Vieille dame digne

L'éditorial de Jean-Claude Souléry

Nous avons l'habitude, puisque nous sommes français c'est-à-dire républicains, de porter un regard très paradoxal sur cette vieille dame digne, assise depuis la moitié du dernier siècle sur son trône d'Angleterre, et qui, vu l'âge de ses artères, n'est pas prête à l'abandonner. En effet, nous qui avons des arguments tranchants à l'endroit de nos rois et reines, admettons volontiers qu'elle a le charme désuet des arrière-grands-mères, un brin de cet humour anglais que, seuls dans le monde, possèdent précisément les Anglais, mais aussi cette obstination typiquement féminine à incarner en toutes circonstances et en tous lieux, de Papouasie aux îles Tuvalu, un pouvoir britannique que symbolise la fameuse Couronne impériale d'apparat (pas loin d'un kilo sur la tête) et qui remonte à la guerre des Deux Roses – c'est-à-dire juste après la dernière saison de « Game of Thrones ».

Enfin, plus sérieusement, nous n'oublions pas que cette reine fut d'abord une jeune princesse et se comporta comme telle lors des terribles bombardements de Londres. Chapeau !

Or, précisément, revers de notre affection, nous aimons tout autant nous moquer de ses chapeaux quelque fois de bon goût, le plus souvent ridicules, ainsi que de ses « Welsh Corgi Pembroke », sorte de chiens nains à grosse tête de renard, en vérité assez disproportionnés de leur état, mais que les Windsor s'obstinent à collectionner depuis des temps immémoriaux.

Pourrait-on en outre lui reprocher un train de vie qui n'est pas celui de l'Anglais moyen, et cette façon cavalière de vivre au crochet de ses sujets ? Des règles aussi lourdes que les tentures de Buckingham Palace pèsent toujours sur le protocole de la Cour, si bien que – sachez-le pour la prochaine fois – il est absolument interdit de toucher physiquement la Reine sous peine d'expulsion immédiate : l'accolade appuyée de ce balourd de Jacques Chirac en 2004 fit, s'en souvient-on, tousser les diplomates.

Et puis, comment taire les turbulences de cette famille, fils, petits-fils, belles-filles, époux, parfois même maîtresses, cachées ou non, qui à certaines périodes occupèrent jusqu'à 70 % de la surface en papier glacé de la presse people ? Séparations, divorces, enfin la tragédie planétaire du pont de l'Alma qui mit au grand jour le manque total d'affection de la Reine envers Diana princesse du peuple et fit pour un temps vaciller la couronne. Pour un temps seulement. Car le marketing de Buckingham s'est habilement rattrapé avec William et Kate – princesse tellement jeune et souriante et belle à croquer.

C'est pourquoi Elizabeth, à 90 ans et après tant d'aléas, demeure le symbole vivant de l'unité britannique, de tout un peuple et de ce qui reste du dernier grand Empire occidental. Elle est le chef d'Etat le plus incontesté du monde – bienheureux royaume où, pour désigner le chef, on ne passe pas par des primaires ! Mais là, c'est une autre histoire…

Le Royaume-Uni
fête sa reine


De Londres jusqu'aux Malouines, le Royaume-Uni célèbre aujourd'hui le 90e anniversaire d'Elizabeth II, reine dont la longévité à la mesure de la popularité. Un «phénomène» sans équivalent dans le monde contemporain.

La fête tombe cette année dans un contexte on ne peut plus délicat pour les Britanniques puisqu'ils voteront le 23 juin pour décider de leur avenir au sein de l'Union européenne, un référendum aux lourdes conséquences pour le royaume de sa Majesté. La reine, qui observe une stricte neutralité politique depuis soixante-quatre ans, ne devrait pas prendre part au débat. Les spécialistes de la famille royale surveilleront cependant ses moindres faits et gestes pour tenter de déceler de quel côté penche la souveraine.

Elle a battu le record de Victoria

Elizabeth Alexandra Mary Windsor est née le 21 avril 1926 à Londres. Devenue reine le 6 février 1952 à l'âge de 25 ans, elle a battu le 9 septembre dernier le record de longévité détenu par sa trisaïeule Victoria qui régna 63 ans, sept mois et deux jours, entre 1837 et 1901. Si, en 2001, un Britannique sur trois souhaitait la voir abdiquer – hypothèse improbable pour les spécialistes – ce chiffre est tombé avec le temps à un sur cinq, selon un sondage Ipsos Mori réalisé pour le King's College de Londres. Malgré les quelques «scandales» qui ont marqué la famille royale, notamment des photos de son petit-fils Harry déguisé en nazi lors d'une fête arrosée, ou les images de sa belle-fille Sarah Ferguson en train de se faire lécher les pieds par son amant, Elizabeth «a réussi à faire en sorte que l'institution reste populaire, et la plupart des gens pensent que la monarchie jouera un rôle important à l'avenir», affirme un spécialiste.

Bref, selon cet expert, la monarchie est promise a un «avenir radieux», bien que glissant petit à petit vers la gérontocratie, le prince Charles, héritier de la Couronne, ayant lui-même 67 ans.

C'est elle la «cheffe»

Aujourd'hui, à Windsor, où elle possède un château, elle prendra un bain de foule et recevra comme gâteau d'anniversaire un cake à l'orange préparé par Nadiya Jamir Hussain, gagnante de l'émission «The Great British Bake Off», équivalent britannique du «Meilleur pâtissier».

«Je dois me pincer pour y croire», a confié sur Twitter la jeune femme de 30 ans. Durant cette journée, le Premier ministre David Cameron lui rendra hommage au Parlement, et les canons tonneront à Londres pour saluer la toute fraîche nonagénaire.

Les hommages ont déjà commencé à affluer, à commencer par celui de son petit-fils, le prince William. «C'est peut-être ma grand-mère, mais c'est aussi vraiment elle la cheffe», a-t-il dit.

Le coup de chapeau
des Anglais de la région

La distance ne réduit pas l'affection. Parfois, elle la renforce. Les citoyens britanniques installés dans la région, plus de 15 000 en Midi-Pyrénées, gardent pour la plupart un œil sur les affaires du pays, et un respect teinté d'admiration pour la reine Elisabeth II aux emblématiques chapeaux. Un sentiment qui transcende les clivages politiques : «Bien que républicain dans l'âme, j'ai beaucoup de respect pour l'institution et surtout pour la façon dont la reine l'incarne», explique ainsi John, qui se qualifie avec un humour très britannique «réfugié politique de l'ère Thatcher». 

Pour ce cadre commercial retraité à Toulouse, le comportement de la reine a été profondément marqué par l'abdication du roi en 1936 : «Ella a voulu être l'incarnation du monarque qui se comporte comme un serviteur sans jamais dévier de son devoir. Aujourd'hui, elle représente le ciment de la nation, ajoute-t-il. Un ciment qui peut d'ailleurs être synonyme de froideur, celle qui lui fut notamment reprochée lors du dramatique décès de Diana. «Un mauvais moment pour la monarchie», se rappelle Perry, dessinateur installé à Bédarrieux (Hautes-Pyrénées) qui a lui aussi quitté l'Angleterre thatchérienne : «Les gens avaient pris parti pour Diana quelqu'un de bien, du peuple, plutôt que pour Charles et la reine qui avaient un problème de communication».

La reine avec James Bond

Mais la reine Elizabeth a su renverser la vapeur : «Il y a eu de grandes fêtes pour ses 80 ans, explique Perry, et pour l'ouverture des JO de Londres en 2012, on a vu la Reine cheminer à côté de James Bond, puis son sosie prendre l'hélicoptère et sauter en parachute…» Tombée l'armure ? «Elle a en tout cas donné une autre image de la monarchie qui s'était isolée. Les Anglais réticents ont été fiers de leur reine».

La nouvelle génération est globalement d'accord avec le symbole : «Un comportement toujours uniforme, jamais d'écart, Elle est adorée pour cela» reconnaît Amélie, 23 ans, franco-britannique étudiant à Toulouse : «Ce n'est pas tant pour ses 90 ans, elle n'est pas la seule aujourd'hui, mais pour ce long règne au cours duquel elle a connu tous les chefs d'Etat du monde». Une figure de la monarchie qui rassemble, dit-elle, un peu comme ici, il existe des figures républicaines respectées à l'image de Jaurès».

«C'est une grande dame et elle fait bien le job, résume enfin Tracy, épicière à Condom (Gers) pour qui «le futur appartient à William et Kate très appréciés par les Anglais». Tous ces «régionaux» pensent d'ailleurs – comme Stéphane Bern – que, dans leur mode de vie, Kate et William ont su donner une image plus accessible de la monarchie à la nouvelle génération. Autre temps, autres mœurs. La reine ne quitte d'ailleurs jamais ses fameux chapeaux, quand Kate «tombe le haut» pour une baignade provençale. Même pas «shocking» !

D.H.

Elizabeth II :
le règne le plus long


Puisqu'on vous dit que ce sont les histoires d'amour qui font la grande Histoire ! Ainsi, Elizabeth II n'aurait jamais dû devenir reine ! Seulement voilà, son oncle, Édouard VIII, est tombé raide dingue amoureux d'une Américaine, qui plus est divorcée. Un roi, amoureux d'une divorcée d'outre-Atlantique ? Shocking ! Les vieux majors de l'Armée des Indes ont failli avaler leur moustache ! Heureusement pour l'étiquette, Édouard, sympathisant du régime nazi, a abdiqué, laissant ainsi le trône à son frère Georges VI, le père de la petite Elizabeth, qui avait alors dix ans. Elle devenait aussitôt l'héritière du trône.

Pas sûr d'ailleurs que cela lui ait plu. Princesse, toutes les petites filles adorent ça. Mais reine… Car les vraies passions d'Elizabeth, ce sont les chevaux et les chiens : elle aurait sans doute préféré tenir une ferme équestre dans le Sussex, plutôt que d'inaugurer les chrysanthèmes ou sillonner son Empire, de Sydney à Ottawa en passant par la Barbade.

Tout commence le 6 février 1952

Mais, chez ces gens-là, c'est « Never complain, never explain ». On ne se plaint pas, on n'explique rien. Heureusement pour Elizabeth, il y a eu la guerre, qui lui a donné l'occasion de conduire des ambulances au sein de l'Auxiliary Territorial Service ! À la fin de la guerre, elle épouse son prince charmant, Philip Mountbatten, duc d'Édimbourg, avec qui elle aura quatre enfants : Charles, Anne, Andrew et Edward.

Les choses sérieuses ont commencé le 6 février 1952, à la mort de Georges VI. Tout à coup, cette jeune femme de 26 ans, va régner sur un empire un peu détricoté, certes, après l'indépendance de l'Inde, mais qui laisse rêveur : elle est reine de l'Afrique du Sud, de l'Australie, du Canada, de Ceylan, de la Nouvelle-Zélande, du Pakistan, du Royaume-Uni.

Sait-on aussi qu'elle est la reine des «rastas» de la Jamaïque, des heureux habitants de la Barbade, des Bahamas, de Grenade, de la farouche Papouasie-Nouvelle-Guinée, des îles lointaines de Salomon, de Tuvalu, de Sainte-Lucie, de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, du Belize, d'Antigua-et-Barbuda ou de Saint-Christophe-et-Niévès ? Ah, elle avait intérêt à être forte en géographie, la petite princesse !

Mais Elizabeth n'a pas le style papou ou vahiné. Contrairement à son fantasque tonton, elle va respecter rigoureusement une étiquette totalement surannée, qui va faire d'elle une sorte d'esclave d'une charge incontournable. Sa vie sera balisée par le rituel de la couronne. Et ses obligations sont nombreuses, à travers le monde ou dans son propre palais.

C'est à Westminster, du reste, qu'elle reçoit une fois par semaine le Premier ministre en poste. Et elle en a vu défiler, des chefs de gouvernement. A commencer par l'illustre Winston Churchill, le «vieux lion», pour qui elle avait une affection toute particulière, surtout après la mort de son père.

Une telle proximité ne se renouvellera pas. James Cameron est le treizième Premier ministre à la visiter ! Elizabeth a bien aimé le travailliste Harold Wilson. Mais avec la Dame de Fer, les relations étaient plutôt rouillées : Margaret Thatcher lui faisait perversement sentir que c'était elle qui était à la manœuvre…

Record de longévité

Dire aussi que cette impeccable dame a connu tous nos présidents, depuis Vincent Auriol jusqu'à François Hollande, en passant par de Gaulle ou Giscard… qu'elle jugeait trop monarchique, et Mitterrand avec qui elle inaugura le train sous la Manche.

Elle a côtoyé tous les grands de ce monde, de Nixon à Obama, de Kennedy à Mandela, mais aussi Charlie Chaplin, Marilyn Monroe, les Beatles, Gorbatchev, Fidel Castro, Lady Gaga et bien d'autres qui resteront dans l'histoire… ou pas.

Elle a eu aussi sa part de malheur : séparation du duc d'York et de Sarah Ferguson pour une histoire de photos volées. Divorce de la princesse Anne et de Mark Phillips. Séparation du Prince Charles et de Diana… qui allait mourir cinq ans plus tard. 1992, annus horribilis…

Bon an, mal an, elle a tenu la barre, toujours avec une infinie dignité et un humour «so british». On peut certes lui reprocher la couleur de ses chapeaux qui sont comme ces bonbons anglais que l'on suce en faisant la grimace. Mais la voilà donc sur la dernière ligne droite qui mène au siècle, ayant battu tranquillement quelques records de longévité et de popularité auprès d'un peuple qui l'adore. Que serait en effet l'Angleterre sans sa reine ?

Dominique Delpiroux

«La reine Elizabeth II vit son règne
comme un sacerdoce»

Comment expliquez-vous le phénomène Elizabeth II, monarque emblématique devenue un symbole international ?

C'est une souveraine constitutionnelle qui règne mais ne gouverne pas. Sans équivalent en effet aujourd'hui à l'exception peut-être du roi de Thaïlande couronné en 1946, mais qui est une exception, monarque de droit divin. Les années de règne d'Elizabeth II lui ont permis de nouer une relation unique avec le peuple britannique et tous ceux sur lesquels elle exerce sa souveraineté (un milliard de sujets !) car elle n'a jamais rompu le pacte de son couronnement : «Que ma vie soit longue ou courte, je ne cesserai jamais de vous servir». Cela explique tout : elle vit son règne comme un sacerdoce qui ne finira qu'avec sa vie. Ceux qui pensent qu'elle va abdiquer se trompent. Elle mourra en reine.

Dans le monde entier quand on dit «la» reine, on pense à Elizabeth avant toute autre souveraine…

C'est une femme incroyable qui se maintient en forme avec 300 engagements par an, parfois plusieurs par jour et qui continue les visites officielles à l'étranger même si Charles et Camilla l'aident dans cette représentation. En outre, avec 64 ans de règne, la reine est partout, on la retrouve sur les timbres, les monnaies. Qui peut dire qu'il n'a pas vécu sous le règne d'Elisabeth à part les plus de 65 ans ? C'est un personnage historique mais elle est entrée de son vivant dans la légende !

Existe-t-il une reine privée et une reine publique ?

C'est une femme dans laquelle le peuple peut se reconnaître car elle mène une vie très normale, et quand vous discutez avec elle, on a le même sentiment. La femme privée a déteint sur la reine publique. L'été dernier, elle a pris le train pour se rendre dans son château – certes en première classe !- en payant son billet de 43 livres et accompagnée d'un seul officier de sécurité. C'est une femme normale mais que l'histoire a placée dans une situation extraordinaire et qui l'a assumée. Elizabeth, c'est la clé de voûte du système.

La monarchie est cependant critiquée pour son coût ?

Plus maintenant, la polémique s'est éteinte. La monarchie coûte 50 centimes d'euros par an et par habitant. Il faut savoir que la reine donne les revenus de la couronne à l'Etat qui lui reverse en retour une liste civile qui représente 10 % de ces revenus. C'est une sorte de bénévole, dans une monarchie qui pratique l'autosuffisance. Quand il faut faire des travaux, c'est la reine qui paye de ses deniers.

Sur le plan politique, la monarchie a-t-elle encore un avenir ?

Comme elle règne sans gouverner, la reine incarne la nation, c'est le symbole de l'unité nationale, la garantie des institutions où l'alternance se pratique. On n'a pas trouvé de meilleur système. Ainsi, sa cote de popularité avoisine les 80 %. Cela fait 30 ans que j'entends la même chose, la monarchie ne survivra pas aux scandales, elle va tomber, mais elle a survécu à tout…L'avantage, c'est la succession automatique dans l'ordre des générations. Le Prince Charles et Camilla puis William et Kate. L'avenir est assuré. Kate joue un rôle important, elle est très populaire, adorée car elle fait son métier sans se plaindre. William et Kate ont attiré vers la monarchie toute une nouvelle génération.

Recueilli par Daniel Hourquebie

William et Kate : la relève glamour


Leur union devant les caméras du monde entier, en avril 2011, a été considérée comme étant le «mariage du siècle». Depuis, Kate Middleton et William de Cambridge forment un couple princier glamour et incarnent le renouveau de la monarchie britannique. Mariage, déplacements, tenues vestimentaires, et naissances... sont autant de faits et de gestes scrutés de près par des sujets sous le charme des jeunes époux. Une popularité qui ne se dément pas, contrairement à leurs prédécesseurs dans l'ordre de succession au trône, Charles et Camilla, qui ne bénéficient pas de cette cote d'amour. 

Auparavant, seule Diana, mère de William et feu épouse de Charles, avait connu une telle notoriété. Alors comment Kate et William ont-ils réussi à conquérir le cœur des Britanniques ? Peut-être par la simplicité de leur histoire, celle d'un prince épousant une roturière, rendant possible une identification. L' idylle royale a en effet commencé en 2001 sur les bancs de la faculté de Saint Andrews en Écosse. Le prince de Cambridge, alors âgé de 19 ans, y rencontre Catherine Elizabeth Middleton dite «Kate» qui est sa camarade de classe. La jolie brune subjugue William lors d'un défilé caritatif... 

Après quelques années de fréquentation marquées par des ruptures et des réconciliations, le couple se fiance finalement en 2010 au Kenya et se marie en 2011 à l'abbaye de Westminster. Kate devient ainsi la très aimée duchesse de Cambridge et parvient à se faire apprécier de l'exigeante maison de Windsor. Un parcours digne d'un conte de fée pour cette fille d'un industriel anglais. Tout le royaume attend alors un héritier. Celui-ci ne tarde pas puisqu'en juillet 2013, Kate donne naissance à un petit George. Et le couple récidive en mai 2015 avec la naissance d'une petite fille prénommée Charlotte. Outre leur vie, somme toute assez sage, les deux jeunes gens sont aussi appréciés pour leurs engagements caritatifs à travers des fondations et la gestion de leurs responsabilités royales. Ils thésaurisent ainsi un capital de sympathie qui leur sera sans doute utile quand viendra le temps de monter sur le trône.

Benoît Rouzaud

Les insolites de la reine

Alors que la Reine Elisabeth II fête ce jeudi 21 avril ses 90 printemps, lastminute.com dévoile quelques anecdotes et secrets sur Sa Majesté.

Plus de 64 000 km au compteur

Étant le monarque britannique ayant le plus long règne, Sa Majesté a cumulé un certain nombre de miles dans le cadre de ses « royales » fonctions ! Rien qu'au cours de l’année suivant son accession au trône, la Reine a parcouru plus de 40 000 miles (64 000 kilomètres) et a visité 12 pays du Commonwealth au cours d’un voyage de six mois (de novembre 1953 à mai 1954). Par ailleurs, d’après les dernières estimations, les kilomètres qu’elle a parcourus au fil des ans, totaliseraient l’équivalent de 42 voyages autour du globe ! 

Durant 44 ans, de 1953 à 1997, le Yacht Royal Britannia fût la résidence flottante de la Reine, avec lequel elle a parcouru un million de miles (1 609 344 kilomètres), navigant aussi loin que l'Afrique du Sud et les Caraïbes. 

Un éléphanteau et des bottes de cowboy en cadeaux de bienvenue ! 

Alors que pour la plupart des voyageurs, les cadeaux de bienvenue à l’hôtel se résument à du thé gratuit et des échantillons de gel douche, Sa Majesté a eu le plaisir de recevoir des cadeaux parfois étranges ou extraordinaires au cours de ses voyages. 

Lors d'une visite en Allemagne l'an dernier, elle a reçu une réplique de la Porte de Brandebourg en pâte d'amande. Dans un autre registre, elle a également reçu un calumet de la paix orné de plumes roses et rouges lors d’une visite au Canada en 1973 (à présent pièce de la collection royale) et est devenue la fière propriétaire d'un éléphanteau appelé Jumbo, offert au cours d'un voyage au Cameroun. En règle générale, les animaux offerts à Sa Majesté sont donnés au Zoo de Londres. En France, pays qu’elle adore (elle parle d’ailleurs couramment le Français), on a baptisé en son nom un marché aux fleurs situé sur l’île de la Cité à Paris, en 2014. Un bel hommage quand on connait l’amour de la souveraine pour les fleurs et les jardins.

Son record : 12 pays visités en 6 mois

Depuis son couronnement en 1953, Sa Majesté a visité deux pays par an en moyenne - 120 pays sur les 196 pays du monde. Les années 70 et 80 en particulier furent des décennies riches en voyages : en 1979, la reine a visité six pays en deux mois dans le cadre de son voyage au Moyen-Orient. 

Son plus long voyage à l'étranger fut sa visite du Commonwealth au cours de l'année suivant son couronnement où elle a passé six mois à l'étranger, visitant 12 pays différents. Le Canada se révèle être le pays long-courrier qu’elle a le plus visité pour s’y être rendue plus de 25 fois, tandis que ses destinations favorites plus près de chez elle, sont la France et l'Allemagne (7 visites).

 Et tandis que l’Espagne est une destination plébiscitée par de nombreux touristes, la Reine n’est certainement pas de ceux-là : elle a visité le pays pour la première fois en 1988 et n’y est jamais retournée depuis. 

Trains, avions, hôtels, et même un B & B

Le train royal offre tout le confort : chefs, oreillers en dentelle… mais il est aussi régi par une règle très stricte : interdiction d'emprunter des rails cahoteux pendant l’heure du bain de 7h30 de la Reine. Et lorsqu’il s’agit de voyager par les airs, la souveraine préfère les jets privés aux vols des lignes régulières. 

Cependant, Sa Majesté a de plus en plus souvent utilisé des vols commerciaux à mesure qu’ils sont devenus plus fréquents au fil des années : elle a notamment pris le Concorde pour se rendre aux Etats-Unis en 1977. 

En ce qui concerne les hôtels, l’enquête menée par lastminute.com révèle que la Reine aime la crème de la crème en choisissant de luxueux établissements cinq étoiles. 

Une poignée d'hôtels célèbres ont eu l’honneur de recevoir Sa Majesté comme le Raffles Hôtel à Singapour (2006), l'Hôtel Ahwahnee à Yosemite (1983), le Fairmont Royal à Toronto, le Phoenicia à Malte, le St. Regis à Washington et le Waldorf Astoria à New York en 1957 - également fréquenté par la Reine Mère.

Une liste impressionnante d'hôtels mythiques donc, mais cela ne signifie pas que la Reine ne séjournerait pas dans un humble Bed & Breakfast, à l’instar de ses « royaux » sujets, lorsque ses hôtels préférés ne sont pas disponibles ou à proximité ! En 1981, la Reine s’est retrouvée coincée dans une tempête de neige près de Bristol et a dû frapper à la porte d’un Bed & Breakfast local. Le gérant, surpris, lui a offert son propre appartement au dernier étage !

L'été en Ecosse, Pâques à Windsor et Noël à Sandringham

Alors que les années 70 et 80 ont été denses en voyages, Sa Majesté préfère à présent, et de loin, des vacances « à la maison » dans son bon vieux Royaume-Uni. Elle passe actuellement ses deux mois d’été dans son bien-aimé château de Balmoral en Écosse. 

Elle séjourne au Château de Windsor pour Pâques et passe ses vacances de Noël en famille dans sa résidence de Sandringham. A propos des nombreux voyages de Sa Majesté, Fabio Cannavale, CEO de lastminute.com group, commente : « L’étude a révélé une vie remplie d’un nombre impressionnant de voyages, que peu de souverains ont dû faire. 

La Reine a certainement voyagé avec son propre style et ne s’est épargné aucun déplacement en visitant un nombre incroyable de pays dans le cadre de ses fonctions royales. Et même si on peut difficilement la battre sur le terrain des voyages, tout un chacun peut désormais voyager grâce à nous comme des rois vers certaines des destinations qu’elle a le plus visitées, et à des prix accessibles. » 

Kate Williams, historienne spécialiste de la monarchie qui a dirigé l'étude pour lastminute.com, commente : « Étudier les voyages effectués par Sa Majesté au cours de sa vie a été un grand plaisir et je suis ravie de révéler quelques faits relativement peu connus sur la façon dont la Reine a visité de nombreuses parties du monde au cours de ces dernières décennies. Avec le duc et la duchesse de Cambridge, actuellement en voyage en Inde, on peut dire que la monarchie britannique a réellement le voyage dans le sang (bleu), et il sera intéressant de voir où leur soif de voyages les mènera à l'avenir. » 


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"90 ans, chapeau !" Un long format de La Dépêche du Midi. Textes : Jean-Claude Souléry, Daniel Hourquebie, Dominique Delpiroux, Benoît Rouzaud. Mise en page : Philippe Rioux. Photos de la reine à Toulouse : David Becus, AFP,. Infographies : Agence Idé.