accueillera des conférences... ou des concerts.
Labtop / Jean Guervilly Sociétés d'architecture

Des travaux d'exception

Octobre 2014. Le couvent des Jacobins entre en lévitation... Le sol se dérobe sous le bâtiment construit au XIVe siècle. Il reposera uniquement sur des «micropieux», comme l'explique explique Jean Guervilly, architecte du projet : «on met des tiges pour le tenir, on creuse, on rebâti puis on enlève les pieux.» Le sol a été creusé jusqu'au ras des fondations («il y en a à peine, à l'époque on posait quasiment les bâtiments sur le sol»), les planchers ont tous été enlevés et les murs solidifiés à la base.

On peut donc admirer les volumes dans leur intégralité, du sol au plafond. Constater toutes les modifications réalisées à travers les siècles : fenêtres condamnées, niches murées, sculptures médiévales, enduits à la chaux. On est émerveillé par les pierres d'origine, les encadrements en tuffeau, les frises décoratives en stuc dans le cloître. « On a essayé de respecter au maximum le bâtiment d'origine, avec l'aide des Monuments Historiques », précise l'architecte. Au rez-de-chaussée, la totalité du bâtiment ancien sera visible. « La nouvelle construction sera sobre, en retenue, pour valoriser ce patrimoine. »

L'entreprise Sogéa, titulaire du marché, a réalisé une vidéo 3D pour présenter les techniques impressionnantes qu'elle a mis en oeuvre sur ce chantier...

DES MÉTIERS D'ART
AUX PETITS SOINs

Samuel Monvoisin, tailleur de pierre, spécialisé en monuments historiques, est habitué à s'exercer sur des bâtiments anciens voire classés.  « Je savais que le couvent était un chantier d'envergure mais quand je suis arrivé, j'ai halluciné devant l'ampleur des travaux. »
R.Volante.

Romain Forgeau et trois autres charpentiers de l'entreprise Godard, (La Chapelle-sur-Erdre), ont travaillé au remplacement total de la charpente, trop dégradée. « Cette charpente est composée d’environ 700 pièces, dont 68 fermes, les éléments triangulaires qui supportent la couverture», commente Romain Forgeau, 31 ans, et 16 ans de métier, dont 8 en restauration de monument historique. La nef a nécessité près de 200 m3 de chêne, issu de forêts domaniales de l’Ouest de la France. La charpente, à chevrons, est identique à un modèle de la même époque. « Les bois ont été taillés manuellement puis assemblés dans les ateliers de l’entreprise. » Pour installer cette charpente, il a fallu une grue mobile de 100 tonnes. Un chantier qui a pris six semaines. « Tout le mur de la nef était cintré. Il a fallu épouser les déformations.» La charpente restera visible depuis l'auditorium de 300 places, 19 m plus bas.

La charpente à chevrons, refaite "à l'ancienne"
par l'assemblage de près de 700 pièces de chêne.

Florent Richard, l'architecte : il veille sur la restauration du couvent pendant les 7 ans que durent les travaux.

Des fouilles pleines de surprises

Les travaux ont été précédés d'une période de fouilles, qui se sont révélées plus que fructueuses. Au nord de la parcelle, se trouvait un important croisement de voies et l'une des entrées de la ville antique, Condate, avec ses rues, ses boutiques d'artisans et même un temple carré du IIIe siècle, tous mis au jour par l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives). Avec 8 000 m2 explorés, cette opération fut l'une des fouilles urbaines les plus importantes jamais menées dans l'Ouest de la France.
Dans le couvent, l'Inrap a découvert plusieurs centaines de sépultures du XVe au XVIIIe siècles. Elles donneront lieu à une importante étude anthropologique. Parmi les cercueils retrouvés, celui exceptionnellement bien conservé, de Louise de Quengo : les toiles de ses habits religieux, ses tissus corporels et le cœur de son époux, enterré avec elle, dans un cœur de plomb, parlent beaucoup aux anthropologues.

Dans ces cercueils de plomb retrouvés par l'Inrap des sépultures dans un incroyable état de conservation.
(photo Inrap)
Plusieurs centaines de dépouilles, enterrées dans l'église et dans le cloître du couvent, ont été examinées par les archéologues, archéo-anthropologues et médecins légistes pour répondre à cette question : de quoi mourrait-on au XVIIe siècle?  
(D. Gouray)

Pour en découvrir plus sur cette enquête historique, voir le site de l'Inrap.