en paca, la démonstration 
de force

Dans le sud-est, des dizaines de milliers de manifestants ont battu le pavé. Public ou privé, travailleurs, retraités ou chômeurs, ils ont clamé leur refus du projet de loi "travail".

Un exemple de clarté 

Éditorial

Le succès des mobilisations du 9 mars contre le projet de loi de réforme du travail n’était pas écrit d’avance. Et il fut au rendez-vous. Le message déclamé dans les rues de France est clair : les salariés et la jeunesse ne veulent pas de ce texte. On n’est plus tant dans la nuance entre révision et retrait. Pour l’heure, le projet dans sa globalité doit être retiré. Car les objets de critiques sont trop nombreux: durée du temps de travail, indemnités de licenciements, retraite, etc. Tout doit être remis sur la table pour enfin débuter un véritable dialogue prenant compte des propositions des salariés. Sans cela, l’Executif prend le risque, à un an de la présidentielle, de s’embourber dans un rapport de force sans fin. La stratégie gouvernementale, relayée par une partie de l’appareil du parti socialiste, consistant à feindre de ne pas entendre le mécontentement croissant, est un échec cuisant. On ne gouverne pas en faisant la sourde oreille. Le président de la République -dont l’élection doit beaucoup à la mobilisation du mouvement social en 2012- ne peut désormais plus rester sans réagir. Et son Premier ministre sans enfin écouter la rue. Jean-Pierre Raffarin, un des prédécesseurs de Manuel Valls, avait indiqué que ce n’était pas elle qui gouvernait. En tous les cas, une fois encore c’est bien la rue qui donne le ton sur un débat de société trop important pour être accueilli par une fin de non recevoir. Le rendez-vous du 31, et probablement d’autres, seront là pour le marteler. 

Sébastien Madau

La loi du medef 
ne volera pas 
leurs droits

                            Marseille 

5 200 selon la police. 60 000 selon les organisations. L'exécutif français peut se faire du mauvais sang. Et Valls et Hollande ont beau promettre des « améliorations » et multiplier les concessions, le projet de loi « travail » portée par la ministre Myriam El Khomri se heurte à une fronde populaire de taille. Il a même réussi le tour de force de faire descendre les étudiants, qui ne s’étaient pas massivement mobilisés depuis le CPE de 2006, dans la rue. Des couleurs plein Marseille. CGT, FSU, SUD Solidaires, Unef, UNL, CNT... Dès 11h, les drapeaux de toutes les organisations syndicales (hors syndicats réformistes, telle la CFDT) que compte le département commencent à flotter sur la place Charles de Gaulle devant un Medef protégé par un cordon de CRS. Il est vrai que le QG des patrons vient de se faire retaper la façade. Rapidement, la place déborde sous le nombre et le rassemblement doit virer au défilé. Public ou privé, travailleurs, retraités et privés d’emploi, confrontés à une même attaque, convergent. Sous la banderole Arkéma, Geneviève, chimiste, connaît la musique « voilà des années que ces politiques libérales nous compriment à coups d’astreintes non payées, de primes qui sautent, d’heures de nuit comptées en jour. En quoi rallonger le temps de travail va-t-il résorber le chômage ? C’est totalement l’inverse ! » 


Pas mieux chez Ascométal à Fos où Christian Pantoustier, délégué CGT central, accuse : « Nous avons déjà à subir des tentatives de travail à la carte à base d’heures sup’ non rémunérées. L’industrie est en état d’urgence car à la merci des fonds de pensions et des financiers. La loi généralise la précarisation et la fatigue des travailleurs. » On n’y trouve pas plus de logique côté dockers : « Encore un texte en faveur des employeurs. Le gouvernement vit dans une bulle et nous continuons à remplir les pôles emploi », estime Mickael Maisonneuve. Et chez Pôle emploi Jérôme Knibbe, conseiller, s’étonne également « quand on est employeur et qu’on cherche à embaucher, la première question serait de savoir comment licencier ! C’est plus à une répartition qui baisserait le temps du travail qu’il faut réfléchir pour relancer l’emploi. » Le secteur hospitalier est bien représenté : « Loi Touraine, puis loi El Khomri... l’hôpital en crève », résume le délégué CGT Timone. La Défense nationale emboîte le pas. Bernard Bourdelin, délégué régional CGT FNTE, joue la convergence « nous sommes tous concernés par le code du travail, public ou privé, c’est un socle, s’il casse, on tombe tous ». Plus loin, le SAF dénonce : « La seule façon de sauver le droit du travail est d’être dans la rue, considère Me Dany Cohen, la méthode qu’emploie ce gouvernement pose un vrai problème. On balance la loi au conseil d’État avant de négocier. Le préambule de la constitution de 48 prévoit pourtant comme liberté politique la négociation collective... » Ni la forme, ni le contenu : « Si le patron veut licencier, il doit le justifier. Là, c’est facile à contourner puisqu’il suffit d’une baisse du chiffre d’affaires sur 2 trimestres et hop ! » 

Dernier avertissement avant sanction 

 Attac, LDH ou Mouvement de la Paix. Les associatifs battent le pavé. Des politiques aussi. Pierre Dharréville, pour le PCF 13, combat cette politique de destruction des droits et veut « inventer une dynamique politique à gauche qui permettra une irruption populaire et imposera d’autres choix ». Front de gauche en force, NPA... mais aussi quelques PS se fondent dans les rangs, plus discrets. Car c’est jusqu’au propre camp du gouvernement que ce projet divise. Le conseiller départemental Denis Rossi s’inscrit « dans une ligne d’opposition proche de Lienemann, qui refuse la version libérale de cette politique ». Quant à la jeunesse, pour qui Tao, militant Unef et en 2e année de biologie à Luminy prend la parole, ce projet couronne les lois antisociales : « On est forcément en première ligne parce qu’on est censé devenir travailleurs. Or on est toujours dans la logique travailler plus pour gagner plus et ça ne passe pas. La seule fois où le chômage a baissé, c’est avec les 35h. » Un mécontentement qui promet de s’exprimer sans relâche jusqu’au 31 mars, pour le retrait du projet. Jour où l’UD CGT appelle dores et déjà « chacun à arrêter le travail, annonce Olivier Mateu, aujourd’hui c’est le dernier avertissement avant sanction. Rien ne viendra endiguer la colère. » Les organisations syndicales et les mouvements de jeunesse organisent déjà les modalités des actions à venir. Dans cette nouvelle lutte des classes, le rapport de force fait toujours recette. Quel autre choix que de plier reste-t-il au gouvernement, sous peine de mettre le feu ? Myriam Guillaume

Les cheminots unis contre une même logique visant à "imposer plus de flexibilité

la colère de la jeunesse à l'avenir précaire

                           Marseille

Lycéens à Martigues, Dorian et Lucas se sont très vite demandé quelles actions mener pour mobiliser leurs copains. Ils ont demandé à l'UL CGT d’imprimer 1 500 tracts qu’ils ont rédigés et distribués devant les lycées Langevin et Lurçat lundi, pour appeler à la mobilisation. Pour faire monter la sauce, ils ont aussi créé une page événement sur Facebook. Finalement, une vingtaine de jeunes a pris la direction de Marseille. Pour la plupart, c’est leur « toute première fois » comme dit la chanson. Arrivés sur la Canebière, ils décident de remonter très vite la file des manifestants pour se retrouver avec des milliers d’autres lycéens et étudiants venus de Gardanne, Aix-en-Provence, Vitrolles, Aubagne ou Marseille. Ravis de se retrouver ensemble, ils commentent et échangent sur les actions comme le blocage du lycée Thiers ou d’autres établissements. « Nous sommes la jeunesse, et nous allons lutter ! Et nous allons gagner ! » Tout en scandant les slogans, Annaëlle et Leslie expliquent leurs motivations : « On ne veut pas que cette réforme se mette en place ! On va travailler plus tard et on ne veut pas devenir des esclaves. » Toutes les deux ont distribué des tracts et regrettent un peu le manque de motivation de leurs semblables : « Ce qu’il faudrait, c’est qu’il n’y ait plus personne dans les lycées ! Ils ne se rendent pas bien compte des conséquences de ce projet ! C’est pour ça qu’ils se bougent pas trop... » 

 « Ce projet de loi ne passera pas ! » 

 Pour Loïc, qui « a déjà manifesté pour Charlie », précise-t-il, « il y a trop de précarité et de bas salaires. Et le gouvernement veut encore nous compliquer l’avenir ! C’est une vraie régression sociale. Hollande va à l’encontre des attentes de ceux qui ont voté pour lui. Le PS a perdu son identité. » Et surtout, « pour enrayer le chômage, c’est pas comme ça qu’il faut faire ! Au contraire, ça va l’accentuer. Il faut un marché de l’emploi stable. » La déambulation se poursuit, certains derrière la banderole des JC, d’autres avec l’Unef. Mais les avertissements au gouvernement se font à l’unisson : « La jeunesse ne lâchera pas ! Ce projet de loi ne passera pas ! » Ou encore « Aujourd’hui, dans la rue et demain, on continue ! » Devant la fontaine de la place Castellane, ils apprennent avec plaisir le nombre de manifestants « 60 000 ! ». Ils applaudissent à tout rompre. Autant dire que pour une première manif, c’est réussi. Un étudiant perché sur une statue lance : « AG cet après-midi à la fac Saint-Charles ! » Au milieu d’une ambiance festive mais combative, les lycéens martégaux sont regonflés à bloc : « On est motivés comme jamais et on va continuer... jusqu’au retrait ! » 

Nathalie Pioch 

                     Aix-en-Provence

Les manifestants aixois étaient quant à eux près de 400 à la Rotonde, selon les organisateurs. « 130 présents »... à la « louche » pour la police. Mais qu'importe, puisque ce premier rassemblement soudé a duré plus de deux heures sans désemplir, initiant une marche inattendue dans les rues historiques avant de gagner la mairie vers 14h au rythme de slogans en chœur pour dénoncer la politique gouvernementale et la loi El Khomri : « Valls, Macron, El Khomri démission », « Jeunesse précaire, Jeunesse en colère », etc. 

Manifestation prévue le 17 mars 

 Prémisse d’un printemps social agité « vivement espéré » par les nombreux jeunes présents qui déclarent « voir leurs rêves sacrifiés » et « déchantent dans l’angoisse des lendemains » face à un gouvernement « autiste, ultra-libéral », la manifestation, sans heurt malgré la présence provocatrice des militants de l'Action française, « en annonce d’autres les 17 et 31 mars », ont précisé tour à tour, Aurélien (responsable fédéral de l’UEC) et Chorig Arménian (membre du CA, élue au comité étude de l’Unef). Mardi 15 mars, une AG en intersyndicale à la fac de lettres entend « décider des modalités », ajoutent les meneurs déterminés. à côté, Raphaël, responsable de la section de la JC, relate : « On a bloqué le lycée Vauvenargues à 7h ce matin, il y avait 200 lycéens, ça s’est passé dans le calme mais ils ont dû repartir en cours. » Parallèlement vers 8h, l’état d’urgence était subitement décrété à la fac de lettres avec un service de sécurité qui en bloquait l’accès. Vaine intimidation, qui n’a pas empêché les étudiants, décidés, à arriver ensemble à la rotonde vers midi. Et dans cette foule composée également de salariés et retraités, mobilisés contre la « précarité », « l’exploitation par le travail », « les nombreux coups d’un gouvernement qui n’a plus de légitimité », tous à l’unanimité exigent le retrait immédiat de la loi El Khomri. David Tessier à la FSU évoque:  « On est habitué au mépris de classe du gouvernement... On organise une riposte collective des salariés et des jeunes. » Un peu plus loin, Edouard Baldo (élu municipal socialiste) rappelle : « En 68, on était la moitié à la gare, il y a de l’espoir donc... ». 

Hervé Guerrera (élu PO) ne comprend plus : « Quand la totalité des salariés est opposée pourquoi le gouvernement s’obstine ? » à 14h, c’est au rectorat qu’un autre rassemblement prévu de longue date était maintenu par une cinquantaine d’enseignants en lycées (CGT, Snes) : « On entend dénoncer les suppressions de postes 37 en LEP. Au lycée général, 40 créations de postes seulement pour 900 nouveaux élèves là où il en faut le double ! » Des lycées d’autant plus lésés par la suppression des Centre d'information et d'orientation (CIO) avec « l’objectif à 15 CIO dans l’académie là où il en avait 23 il y a deux ans ! » 

 Houda Benallal


                              Toulon

 A Toulon aussi, sous un soleil au zénith, place de la Liberté, la jeunesse est arrivée les poings fermés. Mais non dépourvue d'arguments. Les étudiants des campus de Toulon et La Garde, mais aussi des lycéens, notamment de Dumont d’Urville, comptaient pour une bonne part des quelque 4000 manifestants rassemblés ce mercredi 9 mars. Et pas de bricolage de la loi El Khomri qui tienne, tous le clament on ne peut plus clairement : c’est le retrait pur et simple de cette réforme du code du travail qu’ils réclament. A commencer par les jeunes socialistes varois, venus en force. Jimmy Coste (animateur fédéral du MJS du Var) n’y va pas par quatre chemins : « En revenant sur de nombreux acquis, cette loi représente un réel danger pour les jeunes. Ce n’est pas en précarisant les travailleurs qu’on va venir à bout du chômage. Le MJS a d’ailleurs été reçu mardi 8 mars au ministère du Travail pour faire part des points à exiger concernant la durée du temps de travail, la garantie d’un CDI et la flexibilité que nous refusons. Nous portons un autre projet qui préconise au contraire la réduction du temps de travail. Il s’agit de s’émanciper de la valeur travail comme valeur orbite pour une société du temps libéré. Nous sommes donc en opposition totale avec cette loi dont nous demandons le retrait. Et nous irons jusqu’au bout pour défendre nos idées. » Du côté de la JC, on se félicite donc également de l’ampleur de la mobilisation dans la capitale varoise. 

« Retour au 19e siècle »

 Louis Camenzuli, jeune communiste de 21 ans, commente ainsi : « J’ai commencé à militer en 2012, je n’ai jamais vu autant de monde à un rassemblement. Cela signifie bien que les gens n’en veulent pas de cette loi totalement rétrograde, qui, au lieu de donner des acquis, en enlève. C’est tout le contraire de ce qu’on attend d’un gouvernement de gauche. C’est gravissime de casser les droits des salariés. Ce n’est par exemple pas acceptable de permettre au grand patronat de faire travailler les apprentis jusqu’à 40 heures par semaine. Pour ce qui est du travail des mineurs, c’est un retour au 19e siècle ! » Autant de raisons de cristalliser les colères, aussi pour Dimitri Champion, président de l’Unef dans le département : « Cette mobilisation est un premier pas réussi pour monter en pression. Du côté des étudiants, le projet de loi fait réagir bien au-delà des adhérents de l’Unef. On assiste à un ras-le-bol de la jeunesse parce que ce gouvernement ne l’écoute pas. Il a d’ailleurs refusé de nous recevoir au moment des consultations sur cette loi. Or, les jeunes ont des idées, ils sont engagés. Ils ont envie de plus de solidarité, de moins de précarité. Ce gouvernement propose l’inverse. » Aura-t-il enfin entendu ? Laurence Artaud

                            avignon

A Avignon, la mobilisation a commencé dès le matin avec l'initiative de lycéens de Mistral. « Mardi soir, nous avons eu un débat en cours d’éducation civique sur la loi travail. En travaillant le sujet, on a vu que se préparait une forte mobilisation, on a voulu savoir pourquoi », nous dit Lison. « On a décidé mardi soir de créer un événement sur Facebook, on s’est donné rendez-vous à 8h00 devant le lycée, mais sans bloquer. On était 150 et on est restés jusqu’à 9h00 avec des banderoles contre la loi. L’administration nous a tout de suite mis sous pression. Nous voulons pouvoir faire des AG dans l’établissement et rassembler encore plus, pour aller jusqu’au retrait du projet de loi. On nous dit que ça ne nous concerne pas, mais dans dix ans... Et puis on veut voir plus nos parents, on veut avoir des vies de famille. » Ce constat n’est pas partagé par l’administration du lycée qui a menacé d’exclusion les internes participant au mouvement. 


 Dés midi un premier rassemblement devant la mairie n’attirera qu’une foule mobile difficile à évaluer. On fait des banderoles, des pancartes, on se parle. Le comité de lutte étudiant élu la veille va au devant des discussions. « J’ai pris part à l’AG mardi plutôt par curiosité », dit Chloé, étudiante en licence 1 info com. « Je voulais participer, j’ai été élue au comité de lutte. Nous allons organiser et maintenir une mobilisation régulière jusqu’au retrait du projet, avec des AG hebdomadaires pour commencer. Nous voulons montrer que nous ne sommes pas mobilisés qu’aujourd’hui. » Le soir, à 17h30, ils se retrouvaient devant la Préfecture avec une foule plus nombreuse (1000 selon la police) avec CGT, FO, Sud et FSU pour un rassemblement qui a coupé la circulation pendant deux heures autour des remparts. 

  Christophe Coffinier

                                 DIGNE



« Ce n'est pas parce qu’on habite une petite ville que l’on n’a pas le droit de crier notre indignation. C’est de notre avenir dont il s’agit et on est là pour dire « non » à ce projet qui est une honte ! »,  lance Natacha, une des jeunes lycéennes qui était dans les rues de Digne-les-Bains pour dire son refus du projet de loi El Khomri. Car près de 250 lycéens ont donné le ton de cette journée bas-alpine de manifestation nationale. Des lycéens partis d’abord de Pierre-Gilles de Gennes, situé à la frontière géographique de la commune, pour rejoindre leurs homologues du lycée Alexandra David-Néel, situé en centre-ville, et qui ont ensuite rallié la place Général de Gaulle où les attendaient les représentants des syndicats. « C’est un retour en arrière et une précarisation de l’emploi. On risque de faire une croix sur plusieurs acquis sociaux » ajoute Vincent. 

« Ce n’est pas le moment de toucher au droit du travail, c’est contre-productif », renchérit Marjorie. Au total, ce sont près de mille participants qui ont assisté à cette matinée revendicative et qui ont sillonné la cité pour camper un moment au rond-point du 11 Novembre centre névralgique routier pour accéder et sortir de Digne, puis devant la Préfecture, où étaient organisées des prises de parole avant de se disperser dans le calme. 

Bernard Falli

partout, un "non" crié bien fort aux oreilles du président

« Il va y avoir du monde dans les rues... » Philippe Martinez, secrétaire national de la CGT, ne s'était donc pas trompé, au matin sur les ondes de France Inter. Plus tard, début d’après-midi, en tête de l’immense cortège parisien et malgré la pluie, il pouvait se satisfaire de l’annonce. Plusieurs milliers de personnes (10 000 pour la police, 100 000 selon la CGT), à l’appel des syndicats CGT, FO, de la FSU et Solidaires, se dirigeaient dans un premier temps vers le ministère du Travail avant de gagner la place de la République pour y retrouver le cortège des lycéens et étudiants, parti de la Nation. Convergences pour un coup de semonce qui a touché au but Et pour une « première journée de mobilisation », rappellera Jean-Claude Mailly (FO) qui s’avère être un succès national incontestable. Dans la matinée, toujours par milliers, les manifestants pour le « retrait de la loi El Khomri » avait donné le ton comme à Toulon et Marseille dans le Sud-Est, mais encore à Rouen (5000 participants, chiffre police) ou Rennes et dans toutes les grandes villes de France. A Lyon, dans l’après-midi, la préfecture dénombrait 7000 âmes sur le pavé. Partout encore, c’est l’effet de convergence du mouvement social qui aura forcément été enregistré du côté de l’Élysée et de Matignon. Non seulement la jeunesse étudiante et lycéenne est parvenue à rejoindre la représentation salariée, mais encore des professionnels comme les cheminots, eux-mêmes en grève pour des revendications salariales, sont allés dans le même sens en gagnant les cortèges consacrés au rejet pur et simple de la loi sur le travail. Aussi, la représentation politique de gauche a tenu à montrer sa solidarité avec le mouvement. Certes avec ses acteurs classiques de la contestation antigouvernementale, symbolisée à Paris par la présence, en tête de manif, de Pierre Laurent pour le PCF, mais encore de nombreux représentants d’EELV, du Parti de gauche et même... du Parti socialiste, qui décidément se déchire autour d’un projet de loi bien mal parti pour satisfaire les progressistes du pays. Seule la droite de Nicolas Sarkozy (LR) ou de François Bayrou (Modem) enjoignait mercredi le Président Hollande à tenir bon sur la question. Elle aura l’occasion de se distinguer encore le 31 mars pour la deuxième mobilisation de masse prévue au programme. 

Claude Gauthier