11-Novembre

Percherons tombés au champ d'honneur

Dès la fin de la Grande Guerre, municipalités et anciens combattants s'unissent pour rendre hommage aux soldats « morts pour pour la France ». Les souscriptions sont lancées.

Quatorze de ses enfants morts à Eperrais, trente au Pin-la-Garenne, vingt-quatre à Mauves-sur-Huisne, quatre à Corbon ou encore un à Comblot. Ils s'appelaient : Félix Bourgouin, Eugène Debonne, Gustave Rouault, Clovis Fromentin, Alphonse Gébert, Ulysse François ou Paul Boulay…

Des centaines de Percherons ont donné leur sang pour la patrie. Leurs noms sont gravés à jamais dans les « mémoires de pierres », ces monuments aux morts érigés au début des années vingt. « Morts pour la France »

Ils font suite aux souscriptions lancées au lendemain de l’Armistice, signé entre les Alliés et les Allemands, par les conseils municipaux et les anciens combattants pour honorer leurs fils morts sur les champs de bataille.

Le 14 juillet 1920, devant 190 convives réunis en présence du sous-préfet, du conseiller général et du conseiller d'arrondissement, le maire de Mauves, Edmond Gasselin annonce le lancement du projet de monument aux morts à la mémoire de soldats « morts pour la France ».

En paraphrasant Montaigne, il cite :

« Je voudrais que les noms de ceux qui meurent pour la Patrie fussent conservés dans des temples et écrits dans des registres qui fussent comme la source de la gloire et de la noblesse ! »

La souscription est lancée.

La petite commune de Comblot, qui ne déplore qu’un seul disparu, a fait apposer à une date indéterminée une plaque sur la croix hosannière du cimetière. Le Pin-la-Garenne a rendu hommage en présence d’une population nombreuse : une plaque de marbre a été dévoilée à la mairie en juillet 1919. La commune inaugurera son monument aux morts deux ans plus tard : le dimanche 24 juillet 1921, grâce à la contribution financière des Percherons qui rapportera 3 260 francs. L’édifice coûtera 8 180 francs.

Le Perche rapporte les événements de cette journée :

« Ce fut une belle et imposante cérémonie, doublée d'un brillant témoignage de sympathie et de reconnaissance pour les Poilus survivants. La municipalité n’avait d’ailleurs rien négligé pour qu’il en soit ainsi, secondée en cela par les habitants de la coquette localité qui avaient rivalisé de zèle et de bon goût pour la décoration des maisons et de la voie publique ; partout, ce n’était que drapeaux, fleurs, guirlandes et arcs de triomphe avec des inscriptions honorant les glorieux morts, le tout agrémenté d’une double haie de bouleaux… »

Ces lieux de mémoire (pour la plupart en forme d’obélisque) sont placés au centre du village, près de la mairie ou de l′église. Ils sont porteurs d′une symbolique collective. Comme dans toutes les communes de France, l’adhésion autour de la réalisation d’un monument aux morts est unanime.

« Cher patron. Deux mots seuleman pour vous dire que je suis en bonne santer. Je désir que ma carte vous trouve demaî(m)e. Je nai pas vut Ferdinan [Hunault] et Alber Garçon depuis le 22 août et [je n'ai] aucune nouvelle. Jai aiter 10 jours a lopital et je par samedi pour Argentan. Se naiter que la fatigue. Vivement le plaisir daller vous voir. Bien le bonjour et une bonne santer à tous. Maurice Fourmy Jan nai vu de dure mais sa nais petaitre pas encore fini. »

A Mauves, la souscription a produit 5 011,05 francs, fournis par 339 souscripteurs. La somme totale réunie (9 605,25 francs, dont 4 500 francs de participation communale), les travaux peuvent débuter.

Le premier coup de pioche est donné en avril 1921. La stèle sera entourée d'une grille pour un supplément de 1 390 francs. L’inauguration a lieu le dimanche 2 octobre 1920 (photo de carte postale).

Pour rappel, la guerre de 14-18 a été une effroyable boucherie : la France a enregistré plus de 3,4 millions de blessés et mutilés et plus de 1,3 million de soldats décédés.