Tout savoir sur la photographie argentique

La photographie argentique séduit de plus en plus les jeunes. Deux professionnels de la photographie ainsi que de jeunes amateurs d'argentique nous expliquent ce phénomène et nous donnent quelques conseils pour s'y mettre.


Yannick Giraud, 
propriétaire du 
magasin Photo Rallier
 






«C'est comme comparer un tableau et une copie»

Photo argentique, retour à la mode ?

«On voit tous les ans des jeunes pousser la porte de l'association, parce qu’ils ont envie d’apprendre la photo argentique ». Jean-Charles Devigne, président de la Société photographique de Rennes, est enthousiaste : la photo argentique n’est plus une pratique « ringarde » et intéresse un public de plus en plus jeune.

Ousseynou Cissé, 23 ans, a commencé la photo argentique il y a quatre ans maintenant. Il a également noté cette tendance : «Je vois de plus en plus de personnes de mon âge qui ressortent de vieux appareils. Tumblr regorge par exemple de photos argentiques ». C’est sur cette plateforme qu’il expose lui aussi ses photos. Les raisons de ce nouveau boom sont nombreuses : l’esthétique, la démocratisation de la pratique sur internet, la facilité d’information et un retour à la mode du vintage de façon générale.

Même constat pour Yannick Giraud, qui tient Photo Rallier, un magasin qui vend et développe des pellicules dans le centre de Rennes depuis une dizaine d’années. Il voit passer dans sa boutique de plus en plus de jeunes qui s'intéressent à la photo argentique. Même s'il ne remarque pas de réelle augmentation de sa clientèle pour cette pratique en général. 

"L'argentique, c'est plus gratifiant"








Ousseynou Cissé, 
amateur de 
photographie


Quelles différences avec le numérique ?

Pour les adeptes de la photo analogique, les deux pratiques n'ont rien à voir. Kevin Lemire, étudiant en cinéma et amoureux de la pellicule explique : « La photo argentique, c’est une question de beauté, d’esthétique. Le numérique représente la perfection. Mais tout le monde fait la même image avec les appareils sur le marché. Les photos argentiques sont toutes différentes, elles. » Et cette particularité se retrouve dans de nombreux aspects : le grain, la lumière, et même les défauts. « Chaque photo est une réaction chimique à laquelle on ne s’attend pas ». 

Pour Yannick Giraud, il n'y a pas de comparaison possible entre les deux pratiques. « C’est comme si on comparait un tableau et une copie ».

Le temps d’attente n’est évidemment pas le même : chez un photographe, il faudra compter une heure pour une pellicule couleur, et le délai monte jusqu’à plusieurs jours pour des photos en noir et blanc.

Pourtant, les deux pratiques ne sont pas incompatibles. Recommencer à prendre des photos avec de vieux appareils force à s’entraîner et à être rigoureux. Une pellicule argentique compte en moyenne 24 poses, ce qui rend chaque photo précieuse, et force à s'appliquer pour chaque cliché. Cela peut aider à améliorer sa technique. « Faire des photos argentiques, c’est très pédagogique, cela force à réfléchir et à composer ses photos » explique Jean-Charles Devigne. 

«Une pellicule coûte le prix d'un paquet de cigarettes»









Jean-Charles Devigne
Président de la
 société rennaise
 de photographie

Avec quels appareils commencer ?

Il est conseillé pour les amateurs de commencer avec un boitier simple. Ousseynou a pris ses premières photos analogiques avec un petit appareil de la marque Konica Minolta. Cela lui a permis de s’entraîner, avant de passer à des appareils « plus complexes, avec des objectifs interchangeables ».

Jean-Charles Devigne conseille de se renseigner auprès d’associations comme la sienne, ou sur les nombreux forums dédiés à l’argentique.

Les appareils photos « lomos » (de la marque lomography) reviennent de plus en plus à la mode. Ils sont faciles à utiliser et ne coûtent pas très cher (40 € pour un modèle de base). Ils sont recommandés pour les photographes en herbe.

Pour les appareils d’occasion, et quand on ne s’y connaît pas encore, il est préférable d’acheter en main propre. Ousseynou vérifie toujours ses appareils, même quand il en achète sur le Bon coin. Lui qui est déjà parti à Londres pour trouver un appareil, prend toujours soin de regarder si celui-ci fonctionne correctement. Si un doute persiste, il est conseillé de faire observer l’appareil par un spécialiste.

Des pellicules en attente retrouver leurs propriétaires

Quel prix ?

L'idée reçue autour de la photo argentique est que son prix est élevé. Ousseynou avoue dépenser «pas mal d’argent dans cette passion ». Entre l’achat des pellicules et la numérisation, qu’il fait faire chez un professionnel, son budget photo augmente vite (environ 70 € par mois). 

Pourtant, il n’est pas obligatoire de dépenser de telles sommes. Jean-Charles Devigne explique : «Tout dépend de ce que l’on veut faire et de la technique utilisée. Quand on développe manuellement dans notre chambre noire, avec l’association de la Société photographique de Rennes, le coût d’une pellicule revient à peu près à 2 € ». Il existe différentes associations de photographie dans l’Ouest, qui permettent de réaliser ses photos de A à Z pour payer moins cher.

En ce qui concerne les appareils polaroids, qui sont également très en vogue, il faudra compter en moyenne 1€50 pour une photo. Au studio Rallier, le tarif étudiant pour une pellicule de 24 poses est de 14€50. Il faudra y rajouter 5 € pour les obtenir sur CD. La pellicule seule coûte en moyenne 7 €. « Le prix d’un paquet de cigarettes », rappelle Jean Charles Devigne.


Jeanne NICOLLE.
(Contributrice pour Jactiv, étudiante en Info Com)


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