SOS MEDECINS

Plongée dans l'urgence au quotidien

SOS Médecins fête ses 50 ans. La première antenne a été créée à Paris par le docteur Lascar. Après avoir vu un de ses patients décéder d'une crise cardiaque parce qu'il n'avait pas pu trouver de médecin un samedi après-midi, alors qu'il existait un système de dépannage 7 jours sur 7 pour la plomberie, il décide de fonder l'association.

À Clermont-Ferrand, SOS Médecins existe depuis 1989. Créée à la base par trois médecins, ils sont aujourd'hui douze, aidés par sept secrétaires médicales. Elles se relayent 24 heures sur 24 pour répondre au téléphone. 53 000 appels par an.

Il est 18 heures, Laurent Dissard commence sa tournée.

Photo : Fred Marquet

Laurent Dissard est président de SOS Médecins à Clermont-Ferrand, et cela fait dix ans qu'il est entré dans l'association. Il a découvert cette façon de travailler par hasard. Un métier qu'il qualifie d'usant mais "se sentir utile"est le plus important. "À 39 ans, je n'ai pas encore atteint ma limite."

Pourtant les gardes sont intenses. Organisés en équipe de six médecins, ils travaillent sept jours d'affilés. 

Aujourd'hui il prend sa tournée à 18 heures. Elle durera jusqu'à minuit.

SOS Médecin est de plus en plus sollicité. Leur activité augmente de 10 % par an. Ils font 17.000 consultations et 30.000 visites par an. 

Pour éviter d'être dépassés, les médecins pratiquent une régulation par téléphone. Un exercice délicat. "Tant qu'on n'a pas pris un stéthoscope ou placé une main sur un abdomen, on ne peut pas tout savoir. Même quand on l'a fait, ça peut être compliqué". 

Ce soir, Laurent Dissard rappelle une malade. Il lui pose de nombreuses questions précises et lui conseille de passer une échographie dès que possible. Un acte qu'il ne peut pas réaliser.

Mais concernant l'appel pour la gène respiratoire, reçu par la secrétaire médicale, il n'a aucun doute. Il s'agit d'une urgence.

Laurent décide rapidement que le patient doit être hospitalisé. Il appelle sa secrétaire et lui demande d'envoyer une ambulance à son domicile à Chamalières. Quelques minutes plus tard, elle le prévient que le véhicule est en route. Pour rassurer le patient, il préfère attendre les ambulanciers. 

Avant de partir examiner le malade suivant, il jette un rapide coup d’œil à son portable. 

Une appli pour tout gérer

Photo : Fred Marquet

Les coordonnées, le nom, et la raison de l'appel du patient sont transmis par la secrétaire médicale, via une application, sur le smartphone du médecin. Un outil de travail qui ne le quitte jamais. C'est aussi sur cette même appli qu'il indiquera les soins qu'il effectue. 

La seconde visite l’entraîne dans le quartier de la Fontaine-du-Bac. "Qu'est-ce qui t'arrive mon garçon ? "  Pas de fièvre, mais un œil très rouge. "T'es pas allergique aux pollens ?" Finalement il s'agit d'une conjonctivite. Une fois l’ordonnance terminée, le grand-frère veut lui aussi se faire examiner. "Ça, il faut le dire quand vous appelez" lâche le docteur. Il l'examine tout de même et diagnostique un simple rhume. 

Cette consultation aurait dû être faite par le médecin traitant de la famille le lendemain.

"Il y a la dimension de l'urgence"
Photo : Jean-Louis Gorce

Une douleur abdominale avec des jambes gonflées, à Gerzat. Il ne faut pas tarder. Le prochain patient est une véritable urgence. Laurent Dissard fait au plus vite. 

Une fois sur place, le patient vient ouvrir le portail. "Je suis rassuré de vous voir comme ça", lance le docteur. Après un examen dans la chambre à coucher, le médecin lui donne un médicament contre la douleur et lui conseille de manger : "au moins un peu de féculent". 

Demain, le patient ira passer un scanner. 

SOS médecins se déplace dans les communes attenantes à Clermont-Ferrand.

Photo : Jean-Louis Gorce

À 22h45, la garde est loin d'être terminée. Laurent Dissard repart pour un constat de décès. Cela fait aussi partie de ses missions. 

Les appels continueront tout au long de la nuit. L'activité ne se calmera que quand les cabinets des généralistes ouvriront le matin.

Réalisé par Marie Collinet, Jean-Louis Gorce, Valérie Guinard et Fred Marquet