Mike Horn, une étoile polaire

Il a parcouru les confins de la planète plus que tout autre homme. Sa philosophie inspire le respect. (initialement paru en 2015 dans la NR)

Mike Horn avait l'habitude de dire à son fils : « Si tu gardes les pieds sur Terre tu peux toucher les étoiles, mais si tu essaies de voler sans point d'appui tu n'iras pas loin ». Cette phrase est devenue la clef de voûte de la vie de l'aventurier. Mike Horn porte en effet le même prénom que son père. Ce professeur de sport, rugbyman en Afrique du Sud, lui a appris à regarder au-delà des murs de la maison. « C'était incroyable. Quand j'étais gamin, mon père était mon idole, raconte Mike Horn, qui a aujourd'hui passé la cinquantaine mais explore toujours le globe. Vivre avec lui, apprendre à travers lui, que ce soit ton meilleur pote… ça m'aide aujourd'hui. »

The further you go the more you see! pic.twitter.com/L5MA3iTD8H

— Mike Horn (@ExploreMikeHorn) 21 août 2017

Ce modèle et l'attention d'une famille qui n'a jamais cherché à brider son hyperactivité ont permis à cet insatiable d'être celui qu'il est. « Je suis un homme normal qui fait des choses qui sortent de l'ordinaire. » De l'Amazonie aux sommets himalayens en passant par le cercle polaire, il est certainement le plus complet des aventuriers contemporains.

" Je suis un homme normal qui fait des choses qui sortent de l'ordinaire. Mais tout ce que je fais repose sur le réel. Je ne vis pas dans le fantasme, si je sais que je ne peux pas y arriver, je ne le fais pas. Je fais ce que je fais pour me sentir vivant. Pas pour mourir. Et rester vivant, c'est aussi savoir faire demi tour. " nous avait-il expliqué lors d'une rencontre pour La Nouvelle République du Centre Ouest.

Mike Horn est né le 16 juillet 1966 

en Afrique du Sud à Johannesbourg 

où il a grandi. 

Sa mère était enseignante 

en économie et son père, 

directeur d'école, enseignait le sport. 

Ses exploits popularisés par ses récits, des documentaires… et les spots publicitaires pour ses sponsors en ont également fait une sorte d'étoile polaire pour tous ceux qui osent encore rêver. À travers les témoignages d'amitié des gens qu'il croise, il se souvient aussi de cette phrase prémonitoire de son père. Il était venu chercher son conseil alors qu'il éprouvait des difficultés à ne pas répondre aux provocations, ni aux brimades d'un camarade au lycée. Il était alors vice-président des élèves et cherchait la bonne attitude. « Quand je le voyais, je lui disais : " Tu m'inspires, tu m'incites à être meilleur. " Il me répondait que je ne me rendais pas compte de tous ceux que je pouvais, par mon comportement, inspirer à mon tour ».

Keep the fire burning inside yourself! Not only a flame but a massive bushfire! The passion to live life to the fullest! #pole2pole #simpsondesert @mercedesbenzau

Une publication partagée par Mike Horn (@mikehornexplorer) le17 Août 2017 à 12h03 PDT

Constamment en mouvement, un projet quasi-impossible toujours en tête, difficile d'imaginer ce qu'il peut ressentir dans une salle exiguë, au 47e étage de la tour Montparnasse à parler de lui. Pour son éditeur, il enchaîne les interviews et les plateaux de télévision… alors que c'est dans les conditions les plus extrêmes, les plus inconfortables, qu'il se sent si bien. Mais, dans Vouloir toucher les étoiles Mike Horn se livre aussi comme jamais. Et l'émotion n'est jamais pas loin. Il n'y est pas question que de performances mais aussi d'amitié, de solidarité, de courage face aux épreuves de la vie.

Mike Horn y parle forcément de ce père qu'il a perdu alors qu'il avait 18 ans et de sa femme Cathy, décédée début 2015. « Ce livre, je l'ai commencé avec Cathy. Puis, j'ai décidé de ne plus le faire mais mes filles ont insisté. " Tu peux partager aussi d'une manière différente tes exploits. 
" La mort de Cathy, c'est une immense tristesse et ce livre est un remerciement d'être là pour moi. Le départ de Cathy, ce n'est pas la fin. Je la retrouve partout : quand je suis dans la montagne, quand je suis en difficulté, quand j'en ai besoin… Cathy, c'est ma Croix du Sud. » Sa femme avait épousé son mode de vie. C'est elle qui s'occupait de toutes les démarches, de la veille météo et du relais médiatique pour que Mike Horn puisse partir l'esprit libre.

Mike Horn voulait « partager sa vie ordinaire. Je ne cherche pas à donner de leçons. Chacun de nous a une montagne à gravir dans son existence et si on sait lever la tête, on peut aller de l'avant. Parfois, on est écrasé par les circonstances et on ne voit pas la lumière. Je la vois peut-être plus facilement parce que je suis positif, même si cela ne veut pas dire que tout va bien chez moi ! »

" La performance ce n'est pas d'arriver au sommet, c'est de rentrer vivant. "

Avec foule de détails, il raconte comment on se prépare à affronter quatre sommets à plus de 8.000 m, la « zone de la mort » à plus de 7.500 m quand l'oxygène se fait si rare, que les bras et les jambes pèsent une tonne et que l'esprit semble se détacher du corps. « Le sommet n'est que la moitié du parcours. De nombreuses personnes sont mortes en descendant. La performance ce n'est pas d'arriver au sommet, c'est de rentrer vivant. »

Il ne vit pas pour tromper la mort comme on pourrait le croire. « L'adrénaline est vite consommée. Elle n'est intéressante que quand tu en as besoin, pour te sortir d'une situation compliquée. Ce ne sont pas les risques que j'aime. Ce que j'aime, c'est surpasser les obstacles. Quand tu arrives à faire ce que tu as voulu, là tu deviens riche à l'intérieur. »

" Souvent, on laisse écouler le temps, on prend l'habitude de sa situation et on vit avec, raconte-t-il. Moi, dès que je ne sens plus libre, je change de vie. Si une idée me plaît, c'est tout de suite ! Si je n'ai pas peur de mes rêves, alors c'est que je rêve trop petit. Quand j'ai une idée, je la réalise. Et je la construit avec mes connaissances, mes expériences, l'amour de ma femme, mon quotidien...tout est lié. "

Si les performances de Mike Horn sont inaccessibles au commun des mortels, ses exploits demeurent donc une formidable source d'inspiration. On en revient à cette idée d'étoile polaire, une sorte de boussole pour qui cherche le dépassement de soi, l'attachement aux beautés de notre planète, les valeurs de solidarité de transmission et l'importance de la famille.
« Nous avions décidé (sa femme et ses deux filles) que ce seraient elles qui entreraient dans ma vie. Quand je pars pour mes aventures, ce sont elles qui me quittent. Au final, quand elles savaient qu'elles partaient voir leur père pendant leurs vacances, au Brésil ou en Sibérie, elles étaient très excitées ! Ce qui transcende une famille, c'est ça. J'ai eu la chance d'avoir un père qui m'a donné quelque chose d'unique. » Et qu'il cherche à transmettre à son tour.

Vouloir toucher les étoiles, octobre 2015, éditions XO, 19,90 €.

En 1989, son oncle qui possède une société d'import-export en fruits et légumes lui propose un poste qu'il accepte. 
Mais un matin, il décide en une seconde de s'en aller. Il organise une fête de départ, donne tous ses biens à ses amis… 
Il lui reste un sac à dos, cinquante dollars et de quoi se payer un billet 
pour le premier vol venu : Zurich. 

Ses principaux exploits

▶ 1997. Il descend l'Amazone en hydrospeed. Une mission de survie de six mois.
▶ 1999-2000. Expédition Latitude zéro : il fait le tour de la Terre par l'Equateur : 40.000 km sans moyen de transport motorisé.
▶ 2001. Laureus World Alternative, récompensant le sportif de l'année.
▶ Août 2002. Il entame une expédition – et un voyage intérieur – de deux années et trois mois sans rentrer chez lui autour du cercle arctique. L'expédition Arktos, immortalisée sur un documentaire.
▶ 2005 et 2006. En famille pour une expédition au pôle nord.
▶ 2006. Avec le norvégien Borge Ousland, ils deviennent les premiers à rejoindre depuis le cap Artichesky (Russie) le pôle nord sans chiens de traineau et sans moyen de transport motorisé.
▶ 2007 à aujourd'hui. Ascension de quatre sommets de plus de 8.000 m en Himalaya : le Gasherbrum 1, le Gasherbrum 2, le Broad Peak et le K2. Il n'est toujours pas parvenu au sommet du K2.
▶ 2007-2012. A bord du navire Pangaea, spécialement conçu pour cette cause, il emmène sur toute la planète des jeunes sélectionnés pour découvrir les beautés du monde.
▶ 2016-2017. Pole 2 Pole. Mike Horn tente de rallier les deux pôles tour à tour en bateau, en voiture, à pied... " Deux ans, 40.000 kilomètres, 6 continents "