À LA DECOUVERTE D'UN PATRIMOINE MULTIPLE

Feuilletez les choix de la rédaction pour les Journées Européennes du Patrimoine.

Rendez accessible le site de la Corderie

Lettre ouverte de Jean-Noël Bévérini, membre de l'Académie de Marseille et ancien administrateur de la Société Française d’Histoire Maritime à Jean-Claude Gaudin.


Monsieur le maire, ces 16 et 17 septembre se déroulent les Journées du Patrimoine sur l'ensemble du territoire national. Cette année 2017 est marquée à Marseille par la découverte d’un site patrimonial et archéologique d’excellence, qualifié de « remarquable » voire d’exceptionnel et unique, à savoir le site grec antique de la Corderie. Une parcelle d’une surface de 635 m² a été déclarée devoir être protégée par décision de madame la ministre de la Culture. L’environnement jouxtant cette parcelle, sauf décision de votre part, est en revanche destiné à être profondément modifié, déstructuré et en grande partie détruit par le projet d’aménagement du lieu. Avant l’échéance très prochaine de ces disparitions définitives sur cette emprise profondément liée à la naissance, à l’histoire et au rayonnement de notre ville de Marseille en tant que cité, il m’apparaît indispensable de permettre aux Marseillais intéressés et à toutes personnes désireuses de découvrir le résultat complet et exceptionnel des fouilles préventives conduites par l’Inrap, d’accéder au moins une fois au site dans son intégralité. J’ai, en conséquence, l’honneur de vous demander de bien vouloir vous rapprocher de l’aménageur et des services de l’État concernés pour organiser et rendre accessible le site aux visites durant les deux Journées du Patrimoine. Les visites seront naturellement conduites et commentées par les archéologues de l’Inrap. Des contacts déjà établis avec plusieurs responsables en la matière me conduisent à vous exprimer cette demande. Je suis persuadé qu’une suite favorable donnée à cette invitation serait de nature à répondre à l’attente des Marseillais. Je ne doute pas de votre accord à cette proposition, celle-ci ne faisant que reproduire des autorisations déjà délivrées et des visites déjà antérieurement ouvertes au public sur d’autres sites marseillais. Je vous prie, monsieur le maire, de bien vouloir recevoir l’expression de mes respectueux sentiments.

Paysage après l'incendie, le pari du land art

MARTIGUES. Illustration patrimoniale originale avec le « parcours entre nature et culture » proposé ce week-end à Carro, sur les lieux mêmes du feu du mois de juillet. 

Le Comité des fêtes et du patrimoine de Carro n'est jamais à court d’idées... et même l’incendie de cet été ne l’a pas fait pas reculer. Avec Le jardin perdu, il apportera une contribution singulière au copieux programme des Journées du patrimoine. Le parcours entre nature et culture proposé samedi et dimanche (*), c’est un peu « paysage après l’incendie » et le pari de faire appel, malgré tout, au « land art » (art inscrit dans le paysage) et au « street art » (art de rue), même si le 26 juillet, « tout est parti en fumée ». « C’était prévu avant mais l’incendie a renforcé notre volonté, les œuvres de land art ont pris encore plus d’importance et on veut montrer que ça revit » souligne Marc Troulier, du Comité. Là où ne l’on pourrait voir que traumatisme et paysage de désolation, les visiteurs seront donc invités à découvrir une quinzaine d’œuvres, certaines réalisées anonymement par des artistes graffeurs, d’autres étant des créations originales réalisées spécialement pour ces journées. Comme une incitation à changer de regard sur les lendemains d’incendie. Les organisateurs ont choisi de porter leur attention sur les « trésors que renferme la colline de Carro », un plateau situé au Nord-Ouest du « village » qui n’a pas toujours été boisé et réservé à la balade ou à la chasse. La zone fut longtemps exploitée en tant que carrière de pierre avant que l’armée allemande n’en fasse un des lieux stratégiques de l’occupation de la Côte bleue (dans le cadre du « mur de la Méditerranée ») de 1942 à 1944. Des voies à ornières menant vers les lieux d’embarquement de la pierre témoignent encore aujourd’hui de l’ancienne activité des carriers. Quant aux blockhaus, « ils furent le terrain de jeu de plusieurs générations d’enfants du pays » et depuis les années 2000, « des champs d’expérimentation d’adeptes du street art » relève le comité. Grâce à ces journées, « des lieux abandonnés, engloutis par la nature » seront mis en lumière avec leurs « couches de couleurs et de calligraphies contemporaines, déclinaisons graphiques des pseudos des artistes ». La mise en scène éph"mère du jardin perdu, c’est le pari de « l’espoir coloré de la renaissance » sur fond de végétation calcinée. Un pari audacieux et original, sur l’avenir et la nature qui reprend ses droits. 

Jean-François Arnichand 

(*) Samedi et dimanche en continu de 10h à 19h : jardin perdu et petit musée de Carro. Et aussi samedi, à partir de 19h : «La boum du cercle» (des pêcheurs) : voyage musical à travers les titres qui ont marqué la jeunesse de plusieurs générations.

Sur les traces du camp Oddo, le fil de la mémoire des exilés arméniens

MARSEILLE. Les participants remonteront le fil de la mémoire de cet épisode fondateur de la communauté arménienne de Marseille et qui débute au Camp Oddo (1923-1927), dont il ne reste rien aujourd’hui puisqu’une voie ferrée l’a vite remplacée, enjambée par la passerelle du boulevard du Capitaine Gèze. Le Camp Oddo est l’un des quatre camps mis à leur disposition avec le camp Mirabeau (qui a hébergé les 400 premiers réfugiés arrivés de Smyrne en novembre 1922), le camp de la caserne Sainte-Marthe (qui a accueilli en 1922 des familles arméniennes), le camp Victor-Hugo au Racati principalement réservé aux Russes mais qui a aussi servi aux Arméniens, et enfin, le camp du boulevard Oddo qui a fonctionné du 27 novembre 1922 au 22 avril 1927, accueilli 5044 réfugiés dans 44 baraquements et où 405 enfants sont nés. 


L'association Paroles Vives en partenariat avec Aram propose une déambulation sonore et documentée dans le quartier de la Cabucelle. La randonnée sur inscription débute samedi au métro Bougainville à partir de 14 heures.

D.C.

L'art préhistorique s'expose et se raconte

QUINSON. Le Musée de la Préhistoire des Gorges du Verdon programme une conférence sur l'art pariétal, ce vendredi 15 septembre à 18h, en ouverture des Journées du patrimoine. Jean Clottes, préhistorien mondialement connu, anime cette conférence intitulée : « Une caverne ornée exceptionnelle : la Grotte Chauvet-Pont d’Arc ». Jean Clottes est un spécialiste de l’art pariétal. Ses recherches portent principalement sur l’art préhistorique en France et dans le monde. Il a publié une trentaine de livres et plus de 500 articles. Le préhistorien a eu la charge de l’étude de la grotte Chauvet jusqu’à fin 2001. La conférence sera suivie d’une séance de dédicaces. L’ entrée au musée est gratuite ces samedi 16 et dimanche 17 septembre, le public pouvant accéder à l’exposition temporaire consacré à la grotte Chauvet et à l’exposition permanente restituant l’ensemble des travaux de recherches et de fouilles archéologiques réalisées dans le Verdon, organisée en 20 espaces remontant le temps depuis la formation du Verdon jusqu’à la conquête romaine. Pierres taillées, outils, armes, céramiques, parures…les pièces exposées sont des originaux. 

Conférence en entrée gratuite - Réservation obligatoire au 04 92 74 09 59

Du patrimoine génétique des solanacées

Photo Epicurium

AVIGNON. Les solanacées, qu'es aquo ? Une grande famille végétale que vous connaissez sans doute sans le savoir. Elle regroupe des plantes de notre quotidien comme les tomates, les pommes de terre et les aubergines mais aussi certaines moins connues et empoisonnées comme la datura ou la belladone. Marie-Christine Daunay, directrice de recherche à l’Inra, présentera cette branche du patrimoine vivant à l’invitation du centre culturel Epicurium. Les propriétés psychotropes de quelques espèces connues autrefois sous le vocable « d’herbes de sorcières » sont à l’origine de la réputation sulfureuse de cette famille de plante, dont l’histoire est intimement mêlée à celle de l’homme. 

L.P. 

Samedi de 16h à 17h, Epicurium 100 rue Pierre Bayle, Avignon. 04.32.40.37.71.

À Toulon, un centre-ville qui brille de mille feux

Photo D.R.

TOULON. L'un des événements de ces journées : le Festival Constellations poursuit sa quête de combinaison des expressions et des arts urbains, déplace les lieux de la danse, des musiques, des arts visuels, pour trouver des nouveaux regards sur les bâtiments du patrimoine toulonnais. 

Associé cette année à Eric Cuong Castaing de la cie Shonen. Cela démarre à la Mitre, ce 15 septembre, à la Tour Royale, forteresse placée à l’entrée de la rade, à partir de 18h, jusqu’à 23h, puis jusqu’à 2h avec un dance floor tropical par Supérette Chicago. On continue le samedi 16 septembre, toujours à la Tour Royale et ses abords : ateliers de danse et musique pour le jeune public; sur la plage de Pipady, avec lecture mon amour... Puis de nouveau jusqu’à 2h. Le dimanche, retour au centre-ville, pour des shows au Théâtre Liberté (15h à 18h15), au Musée d’Art (14h et 20h), à l’Hôtel des Arts (14h à 18h). Gratuit.

GSTV

 www.kubilai-khan-constellations.com  

Les combatives qui font le Matrimoine

Lucia Tichadou enseignante révoquée sous Vichy, résistante dès 1941, élue communiste en 1946. DR

AIX-EN-PROVENCE. Parcours féminin par le Collectif des droits des femmes et Osez le Féminisme ! Parcours d'enseignantes, élues, résistantes, qui ont contribué au patrimoine. 

Institutrices, écrivaines, politiques ou révolutionnaires, elles sont nombreuses à avoir mis leur pierre à l'édifice, contribuant allègrement à ce que l’on nomme par inexactitude « Journées du Patrimoine ». Un injuste « oubli » auquel le Collectif 13 Droits des Femmes et Osez le Féminisme!, entend remédier, lançant à Aix (à Marseille et à Allauch), les Journées du « Matrimoine ». Les féministes précisent : « On construit notre mémoire culturelle sur un socle de biens artistiques à 95% masculin. Patrimoine signifie littéralement héritage des pères. Notre Histoire abonde pourtant de scientifiques, d’écrivaines, de militantes, de femmes politiques, d’artistes, de résistantes… mais elles restent injustement méconnues ». 

Le viol, crime reconnu en 1978 

A Aix, la visite (17/09 à 15h) démarre en haut du cours, par la légende des Calissons selon laquelle sa forme érotique en losange, serait due à Jeanne de Laval (femme du Roy René) qui l’ayant goûté, eut le sourire aux lèvres. Se poursuivant à l’hôtel Boyer d’Eguilles, libertin au XVIIIème, où le fer forgé laisse voir des formes phalliques. Au Palais de justice, Chrétienne d’Aguerre sera évoquée dans son combat politique contre Henri III qui dût quitter la capitale sous la pression des ligueurs en 1588. Egalement au menu : l’affaire des possédées qui finit par rendre justice à la religieuse violée par Louis Gaufridi (curé brûlé vif sur la place des Prêcheurs), le viol reconnu enfin en tant que crime pour la 1ère fois en 1978 suite à un procès ici, et le combat salutaire d’illustres femmes de Maria Borrely à Lucia Tichadou, Anne-Marie Trinquier, Louise Colet, Pauline de Simiane,Therèse Caval... 

H.B. 

www.facebook.com/events/455544341468728/

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