La traque de Younès Abouyaaqoub

Quatre jours pour neutraliser l'auteur de l'attaque terroriste de Barcelone

Ce que l'on sait, au lendemain de son décès, du parcours du jeune marocain
de 22 ans entre le jeudi 17 et le lundi 21 août 2017.

Webdoc réalisé par Virginie Vals et Sophie Babey/lindep.fr

Jeudi 17 août, 16 h 50 :
une fourgonnette fonce sur les rambles

La fourgonnette zigzague au milieu de la foule des touristes fauchant les passants par dizaines. Sur à peine 500 mètres, entre la place de Catalunya et le Liceu, elle tue 13 personnes et en blesse une centaine.



Younès Abouyaaqoub, pas encore identifié, abandonne la fourgonnette sur place et prend la fuite à pied en direction du marché de la Boquería. Sa course sera retracée grâce aux images de vidéosurveillance.

1 h 20 après le début de l'attaque, le fugitif est sur la zone universitaire de Barcelone où il intercepte un véhicule, et tue son occupant à l'arme blanche.
Il s'empare de sa Ford Focus et se dirige vers l'avenue Diagonal où il tombe sur un barrage de la police catalane, les Mossos d'Esquadra. Il force le point de contrôle en blessant au passage un agent. S'engage alors une course-poursuite au cours de laquelle les policiers perdent sa trace.

A 19 heures, on retrouve le véhicule volé abandonné à Sant Just Desvern, dans la banlieue de Barcelone, devant l'édifice Walden. Le cadavre de son propriétaire, Pau Perez, gît dans l'habitacle. 

Dès lors, Younès Abouyaaqoub, disparaît des radars pour plusieurs jours... Sa description est diffusée mais les enquêteurs ignorent encore son identité.


S'ouvre alors un nouveau volet de l'enquête.

Dès la nuit de jeudi à vendredi, les Mossos perquisitionnent plusieurs logements sur la commune de Ripoll, situé au pied des Pyrénées, à une heure de Perpignan.

Il s'agirait du fief de la cellule djihadiste à l'origine du drame de Barcelone. Rapidement le lien est fait avec l'attaque de la station de Cambrils qui a fait un mort dans la soirée ainsi que l'explosion survenue dans la matinée à Alcanar dans une maison particulière. Plusieurs terroristes ont péri dans ces deux derniers événements.


Vendredi 18 août :
le jour où la police identifie younès abouyaaqoub

Très tôt, les enquêteurs comprennent qu'ils ont affaire à un groupe organisé d'une douzaine de terroristes. Ils identifient parmi eux le plus jeune, Moussa Oukabir, autre Marocain, âgé de seulement 17 ans. A cet instant, il est suspecté d'avoir été au volant de la fourgonnette blanche des Rambles.


Autre habitant de Ripoll, Younès Abouyaaqoub, pour sa part, est déjà ciblé comme membre de la cellule terroriste. 



Les recherches se concentrent autour de la gare de Gérone et d'une Renault Kangoo blanche, qu'il aurait louée jeudi en début d'après-midi à Barcelone.

La police catalane associe les autorités françaises à ses démarches : des contrôles sont mis en place de part et d'autre de la frontière. Elle le soupçonne, en effet, de tenter de fuir par la France.


Dans l'après-midi les enquêteurs catalans apprennent que le corps de Moussa Oukabir figurerait au nombre des terroristes tués par les Mossos au cours de l'attaque de Cambrils. S'installe alors le doute sur son implication dans l'attentat des Rambles.

Tout laisse à penser, dès cet instant, que Younès Abouyaaqoub, pourrait être le conducteur de la fourgonnette. Aucune certitude cependant n'est établie. 

Samedi 19 août :
l'europe entière
SUR LA PISTE
de younes abouyaaqoub

Les autorités poursuivent les recherches, notamment avec des barrages routiers, intensifiés près de la frontière. 


Parallèlement à l'enquête menée à Ripoll, où l'imam n'est toujours pas localisé, la traque de Younès Abouyaaqoub se poursuit. Il apparaît de plus en plus comme un élément central du dispositif terroriste. 

Interrogée par la presse, sa mère lui demande de se rendre. 


Sans qu'on sache s'il l'a utilisée, et surtout, à quel moment, la Kangoo est retrouvée à Vic, près de Barcelone.  Pourtant, les yeux sont toujours braqués vers la frontière française. A Perpignan, des plots sont installés pour sécuriser la place de Catalogne. Une relative psychose s'insinue dans les esprits. Au point qu'un incident survenu dans la soirée à la gare de Nîmes soit repris par tous les médias catalans. L'arrestation d'un individu armé d'un pistolet factice a failli mettre le feu aux poudres. Younès Abouyaaqoub est l'homme le plus recherché d'Europe. 


DIMANCHE 20 août :
LE TERRORISTE
 SUR LE SOL FRANçais ?

 Au 3e jour de la traque, alors que l'hypothèse selon laquelle l'imam de Ripoll aurait péri dans l'explosion de Alcanar, Younès Abouyaaqoub apparaît comme le dernier membre de la cellule terroriste toujours en fuite. 


La police déclare qu'il pourrait avoir franchi la frontière française. On apprendra plus tard, qu'une carte du sud-est de la France a été découverte au domicile des terroristes lors des perquisitions menées à Ripoll. 



L'enquête conduit à des ramifications en Suisse ainsi qu'en Belgique. 



A Ripoll, les policiers mettent sur la main sur la moto de Younès Abouyaaqoub, garée à une dizaine de mètres du domicile de Moussa Akoubir. Elle n'aurait pas bougé depuis jeudi. 

Les conclusions des prélèvements ADN confirment définitivement que le fugitif reste le seul et unique membre de la cellule terroriste encore en cavale. La police met les bouchées doubles pour parvenir à le localiser. 

L'assaut final

AFP

LUNDI 21 août :
Younès Abouyaaqoub abattu

A la première heure ce lundi, les Mossos d'Esquadra diffusent un avis "de recherche et de capture" contre Younès Abouyaaqoub identifié formellement comme l'auteur de l'attentat sur les Rambles de Barcelone. Seul et unique conducteur de la fourgonnette-bélier. 

Dès lors, le pays entier est à ses trousses. Les Mossos diffusent à grands renforts de moyens de communication, en catalan, en espagnol, mais aussi en français et en anglais, ses photos et sa description, soulignant sa dangerosité. 

La population est appelée à collaborer avec la police en signalant par téléphone toute personne qui pourrait correspondre au signalement.  

La stratégie de l'encerclement va rapidement porter ses fruits. A 15 h 30, deux témoins appellent les Mossos : ils auraient formellement identifié le fugitif près de la gare de San Sadurni d'Anoia, commune située à quelques encablures de Barcelone, dans l'arrière-pays, près de Vilafranca del Penedes.  Sur place, deux agents de police municipale repèrent en effet au milieu des vignes un individu au comportement suspect. 




A 17 h, les Mossos s'approchent pour l'identifier. Tout ira très vite. 

L'homme dévoile une ceinture d'explosifs et crie "Allahu Akbar". Les policiers font feu. Il faudra attendre que le robot détecteur d'explosif ait écarté tout danger (la ceinture était fausse) pour permettre son identification formelle. 

Fin de cavale pour Younès Abouyaaqoub, responsable au total de 15 décès et une centaine de blessés à Barcelone ce jeudi 17 août. Bien moins sans doute que ce qui était envisagé au départ par le groupe de 12 terroristes.