comme un poisson dans la rand'eau

Des balades aquatiques sont proposées durant tout l'été pour découvrir la faune et la flore sous-marine. En famille, entre amis ou en colo comme ici dans la calanque du Port d'Alon.

 Au matin, le petit groupe d'enfants du centre aéré « Les grillons » arrive tranquillement devant la cabane de l’atelier bleu, située dans la calanque de Port d’Alon, entre Saint-Cyr et Bandol. La plage est pratiquement déserte, les cigales se réveillent à peine et le mistral, qui souffle depuis deux jours, à fait gentiment descendre la température de l’eau à... 16 degrés. 

  Mathieu Girard, animateur et guide de ce sentier sous-marin débute la séance par une présentation des lieux et de ses occupants, les « différentes maisons ou habitats : le sable, les rochers, et les bancs de posidonie - une plante qui peut faire des fruits et des fleurs - » où vivent respectivement « rougets et botus », « algues », « anémones de mer - aussi connue pour être la « maison de Némo », ou bien encore « oursins bruns et noirs », « rascasses et gobis ». « La Méditerranée représente 1% de la surface des mers et océans du globe mais c’est aussi 10% de la diversité des espèces, concentrées essentiellement le long des côtes », conclut-il. Et de lancer à la cantonade « qui a déjà utilisé un masque, des palmes et un tuba  ? »

Un monde 
à portée de masque

Deux mains se lèvent timidement. Les enfants viennent de Paris, de Lyon ou d'Epinal, ils sont partis avec « vacances pour tous » pour un séjour de « découverte mer », « je n’ai jamais fait de plongée », confie Alexis, qui est déjà venu en vacances sur le littoral ; d’autres en revanche rencontrent la Méditerranée pour la première fois. 

La distribution des combinaisons de plongée débute, « elle va vous tenir chaud et, si vous n’êtes pas à l’aise dans l’eau, ne vous inquiétez pas, elle vous permettra de flotter », rassure d’emblée le moniteur. Vient le tour de l’équipement et voilà le groupe qui prend la direction de l’eau. « Le radeau est rouge pour signaler notre position, vous pouvez vous y accrocher, vous ne risquez rien », prend soin de rappeler l’animateur avant de faire une première halte à quelques encablures de la rive, au dessus du sable. Et tout le monde met la tête sous l’eau pour tenter d’apercevoir un poisson ! 

 Mathieu effectue une première plongée pour remonter à la surface un concombre de mer, il en sera de même d’un oursin qu’il reposera délicatement sur son rocher. Il montre ensuite un banc de poissons sortant des posidonies, puis une espèce camouflée sur le sable qu’un simple battement de palmes aura tôt fait d’alerter avant qu’elle ne disparaisse derrière un rocher. La balade se poursuit ainsi, en contre-bas du sentier des douaniers. 

Au gré des haltes, des explications in vivo autour du radeau. Sur le chemin du retour, les enfants plongent à leur tour pour tenter d’apercevoir qui une girelle, qui un rouget. « C’était trop bien », lance Cylia à son moniteur de colo, du haut de ses 11 ans et demi. « Ça m’a beaucoup plu, on a vu plein de poissons ! J’ai trop envie de le refaire ! » Le temps d’une petite douche, de ranger le matériel et le deuxième groupe passe au « briefing » d’avant plongée. Dans l’après-midi, deux familles de touristes ont pris leurs billets pour pratiquer cette balade palmée que l’atelier bleu du Cap de l’aigle propose également à Sanary et dans la calanque du Mugel à La Ciotat. « Ce qui étonne généralement le plus les visiteurs, c’est la diversité, le foisonnement, le nombre d’espèces », stipule Mathieu, pour qui « aucune balade n’est identique ». Un émerveillement sans cesse renouvelé.

De l'écotourisme responsable

De Nice à Marseille, en passant par le Rayol-Canadel, la Londe, Hyères, Sanary, Saint-Cyr ou La Ciotat, la « communauté des sentiers sous-marins » réunie autour du réseau mer PACA et soutenue par le conseil régional, propose une seule et même démarche. Celle de faire connaître l'environnement marin et sous-marin, dans des sites d’exception et sensibiliser ainsi le plus grand nombre de personnes à sa protection. La région PACA étant la première destination touristique des français et la deuxième des étrangers, la mission tient d’un défi à la fois pendant la saison estivale et à l’année. 

L’approche d’apprentissage, à la fois ludique, pédagogique et simple, avait fait l’objet en 2008 d’une méthodologie, mise au point par le Centre Permanent d’Initiative pour l’Environnement (CPIE) du Cap de l’aigle basé au Mugel, aux portes du Parc National des Calanques. Une première en France. L’ouvrage destiné aux professionnels afin de les aider à la création des sentiers a fait son chemin. En 2015, les membres de cette communauté des sentiers sous-marins entend aller plus loin « en élaborant un processus d’amélioration continu de l’animation des sentiers sous-marins ». Une « démarche qualité qui prendra en compte tant l’accueil, le confort dans la pratique, que le contenu pédagogique. » A noter que certains sentiers sont ouverts à l’année et notamment aux scolaires.


                                                                                                           Sylvain Fournier