FIVES CAIL 
L'incroyable métamorphose

Des premières locomotives à vapeur au métro de Shanghai, Fives Cail Babcock a fait figure de fleuron de l'industrie sidérurgique du Nord.
Fermée en 2001, l'usine est en train de connaître une nouvelle vie.

Les Villes de Lille et d'Hellemmes et la Métropole européenne de Lille se sont mobilisées pour y lancer un projet d'envergure. Au programme : un lycée hôtelier, un gymnase, des logements, des espaces publics... et une cuisine commune.

Une friche gourmande jusqu'au 30 septembre !

Photo Daniel Rapaich

Et en attendant l'ouverture, en 2019, de la cuisine commune qui abritera un food-court regroupant une quinzaine de restaurateurs privés autour d'une grande terrasse, une cuisine partagée pour les habitants et les associations, une serre urbaine et un incubateur culinaire, il se passe déjà des choses ! 

"L'Avant-goût", lieu éphémère de préfiguration, permet aux habitants de se rencontrer, notamment pour préparer et partager des repas. Il y est aussi question de solidarité, de bonnes pratiques alimentaires et d'agriculture urbaine.

Et depuis le 22 mai, c'est la "friche gourmande" qui a débarqué sur les lieux ! 

Boire un verre, grignoter un plat léger au soleil, jouer aux fléchettes ou au baby-foot, écouter un peu de musique, la "friche gourmande" allie restauration et animations pour tous les âges. Installée sur le site de "l'Avant-goût", elle s'étend sur 1200 m2 organisés autour de stands, d'une cabine de DJ's, d'un bar à vins, de mobilier en palettes, de tables communes, de jeux gonflables...




La friche gourmande est avant tout un lieu de vie imaginée par Guillaume et Philippe, issus d'une école de commerce, qui se sont inspirés des street food market découverts lors de leurs voyages. Ils développent ainsi ce concept à Lille, en partenariat avec la Ville de Lille.

Tout se passe dehors et l'accès au site et les activités sont gratuites. Ensuite, le coût dépend des consommations ! 

La friche gourmande est ouverte jusqu'au 30 septembre, au coin du 92 rue Philippe Lebon, à Fives : les mardi, mercredi et jeudi de 17h à 23h, le vendredi de 17h à minuit, le samedi de midi à minuit et le dimanche de midi à 23h.

D'autres infos ici 

Le projet Fives Cail

Photo Daniel Rapaich


Sa taille, son positionnement géographique, sa valeur symbolique : Fives Cail ne peut échapper à un grand destin !

C'est donc un projet d'aménagement exceptionnel qui est en cours sur le site de l'ancienne usine. Sa réalisation a été confiée à la société d'économie mixte Soreli.
Ce projet est en train de changer le visage de ce secteur fivois, au niveau de la ville bien sûr, mais aussi au niveau de la métropole.

Il s'articule autour de trois axes majeurs :

- faire de ce quartier un véritable lieu de vie qui répond aux besoins de Lillois

- redonner vie au patrimoine industriel du site

- devenir une vitrine d'excellence en matière de développement durable et social.

Son aménagement est découpé en deux grandes phases, dont l'une est en cours jusque 2020.

Au programme : une bourse du travail, un lycée hôtelier international, un gymnase, un passage couvert de 160 m de long et 25 m de haut, 500 premiers logements (1200 annoncés à terme), une cuve monumentale pour alimenter les jardins d'eau, une cuisine commune, de nouvelles rues, de nombreux espaces publics...

Fives Cail est labellisé écoquartier depuis décembre 2016 pour la qualité de sa démarche environnementale et l'intégration au projet des questions liées au développement durable telles que la gestion de l'eau et des énergies ou la biodiversité.

https://www.fivescail-lille-hellemmes.fr/home


QUOI DE NEUF ?

Un lycée hôtelier international Michel Servet a ouvert ses portes en 2016. Il forme 1000 élèves et comprend des locaux d'enseignement, un restaurant et deux magasins d'application (une boulangerie et une fleuristerie), un gymnase et des logements de fonction.

                                                                     La Bourse du Travail, installée le long du boulevard de l'Usine, abrite huit syndicats professionnels.                                                                                                                                                      

La livraison des premières habitations a lieu cette année. À terme, 1200 logements verront le jour. Au programme : une offre très variée mixant le public et le privé, la maison individuelle et les immeubles collectifs, ainsi que des programmes d'habitat participatif et d'habitat intergénérationnel.

Des espaces publics paysagers de qualité sont créés à partir du patrimoine existant. Ils sont conçus pour favoriser les modes de déplacement doux (piétons et vélos).

À terme, 13 hectares d'espaces publics seront disponibles dont 7 d'espaces verts.

Également au programme : une piscine, des commerces, des services de proximité...

Les ateliers de l'association "Les sens du goût".

Mercredi matin, ça papote et ça rigole dans la pavillon de "l'Avant-goût" de la Cuisine commune. Au menu du jour : fruits secs et fruits séchés. Ce jour-là, ce sont des membres de l'association "SuperQuiquin" qui ont rejoint l'atelier proposé par l'association "Les sens du goût". Que des femmes. "Mais, parfois, nous avons des hommes aussi", précise Marion Subtil. Elle anime ces rendez-vous destinés aux adultes, parfois aux adolescents. Sa collègue, Marion Evrard, est chargée des animations dans les écoles. Objectif de l'asso : éduquer à l'alimentation au sens large du terme. 

Et Marion Subtil de raconter : "nous prenons en compte le plaisir des aliments en allant au-delà de l'aspect santé. Bien sûr, nous parlons aussi de leur qualité et de l'intérêt de se retrouver pour partager la cuisine". 

Ce matin, Audrey, Laetitia, Marie-Noëlle, Brigitte et les autres parlent du plaisir de faire son marché, de la grande distribution, des petits plats d'une grand-mère, d'enjeux économiques de l'agriculture... Ensuite, Marion mène les échanges autour du goût et des intérêts nutritionnels des fruits secs et des fruits séchés. Puis vient le temps d'enfiler son tablier pour confectionner la soupe de céleri aux pommes et à la purée d'amandes, le wok de brocolis au gingembre et à la noix de cajou, et le fromage blanc à la compote d'abricots secs et son granola maison.

Au fil de l'année 2017, les ateliers ont touché un large public, des mamans du centre social Mosaïque, des collégiens de Boris Vian, des employés de l'ESAT porteurs de handicap, des jeunes de la Mission Locale, des adeptes d'une épicerie solidaire ou encore les Lilloises de SuperQuinquin.

"Les sens du goût", l'un des dix partenaires du projet "Tast'in Fives-Cuisine commune", a pour défi de nouer les liens entre la future cuisine commune et les habitants dans toutes leurs diversités afin de faire connaître les lieux, d'y créer une dynamique et d'écouter les initiatives...

Un exemple de concertation

Photo Daniel Rapaich

Les premiers ateliers ont vu le jour en 2005. Aujourd'hui, les habitants sont toujours sollicités. Pour s'informer, bien sûr, avec des visites, des conférences, des expos... mais aussi pour participer.

Ces deux dernières années, les ateliers projets ont mobilisé plus de 150 personnes de 17 à 80 ans. Plusieurs de leurs idées ont été intégrées au cahier des charges. Exemples : aménager des jardins partagés, réaliser des fresques murales historiques, proposer des animations autour de la mémoire...

De nouvelles formes de concertation commencent à voir le jour.

En 2017, le trophée de la participation et de la concertation a été décerné à Fives Cail par le Ministère de la transition écologique et solidaire.



UN PEU D'HISTOIRE

Les ateliers de construction de Fives voient le jour en 1861. Ils profitent rapidement du développement du réseau ferré en France et construisent des ponts, des locomotives et des gares.

Quatre ans après sa création, l'usine compte 1500 ouvriers, 95 forges et 500 machines outils.

Certaines réalisations françaises ont fait sa renommée, comme le pont Alexandre III à Paris, les charpentes métalliques de la gare d'Orsay ou les ascenseurs de la Tour Eiffel.

Rapidement, son savoir-faire s'exporte dans le monde, comme en Égypte où l'usine bâtit deux ponts sur le Nil, en Australie ou au Brésil pour y installer des usines sucrières, ou encore à Shanghai pour y construire le métro...

Après avoir connu une croissance perpétuelle, le fleuron de l'industrie mécanique lilloise a commencé à décliner dans les années 1950. Ses ateliers ont fini par fermer en 1997 et l'usine s'est définitivement mise à l'arrêt en 2001.

Le site aujourd'hui en pleine métamorphose va conserver des traces de cette Histoire à la fois industrielle et humaine.

Photo Daniel Rapaich

Textes : Valérie PFAHL