inOut : chronique de l'événement des mobilités numériques 2/2

Du 14 au 18 mars 2018, Rennes et sa métropole sont devenues la capitale et le terrain de jeu des nouvelles mobilités. Au Couvent des Jacobins comme aux quatre coins de la ville de Rennes, 900 professionnels et près de 20 000 citoyens étaient réunis pour débattre de l'avenir des mobilités, assister à des démonstrations et vivre des expérimentations grandeur nature. Deuxième partie de notre chronique de l’événement où s’inventent les mobilités de demain.

15 mars, 14 h 30. Carrefour d'expertises croisées, le [IN] est le lieu pour refaire le monde des mobilités. Potentiels acteurs en devenir des transports ou du numérique, les étudiants de l’INSA Rennes tirent quelques grands enseignements des ateliers et tables-rondes auxquels ils participent, qu’ils appliqueront peut-être dans un avenir professionnel proche. Pour Morgane, le transport collectif « est peut-être l’axe le plus important à développer quand on parle de véhicules autonomes ». Alexandre lui s’enthousiasme pour la puissance prédictive des données de mobilité, « tellement fines qu’elles pourraient prévoir directement les besoins clients » quand Trinity considère que « le droit au transport anonyme est important dans une démocratie » et que les utilisateurs doivent avoir un droit de regard sur les données collectées par les opérateurs de transport. Jules enfin, à la lueur des expériences européennes de Mobility as a Service (MaaS) - mix de services individuels et collectifs de mobilités, fournis à l’usager via une interface unique de paiement et d’information - , en identifie trois clés de développement : une synergie des acteurs publics et privés des transports, l’établissement d’un modèle économique soutenable et la création d’offres de MaaS adaptées à la diversité des territoires européens.

15 mars, 16 h 00. Entre deux sessions, les participants découvrent dans l'espace Cowork[IN] les dernières innovations mobilité : le robot autonome du groupe La Poste, qui assiste le facteur dans sa tournée ; la plateforme Thing’in d’Orange, permettant d’indexer et de localiser des objets connectés, par exemple pour analyser les déplacements ; l’appli mobile STAR, lancée en avant-première par l’opérateur de transport de la métropole rennaise, et qui permet de trouver en temps réel le meilleur mode de transport et les services à proximité : restaurants, commerce, lieux de santé… Du Network[IN] au Cowork[IN], il n’y a d’ailleurs qu’un pas. En témoigne la collaboration entre la SNCF et la start-up Imagina : grâce à un système de balises, les participants à inOut sont guidés par smartphone, même sans connexion Internet, de la gare de Rennes au Couvent des Jacobins. Une technologie permettant d’améliorer l’expérience des visiteurs dans n’importe quel lieu.

16 mars, 10 h 00. Loin d'un unanimisme qui voudrait que toute innovation est bonne à prendre, inOut a été conçu comme un lieu où la controverse et les divergences d’opinions sont au service des mobilités de demain, et où les enjeux économiques ou technologiques ne sont jamais déconnectés des réflexions éthiques et sociétales. La preuve avec l'intervention choc de Richard Stallman, pionnier du mouvement du logiciel libre et défenseur de l’anonymat dans les transports. Pour le programmeur : "dans la mobilité, l’un des plus grands dangers, l’une des plus grandes tentations, est de suivre les déplacements des voyageurs et de tracer leurs activités (…). C’est d’ailleurs ce que font certaines applications de transport, qui suivent les voyageurs avant et après le trajet ". Dans ce contexte, il défend l’idée de véhicules qui n’identifient pas les passagers et de systèmes de transports publics prévoyant une option d’anonymat. Et plaide pour une utilisation du logiciel libre dont il résume l’ambition en trois mots : liberté, égalité, fraternité.  

16 mars, 12 h 30. La partie professionnelle d'inOut s’achève sur la perception citoyenne des nouvelles mobilités. Organisé le 27 janvier 2018 dans cinq territoires parmi lesquels la métropole de Rennes, le premier débat citoyen mené en France sur l’arrivée des véhicules sans conducteur livre ses premières conclusions, présentées par le Forum Vies Mobiles et le cabinet Missions publiques. Celles-ci sont moins tranchées que certaines enquêtes d’opinion sur le sujet : 63% des 361 participants jugent en effet souhaitable l’arrivée des véhicules autonomes et près d’1 citoyen sur 2 est prêt à abandonner son véhicule individuel et à faire évoluer ses modes de déplacement. Cette ouverture est cependant soumise à certaines exigences: les citoyens attachent une grande importance à la fiabilité, à la sécurité et au confort de ce service. Autre exigence : celle de justice sociale, puisque les citoyens veulent que ces nouveaux modes de transports soient accessibles à tous et dans tous les territoires. Pour assurer ce rôle d’anticipation, de régulation et de justice sociale, les usagers attendent enfin beaucoup des pouvoirs publics. Début 2019, une réplique continentale du débat sera organisée dans 25 villes et 10 pays. L’occasion de tester à l’échelle européenne cette appétence…sous conditions.

16 mars, 14 h 00. Trait d'union entre les volets professionnel et grand public d’inOut, le forum citoyen organisé avec Enedis dans la Nef du Couvent des Jacobins est l’occasion d’échanger sur l’avenir de la mobilité électrique. Dans une salle composée à 85% de citoyens n’ayant jamais utilisé de véhicule électrique, les experts passent en revue les grands enjeux de développement de l’électromobilité, de l’installation des points de recharge à la transformation des flottes de transport collectif en passant par l’augmentation des capacités d’autonomie des véhicules électriques. Equipés d’outils interactifs fournis par Klaxoon, les citoyens répondent à des quiz et posent leurs questions aux intervenants. Parmi les principaux freins qu’ils associent au développement de l’électromobilité : le coût d’acquisition d’un véhicule électrique et son autonomie. Matthieu Rubion d’Enedis désamorce en expliquant qu’alors qu’un Français parcourt en moyenne 32km en voiture par jour, l’autonomie réelle des véhicules se situe aux alentours de 300km. Il invite également l’auditoire à prendre en compte le coût global, car un véhicule électrique coûte moins cher en entretien qu’un véhicule thermique et bénéficie d’aides de l’Etat. En fin de forum, on demande aux citoyens de définir en un mot la mobilité électrique via Klaxoon. Les termes employés : zen, respiration, smart city, avenir, silence…Beau programme, non ?

16 mars, 16 h 00. La mobilité électrique, justement, les Rennais en font l'expérience dès l’ouverture du [OUT], avec la mise en circulation pour la première fois à Rennes des Bluebus du groupe Bolloré, 100% électriques et fabriqués dans le Finistère. Sur l’ensemble du week-end, 3000 usagers vont tester ces bus silencieux et écologiques, mis en service à partir de mai 2018 pour une expérimentation de deux ans sur la métropole de Rennes. Plus de 2000 usagers découvrent également la navette sans conducteur d’EasyMile/Transdev, qui offre une nouvelle manière de se déplacer pour parcourir ce qu’il est de coutume d’appeler le premier ou le dernier kilomètre.

16 mars, 18 h 00. Sur l'Esplanade Charles de Gaulle, le village inOut vient d’être inauguré par Emmanuel Couet, président de Rennes Métropole, et Nathalie Appéré, Maire de Rennes. Pendant tout le week-end, les habitants y testent les nouvelles solutions de mobilités : tours de véhicules hydrogènes avec Engie, sensibilisation à la sécurité routière et test des nouveaux engins de mobilité urbaine (trottinettes électriques, gyropodes) avec Allianz, simulation de la conduite d’un métro avec Siemens, découvertes de l’univers ferroviaire avec la SNCF, des initiatives de la Région Bretagne pour l'avenir des territoires, des innovations mobilités accompagnées par les pôles de compétitivité iD4CAR et Images & Réseaux … On en profite pour interroger Sébastien, Janine ou Ismaël qui nous révèlent leurs découvertes et coups de cœur mobilités.

17 mars, 16 h 00. Pendant que l'ambiance bat son plein au village inOut, les mobilités prennent leurs quartiers dans toute la ville de Rennes. Sur le Mail François Mitterrand, l’atelier de réparation de vélos La Petite Rennes propose aux habitants d’expérimenter le GoldSprint, une course à vélos en réalité virtuelle, pendant que des pilotes en herbe testent Photor, une course de voitures télécommandées équipées d’un sténopé permettant de prendre une photographie. Place de la Mairie, les passants prennent d’assaut les simulateurs de sports extrêmes ou visitent les cahutes, des micro-maisons mobiles, écologiques et connectées.

L'imagination au pouvoir !

18 mars, 14 h 00. Pour inventer les mobilités de demain, on peut compter sur l'imagination citoyenne. Les marathoniens créatifs de Métromix, événement rennais de prototypage d’objets et de services de mobilité connectée, présentent leurs projets : Facitrajet, qui permet après avoir scanné ma carte de transport d’énoncer ma destination dont l’itinéraire est calculé puis imprimé sur un support papier adapté à ma vue et simplifié ; Buzic, qui permet aux usagers des transports en commun de proposer des titres de musique ou de voter pour ceux d’autres passagers, afin de définir l’ambiance musicale de leurs trajets…

De son côté, le Ti Lab, laboratoire régional d’innovation publique, présente avec des étudiants en design des services de mobilité pensés pour et par les jeunes. Enfin, les enfants se muent en apprentis ingénieurs, invités par l’association Bug à imaginer leurs véhicules du futur à partir du logiciel de conception et d’impression 3D Tinkercad.

D'inOut 2018 à inOut 2019

18 mars, 18 h 00. La première édition d'inOut2018 touche à sa fin. Pendant 5 jours, professionnels et citoyens ont décrypté, débattu et exploré l’avenir des mobilités. 

Et après ? La prochaine édition se déroulera du 28 au 31 mars 2019… Tous à vos agendas ! Entre-temps, la dynamique inOut ne décélérera pas, avec l’accompagnement d’expérimentations dans des domaines aussi divers que le stationnement ou l’éclairage public intelligent, les bus connectés, le covoiturage ou l’autopartage, le pilotage des recharges des véhicules électriques ou encore la collaboration autour des données de mobilité. Tout au long de l’année, nous vous raconterons les avancées de ces projets qui contribuent à façonner des solutions de mobilité plus économiques, plus écologiques, plus accessibles, plus personnalisées et plus conviviales. Restez connectés !