Palestine, un siècle et demi d'Histoire meurtrie

Du nationalisme arabe à la Conférence de Paris pour la paix du 15 janvier 2016, naviguez dans près de 150 années d'Histoire.

1881-1916 : les prémices du sionisme et du panarabisme

Ramallah à la fin du XIXe siècle (wikimedia) 

Si le concept de sionisme n'apparaît réellement qu'en 1892, avec la création de l'organisation étudiante juive Kadima, les premières vagues d'immigration vers la Palestine commencent en 1881. Suite à l'assassinat du Tsar Alexandre II, des milliers de Juifs russes fuient les pogroms pour la Palestine.
En 1896, le journaliste Theodor Herzl, indigné par l'affaire Dreyfus, publie "L'Etat des juifs" dans lequel il propose la création d'un état juif, l'antisémitisme rendant impossible tout "vivre-ensemble" en Europe. Si son idée première était d'installer cet état dans un coin inoccupé de Patagonie, ce n'est pas l'option que retiendront les sionistes.
En 1905, le Congrès sioniste, créé par Herzl, propose d'établir ce foyer national juif en Palestine.
C'est dans cette même période que se développe, en parallèle, le nationalisme arabe dans tout le Moyen-Orient, alors sous une occupation ottomane jugée humiliante par les Arabes. La Palestine en est une province, peuplée en majorité de paysans arabes travaillant pour des propriétaires terriens installés à Damas ou à Paris. C'est à ces propriétaires que les organisations sionistes achèteront des terres pour implanter les premières colonies juives.

1916 : le partage franco-britannique

La cour de justice d'Haïfa en 1931

Cette situation de tension avec les populations arabes affaiblit l'Empire Ottoman, engagé aux côtés de l'Allemagne dans la Iere guerre mondiale tout en renforçant la France et la Grande-Bretagne, géants coloniaux d'alors. Avant la fin de la guerre, en 1916, les deux puissances négocient en secret les accords Sykes-Picot en vue du partage du monde arabe, lorsque Constantinople se sera effondrée.
Dans le même temps, en Europe, les sionistes font pression pour obtenir l'appui britannique à leur projet d'Etat juif en Palestine. Ils obtiennent gain de cause en 1917 avec la déclaration Balfour (lire ci-dessous).


1919-1939 : Première poudrière

La Société Des Nations ayant accordé à la Grande-Bretagne un mandat sur la Palestine, en 1922, avec Jérusalem pour capitale et la déclaration Balfour parmi ses obligations d'occupant, les alya (retour à la Terre Promise en hébreu) se multiplient pendant 20 ans. Alors que 35 000 Juifs sont arrivés de Russie et de Galicie entre 1919 et 1922, ils sont 60 000 à s'y installer entre 1924 et 1928 et 250 000 à y trouver refuge en quittant l'Allemagne nazie entre 1933 et 1939.
La situation sur place devient explosive, entre révolte arabe, affrontement inter-communautaires, grève générale et révolte contre l'occupant britannique. En 1937, un rapport sur ces violences au Proche Orient est même commandé à la Commission Peel qui, pour la première fois, parle de partition du territoire.
Face à ces contestations, la répression coloniale britannique est terrible. Pour la seule ville de Jaffa, en 1936, entre 220 et 240 bâtiments sont dynamités par mesure de représailles, faisant 6000 sans-abris côté arabe.

1940-1949 : Shoah et guerre de territoire

Alors que la Shoah fait rage dans l'Europe annexée par les Nazis, David Ben Gourion appelle dès 1942, au nom de l'organisation sioniste, à la création d’un « Commonwealth » juif en Palestine.
En 1947, l'Exodus, bateau transportant des immigrés clandestins juifs rescapés du génocide et parti de Sète, est refoulé à son arrivée à Haïfa par les autorités britanniques. Face à l'émotion suscitée par cet épisode, la Grande-Bretagne porte l'affaire de la Palestine devant l'ONU qui tranche pour un plan de partage prévoyant deux états, juif et arabe, souverains et coexistants sur le territoire palestinien.
L'Etat juif obtient 55% de la terre, l'Etat arabe 45% tandis que Jérusalem et Bethléem sont soumises au statut spécial de corpus separatum (sous contrôle international). Les Arabes rejettent ce plan et les deux communautés s'affrontent, avec pour point d'orgue, le massacre de près de 250 villageois arabes par des milices juives à Deir Yassine.
À la fin du mandat britannique, l'indépendance de l’État d’Israël est proclamée par Ben Gourion, provoquant l'entrée en guerre immédiate des pays arabes voisins que sont l’Égypte, la Transjordanie, la Syrie, le Liban et l’Irak. Mal préparées, les troupes arabes perdent la guerre un an plus tard et l’État juif, vainqueur, repousse les frontières du partage de 1947 jusqu'à 70% du territoire palestinien mandataire, annexant par la même Jérusalem Ouest. Le projet d'Etat palestinien est abandonné, Gaza tombant sous la coupe de l'Egypte et de la Jordanie.
Peu après la guerre, l'ONU adopte la résolution 194 prévoyant le retour des réfugiés palestiniens ayant fui les combats ou leur indemnisation. On estime que 750 000 personnes ont été déplacées durant le conflit. C'est cette même année 1949 qu'Israël devient membre de l'ONU.

1950-1970 : annexions et résistances

Yasser Arafat et les dirigeants du Fatah en Jordanie en 1970 (wikimedia)

C'est durant ces deux décennies que se construit et s'organise la résistance palestinienne contre Israël mais aussi contre ses voisins. En 1950, la Jordanie annexe la Cisjordanie tandis que l'Etat hébreu viole les accords d'armistice en faisant voter une loi déclarant Jérusalem capitale d'Israël. C'est aussi à cette époque qu'est créée une Commission de conciliation par les Nations Unies, qui œuvre au retour et à l'indemnisation des réfugiés palestiniens. Aujourd'hui encore, elle continue d'inventorier les biens de ces réfugiés, se bat pour débloquer leurs comptes en banque et alerte chaque année l'Assemblée des Nations Unies sur ses (vains) efforts.
C'est aussi à cette époque qu'Israël finit par occuper l'ensemble du territoire de l'ancienne colonie britannique, après la crise de Suez, avant de se retirer de la Bande de Gaza sous la pression soviétique et américaine. Pendant ce temps, une génération de Palestiniens est née et a grandi dans les camps de réfugiés libanais, jordaniens ou égyptiens, tandis que les élites palestiniennes, elles, sont incapables de faire valoir les droits de leur peuple. 

1959 : Naissance du Fatah

Refusant cet état de fait, Yasser Arafat fonde le Fatah, Mouvement de libération nationale de la Palestine, en 1959, mouvement qu'il veut nationaliste, laïque et idéologiquement neutre. Il prendra en 1964, la tête de l'Organisation de Libération de la Palestine au nez des dirigeants arabes qui l'avaient créée afin de limiter la diffusion des idées du Fatah, susceptibles de créer des soubresauts populaires chez eux.
En 1967, alors qu'une force de l'ONU occupe le Sinaï et fait respecter les frontières de 1949 depuis 1956, la Guerre des 6 jours rebat les cartes. Israël annexe la quasi totalité du territoire palestinien. L'ONU publie alors la résolution 242, qui exige le retrait des forces israéliennes des territoires occupés lors du conflit, et demande un juste règlement du problème des réfugiés palestiniens.
En 1967 encore, le Fatah d'Arafat propose la création d'un État palestinien « laïque et démocratique » dans lequel chrétiens, juifs et musulmans auraient les mêmes droits. À la tête de l'OLP, le leader palestinien entend faire des pays arabes voisins les bases arrières de son combat de libération. Ce ne sera le cas qu'épisodiquement.

1970-1990 : Liban et Intifada

Extrait du film "Valse avec Bachir", de Ari Folman, 2008

Alors qu'Israël et ses voisins s'affrontent une nouvelle fois en 1973 lors de la Guerre du Kippour, pour finalement laisser la place à une Force Internationale de Maintien de la Paix, les organisations palestiniennes ont été expulsées de Jordanie et ont trouvé refuge au Liban. Pour certains pays arabes, elles sont devenues trop encombrantes, en raison des menaces de représailles israéliennes aux actions de commandos palestiniens comme des idées révolutionnaires qu'elles véhiculent au sein de ces régimes. C'est à ce moment que se créera le groupuscule Septembre Noir, en majorité constitué de membres du Fatah, et pour certains chrétiens, qui assassinera tour à tour un premier ministre jordanien ainsi que des athlètes israéliens lors des Jeux Olympiques de Munich.
De fait, au Liban, de nombreux réfugiés palestiniens se sont installés au fil des guerres successives et le Liban Sud devient une interface explosive avec Israël, entre incursions de commandos d'un côté et attaques de camps de réfugiés de l'autre. Plusieurs fois, l'Etat hébreu envahit le sud Liban et organise même en 1982, le blocus de Beyrouth. Cette même année, les réfugiés des camps de Sabra et Chatilla sont massacrés par les milices chrétiennes libanaises qui étaient entrées à Beyrouth avec les forces israéliennes. Le Liban, coincé entre ses milices chrétiennes et ses milices musulmanes, s'enlise alors dans la guerre civile, obligeant la direction de l'OLP à se réfugier en Tunisie.
La poudrière moyen-orientale s'est déplacée de la Palestine vers le Liban, avec force internationale, et la question de la souveraineté du territoire palestinien a été reléguée au second plan.
Il faut attendre 1987 et le soulèvement populaire et spontané de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza contre l'occupation israélienne pour voir revenir la question sur le devant de la scène. La première Intifada redonne à la cause palestinienne son image de lutte pour un territoire. Des Palestiniens de tous âges, de tous milieux, hommes et femmes participent à des manifestations, boycottent certains produits, organisent des grèves, y compris de l'impôt, pour protester contre l’occupation militaire de leurs terres et exiger l’indépendance nationale. Face à un état d'Israël organisé et armé, les Palestiniens se lancent dans une guerilla meurtrière.
Entre 1987 et 1993, l'ONU dénombrera un millier de morts et des milliers de détenus et d'expulsés côté palestinien . La première Intifada durera jusqu'au début des années 1990 et l'ONU, par le biais de rapports (cliquez ici), mettra en lumière à de nombreuses reprises le déséquilibre des forces entre israéliens et palestiniens .

1990-2000 : Une décennie à chercher la paix

Au début des années 90, alors que la Guerre du Golfe a vu des milliers de missiles irakiens fondre vers Israël et des centaines de milliers de juifs d'ex-URSS effectuer leur aliya lors de l'effondrement de l'empire soviétique, deux hommes veulent faire la paix. En secret, à Oslo, le numéro deux de l'OLP, Mahmud Abbas et le ministre des affaires étrangères israélien Shimon Peres négocient des accords intérimaires sur l'autonomie des territoires occupés.
En 1993, à Washington, la poignée de main entre Arafat et Peres est historique. Elle signifie que l'OLP reconnait l'existence d'Israël et qu'Israël reconnait en l'OLP le représentant du peuple palestinien. Elle voudrait sceller un règlement définitif du conflit à l'issue d’une période de cinq ans. Mais l'OLP n'est plus seule sur l'échiquier politique palestinien. Depuis 1988, l'organisation islamique du Hamas voit en la Palestine un bien musulman non négociable, où doit se mener le djihad et s'oppose, de fait, à la politique de l'OLP aux mains du Fatah.
Ainsi, en 1994, le Hamas lance sa première vague d'attentats kamikazes en Israël quand l'OLP se transforme en Autorité palestinienne, dont Arafat sera le premier président élu en 1996. Parmi les réponses, un extrémiste juif assassine 29 Palestiniens à Hébron.
La communauté internationale cherche néanmoins à appuyer les efforts de paix et décerne le prix Nobel de la paix à Arafat, Peres et Rabin. Israël, de son côté, signe la paix avec la Jordanie. En 1995, les accords d'Oslo II étendent l'autonomie palestinienne mais la paix ne convient pas à tout le monde et un autre extrémiste juif assassine Yitzhak Rabin lors d'un discours.
Entre attentats et provocations de part et d'autre, la paix devient peu à peu un idéal inatteignable, malgré les accords de Wye Plantation en 1998, prévoyant le retrait des troupes israéliennes d'une partie de la Cisjordanie et le renforcement de la lutte contre le terrorisme côté palestinien. En 2000, lorsque Ariel Sharon, alors chef de l'opposition, se rend sur l'esplanade des Mosquées, 5 jours de combat font rage. C'est le début de la deuxième Intifada.

2000-2010 : Isolement et séparation

Un graffiti sur la barrière de sécurité à Bethléem (wikimedia)

En 2001, Sharon, à qui certains attribuent l'origine de la deuxième Intifada quand d'autres voient en sa visite de l'Esplanade des mosquées un prétexte attrapé par les Palestiniens pour se soulever, devient Premier ministre. Et rompt tout contact avec Yasser Arafat, qu'il assigne à résidence à Ramallah, encerclée par l'armée israélienne. Cette assignation sera levée un an plus tard, après que les troupes israéliennes aient réoccupé la Cisjordanie et que Sharon ait décidé d'ériger un mur de séparation, appelé "barrière de sécurité", entre la Cisjordanie et Israël et jugé illégal par la Cour Internationale de Justice en 2004. Ultime humiliation pour des Palestiniens déjà contrôlés plusieurs fois par jour aux checkpoints tenus par Tsahal. Pendant ce temps, Israël intensifie sa colonisation de la Cisjordanie, colonisation qui, depuis 1949, n'a pas cessé (voir carte en fin de sujet).
En 2000, le Conseil de sécurité de l'ONU condamne dans sa résolution 1322 "les derniers actes de violence au Moyen-Orient, particulièrement le recours excessif à la force contre les Palestiniens" et en 2002 adopte la résolution 1397 qui mentionne pour la première fois la perspective de la coexistence de deux États, Israël et la Palestine.

C'est lors de cette deuxième Intifada que Marouane Barghouti, leader très populaire du Fatah, tant pour ses prises de position contre la corruption au sein de son propre mouvement que pour sa volonté de combattre Israël en épargnant les civils, est arrêté et condamné à perpétuité par Israël. Diplômé en relations internationales et toujours en quête d'une solution pacifique avec ceux qu'il appelle ses "futurs voisins", il ressemblait, pour le peuple palestinien, à l'un de ses espoirs politiques les plus probants. Depuis son emprisonnement, des voix s'élèvent dans le monde entier pour appeler à sa libération, comme ici à l'Assemblée Nationale en 2013.

 

La même année, en 2004, Yasser Arafat meurt à Paris et Cheick Yassine, leader du Hamas, est assassiné par l'armée israélienne. Barghouti désormais hors jeu, les cartes politiques sont une nouvelle fois redistribuées. 

Mahmud Abbas, initiateur des accords d'Oslo est élu président de l'Autorité palestinienne en 2005 mais ils perd les législatives en 2006, remportées par le Hamas. Tout de suite, Israël, qui a vu Ehud Olmert remplacer Sharon, touché par une attaque cérébrale, à la tête du gouvernement, prend des sanctions économiques contre l'Autorité palestinienne, suivi par les Etats-Unis et l'Union Européenne qui suspendent leur aide directe au gouvernement palestinien, puisque le Hamas est placé sur leurs listes des organisations terroristes.
Peu de temps après, Israël lance une offensive dans Gaza pour punir ceux qui ont enlevé et assassiné des soldats de Tsahal.
De l'autre côté de la frontière, dans le Sud-Liban, le Hezbollah, ancienne milice chiite libanaise devenue "Parti de Dieu" surarmé et désireux de se transformer en force politique régionale, enlève et tue des soldats israéliens. La riposte d'Israël est terrible: en un mois, le Sud-Liban voit mourir 1200 personnes, en majorité des civils.
Dans ce contexte politique, les difficultés du Hamas et du Fatah à s'entendre sur un gouvernement d'union nationale débouche sur des affrontements fratricides de plus en plus fréquents entre membres des deux camps. Après plusieurs tentatives de conciliation, et de nombreux épisodes violents entre les deux parties, le divorce est consommé en 2007: un gouvernement pro-Hamas, non reconnu par la communauté internationale et soumis à un blocus économique, règne sur Gaza, tandis qu'un gouvernement pro-Fatah, reconnu et aidé par la communauté internationale, règne sur la Cisjordanie.
Les conditions de vie à Gaza, où toute aide extérieure, mis à part humanitaire et dans de faibles volumes est interdite, se détériorent rapidement. Après un cessez-le-feu de 6 mois entre Israël et le Hamas, la trêve est rompue lorsque Tsahal pénètre dans Gaza pour détruire un tunnel. L'opération fera 1400 morts civils côté palestinien, 13 côté israélien.

Depuis 2010 : "l'Etat d'abord" et le martyre de Gaza

À l'orée des années 2010, la situation politique en Palestine n'a jamais été aussi difficile. Le Hamas, qui doit panser les plaies de Gaza, ravagée par un blocus interminable et l'offensive israélienne destructrice de 2008, doit jouer la carte du cessez-le-feu avec Istraël. Mais une nouvelle composante est arrivée dans la région: les groupes djihadistes, liés de plus ou moins loin à Al-Qaeda, pour qui toute négociation avec Israël est proscrite et la lutte armée, le seul choix possible. Dans le même temps, d'autres voix progressistes accusent le Hamas de vouloir "islamiser" la population.
En Cisjordanie, l'horizon n'est guère plus dégagé pour le Fatah. Face à son incapacité à enrayer la colonisation israélienne de la Cisjordanie, Mahmud Abbas adopte alors une stratégie internationale: il veut obtenir la reconnaissance de l'Etat palestinien par l'ONU, condition sine qua non, selon lui, à la résolution du conflit. En 2011, il dépose une demande d'adhésion de la Palestine à l'ONU qui lui accorde le statut d'Etat observateur non membre en 2012. Dans le même temps, il lance une modernisation et une professionnalisation de l'Autorité palestinienne afin de rassurer la communauté internationale, prônant notamment une police apolitique et neutre.
Cette stratégie, qui est critiquée par certains palestiniens jugeant que pendant que l'on s'occupe de ça, on ne s'occupe pas de l'occupation des territoires, commence néanmoins à porter ses fruits, comme le démontre le vote par l'Assemblée nationale française, mardi 2 décembre 2014, demandant au gouvernement de reconnaître l'Etat palestinien. Quelques jours plus tard, le 11 décembre 2014, le Sénat, à son tour, votait la même résolution, avant tout symbolique puisque le gouvernement se donnait alors deux ans pour affirmer la positon claire de la France quant à cette reconnaissance.


Si le gouvernement venait à suivre la résolution parlementaire, la France deviendra le 136e pays à reconnaître l'Etat palestinien mais surtout, le premier "grand" pays occidental à franchir le pas, après la Suède. Avec 70% des 193 pays membres de l'ONU reconnaissant l'Etat palestinien, Abbas espère une réouverture des négociations avec Israël et la création d'un Etat dans les frontières de 1967 d'ici à 2018 (voir l'évolution des frontières dans le temps ci-dessous).


S'il y arrive, c'est parce qu'il aura aussi réussi à ramener le Hamas sur le terrain diplomatique. Or, à l'été 2014, après des tirs de roquettes depuis Gaza ainsi que l'enlèvement d'étudiants israéliens, ce dernier était à nouveau entré dans une logique de choc frontal avec Israël. L'opération Bordure protectrice de Tsahal, démesurée, a fait selon l'ONU plus de 2000 victimes, en majorité civiles. Les "assassinats ciblés" de membres du Hamas ou du Djihad Islamique par Israël s'étant soldé, souvent, par de terribles dommages collatéraux (bombardements d'écoles ou encore d'enceintes de l'ONU), la Palestine est aujourd'hui à genoux et seule la diplomatie peut lui permettre de se relever.

La reconnaissance d'un Etat palestinien par la France, dont la voix diplomatique est encore écoutée dans le monde, serait un pas de plus en cela.

Depuis 1993, 25 ans d'accords contrariés

Depuis 2014 et l'échec, puisque non suivi d'effets, de la reconnaissance de l'Etat palestinien par le Parlement français, la situation est à l'arrêt. Les Américains, qui avaient imposé comme date butoir le 29 avril 2014 pour un accord, chacune des parties accusant l'autre d'avoir fait capoter neuf mois de négociations. Seul changement notable, la décision de la part de l'UE d'étiqueter les produits israéliens fabriqués dans les territoires occupés, afin "d'informer les citoyens européens" tandis que l'Etat juif dénonçait un boycott déguisé

Ainsi, en décidant d'organiser une Conférence pour la Paix au Proche-Orient, la France compte surtout remettre en cause le statu quo actuel en Palestine. 

"L'objectif de la conférence, c’est de réaffirmer le soutien de la communauté internationale à la solution à deux Etats, et faire en sorte que cette solution demeure la référence" a ainsi déclaré François Hollande en début d'année. 75 pays seront représentés mais les principaux intéressés, à savoir les représentants israéliens et palestiniens, brilleront par leur absence.

Un texte devrait néanmoins être publié au sortir de l'événement. Rédigé par des experts et hauts fonctionnaires de quelques 12 pays européens et arabes, il fera suite à la très longue liste d'initiatives de paix engagées ces 30 dernières années.


Texte et réalisation Paul Goiffon
Sources: La Documentation française, publications des Nations Unies, encyclopédie Larousse, wikimédia, Institut National de l'Audiovisuel, lemonde.fr