Pour la deuxième année consécutive, le budget participatif de la ville de Rennes a permis aux habitants de proposer leurs projets pour leur ville ou leur quartier, puis de voter pour leurs projets préférés. 11500 votants ont finalement élu 44 projets, pour un budget total de 3,5 millions d'euros. Un dispositif qui a valu à la Ville de Rennes de recevoir en 2016 le prix de la participation citoyenne Le Monde-Smart Cities.
Mais au fait, le budget participatif, c'est quoi ? On commence par tout vous expliquer en vidéo… et en 2 minutes
Retour sur les différentes étapes d'une aventure emblématique de la "Fabrique citoyenne" rennaise.
PHASE 1 : DES IDEES POUR
MA VILLE ET MON QUARTIER
630 PROJETS DÉPOSÉS !
Du 1er octobre au 2 novembre, chacun pouvait donc déposer son ou ses projets en ligne sur le site www.fabriquecitoyenne.rennes.fr, à titre individuel ou collectif, sans condition d'âge ou de nationalité.
Pour cette deuxième édition, ce ne sont pas moins de 630 projets qui ont été déposés, confirmant ainsi l’engouement citoyen pour le budget participatif.
Près de la moitié des projets concernaient l’aménagement des espaces publics et des espaces verts. Le sujet du transport et de la mobilité arrive en deuxième position (à 18 %). En troisième position arrivent la culture, les loisirs et le sport (à 14 %) avec des projets de bibliothèques de rue, de fresques, d’art dans la Ville ou bien encore d’équipement sportif de proximité.
Pour les autres projets, 9 % concernent la citoyenneté, l'innovation sociale ou numérique, près de 7 % la propreté urbaine, la réduction des déchets, 3,5 % la santé, la solidarité, 3 % l'éducation et la jeunesse et un peu plus de 2 % la maîtrise et la production d'énergie
"Les Rennais se sont appropriés le budget participatif"
Globalement, on note que les projets de la deuxième édition édition du budget participatif étaient mieux construits que ceux de 2016, avec des objectifs et descriptifs des projets plus détaillés. On peut voir dans ces résultats le fruit du travail d'accompagnement des porteurs de projets. "Ce succès démontre que les Rennais se sont appropriés le budget participatif. Aujourd’hui, la démocratie locale ne peut plus se résumer à une élection tous les six ans. Les citoyens veulent proposer et décider eux-mêmes des investissements dans leur ville et dans leurs quartiers. Rennes est aujourd’hui en train de réussir le pari de la Fabrique citoyenne", souligne Nathalie Appéré, maire de Rennes.
A cette étape, c’est aux services de la Ville de jouer. Chaque projet déposé est en effet étudié : respecte-t-il les critères de la charte rennaise de la démocratie locale ? Est-il faisable ? Pour quel coût prévisionnel ? Le comité de suivi, composé en majorité de représentants des habitants, validera ensuite la liste définitive des projets.
PHASE 2 :
DECOUVRIR LES PROJETS
Pour le lancement du vote, chaque quartier organisait une "agora" pour convier les porteurs de projets à promouvoir leur idée auprès des habitants.
Reportage à la mairie de quartier Bréquigny Sud Gare, où les habitants se sont retrouvés le 28 janvier pour découvrir et défendre les projets du quartier :
« C'est un flux continu depuis 9h, s'enthousiasme Julien Fée, directeur du quartier sud-ouest. Les gens sont beaucoup plus mobilisés qu'en 2016 ! »
Certains porteurs de projets avaient sorti les grands moyens. Comme Ronan, porteur d'un projet pour un collectif d'habitants, coup de cœur du conseil de quartier : la création d'une place de la convivialité à Clémenceau. Sur sa tablette défile des images de synthèse ou des photos pour présenter le projet. Avec un débit maîtrisé, le jeune homme commente les images et déroule son argumentaire, très pro !
Neuf autres projets ont reçu le coup de cœur des conseils de quartier de Bréquigny et Sud-Gare : le réaménagement de la place Bir Hakeim ou de la place Sarah Bernhardt ou la création d'une cabane dans le parc de Bréquigny.
L'agora de quartier était aussi l'occasion de rappeler l'esprit du budget participatif et les projets précédemment porté l'année dernière. Depuis le mois de septembre un poulailler est installé dans le jardin des Ormeaux, entretenu par un collectif d'habitants ; l'école des Cloteaux a son potager et les boîtes à livres, Monstrolivres, sont en cours d'installation dans le parc de Bréquigny. Autant de projets réalisés en 2016 qui assurent un bel avenir à ceux qui seront choisis par les Rennais en 2017. « Et nous avons déjà réalisé un objectif, souligne Julien Fée. L'agora incite les habitants à échanger entre eux, cela fonctionne ! »
Isabelle Jarjaille
Dans le même temps, les habitants des quartiers Ouest se retrouvaient autour d'un café budget sur le mail Mitterrand, toujours pour découvrir les projets concernant leur quartier :
« Je me suis intéressée au budget participatif, d'abord par le biais du projet d'aménagement des Cartoucheries. C’est pour moi un lieu unique, onirique. Je pense aussi que la Fabrique citoyenne est une occasion pour tout Rennais de s’exprimer, ce serait dommage de passer à côté, déclare cette habitante de la Mabilais. Un grand sourire éclaire le visage de la représentante de la future association des Cartoucheries : « Les gens ont bien compris notre projet. Rénover en partie ces espaces tout en préservant leur aspect retravaillé par la nature, c’est favoriser l’usage de ce site, créer du lien dans le voisinage et bien au-delà… ».
Créer l’ambiance
À deux pas, le collectif Fannyalizon explique : « On est voisins du stade. L’idée de mes colocs, c’est de créer des baby-foot revisités qui permettraient à tous de venir jouer et de recréer l'ambiance du football à l'extérieur du stade. Ils ont même dessiné les plans pour faciliter la fabrication des baby-foot par les écoles, les centres de loisirs etc. »
Près de la machine à café, Béatrice propose d’aménager le Parc de la Guérinais : « Peu de gens connaissent cet espace, que j’ai découvert en voulant essayer le cerf-volant offert à ma fille. On pourrait se retrouver autour d'un barbecue, d'une table, d’un boulodrome… Ce serait un vrai poumon pour les gens du quartier », souligne-t-elle, photos à l’appui. « Je découvre cet espace aujourd’hui, alors que je passe régulièrement à côté, en allant me balader », reconnaît son interlocuteur.
Prolonger la mémoire
Un nouveau groupe se forme. « Ce n’est pas un peu gros, le budget que vous demandez ? » Fermement appuyée sur le guidon de sa bicyclette, une passante interpelle Christine, membre du comité de quartier Moulin du Comte. L’occasion est belle de se montrer pédagogue : « C’est un projet mémoire qui est proposé. Depuis 2015, le comité de quartier a pris l’initiative de collecter photos et témoignages à l’occasion des « goûters rétros » réunissant d’anciens habitants. Pour aller plus loin, le comité a fait appel à deux jeunes afin de mettre en place un parcours d’interprétation. » Et tous les passants promettent de voter…
C. Chéron
PHASE 3 : L'HEURE DU VOTE
Du samedi 28 janvier au dimanche 12 février 2017, les Rennais pouvaient voter pour leurs projets préférés. Pour cela, une Agora avait été installée place de l'Hôtel de Ville, comprenant une exposition et un espace salon où les projets pouvaient être consultés et où les habitants pouvaient échanger avec des porteurs de projets. Il était également possible de voter sur place. Sur la place de la mairie, une exposition présentait les projets, quartier par quartier.
Il était également possible de voter en ligne pour ses 10 projets préférés, sur fabriquecitoyenne.rennes.fr .
Enfin, samedi 4 et dimanche 5 février, un vote papier était organisé afin de favoriser la participation de tous. Un bulletin de vote comportant dix cases permettait aux votants d'y inscrire, à l'aide d'un catalogue des projets, un maximum de 10 projets, dans la limite des 3,5 millions d'euros. Chaque votant s'engageant à ne voter qu'une seule fois.
PHASE 4 :
LE VERDICT DES URNES
Record de participation
Pour chaque quartier, les 2 projets totalisant le plus de voix ont été retenus. Puis, les projets totalisant le plus de voix, sur l'ensemble des projets soumis au vote (sans distinction géographique) seront retenus, dans la limite de 3,5 millions d'euros.
La 2e saison du budget participatif aura battu des records : sur 630 projets, 44 ont été retenus, choisis par près de 11 500 votants, soit 65% de plus que l’année dernière. « Cela montre l’appropriation de ce nouvel outil de démocratie participative par les habitants, s’est réjouie la maire, Nathalie Appéré. Cette année, les porteurs de projets ont été mieux préparés. Ils ont approfondi leurs propositions en amont, lors de cafés-budget et d’ateliers thématiques, au cours desquels ils ont pu rencontrer les services de la Ville. »
Autre nouveauté également pour la deuxième saison : retenir deux projets par quartier, afin de garantir un équilibre sur toute la ville. « Cela a créé une véritable dynamique, se félicite Didier Le Bougeant, élu à la Vie de quartier. Des habitants qui n’en avaient pas l’habitude se sont regroupés, constitués en association, ont fait du porte-à-porte pour convaincre leurs voisins, sont devenus des militants de leur ville ! Cela fait plaisir de voir que l’on peut se mobiliser collectivement pour des choses positives et constructives. » Même enthousiasme pour l’élu à la Démocratie locale, Jean-Marie Goater pour qui Rennes, parmi 24 autres villes à expérimenter cette forme de démocratie nouvelle, se classe dans le peloton de tête en terme de nombres de projets déposés, de sommes qui leur sont allouées et de nombre de votants. « Nous allons accueillir les Rencontres nationales du budget participatif, fin 2017 », a-t-il par ailleurs annoncé.
À noter que pour les propositions non retenues, la vie ne s’arrête pas là. Elles pourront être intégrées dans les projets portés, hors budget participatif, par les conseils et direction de quartier ; ou donner, par exemple, des idées pour de futurs aménagements ou être représentées l’année prochaine… et tenter d'être élues !
A LIRE SUR CE SUJET L'ARTICLE DU JOURNAL LE MONDE
A VOIR LA VIDEO DE FRANCE 3
REVUE DE PROJETS ELUS
44 projets ont été plébiscités par les habitants.
Zoom sur 10 d'entre eux...
Un projet sportif collaboratif
Le projet de parc de street work-out est né de la synthèse de 2 propositions.
Le projet expliqué par Yann Cabidoche, fondateur de l'association « No limit barz », l’un des deux porteurs de ce projet : « Si les installations sportives du Mail offrent quelques commodités pour les pratiquants, la création d’un véritable parc offrirait de meilleures conditions d’épanouissements aux amateurs de la discipline. En complément, l’installation de pédaliers au pied des bancs publics serait un plus au sein de cet espace sportif. Ces dispositifs permettraient également de produire de l’électricité afin d’alimenter des chargeurs pour mobiles et tablettes ». Les pédaliers, c’est l’idée de Murièle Jourde, également impliquée dans le projet.
NB : street work-out = entraînement à poids de corps, sans matériel compliqué, dans l'espace public.
La coulée verte de l'école Châteaugiron-Landry pour cheminer malin
395 Rennais ont voté pour l'aménagement d'un cheminement pédestre et cycliste qui reliera les secteurs du Landry et de Villebois-Mareuil. Une façon de valoriser la coulée verte de l'école Châteaugiron-Landry. Ce premier projet retenu dans le quartier Francisco-Ferrer-Landry-Poterie est porté par l'association des parents d'élèves.
Des balançoires musicales et lumineuses
925 Rennais ont voté pour l'installation de 21 balançoires musicales, un concept ludique et artistique venu de Montréal, porté par l'association Electroni[k]
Rennes sera l'une des six villes dans le monde (deux en Europe, deux en Asie et deux en Amérique du Nord), à accueillir de façon pérenne les 21 balançoires. Le lieu proposé par l'association est le mail François Mitterrand. « Il nous semble un lieu porteur », note Florine Rupin d’Electroni[k]. Choix qu'il faudra valider après une phase de concertation avec les habitants et les services municipaux.
Découvrez les mystérieuses balançoires lumineuses et musicales en vidéo :
Notre article sur le projet, à lire ici
Réaménagement de la place Bir-Hakeim
Ce projet a pour objectif de réaménager la place Bir-Hakeim, située en plein marché Sainte-Thérèse, pour en faire un espace agréable, ludique, et convivial dans l'esprit d'une « place de village ».
Découvrez le projet en vidéo, avec ce reportage de France 3
Les glaneurs rennais veulent solidariser
les Lices
Le projet des glaneurs rennais se met peu à peu en place. Objectif : « Récupérer les fruits, légumes, pains et fleurs invendus sur le marché des Lices, le samedi matin, et les redistribuer gratuitement à des associations ou des particuliers », résume Simon Michel, étudiant de 25 ans, à l'origine du collectif avec deux autres amis.
Une centrale solaire
pour Albert de Mun
Porté par un collectif d'habitants de Sud-Gare, ce projet prévoit m'installation de panneaux photovoltaïques sur le toit de l'école Albert De Mun.
valoriser les langues parlées à Rennes
Art Nomadis porte le projet d'une structure valorisant les différentes langues parlées à Rennes, boulevard de al Liberté. Elle permettra aux passants d'aller à la rencontre de ces langues mais surtout des histoires qu'elles portent.
A 13 ans, il obtient un terrain de tennis pour son quartier !
Passionné de sport, Ulysse a proposé la transformation d'un terrain vague en court de tennis. En attendant sa réalisation, il continue à soigner coup droit et revers
Des ruches pédagogiques au jardin d'Alphonse
Deux ruches s'installeront dans la jardin d'Alphonse cette année. Un projet soutenu par 800 votes qui permettra de sensibiliser les habitants à l'importance des abeilles dans la biodiversité.
Une aire de jeux à côté de l'école Jacques Prévert
Porté par la MJC Maison de Suède en concertation avec les habitants, le projet d'aire de jeux à proximité de l'école Prévert sera financé à hauteur de 25000€ par le budget participatif. Pour permettre à petits et grands de se retrouver dans un lieu sécurisé.
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