Les femmes à cheval sur leurs droits

En Languedoc Roussillon Midi Pyrénées, des femmes à l'avant-garde, pas que le 8 mars

Le planning familial actif à Toulouse depuis 60 ans

Le planning familial est présent à Toulouse depuis les origines.Pendant longtemps, sa présidente a été Evelyne-Jean Baylet, à l’époque PDG de La Dépêche du Midi et qui témoignait ainsi de son engagement féministe. Ces dernières années, l’antenne toulousaine du Planning familial a connu des difficultés d’ordre financier.L’association de la Haute-Garonne a bien failli disparaître en 2015, mais elle a reçu des soutiens importants, qui lui ont permis de repartir.Il a fallu malgré tout réduire la voilure, avec seulement deux salariées au lieu de trois. « Mais nous n’avons pas fermé, et nous maintenons nos accueils quatre après-midi par semaine, indique Delphine, du Planning familial 31.Nous avons pu aussi poursuivre nos interventions d’éducation à la vie affective et sexuelle dans les établissements scolaires, ou en direction des publics handicapés. » Le planning familial 31 reçoit 1400 personnes par an et ses actions touchent près de 5000personnes. L’information concerne l’IVG, les tests de grossesse, la contraception, mais aussi les violences conjugales.
« La condition de la femme ?Elle évolue peu, déplore Delphine.On est toujours confronté à la discrimination, le sexisme, la violence…Une chose positive est la suppression du délai de réflexion pour l’IVG.Mais globalement, nous sommes toujours face à un système inégalitaire où les femmes se retrouvent toujours en première ligne. » 
Dominique Delpiroux

Laure Adler : «Aujourd'hui, c’est ringard de se dire féministe»

Journaliste et écrivain très engagée dans la cause des femmes, Laure Adler connaît Toulouse pour avoir participé au marathon des mots en 2012. Des mots qu'elle ne mâche pas quand on l'interroge sur le 8 mars, consacré journée internationale des droits des femmes.

Cette journée du 8 mars a-t-elle encore une sens ? 
Non, aucun. Si ce n'est qu’elle sert à rappeler qu’il faudrait que ce soit tous les jours la journée de la femme. 

Même si on est encore loin de l’égalité hommes-femmes, la situation de la femme ne s’est-elle pas améliorée ?
On est très loin du compte. Regardez, le gouvernement ne donne même pas l’exemple puisque lors du dernier remaniement tous les principaux postes hiérarchiques ont été attribués aux hommes. D’autre part, la tendance selon laquelle, à diplôme supérieur les femmes ont un salaire inférieur ne cesse d’augmenter. Le plafond de verre n’a jamais été aussi problématique. Non seulement on n’avance pas mais on recule. Plus grave encore, la situation des femmes défavorisées en France, qui sont en situation de monoparentalité, n’a jamais été aussi exposée et inégalitaire. Elles se prévoient un avenir terrifiant avec des retraites extrêmement basses. Enfin, elles subissent de plein fouet le chômage puisqu’elles en sont les premières victimes après les jeunes. Rien n’est fait en leur faveur. Il n’y a même plus de secrétariat du Droit aux femmes dans ce gouvernement de gauche... 

Que représente aujourd’hui le mouvement féministe ? N’est-il pas moins visible que dans les années 1970 ?
Il est totalement invisible. Aujourd’hui, c’est ringard de dire qu’on est féministe. Moi j’assume parce que je suis âgée, que je suis née dans le féminisme et que je me suis construite dedans ; j’ai eu la chance de rencontrer le MLF à ses tout débuts. Mais demandez à la génération de mes filles si elles se disent féministes. Elles pensent que le féminisme est intégré à nos mœurs, alors qu’il ne l’est pas. Elles estiment que les droits ont été obtenus, que le travail a été fait alors qu’il n’a jamais été aussi nécessaire de le faire. C’est la génération de mes petites-filles, qui pour l’instant sont encore peu jeunes, qui construira un avenir beaucoup plus égalitaire.
Propos recueillis par Jean-Pierre Bédéï

Infographie DDM sur le droit des femmes depuis 1945, réalisée par Philippe Rioux

Portraits :
18 femmes en pointe
dans la région

La Région Languedoc Roussillon Midi Pyrénées ne manque pas de femmes qui ont des parcours, des projets, et des engagements emblématiques.

Le 8 mars 2016, trois tables rondes, animées par la journaliste Gwenaëlle Guerlavais, se sont tenues devant près de 400 personnes à Toulouse et à Montpellier, sous l'égide du conseil régional et en particulier de sa présidente, Carole Delga, première femme à présider au destin de l'Assemblée régionale, qui a déclaré en préambule de son discours de clôture : « Ce 8 mars est l'un des plus beaux et des plus émouvants que j'ai pu vivre. J'ai été touchée par les témoignages de toutes ces femmes, impressionnée par leurs parcours, leurs projets et leurs engagements » .

La parole a été donnée à 18 de ces femmes qui, chacune dans leur domaine (entreprenariat, culture, sport, formation professionnelle, accès aux droits, recherche, journalisme…), participent à la richesse et au développement de la nouvelle grande région. Portraits, à commencer par l'animatrice de la journée.

Gwenaëlle Guervalais, journaliste
et animatrice de la journée

 Journaliste depuis plus de 15 ans, d'abord chez RTL puis pour La Croix, Gwenaëlle Guerlavais est devenue rédactrice en chef d’Objectif Languedoc- Roussillon en 2010 avant de créer le tout premier newsmagazine généraliste sur le Grand Montpellier :Jeudi Tout. Depuis 2013 elle est directrice de l’agence Ecrire pour être vue et intervient régulièrement à l'Ecole de journalisme de Montpellier sur les techniques d'écriture et la vie des institutions.

4 performeuses

Le mardi 8 mars 2016 à l'Espace Midi-Pyrénées, Hôtel de Région, de 10 heures à 11h15.
Ouverture des débats par Nadia Bakiri, conseillère régionale, présidente de la commission Egalité Femme-Homme.

Françoise Massines, chercheuse

Directrice de recherche CNRS au Laboratoire Promes, à Perpignan (Pyrénées-Orientales) Françoise Massines accumule les distinctions. Médaille d'argent du CNRS, elle compte 14 brevets à son actif et se trouve être une des plus jeunes titulaires de la Légion d’Honneur dans les Pyrénées-Orientales.
Sa particularité : elle est le seul chercheur en France à travailler sur le plasma à pression atmosphérique pour le photovoltaïque !

Nicole Fagegaltier-Rouquier, chef

Chef du restaurant le Vieux Pont à Belcastel, dans l'Aveyron, Nicole Fagegaltier-Rouquier a transformé la modeste ferme-auberge de ses parents en un petit bijou de la gastronomie française. En moins de dix ans, la jeune femme formée à l'école hôtelière est devenue l’une des très rares femmes chefs étoilés de France : elles ne sont que 16 sur 609 chefs étoilés !

Colette Certoux, présidente de la Fédération régionales des industries nautiques

Après avoir dirigé pendant des années une entreprise spécialisée dans l'entretien des bateaux, Caren Services, à La Grande Motte, Colette Certoux incarne aujourd’hui la filière nautique dans la région. Défenseuse acharnée de cette filière, elle a récemment contribué à la création de la Confédération du nautisme et de la plaisance, qui rassemble 21 fédérations et associations du secteur au plan national.

Carole Zisa-Garat, dirigeante de la société Telegrafik 

En 2013, elle a décidé d'être maître de son destin en créant sa propre entreprise, Telegrafik, qui a mis au point un nouveau système d'alerte destiné aux personnes âgées. Désormais reconnue comme l’une des porte-paroles de la French Tech à Toulouse, elle a reçu l’année dernière un prix Jeune Entrepreneur décerné par La Tribune à la soirée « 1000 start-ups pour changer le monde ».

7 combattantes

Le 8 mars 2016, de 11h30 à 12h30, l'Espace Midi-Pyrénées, Hôtel de Région, Toulouse. 

Céline Cammarata, journaliste

Elle est présidente de la commission "Guide des Expertes" au Club de la presse de Montpellier. Journaliste depuis 20 ans, d'abord dans la politique, l’agriculture, l’économie, l’écologie, elle collabore aujourd’hui au magazine féminin, Grizette. A Montpellier, elle est connue pour son engagement féministe à travers son blog Regard’elles, « un regard féminin sur le monde ». Elle est à l’origine du « Guide des expertes » qui recense plus de 300 femmes dans 22 domaines différents.

Doria Louz, ingénieur chez Continental et présidente de « Elles Bougent ! » en Midi- Pyrénées

A 15 ans, Doria Louz dû quitter son pays, l'Algérie, où son père, marié à une Française et défenseur des libertés fondamentales, était menacé. C’est en entrant chez Continental, entreprise sensibilisé à la diversité, qu’elle a eu l’idée de créer l’association « Elles bougent ». Son objectif : promouvoir les femmes dans l’ingénierie et les filières scientifiques.

Isabelle Dangerfield, actrice et 
présidente du Collectif H/F en Languedoc-Roussillon

Isabelle Dangerfield a « 45 ans de plateaux de théâtre et de tournages ». Vous avez peut-être croisé son visage à la télé, au détour des séries Candice Renoir et Le secret d'Elise ou dans les films La baie d’Alger et Le Hussard sur le toit. Depuis 2010, elle est présidente régionale du collectif H/F, un mouvement né pour plus de parité dans le domaine de la culture.

Carine Favier, co-présidente nationale du Planning Familial et médecin au service des maladies infectieuses au CHU de Montpellier
Annie Prina-Mouchard, co-présidente régionale du Planning Familial en Midi-Pyrénées

Le Planning Familial vient de fêter ses 60 ans d'existence. Si Carine Favier et Annie Prina- Mouchard sont sans cesse tournées vers les combats qu’il reste à mener pour les droits des femmes, cet anniversaire est aussi l’occasion de souligner les immenses progrès qu’a accompagnés le Planning Familial, notamment sur la question de l’avortement, du droit à la contraception ou encore de la maternité heureuse !

Bahia Benhamid, présidente de l’association Karavan 
Dabia Lefgoum, présidente de Partage-Faourette 

Toutes deux sont très impliquées dans les quartiers de Toulouse et dans de nombreuses d'associations qui luttent contre l’isolement des femmes et pour l’égalité des droits. C’est d’ailleurs à travers leur engagement associatif que Bahia Benhamid et Dabia Lefgoum se sont connues.

5 créatrices

Le 8 mars 2016, de 17h15 à 18h30, à REALIS, la pépinière d'entreprises de Montpellier, 710 Rue Favre de Saint-Castor.
Carole Delga, la présidente du conseil régional, a clôturé cette journée de débat et de réflexion à 18h30.

Elodie Nourrigat, fondatrice de l'agence d’architectes NBJ à Montpellier, et professeur

En 2008, elle a été lauréate du prix « Europe forty under forty », prix récompensant les 40 meilleures agences de moins de 40 ans en Europe. L'un des fils conducteur de son parcours est la transmission : à travers ses interventions aux étudiants de l’école d’architecture de Montpellier (ENSAM) mais aussi auprès du grand public avec un festival de jeunes architectes qu’elle a créé : Architectures Vives.

Nadine Laguette, chercheuse du CNRS
à l'institut de génétique humaine de Montpellier

A 32 ans, on disait d'elle qu’elle était « la chercheuse à suivre » ! Elle venait alors de découvrir une protéine qui empêche le virus du sida de se répliquer. Une découverte qui lui a valu le Prix Sanofi – Institut Pasteur. Aujourd’hui, deux ans plus tard, Nadine Laguette est chercheuse du CNRS à l'institut de génétique humaine de Montpellier.

Aline Herbinet, fondatrice et dirigeante de V@Si

Docteur en STAPS, Aline Herbinet a créé 2012 V@si, une entreprise qui apporte des solutions innovantes pour que les personnes malades puissent pratiquer une activité physique, notamment via le numérique. Aujourd'hui, V@si compte 15 salariés, 72 intervenants et permet à des centaines d’enfants de faire du sport malgré la maladie. 

Hélène Viruega, fondatrice et gérante d’Equiphoria

Elle a fait de sa passion son métier. Cavalière depuis l'âge de 12 ans, Hélène Viruega a créé Equiphoria, un institut d’activités équestres pour personne en situation de handicap, à La Canourgue, en Lozère.

Barbara Pastre, directrice de
l’agence événementiel « Vu d’en Face »

Elle a fondé la «Montpellier Reine », une course à pied caritative au bénéfice de la lutte contre le cancer, programmée tous les ans à l'occasion de la Fête des mères. Depuis 8 ans, cette manifestation rencontre un succès grandissant : quelque 8000 personnes sont attendues pour la prochaine édition.

La relève

Photo DDM, Michel Labonne

Une lycéenne ariégeoise donne sa définition
du bonheur

Elève de seconde au lycée du Couserans, à Saint- Girons (Ariège), Clémence Soula a remporté, à l'unanimité, la finale régionale 2016 du concours d’éloquence de la fondation La Dépêche du Midi avec sa plaidoirie «Le bonheur : droit et devoirs». Clémence a plaidé sa vision du bonheur devant 400 personnes, le 21 janvier 2016, à l'université Toulouse I Capitole. Dans le public, on trouvait notamment Mohed Altrad, président du groupe Altrad ; Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français ; Carole Delga, présidente de la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, et Marie-France Marchand-Baylet, présidente de la Fondation «La Dépêche».
Clémence Soula a refait sa plaidoirie pour le bonheur le 8 mars, à 11h15, à l'Espace Midi-Pyrénées, de l'Hôtel de Région, à Toulouse, entre les deux premières tables rondes de la journée. Voici la rediffusion de sa présentation du 21 janvier, pour celles et ceux qui n'ont pas pu être présents le 8 mars.

Et pourtant... 
les inégalités hommes femmes persistent



La photo de tête est signée Xavier de Fenoyl, journaliste à La dépêche du Midi. Elle a été prise le 8 mars 2013, place Jeanne d'Arc, à Toulouse, lors d'un rassemblement qui avait pour but de demander plus d'égalité au quotidien et de dénoncer les violences machistes.
Mise en forme de ce long format : Béatrice Dillies