ETAT DE GUERRE

Attentats de Paris -
Edition spéciale 15 novembre 2015

Les armes de la République

C'est donc la guerre. La guerre contre la France, que nous livre l'islamisme radical. La guerre contre tout ce que nous représentons. C'est une guerre à l'image de notre temps.

Il nous faut y répondre impitoyablement, sans la faiblesse dont nous soupçonnent les terroristes, et avec toute l'étendue de notre arsenal – policier, judiciaire, militaire et politique. Le temps n'est plus où, par soucis d'humanisme, nous nous demandions comment riposter à ces «jihadistes de l'intérieur» qu'on décrivait comme des «jeunes endoctrinés» qu'il fallait d'abord sortir de leur dérive. Quelle excuse, quelle explication savante ou pseudo-divine pourrait-on donner à cette barbarie qui franchit à chaque fois un palier dans le sang et la mort?

Notre démocratie ne peut être sauvée qu'avec les armes de la République. Et cela demande, dussions-nous en payer le prix, une intransigeance de tous les instants.

Notre ennemi est répertorié, il s'agit de le nommer clairement : c'est l'islamisme terroriste, cette tumeur maligne de l'islam. Il déborde de toutes parts dans notre espace mondialisé. Il est dans les tuyaux du cyber-intégrisme, sur les réseaux sociaux de la haine où s'exhibent des propos et des images intolérables. Il est dans certaines mosquées où on tolère des prêches criminels. Il est dans des quartiers et les recoins de ces quartiers où des armes sont planquées. Il est dans les prisons où des salauds profitent de jeunes détenus aux cerveaux perturbés. Il est dans les comportements, dans notre penchant coupable à ne rien stigmatiser par peur d'amalgame, à critiquer le pouvoir dès lors qu'il développe les moyens du renseignement, à dénoncer ces lois supposées liberticides quand ce ne sont que des lois de bon-sens pour la sécurité collective. Il est dans une retenue générale et qui date de longtemps à ne pas appliquer à la lettre et dans tout l'espace public nos principes de laïcité – qui demeurent, envers et contre tous, le seul gage de notre contrat social.

Mais notre guerre se livre aussi sur d'autres fronts, diplomatique et militaire. Là encore, nous connaissons l'ennemi : l'État islamique et tous ceux qui, à des degrés divers, lui apportent leur aide. Nous connaissons ses repaires, ses conquêtes en Irak, et en Syrie – où, dit-on, seraient préparés les attentats sur notre sol. Mais nous connaissons aussi, par les connexions infinies du terrorisme, ces groupes armés qui essaiment en Égypte, en Lybie, au Mali, en Afrique, dans tout ce no man's land de misères et de trafics.

Face à lui, notre force doit s'appuyer sur des alliés – alliés traditionnels ou alliés objectifs. Les États-Unis bien sûr, l'Europe forcément, mais aussi la Russie, peut-être l'Iran et enfin – à la guerre comme à la guerre! – la Syrie de Bachar. Car la France, prise pour cible prioritaire, n'a désormais qu'un ennemi prioritaire. Et elle n'a plus l'obligation de s'encombrer de scrupules à propos du dictateur de Damas.

Enfin, nous devons compter par-dessus tout sur nous-mêmes et garder à l'esprit qu'une guerre se gagne par le sang-froid, la lucidité, la confiance et le courage – par la fraternité aussi, puisque la consistance d'une nation fraternelle ne se mesure toujours que dans l'épreuve. Toutes les démocraties, notamment les plus menacées, ont pris l'habitude de préserver le fragile équilibre entre la liberté et la sécurité, c'est leur force face à tous les terrorismes, et il sera désormais difficile de mégoter, pour des raisons aussi idéologiques que futiles, ces décisions d'autorité que le président de la République commence à prendre (l'état d'urgence est un outil, un bouclier, en aucun cas une menace). En chef de guerre, François Hollande donne décidément le meilleur de lui-même – et derrière lui, personne heureusement ne bronche. Car, aux yeux du monde qui nous regarde, notre riposte tient en si peu de mots : la France unie.

Jean-Claude Souléry

La France, 24 heures après l'horreur

En moins d'une journée, l'enquête pour traquer les auteurs des attaques de vendredi soir a rapidement progressé. La troisième équipe de terroristes en fuite a été arrêtée en Belgique. 24 heures après les attaques terroristes, l'état a mobilisé tous ses moyens pour secourir les victimes et entamer la traque des terroristes auteurs des massacres de Paris. Dès minuit hier, le décret instaurant l'état d'urgence en France a été publié au Journal officiel afin de donner plus de moyens aux forces de police dans leurs investigations. 

Très rapidement, les enquêteurs ont tenté d'identifier les terroristes. Un passeport syrien a été retrouvé près du corps d'un des assaillants qui s'est fait exploser près du Stade de France. Dès hier après-midi, le ministre grec de la protection publique Nikos Toskas, a révélé que le passeport syrien retrouvé à Paris appartenait à un migrant né en septembre 1990 et arrivé sur l'île grecque de Leros le 3 octobre dernier. Autant d'indices qui accréditeraient la piste étrangère des attentats et notamment l'existence d'une filière syrienne. Selon ces premiers éléments, au moins un des terroristes aurait donc pu s'infiltrer parmi les migrants. 

Un terroriste était français et fiché par les services secrets

Par ailleurs, les policiers ont retrouvé un doigt sectionné permettant d'identifier un terroriste français tué au Bataclan. Son identité n'a pas été dévoilée hier par le procureur de la République de Paris mais il a révélé qu'il était âgé de 29 ans (né le 21 novembre 1985) à Courcouronnes dans l'Essonne en banlieue parisienne. Il avait déjà fait l'objet de huit condamnations pour des «délits de droit commun» selon le Parquet mais sans toutefois jamais avoir été incarcéré. 

Il n'a jamais été impliqué dans un dossier de filière ou d'association de malfaiteurs terroriste selon le Parquet de Paris. Selon un homme qui se présentait hier comme son frère, l'individu serait «parti au bled», en Algérie, avec sa famille et sa fille. «Ça fait un moment que je n'ai plus de nouvelles» a-t-il confié. Toutefois, en 2010, le terroriste avait fait l'objet d'une fiche «S» émise par la DGSI pour atteinte à la sûreté de l'état pour cause de radicalisation. C'était également le cas de l'assaillant du Thalys en août dernier, Ayoub El-Khazzani, mais aussi des frères Kouachi, auteurs de l'attaque contre Charlie Hebdo, et de leur complice Amedy Coulibaly. 

Trois équipes coordonnées de tueurs

Au total, sept assaillants sont morts. Le procureur de la République de Paris a confirmé que tous avaient utilisé des fusils d'assauts de type Kalachnikov de calibre 7,62. Devant chaque scène de fusillade, une centaine de douilles des projectiles a été retrouvée par les enquêteurs excepté au Bataclan où les tueurs ont rechargé à maintes reprises. Sur chaque malfaiteur, le dispositif explosif était composé de TATP, un explosif primaire volatil avec du peroxyde d'acétone, d'une pile et d'un bouton-poussoir. Le travail des enquêteurs s'est immédiatement attaché à retrouver les complices, les commanditaires, le parcours des tueurs et le financement dont ils ont bénéficié pour monter leur opération. 

Daesh revendique l'attentat

Leur appartenance avec le groupe état islamique ne fait plus de doute puisque l'organisation terroriste a revendiqué la série d'attentats dans un communiqué très précis diffusé hier en fin de matinée. C'est de Daech qui est venu le soutien logistique et financier. Selon Claude Chouet, ancien chef du service de renseignements de sécurité à la DGSE, la présence de ceintures d'explosifs laisse à penser qu'un artificier est impliqué. Mais il ne serait pas mort. «Le spécialiste en explosif est trop précieux, il ne participe jamais aux attaques. Donc, il est là, quelque part…» a analysé le spécialiste. 

L'inspiration de Daech ne fait que confirmer des soupçons des services français. En effet, en août dernier un Français avait été arrêté à son retour de Syrie où il avait séjourné plusieurs jours à Raqqa, fief de l'état islamique, et avait déjà évoqué des instructions pour viser une salle de concert. Selon le communiqué de Daech, les attaques de Paris seraient une réponse aux «bombardements des musulmans en terre du califat». Les avions de chasse français ont d'ailleurs mené de nouvelles frappes en Syrie en début de semaine. 

Qualifiant le concert du bataclan de «fête de perversité», Daech donne de nombreux détails et explique que les terroristes se sont fait exploser une fois leur stock de munitions épuisé. Par ailleurs, des témoins ont alerté la police sur la présence d'une voiture munie de plaques d'immatriculation belge aux abords des lieux d'attentat lançant les enquêteurs vers Bruxelles (lire ci-dessous). 

Hier, en fin de soirée, on apprenait que le père et le frère d'un des kamikazes du Bataclan étaient en garde à vue. Les opérations, menées par la sous-direction antiterroriste et les policiers de la force d'intervention du Raid, se sont déroulées au domicile du père de ce Français de 29 ans à Romilly-sur-Seine (Aube) et à celui de son frère à Bondoufle (Essonne). 

Gil Bousquet

Belgique : perquisitions et 5 suspects arrêtés 

Dans leur macabre périple, les terroristes ont utilisé deux voitures. Une Seat Leon Noire et une Volkswagen Polo noire immatriculée en Belgique. Ce véhicule retrouvé devant le Bataclan a été loué par un Français résidant en Belgique. Ce sont des tickets de parking retrouvés à son bord qui ont mené les enquêteurs sur la piste belge. 

Or ce Français a fait l'objet d’un contrôle routier hier près de la frontière entre la France et la Belgique avec à son bord deux autres personnes. Selon le Parquet de Paris, il s’agissait bien du troisième véhicule qui a permis à la dernière équipe de terroristes de fuir la capitale. L’une des hypothèses, parmi d’autres, est celle d’une équipe venue de l’étranger, renforcée éventuellement de résidents français, selon une source proche du dossier. Perquisitions et arrestations 

Dès vendredi soir, les autorités françaises avaient demandé une entraide internationale notamment auprès de la justice belge. Les forces de police belges ont ainsi mené hier après-midi des perquisitions à Molenbeek-Saint-Jean, une commune de Bruxelles, aux domiciles des personnes interpellées dans leur voiture. Sur place, la police a procédé à quatre interpellations. Interrogé s’il y avait des Belges parmi les kamikazes, le ministre de la Justice belge, Koen Geens a répondu qu’il n’en savait rien à ce stade précis.

Vendredi 13 novembre 21h20 à Paris

« Horreur » et scènes de guerre : Paris se réveille dans un état de sidération samedi. « La différence avec Charlie, c'est que là, c’est le crime de masse. Pas des journalistes, des juifs, des flics : c’est toi et moi dans notre bar, notre salle de concert, là où on va avec nos gosses », dit Sylvain, la quarantaine. La série d’attaques meurtrières ciblant les spectateurs d’un concert de rock au Bataclan, des consommateurs attablés à des terrasses de cafés dans le centre de la capitale et près du Stade de France à Saint-Denis, au nord de Paris, ont semé la terreur et la sidération dans un laps de temps très court. Hier, le procureur de la République de Paris, François Molin,s a détaillé le déroulement des événements vendredi soir. 

A 21 h 20, une première explosion s’est produite porte D du Stade de France. Deux corps y ont été retrouvés, dont celui d’un kamikaze porteur d’une ceinture d’explosifs. Au Stade de France, le président François Hollande et 80 000 spectateurs assistaient à un match de football amical entre la France et l’Allemagne au moment des attaques. Le Président est « exfiltré » dès les premières détonations et les entrées et sorties ont été bouclées. Le match s’est poursuivi jusqu’au bout, et le public a finalement été évacué dans un calme relatif. 

A 21 h 25, des personnes en terrasse du bar « Le Carillon » et du restaurant « Le Petit Cambodge » ont été victimes de tirs de fusil d’assaut à bord d’un véhicule de type Seat Léon. 

A 21 h 30, une deuxième explosion s’est produite porte H du Stade de France. Le corps d’un second kamikaze y a été retrouvé, portant un dispositif similaire. 

A 21 h 32, une fusillade a éclaté devant le bar « A la bonne bière » à l’angle de la rue du Faubourg-du-Temple et de la rue de la Fontaine-au-Roi. 

A 21 h 36, une fusillade a visé le restaurant « La belle équipe », au 92 rue de Charonne. Un véhicule noir de la marque Seat a là aussi été vu. 

Vers 21 h 40, un kamikaze s’est donné la mort au 253 boulevard Voltaire, avec un dispositif similaire à celui retrouvé sur le corps du terroriste au Stade de France. Au même moment, trois individus ont fait irruption dans la salle du Bataclan dans un quartier parisien très festif et ont ouvert le feu. Quelque 1 500 spectateurs étaient présents dans la célèbre salle de concerts où se produisait un groupe de rock californien. Les terroristes prennent en otage une partie du public. Le carnage dans la salle de spectacles du Bataclan (89 morts) s’est fait aux cris de « Allah Akbar ». 

Vers 00 h 20, l’assaut a été donné par les forces de l’ordre. L’assaut a été décidé « très vite parce qu’ils tuaient tout le monde », a confié une source proche de l’enquête. Durant les brefs pourparlers avec les terroristes, ils ont évoqué l’Irak et la Syrie. « On entendait hurler, tout le monde essayait de fuir, les gens se piétinaient... C’était l’enfer », ont relaté des témoins. Quatre des assaillants sont morts au Bataclan, dont trois en actionnant une ceinture d’explosifs, le dernier étant tué lors de l’assaut des forces de l’ordre. Au fil des révélations, le nombre des victimes augmente. La barbarie des attaques révulse. Les autorités recommandent aux Parisiens d’éviter de sortir sauf nécessité absolue. Les hôpitaux déclenchent leur plan d’urgence.

Bilan : 129 morts 352 blessés


Ce sont les attentats les plus meurtriers jamais commis en France, un « acte de guerre » revendiqué par le groupe jihadiste État islamique (EI). Les terroristes ont fait 129 morts. Dans la seule salle du Bataclan, le nombre de morts s'élève à 89. Dans une conférence de presse donnée en soirée, le procureur de Paris a aussi évoqué 352 blessés, dont 99 sont en état « d’urgence absolue » a détaillé hier soir le procureur de la république, François Molins. Un bilan « malheureusement provisoire et évolutif ». Au total, plusieurs centaines de tirs ont été comptabilisées sur les différentes scènes des attaques dans les Xe et XIe arrondissements de Paris. Par ailleurs, « sept terroristes sont morts au cours de leur action criminelle », et non huit comme indiqué jusque-là, a-t-il précisé. Parmi ces sept assaillants, qui ont attaqué presque simultanément, six se sont fait exploser. L’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris a accueilli des centaines de personnes, dont 177 blessés en urgence relative. 

A 14 heures, 53 personnes étaient sorties. « En état de choc, la majorité des personnes sont atteintes de traumatismes divers et parfois multiples qui pourront nécessiter une prise en charge médicale dans la durée », indique l’AP-HP qui estime que les ressources en sang sont « à ce stade suffisantes » mais que les donneurs doivent rester mobilisés. La préfecture de Police a mis en place un numéro vert d’information au public : 0800.40.60.05.

« J'ai vu les gens s’écrouler entre lui et moi » 

A 32 ans, Simon a vécu ce que peu d’hommes et de femmes vivront dans leur vie : l’horreur absolue. Vendredi soir, il était dans la salle du Bataclan, et il a accepté, hier, de se confier à La Dépêche. La soirée commençait sous le signe de la chance. « Ma place pour le concert, je l’avais gagnée ». La soirée se passe bien, Simon est plutôt dans le fond de la salle. « Tout à coup, j’ai entendu des bruits. Je ne sais pas pourquoi, j’ai cru que c’était des bouteilles qu’on cassait. Je me suis retourné, et là j’ai vu l’un des tireurs. Je ne me rappelle pas avoir vu sa tête, mais il était habillé de noir, et ce qui m’a frappé c’est qu’il avait l’air d’être jeune ». En tout cas, pour Simon, « il n’avait pas l’apparence d’un terroriste tel que je me l’imaginais ». 

Sauf qu’il était équipé d’un fusil automatique. « Il était à 15 ou 20 mètres de moi, je ne l’ai regardé qu’une ou deux secondes, mais j’ai vu les flammes sortir de sa mitraillette, et surtout j’ai vu les gens s’écrouler les uns après les autres entre lui et moi ». Simon se retourne, voit en face de lui les portes de la sortie de secours. Il fonce, trébuche, tombe, se fait marcher dessus par d’autres spectateurs cherchant à fuir. « Comme je fais 2 mètres et que je suis assez gros je n’ai pas été blessé ». Il se relève, et parvient à sortir parmi les premiers de la salle de spectacle. « J’ai dû sortir dans les 10 ou 20 premiers. J’ai couru, je criais aux gens de fuir, qu’il y avait des tireurs, mais dehors personne ne se doutait de ce qui se passait à l’intérieur. J’ai croisé deux filles blondes, je leur ai dit qu’il y avait un type qui tirait, mais elles se sont regardées et n’ont pas bougé. Avec le recul, je me dis que j’aurai peut-être dû insister, essayer de les convaincre ». 

Simon avoue avoir, 18h plus tard, un sentiment de culpabilité vis-à-vis de ces deux jeunes filles. Comme à l’encontre de cet homme qui a voulu monter dans son taxi. « À force de courir dans la rue, je suis tombé sur un taxi. Je suis monté dedans, je lui ai tendu des billets en lui disant de partir vite et en essayant de lui expliquer ce qui venait de se passer, alors que j’étais très essoufflé. Il a cru que j’étais bourré, ou drogué. Mais finalement il a accepté, et c’est là que quelqu’un apeuré a tapé à la vitre. Le chauffeur n’a pas voulu le laisser monter. Là aussi j’aurai dû insister… » Simon se fait conduire dans le XVIIIe arrondissement, au bar où travaille son amie. « Je suis arrivé livide. Les gens sur place avaient du mal à me croire, mais quand ils ont mis la télé, ils ont vite vu que je disais la vérité ». Simon a fini par s’endormir à 6 heures hier matin, devant les informations, avec un étrange mélange de sentiments en lui : « Je me sentais coupable de ne pas avoir aidé les gens sur place, chanceux d’être encore en vie, et inquiet car plusieurs sources autour de moi faisaient état de possibles autres attentats dans le week-end à Paris ». Une image va rester longtemps dans l’esprit de Simon : « C’est vraiment une vision dure, ce mec qui avance doucement avec sa mitraillette, avec des flammes qui jaillissent, et se dire que c’était réel ». Olivier Auradou

Solidarité sur internet

Vendredi soir, de nombreuses personnes ont choisi les réseaux sociaux pour manifester leur solidarité aux victimes et à leurs proches. #PrayForParis, #PortesOuvertes, #RechercheParis… plusieurs hashtags (mots-clés) ont vu le jour sur Facebook et sur Twitter. 


Facebook a été très réactif en lançant vendredi soir une fonction réservée aux situations d'urgence, Safety Chek (« vérification de sécurité »). Ce bouton permet aux utilisateurs du réseau social de signaler à leurs « amis » Facebook qu’ils sont en sécurité. Enfin alors que la France fermait ses frontières, les internautes ouvraient leurs portes hier soir. Pour aider les personnes qui se trouvaient coincées dans la rue loin de leur domicile suite à la fermeture des métros, certains ont proposé d’héberger des gens chez eux. Le hashtag #PortesOuvertes a ainsi été utilisé plus de 300 000 fois dans la nuit.

Paris, la capitale martyrisée

«Ce qui m'a le plus surpris et le plus impressionné, c’est le silence. Pas un bruit, personne dans la rue. Je n’avais jamais connu ça.» Hier matin, lorsque cette riveraine de la rue Oberkampf, au cœur du quartier du carnage de la veille, quitte son domicile pour aller acheter son pain, elle se croit dans un monde un peu irréel. Elle n’est pas la seule. La boulangère aussi est déboussolée. «Je ne sais pas si je dois rester ouvert ou si je dois fermer ma boutique. Je n’ai pas très bien compris les instructions qui ont été données.» Paris se réveille sous un ciel laiteux, en état d’apesanteur. Circulation automobile réduite, rues quasiment désertes, terrasses des cafés clairsemées. 

Les grands boulevards? Peu fréquentés. Sur les Champs-Elysées, plusieurs enseignes ont gardé portes closes, comme les musées et salles de spectacle publics. Le jardin des Tuileries, le Forum des Halles, la Tour Eiffel, aussi. Tant pis pour les touristes! Paris tourne au ralenti. La Ville Lumière est lugubre. Si, lors des attentats de janvier, les Parisiens étaient sortis spontanément dans la rue pour communier dans une émotion fébrile, hier ils sont restés confinés chez eux, comme anéantis, observant les consignes délivrées par le gouvernement. Plus on approche de la rue Oberkampf et du boulevard Voltaire où se trouve le Bataclan, plus on compte de rideaux de fer abaissés. Les barrages de police interdisent l’accès à la salle de spectacle où la police scientifique se livre à son macabre et précieux travail. Des caméras sont alignées devant le cordon du périmètre de sécurité. Des badauds circulent en tendant le cou pour tenter d’apercevoir le Bataclan. Là encore, c’est une atmosphère ouatée à peine perturbée par les interviewes de journalistes en quête d’habitants du quartier. Deux jeunes parlent géopolitique. L’un interroge son copain : «Entre les terroristes et Bachar-al Assad, tu choisis qui, toi ?» Perplexité de l’autre... 

«Les voleurs de vie, les Français les combattent»

Au pied d’une barrière sont déposées quelques gerbes. L’une d’elles est illustrée du dessin d’une tour Eiffel avec ses mots: «Pray for Paris». Boulevard Richard Lenoir, un groupe de touristes scrute l’intérieur d’une trattoria fermée. Une femme demande dans un français approximatif : «Ici aussi terroristes arrivés ?» Non, les fanatiques n’ont pas attaqué cet établissement. Mais la salle de restaurant témoigne de la panique qui s’est emparée des clients avant de quitter précipitamment les lieux. Deux bonnets sont encore sur une table, le tablier d’une serveuse est abandonné sur une chaise. Assiettes, couverts et consommations ont été laissés en l’état. 

Un peu plus loin, un nouveau groupe de télévisions et de journalistes s’est positionné au coin de la rue Oberkampf. Des gens déposent des fleurs. Isabelle est venue avec sa fille, un bouquet à la main : «Hier, j’ai eu très peur car ma fille était dans un bar. Aujourd’hui, je ressens un choc, un manque d’énergie, mais aussi une envie plus forte de recoudre tout ça. Je suis ici parce que je suis une mère. Je pense à tous ces jeunes qui ont été tués au Bataclan; ils avaient l’âge de ma fille.» Elle pose son bouquet à côté d’un autre surmonté de cette apostrophe aux islamistes : «Les voleurs de vie, les Français les combattent. Sachez-le terroristes.» Un groupe s’est agglutiné là, dans un silence pesant, toutes générations confondues, beaucoup de jeunes, encore choqués. 

Et puis tout à coup, un policier demande d’une voix inquiète : «A qui est cette valise ?» Pas de réponse. Au milieu des badauds trône un bagage apparemment sans propriétaire. Le policier réitère sa question plus vigoureusement. Tout le monde se fige puis s’écarte de l’objet. «Colis suspect, colis suspect, reculez, reculez», hurle le policier. Un de ses collègues se précipite, éloigne les gens et les journalistes. Un nouvel attentat va-t-il encore frapper Paris? Moment de nervosité des forces de l’ordre, d’incrédulité des badauds qui reculent mi-curieux mi-inquiets. Puis surgit une jeune femme, une touriste américaine... qui vient récupérer sa valise qu’elle avait oubliée, avant de s’éloigner rouge de confusion d’avoir suscité une nouvelle frayeur. La ronde des recueillements reprend. À Paris, un samedi blafard a succédé à un vendredi noir. 

Jean-Pierre Bédéï

« C'est un carnage de guerre » 

C’est une information aussi anecdotique que glaçante. C’est Patrick Pelloux, urgentiste et ancien collaborateur de Charlie Hebdo, qui l’a raconté hier : « Le hasard a fait que vendredi matin, au Samu de Paris, avait été organisé un exercice sur des attentats multi-sites. Donc on était préparé ». Il assure que les hôpitaux se sont mobilisés « pour sauver un maximum de victimes » des attentats de vendredi soir. « On s’est battu toute la nuit avec l’ensemble des équipes du Samu, on s’est mobilisés pour sauver un maximum de victimes. Il y en a encore qui sont au bloc opératoire à l’heure où je vous parle. J’espère qu’on va les en sortir. C’est un carnage de guerre, une attaque massive », a déclaré le docteur Pelloux. 

Les victimes ont « des blessures de guerre, des blessures par balles », a précisé l’ex-chroniqueur de Charlie Hebdo, qui avait été mobilisé il y a dix mois lors des attentats contre l’hebdomadaire à Paris. Il y a vu « le même scénario », avec « des armes, des kalachnikovs. Ils ont tiré de manière lamentable ». Les médecins mobilisés Les hôpitaux « sont disponibles, on a libéré beaucoup de places. Les chirurgiens, les réanimateurs, les infirmières, tout le monde est revenu spontanément dès 21h30-22 heures, ce qui nous a permis de sauver le plus de monde possible », a raconté l’urgentiste. 

Des collègues d’autres Samu sont même venus par hélicoptère. « Je sais qu’il y a beaucoup de familles qui sont inquiètes à l’heure actuelle, c’est très compliqué parce que des fois, on a pris des victimes sans prendre leur identité immédiatement pour les conduire le plus vite possible au bloc. Il faut attendre de pouvoir identifier tout le monde, c’est long, c’est difficile », a-t-il poursuivi. Selon le médecin, les chirurgiens français « sont les meilleurs » pour soigner les blessures de guerre, d’autant plus que des chirurgiens militaires « sont à disposition ». 

« Le problème qu’on a, c’est qu’on est un peuple de paix, qui n’est pas préparé à ce genre de situation, qui ne connaissait plus la guerre, et que nous sommes en guerre. Mais on ne doit pas avoir peur, on doit être solidaire, on reste ensemble et on se prépare à nouveau au pire », a-t-il conclu.

Le rôle capital des cellules d'aide psychologique

Quand surviennent de tels événements, on indique qu’il se constitue des cellules d’aide psychologique, pour les victimes. De quoi s’agit-il exactement ? « Le traitement des victimes se fait en plusieurs phases, en fonction de la gravité du traumatisme. La toute première prise en charge s’appelle le « déchocage », indique Catherine-Louise Haag, psychologue clinicienne. Cette intervention doit se faire le plus rapidement possible après les événements. Il s’agit de placer tout d’abord les victimes dans un environnement apaisant, une pièce isolée, silencieuse, tranquille. Là, les psychologues doivent juste se contenter d’une écoute bienveillante. Il se peut que des victimes n’éprouvent pas le besoin de parler, mais la communication peut se faire par le regard, la présence, des gestes, le toucher. 

Cette écoute peut se faire avec un seul psychologue, mais le plus souvent, il vaut mieux être deux pour renforcer ce sentiment de sécurité, qui est censé évoquer une sorte de cocon familial.» La seconde phase doit pouvoir intervenir dans un délai de quelques jours. Là, il s’agit davantage de groupes de paroles, où chacun peut intervenir, témoigner de son expérience, et les psychologues sont là pour que les sentiments puissent être bien reformulés. La parole partagée permet souvent de soulager, et confronter les ressentis donne le sentiment de ne pas être seul fasse à la douleur. « En général, estime Catherine-Louise Haag, cela doit réduire le stress des victimes Mais pour certaines, le traumatisme peut se révéler beaucoup plus profond, et il faut alors envisager des thérapies plus longues, plus ciblées.» - D.D.

La France est-elle en sécurité ?

Mobilisation générale des forces de l'ordre, état d'urgence décrété sur tout le territoire. Face à la menace terroriste qui perdure, le ministre de l'Intérieur détaille les mesures... Etat d'urgence. Dans les faits, les gares et les aéroports sont sous surveillance renforcées, policiers, gendarmes, démineurs, pompiers et armée sur le pont, spectacles et événement sportifs annulés par mesure de sécurité préventive… 

C'est le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve qui a exposé hier le dispositif pour faire face aux attentats : «Toutes nos forces de sécurité sont mobilisées». Des renforts et des personnels spécialisés. Les renforts mobilisés s'ajoutent «aux 30 000 policiers, gendarmes et militaires engagés depuis plusieurs mois à la protection de 5 000 lieux sensibles sur l'ensemble du territoire, dans le cadre du plan Vigipirate», rappelle le ministre. Les effectifs issus de 28 centres de déminage «sont prêts à intervenir en cas de besoin». 15 000 personnels sont «formés à la gestion des risques chimiques» et «5 000 autres formés à la gestion des risques radiologiques» et d'une «bombe sale». Mobilisation générale à Paris et dans la région parisienne. 

Dès vendredi soir, «l'ensemble des services de police» de Paris et des départements limitrophes «ont été mobilisés en région parisienne», avec le recours à 5,5 compagnies de CRS supplémentaires. 230 gendarmes sont en renfort et deux sections du GIGN prépositionnées. Les armées «ont dégagé 1 000 militaires supplémentaires, essentiellement en Ile-de-France, qui patrouilleront dans Paris dans les prochains jours», en renfort de l'opération Sentinelle. Trois mille militaires supplémentaires seront déployés d'ici mardi annonce également l'Elysée. «450 sapeurs-pompiers de Paris ont été mobilisés au cours de la nuit et des renforts venus d'autres départements sont à disposition si nécessaire», selon le ministre. Le congrès de l'association des maires de France (AMF) a été annulé et reporté au 31 mai «à la demande de l'Etat». Les établissements culturels parisiens seront fermés aujourd'hui. 

Les écoles de la région parisiennes fermées aujourd'hui rouvriront lundi matin, «une minute de silence aura lieu». L'Etat d'urgence sur tout le territoire et ses conséquences dans les départements. Compte tenu de l'état d'urgence instauré sur tout le territoire, une cellule interministérielle de crise siège à l'Hôtel de Beauvau sans discontinuer. Un état-major opérationnel se réunit deux fois par jour «pour piloter l'ensemble du dispositif relevant de la compétence du ministère de l'Intérieur». En vertu de l'état d'urgence, les préfets peuvent «instaurer un couvre-feu» dans les secteurs « exposés à des risques importants de troubles à l'ordre public». Ils peuvent ordonner la fermeture provisoire des salles de spectacle, débits de boisson, ainsi qu'interdire toute manifestation présentant un risque pour les participants. De leur propre initiative, nombre de candidats ont suspendu les réunions programmées dans la campagne des élections régionales. D'une manière générale, dans la période de recueillement, les préfectures recommandent de reporter tout événement à caractère festif ainsi que les manifestations publiques, y compris les rassemblements commémoratifs des événements (lire le détail des mesures prises dans nos éditions départementales). 

Les autorités demandent à chacun, citoyens et élus, de respecter strictement les consignes de vigilance. Le rétablissement des contrôles aux frontières de la France. Les contrôles aux frontières – qui étaient programmés en prévision de la COP 21 –, ont été rétablis, avec 61 principaux points de passage autorisés strictement contrôlés. Les autorités ont demandé aux partenaires européens d'«intensifier les contrôles des passagers voyageant vers la France en train ou par avion» et de les aider pour le contrôle routier des frontières...

Les militaires de la région en alerte

Hier en début de matinée, c'était la mobilisation générale à Carcassonne au 3e RPIMa. Tous les hommes de la première compagnie de combat ont été rappelés d'urgence. Les hommes du régiment d'infanterie de marine, gradés ou non ont rejoint leur casernement pour un départ sur Paris via l'aéroport de Toulouse. Ce sont au total 300 parachutistes de Carcassonne qui sont arrivés hier soir en région parisienne ( photo). Par ailleurs de 700 autres soldats qui gagneront la capitale par la route, a indiqué le colonel Benoît Brulon, ans en préciser la provenance. «Ça ne veut pas dire que c'est la limite de ce qui sera engagé, mais c'est ce qui est à l'heure actuelle planifié», a-t-il cependant précisé. Même mobilisation du côté d'Agen pour les soldats du 48e Régiment de transmission d'Agen qui étaient pour certains en manœuvre au camp de Caylus. Ils ont quitté la caserne en bus hier en fin d'après-midi pour rejoindre Paris. D'autres départs devaient avoir lieu aujourd'hui et demain. À Tarbes 30 soldats sont partis hier et 120 rejoindront Paris demain. A Castres les soldats du 8e PRIMa sont mobilisés également pour venir en éventuel renfort. 250 d'entre eux sont déjà déployés dans le cadre du plan Sentinelle.

Alain Bauer, criminologue  : «Une exceptionnelle détermination pour tuer» 

On a l'impression d'une action à la fois préparée mais qui a frappé d'une façon aléatoire ? 

C'est à la fois préparé, aléatoire et très amateur. Je pense qu'il y a eu un échec dans l'opération qu'ils voulaient mener au Stade de France parce qu'elle n'a aucun sens dans la manière dont elle a été réalisée. Elle aurait eu beaucoup plus de sens s'ils étaient arrivés à l'heure et s'ils avaient pu frapper les spectateurs au moment où ils entraient dans le stade, avec une concentration de personnes au point d'inspection-filtrage. Je pense qu'il y avait un armement de très faible qualité, contrairement à ce que tout le monde raconte. Les kalachnikovs, ce n'est pas le degré zéro du terrorisme, mais ce n'est quand même pas très élevé. Par contre, il y avait une exceptionnelle détermination pour tuer des gens, à la fois au coup par coup dans les restaurants, avant d'aller rafaler au Bataclan et de les achever ; ça nécessite une force de caractère exceptionnelle et très très développée. Et évidemment de se faire sauter à la fin, puisque sept d'entre eux au moins étaient dans une logique de kamikaze. Et donc tous ces éléments-là montrent un mélange, qui ressemble un peu à l'opération Kouachi Koulibaly : un repérage de faible qualité, une certaine panique, une erreur de positionnement et une détermination terrifiante pour assassiner des gens. 

Quelles mesures supplémentaires peut-on prendre ?

Déjà, on pourrait prendre des mesures moins consommatrices en temps et en effectifs, parce qu'elles visent d'abord à rassurer la population et pas à lutter contre le terrorisme. Le moment est peut-être venu d'admettre qu'il y a une forme d'intelligence collective chez les gens et qu'ils sont prêts à comprendre qu'il vaut mieux cesser d'épuiser des effectifs nombreux de type vigipirate, dont la démonstration est faite qu'ils n'étaient pas en mesure de répondre au terrorisme parce que ce n'est pas fait pour ça. Et que le fait de rassurer les populations, c'est peut-être de faire une pédagogie et un mode plus aléatoire de représentation. Ce qui est le plus important, c'est d'avoir un vrai outil antiterroriste qui permette de pallier le déficit entre les 90 % d'attentat qui sont déjoués avant qu'ils ne soient commis et le 9 % qui continuent a être possibles pour toute une série de raisons, dont certaines relèvent d'une défaillance dans la capacité d'analyse et de hiérarchisation des événements. Donc, il y a peut-être une réorientation pour avoir non pas des outils de contre- espionnage ou de lutte contre le crime organisé à qui on dit : «faites aussi de l'antiterrorisme», mais un outil purement antiterroriste qui pourrait, non pas en plus, mais à la place de l'empilement qui existe, faire autre chose. 

Le message était de dire aux Français «vous n'êtes plus en sécurité» nulle part ?

Non, c'est de dire aux Français : «Arrêtez de vous occuper de nos affaires». Ils le disent, ils le répètent, ils le hurlent. C'est à nous de savoir ce qu'on fait, mais il est trop tard pour changer. Décider que peut-être on n'a rien à faire là-bas, et que ce n'est pas notre guerre. Ou puisque c'est notre guerre et que nous sommes touchés sur notre sol, enfin avoir une position qui permette aussi de faire une pédagogie de la guerre. S'il y a guerre, elle n'est pas seulement chez les autres, elle est aussi chez nous. 

Il peut y avoir selon vous une réplique ?

C'est le test, soit il y a une ou plusieurs répliques dans les jours qui viennent et on est dans une logique de série, on a déjà connu ça par le passé. Soit il ne se passe rien et ils vont attendre parce, qu'ils auront mis tous leurs moyens, de se recomposer, de bénéficier de l'effet de crise majeure qui s'est produit. Propos recueillis par Sébastien Dubos

Premières attaques
kamikazes en France

Les attaques terroristes qui ont frappé la France vendredi soir sont les premières réalisées par des kamikazes en France. Jusqu'à présent, les actes terroristes avaient été perpétrés par un ou plusieurs hommes armés qui avaient abattu des personnes, comme lors des attentats de Charlie Hebdo ou lors de la prise d’otages de l’hyper cacher à Paris en janvier. Cette fois, un degré supplémentaire dans l’horreur a été clairement franchi avec l’action concertée de terroristes, qui ont commis ces terribles attentats suicides au Stade de France et au Bataclan. 

Au total, huit assaillants sont morts, dont sept en se faisant exploser, et hier, les enquêteurs commençaient à cerner le profil de ces terroristes. La piste des explosifs C’est dans la salle de spectacle du Bataclcan qu’un premier terroriste a pu être formellement identifié par ses empreintes digitales, selon des sources policières citées par Europe 1. Né en banlieue parisienne à Courcouronnes (Essonne), cet homme était connu pour des faits de radicalisation et fiché «S». 

Les restes des corps des kamikazes qui se sont fait exploser boulevard Voltaire, au Bataclan et au Stade de France, devaient être amenés à l’Institut médico-légal (IML). Les enquêteurs espèrent que les légistes pourront isoler des traces d’ADN ou des empreintes exploitables, susceptibles de coïncider avec l’un des fichiers policiers d’auteurs d’infractions. 

« Le mode opératoire avec kamikazes est un procédé terroriste bien connu des soldats français confrontés à ces situations au Sahel, ainsi que les POM (prises d’otages massives) qui ont déjà eu lieu au Moyen-Orient et au théâtre de Moscou en 2002 », explique Pierre Servent, un expert militaire interrogé par BFMTV. 

Un scénario redouté par les experts

« C’est un mode opératoire que les services français craignaient depuis longtemps » précise-t-il. Outre les traces ADN, et les empreintes, les enquêteurs vont s’intéresser aux explosifs utilisés. Les kamikazes étaient équipés de ceintures ou de gilets explosifs, qu’ils ont actionnés pour commettre leur attentat ou au moment d’être tués par la police. « Le spécialiste en explosif est trop précieux, il ne participe jamais aux attaques. Donc il est là, quelque part… », pense l’ancien chef du service de renseignements de sécurité à la DGSE, Claude Chouet. 

Un scénario redouté par les experts Si ces attentats suicides ont sidéré les Français – c’était leur objectif bien évidemment – ils ne constituent pas pour autant une surprise pour les experts qui avaient anticipé une telle hypothèse. En juin dernier, le rapport Ciotti-Menucci de la Commission parlementaire d’enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes évoquait le péril kamikaze. D’autant plus que des Français kamikazes avaient déjà perpétré des attentats suicides à l’étranger. Une dizaine de Français ont, en effet, mené des attentats suicides en Irak et en Syrie, dont deux étaient originaires de Toulouse. Abou Abdelaziz al-Faransi et Abou Abdelaziz al-Faransi (alias Kevin Chassin) avaient lancé leur camion chargé de bidons d’explosif sur une caserne de miliciens à Haditha, en Irak. Avant eux, d’autres Français avaient mené des opérations suicides en Irak et en Syrie dont Nicolas Bons, à Homs en 2013, et Pierre Cholet, à Tikrit en Irak. C’est à l’importation de ces méthodes kamikazes que doit désormais faire face la France. 

Philippe Rioux

Les forces de l'ordre s’y attendaient

Lors de la présentation de « L’évolution de la menace terroriste au 21e siècle », les spécialistes du RAID avaient classé les événements par date. Les frères Kouachi et Amédy Coulibali n’avaient pas encore fait parler leurs armes chez Charlie Hebdo ou à l’Hyper Cacher mais le contrôleur général Jean-Michel Fauvergue, grand patron du RAID, n’ignorait rien de la menace. « La question n’est pas de savoir si nous aurons un attentat mais quand… » 

Efficaces pour neutraliser Coulibaly avec le soutien des policiers de la BRI, unité d’intervention de la police judiciaire parisienne, au mois de janvier à l’Hyper Cacher, les policiers spécialisés de ces deux unités, regroupés sous la bannière Force d’intervention de la police nationale (FIP), sont de nouveau montés en premières lignes l’arme à la main vendredi soir quand il a fallu mettre fin à la prise d’otages du Bataclan. Le scenario cauchemardesque des nouveaux attentats de Paris, avec plusieurs attaques quasi simultanées, ne constituent malheureusement pas une surprise. Ce scénario « à la Bombay » en 2008 ou « façon Nairobi » dans un centre commercial en 2013, Jean-Michel Fauvergue le craignait. « Un ou plusieurs individus armés tirent au hasard dans la foule. Pour nous c’est le pire des scénarios », avait admis ce spécialiste. Les forces d’intervention craignaient le scénario de Paris, les hommes de la DCRI (direction central du renseignement intérieur) n’ont pas su repérer, ou identifier, à temps les auteurs. 

La polémique ne va pas tarder à prendre de l’ampleur comme lors des attentats précédents. Et une nouvelle fois, les « anciens » regretteront la disparition des spécialistes de RG qui ont perdu la bataille de la réforme au profit de la DST ; réforme voulue par le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, puis confortée par Manuel Valls. En devenant DCRI puis DGSI, le Renseignement a perdu beaucoup trop de sources dans des milieux de plus en plus délicats à infiltrer. 

Jean Cohadon

Marc Trévidic : « Le terrorisme, c'est toujours monter un cran au-dessus » 

Ancien juge antiterroriste, Marc Trévidic a commenté hier les dernières attaques qui ont visé Paris. Même s’il exerce aujourd’hui à Lille, son expertise et sa bonne connaissance des dossiers font référence. Selon lui, le mode opératoire utilisé, et notamment le port et le maniement des ceintures explosives indique clairement la piste syrienne et un acte mené par des jihadistes de retour de ce pays. Escalade de la terreur Le juge a déjà démantelé un réseau de djihadistes et connaît bien les mécanismes et la mouvance de ce type de terrorisme y voit clairement la signature : Daech ne manque pas de personnel à sacrifier, et n’a pas de gène à l’utiliser en chair à canon ». 

C'est aussi ça le terrorisme : toujours monter un cran au dessus.

Et il voit une certaine logique dans l’escalade de la terreur : « En janvier, Charlie, c’était symbolique. On savait que l’État islamique nous préparait une action majeure. C’est aussi ça le terrorisme : toujours monter un cran au dessus. Pour le spécialiste la manière de procéder laisse également à penser qu’il y aurait plusieurs Français parmi les kamikazes et que les étrangers étaient des encadrants. « Ils connaissent la France par cœur » a-t-il souligné hier. Au cours des nombreux interrogatoires qu’il a pu mener, il a recueilli de nombreux témoignages qui vont tous dans le même sens : « une volonté de tuer, de nous frapper avec haine », et un réservoir de combattant qu’il juge inépuisable. 

Opération préparée depuis quatre ou cinq mois Selon lui, ceux qui ont commis des attentats à Paris vendredi soir devaient préparer leur opération depuis quatre ou cinq mois. Il y voit aussi un signe de « professionnalisation qui l’amène à penser qu’ils devaient revenir de Syrie ou d’Irak avec des ordres. Celui qui est aujourd’hui vice -président du tribunal de grande instance de Lille avait récemment prévenu que le pire était devant nous, dans un entretien accordé il y a quelques semaines à « Paris Match ». 

En prévenant : « ce n’est pas parce qu’on sait qu’on va nous frapper qu’on a les moyens de l’éviter… La menace a changé de nature et explosé » expliquait-il. Début octobre, il avait pointé le doigt sur les failles de nos dispositifs de sécurité, régulièrement mises en avant. Des failles qui inquiètent tous les spécialistes depuis des années : « Il faut le dire : devant l’ampleur de la menace et la diversité des formes qu’elle peut prendre, notre dispositif de lutte antiterroriste est devenu perméable, faillible et n’a plus l’efficacité qu’il avait auparavant » déclarait-il alors. Des propos cruellement rattrapés aujourd’hui par l’actualité. Surtout, s’il pense que le mouvement terroriste va attendre la réaction de la France avant d’en perpétrer d’autres, il souligne qu’il ne faut pas sous-estimer l’État islamique.

François Hollande prêt au «combat impitoyable»

En intervenant à la télévision dès vendredi soir, puis hier matin, en présidant un conseil de défense et deux conseils des ministres, François Hollande orchestre depuis les premières heures des attentats une mobilisation générale au sommet de l'état. 

Hier en fin de matinée, dans une allocution solennelle, il a condamné « un acte de guerre commis par une armée terroriste, Daech, contre la France et contre les valeurs que nous défendons partout dans le monde ». Il a prévenu que la France « agressée lâchement, honteusement, violemment...sera impitoyable à l’égard des barbares de Daech. Elle agira avec tous les moyens dans le cadre du droit, et sur tous les terrains intérieurs et extérieurs ». 

Il s’est notamment entretenu avec la chancelière allemande Angela Merkel, son homologue turc Recep Erdogan et d’autres chefs d’État européens. Visite à l’hôpital Mais contrairement aux attentats de janvier contre l’équipe de « Charlie Hebdo », qui avait vu arriver à Paris des gouvernants du monde entier pour une grande marche, aucune invitation n’a été lancée. État d’urgence et climat de guerre obligent, les grands rassemblements sont interdits, les dépôts de fleurs et de gerbes sur les lieux des attentats tolérés. 

"Il y a une nation qui sait se défendre et mobiliser ses forces"

L’État a également demandé le report du congrès de l’association des maires, qui devait réunir 11 000 élus porte de Versailles à partir de mardi. C’est dès vendredi soir, le souffle altéré par l’émotion devant « l’horreur », et alors qu’il venait de quitter le Stade de France où trois kamikazes s’étaient fait sauter, que François Hollande avait annoncé l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire, ainsi que la fermeture des frontières, rectifiée ultérieurement en « contrôle aux frontières ». 

« Ce que les terroristes veulent, a-t-il dit, c’est nous faire peur, nous saisir d’effroi, il y a effectivement de quoi avoir peur, mais face à l’effroi, il y a une nation qui sait se défendre et mobiliser ses forces », affirma-t-il, après avoir une pensée pour les victimes, pour les familles, pour les blessés envers qui « nous devons faire preuve de compassion ». Une compassion qu’il a montrée en se rendant à l’hôpital Saint-Antoine de Paris. Hier, le Président a donc prononcé un deuil national de trois jours, et la mobilisation des forces de sécurité au plus haut niveau de leurs possibilités, « avec des militaires qui patrouilleront en plein Paris ». 

Quant aux décisions du conseil des ministres de l’après-midi, elles ont été détaillées à la sortie par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve : un millier de militaires pour les patrouilles dans la capitale (dont 300 « paras » de Carcassonne) qui s’ajoutent aux 30 000 policiers mobilisés par Vigipirate. En dehors de Paris, les préfets pourront instaurer un couvre-feu et ordonner la fermeture de salles de spectacles, comme c’est le cas à Paris et île de France jusqu’à jeudi. Au nom du rassemblement dans cette épreuve, François Hollande recevra ce dimanche les responsables des partis politiques, dont Nicolas Sarkozy qui a déjà exigé des « inflexions majeures » pour que « la sécurité des Français soient pleinement assurée ». Demain lundi, c’est au congrès réunissant à Versailles les députés et les sénateurs que François Hollande s’adressera « pour rassembler la nation dans cette épreuve ». P.M.

Intenses échanges diplomatiques

Condoléances et condamnations unanimes: durant la journée d'hier, le président de la République a eu de nombreux échanges téléphoniques avec des chefs de gouvernement, notamment avec Angela Merkel (Allemagne), Recep Tayyip Erdogan (Turquie), Matteo Renzi (Italie), Mariano Rajoy (Espagne), Charles Michel (Belgique) et le président du Conseil européen Donald Tusk. 

Le roi du Maroc Mohammed VI a également eu un entretien avec François Hollande, ainsi que le président tunisien Béji Caïd Essebi, qui était en visite privée en France. L’Egyptien Abdel Fattah al-Sissi, le Britannique David Cameron et le Premier ministre libanais Tammam Salam se sont entretenus avec le président français, comme le roi d’Arabie Saoudite Salmane qui a dénoncé des « actes odieux contraires aux valeurs de l’islam ». Les attaques de Paris seront au centre des discussions du sommet du G20 qui s’ouvre à Antalya, en Turquie, deux semaines avant le sommet mondial pour l’environnement, la COP21 de Paris...

Pierre Servent, expert militaire : « La France est en guerre pour 20 ou 30 ans » 

Que va permettre l'opération intérieure dans laquelle se lance la France ?

L’état d’urgence qui a été décrété est effectivement ce que l’on appelle une OPINT pour opération intérieure par opposition aux OPEX menées à l’extérieur de la France. Ces mesures vont donner aux forces de police une agilité plus grande pour s’affranchir des cadres de droit très lourds qui imposent des procédures, des autorisations, etc. Ces dernières sont utiles en temps de paix mais en période de guerre comme actuellement, elles ne permettent pas de faire face à une menace djihado-terroriste très mobile et asymétrique. 

L’état d’urgence sera-t-il utile ?

Bien sûr car il facilitera par exemple les perquisitions, le contrôle des véhicules ou encore le suivi voire l’arrestation des personnes faisant l’objet d’une fiche « S » par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). On pourrait toutefois se demander si on n’aurait pas dû le décréter plus tôt, quelques mois auparavant à une période durant laquelle les services de renseignements en auraient besoin pour progresser plus vite dans l’identification et la neutralisation de la menace terroriste. Le faire à froid plutôt qu’à chaud. Dans l’anticipation plutôt que dans la réaction. 

Faut-il aller plus loin dans ce type de mesures ?

Jusqu’à présent, ce type de mesures se heurtait à un déni de certains de l’état de guerre dans lequel se trouve la France. Regardez la conviction qu’a dû déployer Bernard Cazeneuve pour sa loi sur le renseignement ! C’est tout un état d’esprit qu’il faut modifier : sans devenir violent, il faut se doter des armes juridiques et opérationnelles les plus efficaces. Il faut modifier tous les dispositifs de temps de paix. 

À quelles mesures pensez-vous ? 

Deux exemples : le juge anti-terroriste Marc Trévidic a été muté car il avait atteint la barre des dix ans passés à l’anti-terrorisme. Pourquoi se priver de telles compétences ? Deuxième exemple, selon mes informations des policiers qui n’étaient pas en service assistaient au concert du Bataclan. Pourquoi leur interdire de porter leur arme de service en dehors de leur service ? Ils auraient pu être d’un grand secours en neutralisant les terroristes. Les gendarmes, policiers, réservistes professionnels devraient avoir ce droit. 

La France doit-elle intensifier ces frappes aériennes contre Daech ?

Il faut faire attention à ne pas faire de gesticulation politique. L’objectif c’est d’être efficace. Les cibles atteignables de Daech en Syrie et en Irak ne sont pas innombrables. Il ne faut pas frapper à l’aveugle au risque d’ajouter de la confusion sur un théâtre d’opérations déjà complexe. Par ailleurs, la France fait partie d’une coalition internationale avec laquelle il faut se coordonner. Le porte-avions Charles de Gaulle arrivera sur place prochainement mais il ne faudra pas s’attendre à des résultats mirobolants car Daech subit des frappes aériennes depuis l’été 2014 et a appris à vivre avec notamment en se mêlant aux populations civiles. Il faut surtout poursuivre le renseignement afin de suivre au plus près les terroristes qui reviennent de cette zone. Nous devons avoir conscience que nous sommes désormais engagés dans une guerre de vingt ou trente ans. La sécurité en France passe-t-elle par la défaite de Daech en Syrie ? Tant qu’il n’y a pas d’accord politique entre les différents parrains c’est-à-dire les Russes, les Saoudiens, les Turcs, les Iraniens… nous ne constituerons pas une coalition militaire globale. Elle doit passer par un appui aérien solide avec des avions et des hélicoptères et des troupes au sol alimentées par les Khurdes, et l’ armée régulière d’Irak notamment. Recueilli par Gil Bousquet

Le monde entier
est aux côtés de la France

Hier matin les Moscovites se sont réveillés comme lors d'un week-end ordinaire. Mais en allumant leurs téléphones, leurs ordinateurs ou leurs télévisions, ils ont pris connaissance du bain de sang qui venait d’avoir lieu à Paris quelques heures plus tôt. De nombreux habitants de la capitale russe se sont alors massés devant l’ambassade de France, où ils ont déposé des fleurs et des bougies. Le président russe, Vladimir Poutine a lui été l’un des premiers dirigeants étrangers à exprimer ses condoléances et la solidarité de la Russie au président François Hollande et à l’ensemble du peuple français. Plus tard, un porte-parole du kremlin a affirmé que la Russie était prête à apporter « toute son aide dans l’enquête sur ces crimes terroristes ». 

Les manifestations de soutien et les réactions des dirigeants étrangers ont afflué de partout. Dans la nuit de vendredi à samedi, des dizaines de français résidant à New York, se sont rassemblées à Union Square, tandis que Barack Obama prenait la parole. Le président américain a déclaré que ces attentats « ne sont pas seulement une attaque contre Paris », mais « une attaque contre toute l’humanité et nos valeurs universelles ». 

Dans la nuit et en signe d’hommage, de nombreux bâtiments et monuments américains (le World Trade Center, l’Hôtel de Ville de San-Francisco ou encore La Grande Roue de Las Vegas) ont été éclairés de bleu, de blanc et de rouge. Les hommages affluent de partout, de l’Australie à Taïwan Cette initiative a d’ailleurs été reproduite partout à travers le monde : l’opéra de Sydney en Australie, la tour Taipie 101 à Taïwan ou encore le Sénat au Mexique ont été drapés des couleurs du drapeau français, tout comme l’a été au Canada la Tour CN de Toronto. 

Et à Montréal, de nombreux Canadiens se sont rassemblés pour observer une minute de silence. Plus près de Paris, les dirigeants européens ont assuré à la France qu’ils combattraient à ses côtés le terrorisme. « Nos pensées et nos prières vont au peuple français. Nous ferons tout ce qui est possible pour aider », a déclaré le Premier ministre britannique David Cameron. 

"Nous pleurons avec vous" La chancelière Angela Merkel

Et la reine Elizabeth II s’est dite « profondément choquée et attristée ». « Nous pleurons avec vous », a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel à l’adresse du peuple français, auquel elle a promis de « mener le combat ensemble contre ces terroristes ». « Comme tous les Italiens, je sais aujourd’hui que les terroristes ne vaincront pas », a affirmé le Premier ministre italien Matteo Renzi, son homologue espagnol Mariano Rajoy proclamant, lui : « Aujourd’hui nous sommes tous la France ». 

Condamnation unanime de la part des dignitaires musulmans Les chiites comme les sunnites ont condamné de manière unanime les meurtres perpétrés vendredi soir. Le président iranien (chiite) Hassan Rohani a reporté un voyage prévu en Europe, qualifiant les attentats de « crimes contre l’humanité », tandis que l’imam de la mosquée Al-Azhar, la plus haute institution de l’islam sunnite, Ahmed Al-Tayeb, a lui appelé « le monde entier à s’unir pour faire face à ce monstre » du terrorisme. De son côté, le Comité des grands oulémas, l’autorité religieuse suprême en Arabie saoudite, a également jugé « contraires à l’islam » les sanglants attentats. 

Et les monarchies arabes du Golfe, Arabie saoudite et Émirats arabes unis en tête, ont « condamné des attentats terroristes » et prôné « une coopération internationale pour éradiquer ce fléau dangereux et destructeur ». Même les mouvements islamistes palestiniens du Hamas et du Jihad islamique, considérés comme des « organisations terroristes », ont condamné les attaques barbares de vendredi soir. Enfin, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a condamné des « attaques odieuses et abjectes ».

Madrid: les Espagnols solidaires

De notre correspondant à Madrid, Julien Cassan

La violence aveugle des attentats de Paris résonne jusqu'en Espagne. Hier, des manifestations spontanées ont eu lieu à Barcelone, Valence et Madrid. Dans la capitale, à la mi-journée, l’ambassadeur de France, Yves Saint-Geours, s’est joint, à la maire Manuela Carmena pour une émouvante cérémonie, suivie d’une minute de silence. L’ambassadeur, le visage grave, a tenu à remercier les Espagnols pour les nombreuses marques de soutien et de solidarité. Manuela Carmena a, quant à elle, rappelé que Madrid savait parfaitement ce qu’était la souffrance d’une ville frappée par le terrorisme, se référant aux attentats islamistes du 11 mars 2004, perpétrés à la gare d’Atocha (195 morts, attentat le plus meurtrier commis sur le sol européen à ce jour). Les politiques ont promptement réagi. Le leader de Podemos, Pablo Iglesias, présent à cette manifestation spontanée, a déclaré : «Tous les Espagnols sont aujourd’hui aux côtés du peuple Français. La France a toujours été un modèle de démocratie pour nous et elle le restera». De son côté, Mariano Rajoy, président du gouvernement a affirmé : «Les terroristes peuvent nous faire du mal… mais ils ne pourront jamais gagner». Dans l’après-midi, le chef de l’exécutif espagnol s’est rendu à la résidence de l’ambassadeur français pour signer le livre de condoléances. Image atypique : la fontaine de Cibeles, lieu traditionnel de célébration des victoires du Real Madrid, est parée depuis hier de drapeaux en berne, français et espagnols. En soirée, la mairie de Madrid s’est illuminée aux couleurs du drapeau français, en hommage aux victimes. Dans les rues et bars espagnols, on ne parle que des attentats parisiens. Emma, 45 ans, tient à nous faire part de son émotion. Les scènes de chaos et de désolation, aperçues sur les chaînes d’informations en continu, lui rappellent les pires cauchemars vécus à Madrid, voilà quelques années, sous les coups portés par l’ETA et plus tard le terrorisme islamiste. «Les Madrilènes, nous connaissons cette sensation de sortir en ville avec la peur au ventre, sans savoir où la prochaine bombe va exploser. J’adresse tout mon soutien aux Français. Je veux également leur dire qu’ils doivent continuer à vivre normalement : à sortir dans les restaurants, les stades et les salles de concert. Sinon, les terroristes auront gagné, et ils nous auront tué une seconde fois.» En soirée, le gouvernement annonçait que le ressortissant espagnol, Juan Alberto González, 29 ans, originaire de Grenade, figurait parmi les victimes du Bataclan.

Mais Bachar Al-Assad s'en prend à la France

Alors que le monde entier a exprimé son soutien à la France et au peuple français, la seule note discordante est venue de Damas, où le président syrien Bachar al-Assad a estimé que la France avait contribué à l'expansion du terrorisme en intervenant dans le conflit qui secoue son pays. «Les politiques erronées adoptées par les pays occidentaux, notamment la France dans la région ont contribué à l’expansion du terrorisme », a ainsi déclaré hier Bachar al-Assad. Il a poursuivi en affirmant que « La France a connu (vendredi) ce que nous vivons en Syrie ». « On avait averti sur ce qui allait se passer en Europe il y a 3 ans (lors de l’éclatement du conflit syrien), on avait dit ne prenez pas ce qui se passe en Syrie à la légère. Malheureusement les responsables européens n’ont pas écouté ». La France avait plusieurs fois réclamé le départ de Bachar al-Assad et les forces de l’Armée française participent aux raids de la coalition internationale en Irak et en Syrie depuis le 27 septembre.

Quel impact sur la conférence COP21 ?

Malgré les attentats qui ont fait plus de 120 morts vendredi à Paris, la grande conférence sur le climat, prévue du 30 novembre au 11 décembre, dans la capitale n'est pour l'heure pas remise en cause. Pas question de remettre en cause la conférence sur le climat qui s'apprête à accueillir 127 chefs d'état et de gouvernement le 30 novembre, à l'ouverture de la session au Bourget, ainsi que 30 000 à 40 000 délégués venus de 195 pays pendant 15 jours. 

"La COP 21 doit se tenir"

«La COP21 doit se tenir. Elle se tiendra avec des mesures de sécurité renforcées mais c'est une action absolument indispensable contre le dérèglement climatique et bien évidemment elle se tiendra», a déclaré le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, hier. «Sinon, c'est le terrorisme qui gagne», a renchéri sa collègue à l'écologie, Ségolène Royal. D'ailleurs, les chefs d'État devraient être au rendez-vous, assure-t-on au Quai d'Orsay. Barack Obama a déjà confirmé sa présence. Et ce mardi, la réunion au Quai d'Orsay des diplomates représentant ces États pour organiser leur venue est maintenue. 

Déjà, un dispositif de sécurité très important avait été prévu pour assurer la sécurité du site et des personnes. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé le rétablissement d'un contrôle aux frontières avec 30 000 policiers mobilisés. Dispositif de sécurité renforcé Mais ce dispositif devrait être renforcé. «Nous avons tenu une réunion de crise avec l'équipe samedi matin, confie le secrétaire général de la COP21, Pierre-Henri Guignard. Mais c'est le gouvernement qui décidera des suites à donner.» La partie du site du Bourget réservée aux négociations diplomatiques, la «zone bleue» est directement placée sous le contrôle d'une centaine de gardes de l'Organisation des Nations unies. 

Mais il faudra aussi assurer une sécurité maximale pour les milliers de visiteurs, manifestants, qui vont graviter durant cette quinzaine autour de la conférence, dans plusieurs sites parisiens. Ainsi, les rencontres Solutions COP21 orchestrées par des entreprises au Grand Palais du 4 au 10 décembre doivent accueillir des milliers de personnes. Des rendez-vous officiels sont également prévus, comme la Conférence des jeunes ou le sommet des élus locaux. 

Il y a aussi de nombreuses fêtes prévues, des manifestations altermondialistes, quantité d'événements organisés par les ONG. Déjà, une Marche pour le climat est prévue le 29 novembre à Paris, où les organisateurs espéraient réunir des centaines de milliers de participants, puis une seconde le 12 décembre, à la conclusion de la COP21. Les organisateurs s, doivent se réunir lundi pour étudier les conséquences à tirer de la situation crée par les attentats. De fait, les autorités françaises n'ont encore rien communiqué sur les dispositions à prendre. «Nous allons avoir des réunions de travail dans les heures qui viennent. Il faut, puisqu'il s'agit d'une conférence internationale, que nous ayons des échanges avec nos correspondants onusiens», indiquait hier après-midi le préfet Henri Weigel, ancien patron des CRS nommé secrétaire général adjoint de la COP 21. 

Les attentats pèsent sur les pourparlers sur la Syrie 

Les attaques sans précédent qui ont frappé Paris ont fait monter la pression hier sur les participants aux pourparlers de Vienne sur la Syrie, en présence notamment des Etats-Unis et de la Russie, plus décidés que jamais à lutter contre le «terrorisme». Car la France, qui participe depuis plus de deux ans à la coalition contre l'Etat islamique en Irak et qui mène des frappes en Syrie depuis octobre, est la dernière visée par une série de trois attentats au caractère éminemment politique. L'EI a d'abord visé la Russie, avec le crash le 30 octobre d'un avion civil dans le Sinaï. L'attentat a été perpétré le 30 octobre, pendant la première conférence de Vienne, et un mois tout juste après l'entrée en guerre de Moscou au côté d'Al-Assad. 

L'Iran chiite, invité pour la première fois à la table des négociations à Vienne, a ensuite été ciblé indirectement, via l'attaque kamikaze de Beyrouth (Liban) jeudi dernier. Ici, c'est le Hezbollah qui est visé, allié historique de l'Iran. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius ne s'y est pas trompé hier, à son arrivée dans la capitale autrichienne, en déclarant : «L'un des objets de la réunion d'aujourd'hui à Vienne, c'est précisément de voir concrètement comment nous pouvons accentuer encore la coordination internationale dans la lutte contre Daech». Pour le Russe Sergueï Lavrov, les attentats de Paris «justifient» d'intensifier la lutte contre des organisations radicales armées.» 

Son homologue américain John Kerry a insisté : «Il y a une chose que nous pouvons dire à ces gens, c'est que ce qu'ils font renforce notre détermination, à tous, pour contre-attaquer». De fait, les diplomaties mondiales se sont mises d'accord sur un calendrier concret visant à organiser d'ici 18 mois des élections dans le pays. Mais les grandes puissances n'ont pas réussi à résoudre leurs divergences sur la manière de régler le conflit, se heurtant toujours au sort à réserver à Bachar al-Assad. 

Le voyage du président iranien à Paris annulé

Le président iranien Hassan Rohani a annulé ses visites en France et en Italie des 16 et 17 novembre après les attentats perpétrés à Paris vendredi. «En raison des événements terroristes à Paris et en coordination avec les (pays) hôtes, le président iranien a reporté ses visites en Italie, au Vatican et en France à une date plus appropriée», a déclaré le ministre Mohammad Javad Zarif à la télévision iranienne. Hassan Rohani a par ailleurs condamné les attentats, qualifiés de «crime inhumain». 

Les célébrités affichent leur soutien

De nombreuses célébrités du sport et du spectacle ont aussi exprimé leur solidarité sur les réseaux sociaux, partageant le mot-dièse îPrayForParis. «La haine ne vaincra jamais», a twitté l'actrice Salma Hayek en français, anglais et espagnol. 

«Nous sommes tous UNIS. Priez pour la paix. A Paris et partout dans le monde», a assuré Madonna. Le groupe de rock irlandais U2 s'est dit «dévasté» et a annulé les deux derniers concerts qu'il devait donner ce week-end .Le groupe est venu se recueillir devant le Bataclan hier soir (photo) «Je suis anéanti par ce qu'il s'est passé à Paris. Toute mon affection et tout mon soutien à la France et aux Parisiens», a écrit en français le champion de tennis Rafael Nadal.

Partout dans le Grand Sud : l'émotion et la mobilisation

Une foule émue, désarmée, forte de 2500 personnes, s'est rassemblée hier au pied du parvis de l’opéra de Montpellier pour rendre un bouleversant hommage aux victimes du bain de sang de Paris. 

« Nous n’avons fait que relayer l’initiative d’un jeune de Montpellier » explique Philippe Saurel le maire de la ville alors que, Tristan, jeune étudiant lance un vibrant « nous sommes tous Paris » avant que des salves de Marseillaise soient lancées spontanément. 

«Nous sommes désarmés, oui, désarmés» 

« Pour moi, c’est un moment de recueillement à la mémoire des innocents de Paris qui sont tombés sous les balles. Mais ce n’est pas une démonstration de force », explique Claude, ému mais désabusé. « Nous sommes désarmés. Désarmés, oui. J’avais manifesté pour Charlie. On était tellement nombreux, tellement motivés. Et aujourd’hui c’est plus de cent morts », poursuit-il. « C’est pour moi une nuit noire puis un jour de chagrin. Comme si une partie de notre vie s’était, d’un seul coup, déchirée », ajoute Marie, noyée dans cette foule qui est restée longtemps, longtemps soudée bien après la minute de silence. Pour relancer parfois une Marseillaise. 

Et parler. Avec en fond, le grand vacarme d’une journée de shopping ! A Toulouse aussi, une foule recueillie et silencieuse s’est rassemblée, spontanément, sur la place du Capitole. Parmi les 300 personnes, un jeune homme, Robin, observe une jeune femme qui, sur le sol de la place mythique de la ville rose, a tracé le sigle «peace and love» et dessiné, à l’aide de nombreuses bougies allumées, un visage lumineux en hommage à toutes les victimes des attentats meurtriers. 

« J’ai regardé le match de foot, relate-t-il. Juste après le direct, ça a repris avec des images de cette situation catastrophique. J’ai été choqué. On ne comprend pas trop, presque un an après Charlie Hebdo. Je suis là parce que, dans des moments comme ça, c’est bien d’être ensemble », raconte Robin, ému. Ailleurs, dans plusieurs autres villes du Grand sud, des manifestations d’hommage, petites ou grandes, ont rassemblé des gens abasourdis par l’horreur. 

A Bordeaux,malgré l’appel de la mairie à éviter les regroupements sur la voie publique, un rassemblement a eu lieu sur la place des Droits de l’Homme. A Bayonne, place de la Liberté, où 20 000 personnes s’étaient réunies au lendemain des attentats de Charlie Hebdo, une foule silencieuse est également venu témoigner de son émotion.

Deux victimes sont originaires de la région 

Installée à Paris depuis un an, Pauline Plat originaire de Vielmur/Agout près de Castres (Tarn) dînait vendredi soir avec deux amies dans un restaurant italien situé tout près du Bataclan: «Je voulais montrer à mon amie Alice le Bataclan où j'avais fêté mon anniversaire il y a quelques jours à peine. On était à table, dans ce restau situé à une rue de la salle de concert lorsqu’on a vu de l’agitation. Les textos ont commencé à tomber. Les serveurs ont baissé la lumière, tiré le rideau et nous ont accompagné à la cave du restaurant.» Une longue attente s’est alors installée, interminable, ponctuée de messages et de recherche d’infos sur ce qui se passait. Vers 2h, les trois amies ont pu rentrer chez elles, saines et sauves. Ce n’est malheureusement pas le cas de deux autres personnes vivant à Paris mais originaires de la région Midi-Pyrénées. Bertrand a été tué au Bataclan Un enfant de Tarbes figure en effet parmi les victimes de la vague d’attentats qui a ensanglanté Paris. Bertrand Navarret, 37 ans, était parti à Paris pour partager un simple concert de musique et quelques jours dans la capitale. Vendredi soir, il se trouvait donc au Bataclan, avec des amis, pour assister au concert du groupe californien Eagles of death metal, lorsque les terroristes ont fait irruption. 

Alors que ses proches sont parvenus à se réfugier sur le toit de la salle, comme le rapporte Le Monde, ce Bigourdan a vraissemblablement été tué parmi les premiers,selon la police, dans ce carnage abject. Bertrand avait grandi à Tarbes, suivant sa scolarité à l’institution Jeanne d’Arc avant d’entamer un cursus dans le notariat, dans les pas de son père et de son oncle qui tiennent un office sur Tarbes. 

Jovial et amateur de glisse, «Beber» vivait désormais sur la côte landaise, à Capbreton, où l’annonce de sa disparition, dans de telles circonstances, a semé la tristesse. Un Héraultais de 23 ans figure aussi parmi les victimes. Hugo, dont la mère vit à Montpellier, et qui était étudiant en master à l’université des sciences de la ville, a lui aussi été abattu dans la salle de spectacle. Le choc s’est aussi abattu sur Valence d’Agen (Tarn-et-Garonne) , hier matin. quand les gens ont appris que le fils d’un commerçant de la ville avait été grièvement blessé lors de l’attaque des terroristes au bataclan. Comme de nombreux autres jeunes, François, âgé de 28 ans, était allé assister avec des amis au concert du groupe de rock américain, Eagles of Death Metal, qui se produisait lors de la soirée. Le jeune homme qui vivait depuis quelques années à Paris, a été très sérieusement touché par un tir des assaillants. On ignorait, hier, la gravité de ses blessures.

Union nationale pour la classe politique

François Hollande s'est posé, hier, en chef de guerre après les pires attentats jamais commis en France, et il a demandé une unité nationale qui risque pourtant d’être plus fragile que celle observée lors des attentats de janvier. Dix mois après la première vague d’attentats de janvier 2015, marquée par une unité politique – brève mais quasi-totale – et des rassemblements géants de solidarité à travers la France, le chef de l’État a conclu son allocution solennelle à l’Élysée hier matin par un appel à «cette unité indispensable». 

Unité indispensable 

«Ce que nous défendons, c’est notre patrie, mais c’est bien plus que cela. Ce sont les valeurs d’humanité et la France saura prendre ses responsabilités et je vous appelle à cette unité indispensable», a-t-il dit, dénonçant par ailleurs un «acte de guerre» commis par «l’armée terroriste» de «Dæch», l’organisation État islamique. Il recevra Nicolas Sarkozy, ce matin, à l’Élysée, puis dans l’après-midi les présidents des groupes parlementaires des deux chambres et les chefs de partis. Avant de s’exprimer devant le Congrès lundi, une première pour lui. Une séquence qui vise à encourager cette unité nationale dont il se veut l’initiateur en tant que chef de l’État selon le rôle que lui confèrent les institutions. 

Sarkozy salue les mesures prises par Hollande Dans un jeu de miroirs avec son successeur, Nicolas Sarkozy a pris la parole quelques minutes seulement après François Hollande. Il a salué les mesures prises par Hollande. «Au-delà du nécessaire état d’urgence, et des contrôles aux frontières», annoncés vendredi soir par Hollande, «nous soutiendrons toutes les décisions qui iront dans le sens d’un renforcement drastique des mesures de sécurité qui permettront de protéger la vie de nos compatriotes», a-t-il dit, dans un soutien en forme d’injonction. Mais il a adressé aussi un message politique plus critique en exigeant des «inflexions majeures» dans la politique étrangère et pour que «la sécurité des Français soit pleinement assurée». 

S’il a remercié «le président Nicolas Sarkozy» pour «son concours» à l’unité nationale, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis l’a mis en garde contre tout débordement, appelant l’ensemble des dirigeants politiques, à «l’esprit de concorde» et à la «mesure». «Barbares de Daech» Jean-Christophe Lagarde (UDI) a lui aussi exprimé des réserves, en appelant Hollande à «faire réellement la guerre» contre les «barbares de Daech», et «pas seulement avec des moyens secondaires». Une tonalité moins critique a été observée chez d’autres responsables politiques. Parmi les premiers à réagir, Alain Juppé a appelé à «l’unité nationale» et «internationale». L’unité nationale est un «devoir», a affirmé son rival dans la course à la présidentielle, François Fillon. «Le choix de l’unité s’impose à tous», a abondé François Bayrou (MoDem). Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) a appelé à «refuser la division». 

De son côté, Marine Le Pen a lancé : «La France et les Français ne sont plus en sécurité, mon devoir est de vous le dire. Et des mesures d’urgence s’imposent.» Mais elle a ajouté : «Le président de la République a annoncé l’état d’urgence et le contrôle temporaire aux frontières, c’est bien». En revanche, chez d’autres proches du FN ou de l’aile droite des Républicains comme Nadine Morano ou Gilbert Collard, les attaques ont été sans retenue. Cela ne surprendra personne ! 

J.-P. B.

Le Congrès demain à Versailles

François Hollande a annoncé hier qu'il s’adresserait demain aux deux chambres du Parlement réunies en Congrès, au château de Versailles « pour rassembler la Nation dans cette épreuve ». La réunion débutera à 16 heures. Et l’intervention du chef de l’État ne sera pas suivie d’un débat. Jugeant que « l’union nationale est indispensable », le président de l’Assemblée Claude Bartolone (PS) a déclaré que « le Président va donner à l’ensemble de la représentation nationale, Sénat et Assemblée nationale, des informations et, au-delà des parlementaires, il s’adressera une nouvelle fois aux Français ». 

Cette prise de parole présidentielle servira notamment à « indiquer les différentes décisions qui devront être prises pour assurer la sécurité des Français », selon Bartolone. Mais l’intervention de Hollande permettra aussi à ses yeux de « démontrer aux terroristes jihadistes que chaque larme, chaque goutte de sang viendra renforcer notre résistance (...) contre cet obscurantisme et contre cette volonté d’attaquer ce que représente la France».

Les réactions politiques

Nicolas Sarkozy (LR)>

«Notre pays ne doit pas reculer.» «L'heure est à la solidarité de tous les Français à l’égard des victimes et de leurs proches, face à l’effroi qui nous saisit, face à l’horreur des attaques terroristes survenues» a déclaré, hier, Nicolas Sarkozy. .Après avoir rendu un hommage aux forces de sécurité et de secours dont le courage et la détermination ont une nouvelle fois été admirables», le président des Républicains a insisté sur la «guerre», menée par les terroristes à la France. «Les terroristes ont engagé la guerre à la France. Notre pays ne doit pas céder. Notre pays ne doit pas reculer». Outre l’état d’urgence et les contrôles aux frontières, les Républicains soutiennent «toutes les décisions qui iront dans le sens d’un renforcement drastique des mesures de sécurité», a redit Nicolas Sarkozy. 

Marine Le Pen (FN)>

«La France n’est plus en sécurité». «Le président de la République a annoncé l’état d’urgence et le contrôle temporaire aux frontières, c’est bien» a indiqué hier Marine Le Pen, appelant à ce que le «fondamentalisme islamiste soit anéanti». La présidente du Front national, selon qui la «France et les Français ne sont plus en sécurité», a demandé l’interdiction des organisations islamistes, la fermeture des mosquées radicales et l’expulsion des étrangers qui prêchent la haine sur notre sol». Elle a souhaité que la France retrouve de manière «définitive» la maîtrise de ses frontières et estimé que «tous ceux qui combattent les terroristes», sont les amis de la France. 

Jean-Christophe Cambadélis (PS)> 

«L’appel à la concorde nationale». «La France pleure ses morts, c’est le temps du recueillement», a indiqué hier le premier secrétaire du Parti socialiste, avant de saluer «la réaction rapide» et «ferme» du président de la République. «Nous soutenons les mesures d’exception décidées. Elles en rappellent d’autres», a-t-il poursuivi, avant d’appeler ses homologues chefs de partis à lui emboîter le pas. «Devant l’épreuve, j’en appelle à la concorde nationale. Je remercie le président Nicolas Sarkozy et tous les responsables politiques d’apporter leur concours à cette union.» 

Jean-luc Mélenchon (FG)>

«Aucune religion n’est coupable». «Il faut faire échec aux meurtriers. Par dessus-tout, ne cédons pas à la haine, ne nous divisons pas. Par dessus tout ne laissons pas la haine s’incruster dans notre cœur comme ils le souhaitent, ne nous divisons pas et n’acceptons pas d’être trier selon nos religions car aucune n’est coupable dans cette circonstance» a estimé le responsable du Parti de gauche. 

Pierre Laurent (PCF)>

Rejetons la haine.«Alors que l’état d’urgence vient d’être décrété par le gouvernement, le renforcement des moyens de police et de justice est un impératif. L’État doit trouver durablement les moyens adaptés pour garantir la sécurité de toutes et de tous», a déclaré Pierre Laurent, le secrétaire général du Parti communiste. «J’appelle notre peuple à ne pas céder à la peur, à se rassembler pour la liberté, l’égalité et la fraternité, et pour la paix. Nous devons refuser les amalgames et les stigmatisations. Ensemble, nous devons rejeter fermement la haine et les racismes. 

Parti radical de gauche> 

«La république doit se défendre». «Face à l’ignominie», le PRG a appelé hier à une «France unie dans sa douleur, dans sa fierté» et apporte tout son soutien au Président de la République et au gouvernement pour protéger notre pays, les Français et pour agir avec la plus grande fermeté face à la radicalisation. «La République est attaquée. Elle doit se défendre. Il n’y a pas de liberté pour les ennemis de la liberté. L’heure est à l’unité et au rassemblement de toute la nation pour défendre les valeurs de la République» déclare le PRG. 

Emmanuelle Cosse (EELV)>

«Retenue et sang froid». La secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts appelle de son coté à ne pas tirer de «conclusions définitives». «EELV a suspendu toutes ses campagnes électorales et appelle à faire preuve de retenue et de sang froid pour faire face à l’horreur de cette barbarie. Les écologistes s’inscrivent pleinement dans l’unité nationale, le soutien au Président de la République et aux autorités, et demandent à chacune et chacun de respecter les consignes de sécurité (...)»