Pulls moches : les champions du monde sont à Albi

Beaucoup de jeunes et de moins jeunes ont participé au championnat du monde de pull moche qui a attiré 400 participants le samedi 25 novembre 2017 au parc des expositions d'Albi, en marge du Salon du vintage. 80 ont été sélectionnés pour les finales, dans quatre catégories : enfants, jumeaux, adultes, groupes. La plupart portaient un pull tricoté par leur mamie et «customisé» pour l'occasion. Ont-ils reconnu leur grand-mère dans les concurrentes les plus âgées de la compétition ? Toujours est-il qu'à l'applaudimètre, ces dames ont cassé la baraque. En atteste le succès du club tricot de Mazamet, médaille d'argent dans la catégorie groupe, et de l'Ehpad de la Renaudié à Albi, prix spécial du jury.

Des deux côtés, on a pris la compétition au sérieux sans se prendre au sérieux, l'équipe venue de Mazamet s'étant infligée un calvaire supplémentaire : porter des pulls tricotés avec de «vieilles laines pas lavées qui grattent et qui puent». Rires des compétitrices.

Le défi était ailleurs côté Albigeois. L'Ehpad ayant été contacté par des journalistes de la France entière après l'article publié le mercredi 22 novembre par la Dépêche, il a fallu faire un choix. Accepter d'être suivi par une équipe de télé pendant la compétition, ou pas. Le oui l'a emporté. Et C8 s'est montré le plus convaincant. Enfin, disons plutôt Matthieu, seul journaliste embarqué et pilote de fauteuil roulant de la compétition. Il a endossé le pull jacquard sans manches d'un résident et est devenu un membre à part entière de l'équipe 195. Voilà qui n'était pas pour déplaire à Andrée, 84 ans, propulsée en guest star sur le devant de la scène. 

Irène en rigole encore. Après la qualification pour la finale, en milieu d'après-midi, son impro de danse avait fait l'admiration de tous. Elle a remis ça en finale.

Dans un bel élan, enfin… dans un élan presque aussi beau que celui cousu dans le dos de Matthieu, Irène, Andrée, Denise et France sont montées sur scène sous les vivats. De quoi aiguiller le vote du jury !

LE CHAMPIONNAT DU MONDE DE PULL MOCHE EN VIDÉO

"Oh qu'ils sont jolis les #pullsmoches!"

«Attention mesdames et messieurs, dans un instant, on va commencer ! Nous vous demandons évidemment d'être indulgents…»

Un championnat du monde à Albi, non ! Les pulls les plus moches du monde au parc des expos, p'tet ben qu'oui ! Les organisateurs du Salon du vintage en sont encore tout esbaudis. Et peu importe si les participants ne sont pas venus des cinq continents. Mamie Monique a tout de même fait le voyage seule, depuis la Vendée, pour concourir, ce qui lui a valu un prix d'honneur. Et elle n'a même pas internet ! Un buzz qui sort des réseaux sociaux et qui touche la France entière, fallait le faire.

Il n'y a pas d'âge pour le vintage

La première championne du monde de l'histoire des pulls moches est donc Française mesdames et messieurs. Elle s'appelle Nina. Elle a 7 ans, et elle est venue de Brive avec sa maman qui s'attrape les cheveux en entendant le nom de la lauréate, catégorie enfants : «C'est un truc de ouf ! J'en tremble. C'est génial, j'ai envie de pleurer.» Super Nina peut dire merci à sa tata tricoteuse mais elle a mouillé le maillot elle aussi, pour enrichir son CV en ajoutant deux petits nœuds en laine faits maison à ses cheveux.

C'est que les participants ont dû en faire des efforts pour se qualifier pour la finale. Dans la catégorie Twins (jumeaux), Jérôme et Klervi sont arrivés de Bretagne avec l'idée de s'engouffrer dans le même pull qu'ils ont «customisé» avec des grelots, de la dentelle et des franges en cuir aux poignets. Ajouté à cela, un salut de la main so british, en finale, sur le podium. Et ils sont repartis avec la médaille de bronze.


Des mentions spéciales

Prix spécial du jury en catégorie groupe, pour l'Ehpad de la Renaudié à Albi, suivi toute la journée, par une équipe de C8. De quoi tirer un nouveau cri de joie à Irène, 79 ans et demi, la boute-en-train de l'équipe 195, qui avait déjà montré ses talents de danseuse, dans l'après-midi, après la qualification pour la finale.

Autre prix spécial à cette famille dans laquelle même les bébés ont défilé.

Médaille ou pas, enfin... écharpe de vainqueur ou pas, tous les participants se sont finalement régalés, sans se prendre au sérieux, comme Bastien et ses copains, des «traqueurs de déguisements» venus de Lacapelle-Marival, dans le Lot... ou Marie, une Albigeoise de 60 ans qui «aime les couleurs du vintage, la gaîté, l'esprit du kitsch» (en photo ci-dessous).

La Dépêche ajoute deux mentions spéciales, à «100 % pull moche… de Noël» pour son cri de ralliement en coulisse, juste avant de monter sur scène; et à la Carcassonnette, pour le légendaire sens de la fête et de l'autodérision chers à Néné, Yugh, Dam, Kentou et Riri, de vrais «bons clients» pour toutes les télévisions «descendues» de Paris. Preuve qu'il n'y a pas d'âge pour le vintage.

Ils ne se sont pas défilés

Petit diaporama sur les finalistes du championnat du monde de pull moche.

















Portrait de deux champions du monde

Pascal, champion du monde par équipe

Parmi l'équipe de joyeux drilles classés premiers dans la catégorie groupe lors du championnat du monde du pull le plus moche à Albi samedi dernier (voir notre édition de dimanche) se trouve un Castrais, en la personne de Pascal, un jeune pompier, à l'origine de cette inscription pour le moins drôle et décalée. Après une première course de caisse à savons, tous ensemble cet été, dans le Gers, Pascal et ses amis, (de Montauban, Toulon, Gaillac...) ont collaboré encore une fois à Albi.

Gagnant l'enthousiasme du public lors de leur passage à travers une mise en scène qui collait parfaitement à leur nom de scène. «Les Combis campeurs», marient, on l'aurait deviné, passion pour le combi et le camping.

Petit tabouret pliant, à la main, pull bien laid sur le dos, comme il se doit, le groupe d'amis a improvisé un petit apéro, en levant le coude et en musique. Pascal, le Castrais, peut remercier Véronique, sa maman, tricoteuse appliquée, d'un pull, arborant une panthère rose bonbon et kitsch à souhait. Ses amis et lui sont repartis, chacun dans leur combi, trophée en mains en s'exclamant dans un grand éclat de rire : «Pour une fois qu'on réussit quelque chose, dans notre vie !».

M.M.

Comment Hervé est devenu n°1 mondial catégorie individuel

C'est un habitant de Rivières-sur-Tarn qui est devenu champion du monde de pull moche, le 25 novembre à Albi. Dix jours plus tard, il avoue avoir acheté son «pull pour dépressif» sur internet juste après s'être inscrit.

Hervé gardera son trophée sur cintre à Rivière, mais ne le portera pas en ostensoir, sauf pour un pot de fin d'année avec les collègues ou une soirée entre amis. Quand on est «champion du monde du pull moche» dans la catégorie reine - «solo» - on garde ses distances avec le quotidien. Le Riviérois a connu le challenge un peu par hasard, il y a trois ans à la Javanaise, où le patron avait organisé une soirée insolite «pull moche - raclette». Une amie d'Hervé avait gagné le Prix Spécial, qui ne devait rien d'une récompense paroissiale. «Quand j'ai vu l'annonce du championnat à Albi, je me suis inscrit parmi les premiers, et j'ai cherché «pull moche» sur le net.» À la troisième page du Bon Coin, la divine surprise : le pull idéal pour 13 € et dans le département. «Dès que je l'ai vu, j'ai senti son potentiel.»

Vu de loin, il ne paye pas de mine : couleurs automnales, presque ternes. Hervé parle d'un pull pour dépressif. À regarder le «ras-de-cou» de plus près, on devine un paysage d'hiver qui déroule sa langueur entre torse et dos. Arbres décharnés, rivière «lie de vin» en premier plan, ciel gris bleuté. Un style qui pourrait être «gentleman-farmer» ou «bonjour tristesse».

Mais il y a le joyau, le plastron : un cerf au brame, serein et Imposant. Entre les valeurs religieuses (l'animal christique) et mâle (la puissance sexuelle), on choisira la troisième, la majesté du port, l'allure souveraine. «Et brodé s'il vous plaît, pas floqué !». Il faut dire que le pull a de la particule, de marque Bernard d'Arley, une griffe qui en impose et pose son homme. À 13 €, c'est plus qu'un investissement, c'est un placement. Las ! Le joyau est une taille M, Hervé serait plutôt XL. «Il me prête un peu sur le buste et l'estomac». En étirant le cerf en largeur, le roi de la forêt prendrait de l'abdomen et perdrait de sa prestance. Une raison de plus de le ranger sur cintre.

J-A. L.

Le matin en sélection et dans les allées

Ils ne se sont pas tous qualifiés pour la finale, mais l'essentiel était de participer.








Un plus pour le Salon du vintage

Évidemment, les organisateurs du Salon du vintage ont fait un «coup marketing» avec le championnat du monde de pull moche. Et ce ne sont pas les exposants qui s'en plaindront. «La com' a été très bien faite», se réjouissent Sébastien et Valentin sur le stand du Star. Ils ont vendu deux baby-foot (autour de 1 690 €) plus quatre juke-box (650 € pièce) dans la journée d'hier et les deux Toulousains espèrent bien continuer aujourd'hui. Même enthousiasme sur le stand de La Guêpe mobile, où Nicolas observe qu' «il y a beaucoup plus de monde à Albi que dans les autres Salons du vintage». 

"Pull moche : les champions du monde sont à Albi". Un long format de la rédaction de La Dépêche du Midi.
Photos : Emilie Cayre (tous droits de reproduction réservés)
Textes et mise en page : Béatrice Dillies.
© La Dépêche du Midi, novembre 2017.