Roland-Garros : 
les inoubliables

Retour sur ces moments forts qui ont marqué le tournoi parisien

Retransmis en direct depuis 1978, le tournoi de Roland-Garros est l'un des événements sportifs les plus suivis de la planète. Chaque année, la compétition offre son lot de séquences insolites, de points incroyables ou de grandes émotions tennistiques. Le service à la cuillère de Michael Chang, le cœur dessiné sur la terre orangée par Gustavo Kuerten, les larmes de Martina Hingis ou encore le sacre du roi Nadal… autant d’images inoubliables qui ont fait la légende de Roland-Garros. 

Ladepeche.fr vous propose une sélection de dix moments cultes, alors que l’édition 2017 du tournoi du grand chelem débute du côté de la Porte d’Auteuil…

1983 : la victoire 
de Yannick Noah

Yannick Noah et son père après sa victoire aux Internationaux de France 1983./AP/SIPA

« Noah à la folie », titrait sur sa Une le numéro de juillet 1983 de Tennis Magazine. La folie d'un joueur, d’un public galvanisé et celle de toute la France qui a vibré lors de la finale opposant le joueur au tenant du titre Mats Wilander.

Au terme de trois sets disputés, Yannick Noah remporte la plus belle victoire de sa carrière et se précipite, en larmes, dans les bras de son père.

Yannick Noah est le seul joueur français à avoir remporté un tournoi masculin du Grand chelem de l'ère Open. Il reste également à ce jour le mieux classé à l'ATP (numéro 3 en juillet 1986) et le plus titré en simple avec 23 victoires.

1999 : les larmes 
de Martina Hingis
et d'André Agassi

Martina Hingis ramenée sur le court par sa mère à l'issue de la finale et la joie d'André Agassi./SIPA

Ce devait être SA finale : ce fut en réalité un fiasco pour la Suissesse. Le 5 juin 1999, Martina Hingis pète les plombs face à une Steffi Graf sereine et sûre de son tennis. Sur une balle litigieuse, la jeune joueuse, numéro une mondiale, se permet l'audace de passer le filet pour aller vérifier la marque, récoltant les huées du public.

Exaspérée et en larmes, Martina Hingis sert à la cuillère en fin de match et offre la victoire à l’Allemande qui remporte ainsi le dernier Grand chelem de sa carrière.

Hingis quitte le court, conspuée par les spectateurs, mais reviendra finalement pour la remise des trophées au bras de sa mère. La jeune femme n’inscrira jamais Roland-Garros à son palmarès et sera quelques mois plus tard dépassée par la puissance de nouveaux talents, à l’image des sœurs Williams.

Lorsqu'il débarque à Paris en 1999, André Agassi ne fait pas partie des favoris du tournoi. Il est loin le temps où le Kid de Las Vegas faisait se soulever les foules avec son style unique. Mais tour après tour, l’Américain, plus apaisé que jamais, crée la surprise jusqu’à se hisser en finale contre l’inattendu Medvedev. Mené deux sets à rien, le sort semble pourtant s’acharner sur André Agassi, maudit sur la terre battue de Roland.

Mais porté par un public acquis à sa cause, l’Américain s’impose finalement Porte d’Auteuil et devient à l’époque le cinquième joueur à avoir glané les quatre titres du Grand chelem. Son émotion en fin de match restera l’un des plus beaux moments du tournoi.

La même année, Steffi Graf remporte le titre féminin et fait chavirer le cœur d’André Agassi. Les deux légendes du tennis ne se quitteront plus…

1981 : la der du champion Borg 

Un poster de Borg dans les vestiaires de Roland-Garros./Themba Hadebe/AP/SIPA

Il fut la figure emblématique de Roland-Garros jusqu'à l’arrivée tonitruante de Rafael Nadal. Vainqueur du tournoi à six reprises, Bjorn Borg détiendra ce record durant 31 ans et fait ses adieux à Paris de la plus belle des manières, en remportant un dernier titre face à Ivan Lendl, en 1981.

Le Suédois restera parmi les légendes du tennis mondial et a contribué à la médiatisation et au succès des Internationaux de France. Cheveux longs et bandeau sur la tête, le joueur a marqué de son empreinte les années 70 et révolutionné le jeu.

Le 17 mars 2015 dans Paris Match, Ice Borg revient sur son retrait des courts, décidé juste avant Roland-Garros 81 : "Pour moi, le tennis a toujours rimé avec le mot plaisir. Mais, depuis quelque temps, je n'éprouve plus de bonheur à jouer. Cette jubilation du jeu est en train de disparaître. Une sensation d’autant plus désagréable que je suis un "compétiteur " : j’adore gagner comme je déteste perdre. Chaque match représente pour moi un défi que je veux relever. Désormais, cela m’importe peu. J’ai 25 ans et je n’ai plus le cœur à continuer. C’est ainsi que je comprends que quelque chose ne va pas car ce n’est pas ma personnalité."

Il décide de prendre sa retraite à la fin de l'année 1981, après avoir glané une nouvelle Coupe des Mousquetaires, qui s'ajoute à la liste déjà longue des trophées remportés par Borg. Au total, 62 titres dont 11 du Grand chelem.

A Roland, son record de six victoires (1974,1975,1978,1979,1980,1981) ne sera dépassé que par Rafael Nadal, à partir de 2005.

1997 / 2001 : le cœur 
de Roland 
bat au rythme de la samba

Gustavo Kuerten vainqueur en 1997./SIPA

Avec sa tenue bariolée et ses cheveux en bataille, Gustavo Kuerten crée la sensation lors de l'édition 1997. Le jeune Brésilien, totalement inconnu du grand public et classé 66ème à l'ATP, s’impose en finale face à Sergi Bruguera. Au total, Kuerten aura écarté de sa route cette année-là trois anciens vainqueurs du tournoi.

Sa démarche unique et son sourire à toute épreuve vont faire chavirer le public de Roland, au point d’en faire le chouchou des spectateurs durant de nombreuses années. Victorieux en 2000 et 2001, Gustavo Kuerten exprimera tout l’amour qu’il a pour le tournoi parisien en dessinant un énorme cœur sur la terre battue, à l’issue de son huitième de finale, en 2001. Ce jour-là, le Brésilien avait frôlé l’élimination contre un Américain issu des qualifications, Michael Russell. Une initiative qu’il réitère en finale face à Corretja.

1989 : le service à la cuillère 
de Chang

Michael Chang et son trophée.

L'insolence de la jeunesse… Alors qu’il affronte le numéro un mondial et grand favori du tournoi Mats Wilander, Michael Chang ne se démonte pas et fait le show sur le court central de Roland-Garros.

Face au champion suédois totalement dépassé, l’Américain va multiplier les provocations, allant même jusqu’à tenter un service – gagnant – à la cuillère, sous le regard effaré des spectateurs. L’image fera le tour de la planète.

A 17 ans, ce jeune inconnu se qualifie pour les quarts de finale du tournoi et, quelques jours plus tard, devient la révélation du tennis mondial en remportant la finale contre Stefan Edberg.

2009 : un de chute 
pour le roi Nadal
et Federer, enfin...

Première défaite pour Rafael Nadal à Roland-Garros./REAU ALEXIS/SIPA

Les années 2000 auront incontestablement été marquées par l'éclosion d’un phénomène : avec neuf victoires sur la terre battue parisienne, Rafael Nadal est devenu le roi de Roland-Garros, celui qui cumule tous les records. De 2005 à 2014, l’Espagnol a marqué de son empreinte le tournoi et survolé ses adversaires.

Seule ombre à ce magnifique tableau : sa défaite face à Robin Soderling, le 31 mai 2009, qui sonne comme un coup de tonnerre au-dessus du court central. En huitième de finale, le Madrilène s’incline en quatre sets (2-6, 7-6, 4-6, 6-7) face au géant suédois.

Le bilan de Rafael Nadal aux Internationaux de France n'en reste pas moins exceptionnel : l'Espagnol cumule à ce jour 70 victoires pour seulement deux défaites (la seconde contre Novak Djokovic en 2015, en quart de finale).

Digne successeur de Bjorn Borg, Nadal a éclos à Paris et fait de Roland-Garros son jardin. Il est considéré aujourd'hui comme LE meilleur spécialiste de terre battue de l'histoire et l'un des plus grands joueurs de simple, avec 14 tournois du Grand chelem à son actif.

Avec cette élimination prématurée durant l'édition 2009, Nadal  offre l'occasion à son principal rival de remporter enfin le seul titre qui manque à son palmarès.

Le 7 juin 2009, Roger Federer ne rate pas l'occasion et met fin à sa malédiction sur la terre battue parisienne en battant Robin Soderling en finale.

Il balaie son adversaire en trois sets devant un public aux anges. Les larmes du vainqueur resteront gravées dans le cœur des spectateurs et de tous les amoureux du tennis.

1984 : la grosse colère 
de McEnroe 

McEnroe battu par Lendl./Getty Images

Grandissime favori de la finale 84, Big Mac va faire cette année-là les frais de son caractère. Alors qu'il fait la course en tête (2 sets à rien, break dans le troisième) et que la victoire lui tend les bras, John McEnroe s’énerve contre les photographes, trop bruyants à son goût.

Un énorme coup de sang qui le déstabilise et relance son adversaire, Ivan Lendl. Ce dernier remporte au final son premier Grand chelem et prive l’Américain d’une victoire à Roland-Garros. Un titre qui lui aura échappé toute sa carrière.

1985 : le duel 
 Evert – Navratilova

Martina Navratilova et Chris Evert./Charles Krupa/AP/SIPA

Les meilleures ennemies. Deux personnalités, deux looks, deux styles de jeu : Chris Evert et Martina Navratilova ont multiplié les duels dans les années 80 mais la finale de Roland-Garros 85 fut certainement l'une des plus belles confrontations entre les deux joueuses.

Au terme d’un match très disputé, aux multiples rebondissements, l’Américaine l’emporte et signe l’une de ses meilleures performances en Grand chelem. L’accolade entre les deux femmes restera dans les annales.

Bonus

Un spectateur expulsé du court central en pleine finale, en 2009./LYDIE/SIPA

Cette sélection de séquences marquantes n'est évidemment pas exhaustive, Roland-Garros étant chaque année le théâtre d’exploits, d’émotions ou de situations insolites. On aurait pu citer encore l’irruption sur le court et en pleine finale d’un spectateur un peu trop familier avec Roger Federer en 2009, la victoire surprise de la Chinoise Li Na en 2011, le saut mémorable de Mary Pierce en 2001, qui renvoie la balle entre ses jambes et marque le point face à Monica Seles, l’échange incroyable entre Felix Mantilla et Marat Safin en 2004 à l’issue duquel le Russe baissera son short, pour le plus grand bonheur de ses groupies, les shows de Gaël Monfils devant son public ou encore Novak Djokovic qui invite un ramasseur de balles à s’assoir à ses côtés pour se protéger de la pluie.

Alors juste pour le plaisir, un dernier clin d’œil à la joie immense de Virginie Razzano qui signe l’exploit de sa carrière durant l’édition 2012 : la Française sort la grandissime favorite Serena Williams après une rencontre très serrée et une fin de partie épique. Le sourire de Virginie restera gravé dans les esprits, au même titre que les larmes de son adversaire.