Accablés par le temps, mais pas seulement

Dans de nombreuses maisons de retraite, les conditions de travail sont si déplorables qu'elles confinent à la maltraitance. 

Le juteux marché de l'or gris

« Maltraitance institutionnelle », telle est la formule employée par les salariés et leurs organisations syndicales. Elle figure même dans le rapport de la mission parlementaire « flash » de septembre. Une « maltraitance institutionnelle » infligée aux personnels des Ehpad et par ricochet aux personnes âgées qui y séjournent. Si une chape de plomb a longtemps pesé, les langues se délient aujourd'hui de plus en plus. Pour livrer des témoignages parfois à peine croyables. Ils expriment notamment une grande souffrance. Souffrance induite par l’épuisement lié à des conditions de travail déplorables ; générée encore par l’impossibilité d’accomplir les missions d’un métier qu’on a choisi, par la perte de sens dans les tâches quotidiennes. Enfin et surtout, les salariés sont minés par le sort indigne fréquemment réservé aux résidents. 

La question de la dépendance doit être mise en débat

Ils seront dans la rue le 30 janvier pour exprimer leur ras-le-bol, et il est plus que souhaitable qu’ils soient écoutés et entendus. Mais, au-delà de leurs légitimes revendications, pointe une autre problématique. L’adage prétend que l’on mesure le degré de civilisation d’une société à la manière dont elle traite ses aînés. Avec le vieillissement de la population, la question de la dépendance se pose avec acuité et sera de plus en plus récurrente. Le secteur privé l’a bien compris, lui qui y a vu l’occasion d’engranger de juteux profits. Il a compris tout l’intérêt de « l’or gris » que représentent les têtes blanches. En pratiquant des tarifs prohibitifs - sans rendre un service à la hauteur - afin de reverser des dividendes conséquents à des actionnaires. Le rapport parlementaire fait lui-même état de l’opacité de certains financements et des avantages dont bénéficie exclusivement le privé. Tout un chacun est ou sera un jour concerné par la perte d’autonomie. Ce chantier ne peut donc se résumer à quelques jours de travaux parlementaires. Il est à espérer qu’il soit rapidement remis en débat.

Agnès Masseï

L'univers « déshumanisé » de certains Ehpad

Photo d'illutration DR

Cadences infernales, sous-effectifs et manque de moyens sont le lot quotidien des salariés. Avec un impact déplorable sur les personnes âgées hébergées dans ces établissements.

« Quand j'ai commencé, je m’y retrouvais par rapport aux raisons qui m’ont poussée à faire ce métier. Le contact avec les personnes âgées, l’aide que l’on pouvait leur apporter... Mais, actuellement, ce n’est plus le cas. Ça s’est dégradé à un tel point que ça en devient catastrophique. » Après avoir élevé ses enfants et un premier emploi d’éducatrice spécialisée, Hasnia Dumange est aujourd’hui aide-soignante dans un Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) à Marseille. Depuis seize ans précisément. Elle décrit des conditions de travail « exécrables », un « turn over incroyable » : « On travaille la boule au ventre. » Il suffit de l’écouter dérouler ses journées pour s’en convaincre. « Lorsque j’arrive à 6h30, nous avons dix minutes de transmission avec l’équipe de nuit. Puis on enchaîne immédiatement les toilettes. On se demande par qui commencer... » Car, à 6h45, il va falloir tirer une personne âgée de son sommeil. « Mais, seule pour dix ou douze résidents, si je ne le fais pas, je n’aurai pas terminé à midi. Déjà ça, ça pose problème. » D’autant qu’Hasnia ne peut se résoudre à réaliser les toilettes à la va-vite : « Soit vous le faites bien, soit pas du tout. »

« On fait comme on peut »

À l'heure du petit déjeuner, une seconde question se pose : « Qui va manger chaud ? ». Là encore le manque d’effectifs se fait sentir, « parce que les personnes âgées mangent lentement, risquent une fausse route ». « Alors on fait comme on peut », lâche-t-elle. Quant au week-end, c’est encore pire, puisque une aide-soignante peut « se retrouver seule pour s’occuper de vingt personnes ». Là encore, « pour avoir changé, distribué les plateaux repas et avoir couché tout le monde à 20h30, et ne bousculer personne, il faut commencer à en mettre au lit à... 14h ». « Nous sommes en permanence sous pression. Nous n’avons jamais le temps de leur prendre la main, de discuter avec eux », déplore-t-elle. Et si d’aventure il survient un imprévu au cours de ce marathon - « quelqu’un qui tombe par exemple » -, « c’est foutu » dit-elle.

Selon elle, les conditions de travail s'apparentent à « une descente aux enfers », pour environ 1500 euros mensuels à quelques mois de la retraite. « Et encore, il y a pire parce que celles qui débutent touchent à peu près 1180 euros », ajoute-t-elle.

Le manque d'effectifs, les postes non pourvus en raison de leur pénibilité, la fatigue occasionnée par des tâches toujours plus rudes... autant de facteurs qui favorisent la multiplication des accidents du travail et un risque permanent à la fois pour les personnels et les résidents. « Les familles le savent, le voient. Certains envoient des courriers. Mais la direction leur répond qu’ils n’ont qu’à s’adresser à un autre établissement. Vu les listes d’attente, ils finissent par baisser les bras et subir », raconte-t-elle. Ce constat, Sophie* l’a également fait. « Des places, il n’y en a pas à chaque coin de rue. Alors quand vous avez trouvé un endroit pas trop loin de chez vous, c’est compliqué de changer. » Elle relève le fossé qui existe entre les promesses de certaines structures privées et la réalité. « Ils vous vendent du rêve. Où je travaillais avant, par exemple, la première chose qu’ils montraient aux familles c’était la salle de balnéothérapie. Sauf qu’il s’agit d’une salle fantôme parce que les résidents ne la voient jamais, on n’a jamais le temps de les y conduire... » La jeune aide-soignante a travaillé quatre ans en Ehpad. « Mais j’arrête, car on ne choisit pas ce métier par dépit », explique-t-elle pour souligner les difficultés de l’accomplir correctement. Elle aussi, comme nombre de ses collègues, dénonce les cadences infernales : « On a l’impression d’être à l’usine. Nos actes sont tellement répétitifs qu’ils en deviennent déshumanisés. On le voit d’ailleurs dans le regard, vide et ailleurs, des personnes âgées. A force d’être traitées comme des objets, c’est comme si elles s’habituaient à en être. » « Et, en plus, on est loin d’avoir le matériel adéquat », poursuit-elle. « On nous donne une protection pour le matin, une pour l’après-midi, une autre pour le soir. Pas une de plus. Si, entre-temps le résident se souille, il peut rester des heures dans ses excréments. »

« Répression féroce » 

A la suite de cette douloureuse expérience professionnelle, Sophie a créé une page sur Facebook où affluent les témoignages de salariés et de familles. Des témoignages édifiants. « Je suis dégoûtée de savoir que des gens continuent de travailler dans ces conditions. Et je ne peux parler à la place des personnes âgées, mais moi, personnellement, je crois que je préférerais me suicider plutôt que d'être abandonnée du matin au soir sur un fauteuil. » Du côté de l’union locale CGT Marseille Sud, où l’on a pris la question des Ehpad à bras le corps, Virginie Cassignol indique que l’appel à la grève n’est pas forcément chose aisée dans « ce secteur où peu de salariés sont syndiqués ». Mais, précise-t-elle, « ça commence à bien démarrer ». Même si elle ne nie pas les difficultés : « Les salariés pensent souvent qu’ils n’ont pas le droit de grève. De plus, la répression est assez féroce dans ces établissements. De même que la culpabilisation des personnels qui ont à coeur de faire du mieux qu’ils peuvent et qui se demandent qui va s’occuper des résidents pendant leur absence. » Avant d’ajouter : « On va quand même se donner les moyens de réussir cette journée d’action. » 

A.M.

 * Le prénom a été changé.

« Des taux de profit plus rentables qu'en hypermarché »

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Entretien avec Cédric Volait, coordinateur régional CGT Santé et action sociale Paca.

Une mobilisation de l'ensemble des salariés des Ehpad le 30 janvier c’est une première. Comment êtes-vous arrivé à cette convergence dans la lutte ?

Si les conditions de travail sont déplorables dans tous les Ehpad, c'est un milieu professionnel où l’on ne se plaint pas car le don de soi l’emporte. Mais à force de malmener les salariés et par conséquence les personnes hébergées, le ras-le-bol s’est généralisé. En 2017, il y a eu beaucoup de mouvements dans les établissements privés comme publics. La CGT a initié un processus de mobilisation cet été au niveau des Ehpad de la région et le 6 novembre nous avons organisé une conférence régionale à Marseille à laquelle des centaines de salariés d’Ehpad ont participé. Il y a eu enfin la grève des salariés des Opalines, dans le Jura où 117 jours de grève ont amené à une grande couverture médiatique. Cela a donné lieu à une réaction nationale. Il y avait comme une omerta à faire éclater. La lutte a débouché sur un débat public et à l’assemblée nationale, les députés sont intervenus. Une mission Flash a été ouverte dont les conclusions ont été rendues en septembre. Le rapport Borra dresse un état des lieux catastrophique.


Quelles propositions la CGT est-elle en mesure de porter, pour les salariés et pour les hébergés ?

Le manque d'effectifs est incontestable, il y a une intensification des glissements de tâches, le management se durcit, les charges physiques et psychologiques des salariés augmentent et les facteurs de pénibilité se multiplient car les résidents sont plus âgés et plus dépendants qu’auparavant avec des pathologies plus lourdes. Nous avons une série de propositions qui passent inévitablement par une augmentation des moyens. En France nous avons 0,6 personnels par résident alors qu’en Allemagne on compte 1 pour 1 et en Suisse, en Suède et au Danemark le rapport est de 1,2 pour 1. Nous demandons plus de personnels et mieux formés.

Avec une prédominance du privé lucratif sur ce segment, comment financer et gérer la perte d'autonomie?

Actuellement, le mode de financement favorise tout ce qui est privé. Notamment à but lucratif où les tarifs vont de 3000 à 5000 euros contre en moyenne 2000 euros pour le public. Sachant qu'en région Paca, il y a 2,5 fois plus de privé que la moyenne nationale et que la part du secteur public est deux fois moins élevée que la moyenne nationale. Un Ehpad en privé lucratif a des taux de profit plus rentables qu’un hypermarché. A titre d’exemple, le repas est évalué à 2,80 euros par jour et par résident mais facturé au maximum. Pour autant les personnels ne sont pas mieux payés, ni plus nombreux, ni les résidents mieux traités. Quand on sait que la moyenne des retraites est de 1100 euros. Si le rapport Borra rejoint nos analyses sur l’état des lieux et les manquements de l’État sur plusieurs points, la CGT considère en revanche que la réforme des modes de financement des Ehpad va générer encore plus d’inégalités. Le rapport ne fait aucune proposition sans quoi il remettrait en cause la politique de Macron.

Après le 30 janvier, d'autres dates au calendrier ?

Le 30 est une première étape. Il y a les salariés et les familles de résidents qui soutiennent le mouvement et se joignent aux rassemblements qui sont prévus mais aussi des rencontres avec l'ARS, les conseils départementaux ou les préfectures. Et le 19 mars, on remet la pression avec une nouvelle mobilisation. 

Propos recueillis par Myriam Guillaume

« Mieux vaut avoir de la famille qui vous rend visite, sinon, c'est l’abandon»

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Jean-Marc a sa mère, résidente dans l'Ehpad « La Renaissance » à Marseille, un établissement qui appartient au groupe Orpea, privé, donc. Il a déjà témoigné des difficultés au quotidien qu’il voit pour les personnels de la maison de retraite.

Aujourd'hui, il constate surtout que « pour certains résidents, c’est la double peine. Moi je viens voir ma mère régulièrement, et quand ça va pas je gueule. Mais sur les 85 personnes, très peu de visite des familles, et là les gens sont vite laissés pour compte. Il faut être constamment sur le dos de la direction pour éviter le pire. »

Pénurie et management à l'économie

Côté effectifs, malgré le côté haut de gamme, « c'est deux aides soignantes par étage. Elles ne sont pas remplacées si elles sont malades, et tout repose sur celle qui reste. Si elle peut compenser quelques temps, au bout d’un moment elle craque à son tour... Le problème c’est que ce qui préoccupe les gestionnaires de ces établissements, c’est verser des dividendes. Du coup ils font surtout des économies... Et rien n’est jamais prévu, tout se traite par l’urgence. Ils utilisent les stagiaires à plein rendement. » En novembre, le chauffage, peu entretenu tombe en panne « pour les 85 pensionnaires, le directeur a commandé... 30 chauffages d’appoint. Seuls ceux qui ont râlé ont eu un chauffage, les autres sont restés dans le froid. Tout repose sur la seule bonne volonté des intervenants, et rien n’est fait pour faciliter leur tâche. »

A Noël, sa mère a fait une chute et s'est cassé l’os iliaque. « Le 31, je viens la voir, et je l'ai trouvée couchée en travers de son lit à 15h, le plateau repas intact, hors de sa portée. Elle ne pouvait pas bouger, et avait essayé de se lever pour boire. Depuis midi, elle était dans cette situation. J’ai du rappeler au directeur sa responsabilité et le menacer de plainte. Ce qui se passe dans les Ehpad préfigure le monde de demain. » 

La maltraitance involontaire, faute de personnel 

Il n'y a pas que les EHPAD totalement privés qui sont dans la tourmente. Les maisons de retraite de l’Entraide en partie soutenues financièrement par le Conseil départemental, « vivent des situations qui n’ont rien à envier, en ce qui concerne les conditions de travail des salariés et de la qualité d’accueil des résidents », affirme Arbia, déléguée CGT du personnel de ces établissements. « Car malgré cette contribution financière des institutions départementales, dont l’enveloppe n’a pas souffert jusqu’ici des réductions des subventions de l’Etat, le même manque criant de personnel s’y fait cruellement ressentir », affirme-t-elle. Et les témoignages des infirmiers, aides soignants ou agents de service hospitalier ne manquent pas, qui font état de leur mal-être et du sentiment d’être bien en deçà des attentes des résidents. Halima (ASH) dit que dans l’établissement où elle travaille, « elles ne sont parfois que deux pour servir le repas à des résidents souffrant pour la plupart de la maladie d’Alzheimer. Ils sont ainsi victimes de maltraitance, certes involontaire,mais qui est la faute professionnelle la plus grave dans ce genre d’activités. Quant au personnel, il est à bout ».

C. Coffinier

Pétition « Dignité des personnes âgées, des moyens pour nos EHPAD ! »

Une pétition circule sur Change.org adressée à Agnès Buzin, ministre de la Santé, et lancée par Christophe Prudhomme (Médecin Urgentiste), Patrick Pelloux (Médecin Urgentiste), Sabrina Ali Benali (Interne en Médecine des Hôpitaux de Paris). Elle réclame : « l'application du dispositif prévoyant un agent par résident, tel que prévu par la Plan Solidarité Grand Age ; l’abrogation des dispositions législatives relatives à la réforme de la tarification des EHPAD, contenues dans la loi du 28 décembre 2015 ainsi que le retrait des décrets d’application ; l’arrêt des baisses de dotations induites par la convergence tarifaire et exige par conséquent le maintien de tous les effectifs des EHPAD y compris les contrats aidés, qui doivent être intégrés et sécurisés ; l’amélioration des rémunérations, des perspectives professionnelles et de carrières, dans le cadre du Statut et des conventions collectives nationales ».

Un lit pour sept personnes âgées en PACA

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La France manque cruellement de places en Ehpad (Etablissements d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) et parmi les régions déficitaires, PACA occupe la 2e place du classement, derrière l'Île de France, avec 1 lit disponible pour 7 personnes âgées. Des chiffres édifiants en infographie interactive (survolez les graphiques pour faire apparaître les détails).

Un rapport alarmant aux préconisations trop faibles

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En charge d'une mission parlementaire « flash », la députée (LREM) de Haute-Garonne Monique Iborra confirme dans son rapport les constats dénoncés depuis des années par les salariés et résidents d’Ehpad. Pour Pierre Dharréville, député (PCF) des Bouches-du-Rhône, les préconisations pour remédier à cette situation ne sont pas à la hauteur.

Depuis des années, les salariés des établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et les familles des résidents y dénoncent la dégradation insoutenable des conditions d’accueil et de travail. Face au vieillissement de la population et à la perte d’autonomie, les gouvernements précédents avaient en effet mis l’accent sur le maintien à domicile. Pour répondre à cette « problématique », l’Assemblée nationale a mis en place en septembre dernier une mission parlementaire « flash », confiée à la députée LREM (ex-PS) de la sixième circonscription de Haute-Garonne Monique Ivorra. Après consultation accélérée (cinq jours) de l’ensemble des acteurs gravitant autour des Ehpad, la députée a rendu un rapport qui confirme le ressenti déjà largement exprimé d’un « secteur en souffrance ». Elle pointe notamment les lacunes de la loi de 2015 sur l’adaptation de la société au vieillissement qui « n’a pas traité la place des Ehpad dans le parcours de la personne âgée » et la dérive d’un organisme qui devrait être un « lieu de vie dans lequel on soigne » à celui de « lieu de soin dans lequel on vit ».


Constatant « l'augmentation du niveau moyen de dépendance des résidents en Ehpad » (on y entre en moyenne à 85 ans, pour un séjour moyen de deux ans et demi, avec des pathologies multiples et parfois des troubles du comportement), elle souligne les difficultés grandissantes des personnels pour assurer la charge de travail alourdie. Un des marqueurs de la pénibilité de cette tâche est le nombre d’accidents du travail : ils « seraient aujourd’hui deux fois supérieurs à la moyenne nationale et plus importants que dans le secteur du BTP ». Tout en reconnaissant l’investissement des personnels, elle souligne une « organisation du travail en tension » qui « peut être la source de dégradation importante des conditions d’exercice des métiers de soignants », et confirme, dans certains établissements la «maltraitance institutionnelle » que cette situation génère auprès des personnes âgées. 




Si ce rapport n’apporte pas de grande révélation, il a le mérite d’officialiser le problème et de tenter d’y apporter des solutions à court et moyen termes. Ainsi, Monique Iborra, face aux difficultés de recrutement d’aides-soignants (en Occitanie on observe une chute de 30% des candidats au diplôme), propose d’actualiser leurs compétences et de réfléchir à une « revalorisation de leur statut ». Elle préconise aussi de préserver dans les Ehapd les contrats aidés qu’Emmanuel Macron a pourtant lui-même décidé de supprimer. A plus longue échéance, elle envisage de travailler sur « l’adéquation des ressources humaines aux profil des résidents ».

En revanche, les propositions financières, elles, ne sont pas très concrètes. Bien que constatant une tarification « de type kafkaïen » qui se concrétise par un « reste à charge important » pour certains résidents ou leur famille, la députée ne fait qu'appeler les Départements à « l’exercice plein et entier de leur compétence de l’action sociale ». Des Départements dont les finances sont aujourd’hui mises à mal par le gouvernement actuel comme par les précédents. Des préconisations qui ne convainquent pas le groupe communiste à l’Assemblée nationale. Ainsi, Pierre Dharréville dénonce les « mesures d’austérité qui font contribuer à affaiblir la capacité des Départements à continuer à financer les Ehpad ». Il demande au contraire des mesures radicales. « Chacun doit pouvoir vivre dignement quels que soient les moyens dont il dispose, a-t-il déclaré lors de la présentation du rapport de la mission flash. C’est une question de justice. Nous sommes face à une crise dramatique. Les Ehpad sont un lieu de souffrance de notre société. Souffrance de la maltraitance et souffrance au travail. » 

Marine Desseigne

Dossier réalisé par Agnès Masseï, Christophe Coffinier, Marine Desseigne et Paul Goiffon.