Le Prix Ados, celui qui 
fait aimer les livres

et vous en avez deux pour le prix d'un

En fait, le Prix Ados, c'est deux prix : le Prix Ados auteurs, qui récompense leur livre préféré parmi une sélection annuelle de dix ouvrages, et le Prix Ados créateurs, qui met en avant les créations artistiques des jeunes Bretilliens inspirées par cette sélection. Avec une imagination sans limite, des jeunes d’Ille-et-Vilaine réinventent ainsi leur rapport à la lecture et à la littérature. 

C’est en 1994 que le Département d'Ille-et-Vilaine et Rennes Métropole ont créé le Prix Ados, avec pour objectif de donner goût à la lecture chez les adolescents en leur faisant découvrir la littérature jeunesse et rencontrer des auteurs. L’édition de l’année scolaire 2015-2016 s’est achevée mercredi 1er juin 2016 par un temps fort aux Archives départementales à Rennes, où ont été dévoilés les différents palmarès.

"Est-ce que vous écrivez 

vraiment tous les jours ?"

Ce prix littéraire décerné par les adolescents d'Ille-et-Vilaine a récompensé la romancière Marine Carteron, auteur de « Mon frère est un gardien », premier tome de la série Les Autodafeurs. Enseignante en classe de terminale, elle n’a pas pu se libérer pour recevoir son prix mais a tenu à remercier les jeunes lecteurs du département par le biais d’un message vidéo.


« Chaque année, près de 170 romans pour adolescents sont présélectionnés, preuve du dynamisme de la littérature jeunesse », expliquent deux des membres du jury, Amélie Ravel, responsable de la libraire La Courte échelle à Rennes, et Christine Couvert, bibliothécaire jeunesse à la médiathèque de Pacé. Les membres du jury lisent tous les livres et leur attribuent une note. « Dix romans sont retenus pour composer la sélection, en faisant en sorte qu’il y ait un équilibre entre les styles littéraires, les thèmes traités et la taille des ouvrages. »

La sélection 2016-2017 a été dévoilée par le jury. Dix auteurs sont en lice pour succéder à Marine Carteron : 
Anne Percin pour Ma mère, le crabe et moi,
Marie-Aude Murail pour Sauveur et fils,
Tristan Koegel pour Bluebird,
Muriel Zurcher pour Robin des graffs,
Eric Senabre pour Le Dernier songe de Lord Scriven,
Clémentine Beauvais pour Les Petites reines,
Eric Boisset pour Les Pierres de fumées,
Emmanuelle Maisonneuve pour Dans les branches,
Béatrice Nicodème pour L'Anneau de Claddagh,
Eric Pessan pour Aussi loin que possible.

Racontez-nous le métier d'auteur 

et la création d'un livre

Ce mercredi 1er juin aux Archives départementales, deux des auteurs de la sélection 2015/2016 étaient présents pour rencontrer leurs lecteurs : Johan Héliot, auteur de l'ouvrage de science-fiction Ciel 1.0, et Gwenaële Barussaud pour le roman historique Pauline, demoiselle des grands magasins. Tous deux ont pu échanger pendant une heure et demie avec les collégiens et leurs encadrants. Une discussion riche et stimulante sur le statut d’écrivain, la manière d’organiser sa journée de travail pour écrire un roman, le travail d’écriture et de narration, le choix des personnages, etc.

« Combien de temps cela prend-t-il pour écrire un roman ? », interroge Osian. Chaque écrivain travaille à son rythme : Johan Héliot a rédigé Ciel 1.0 en trois mois ; il a fallu plus de six mois à Gwenaële Barussaud rien que pour rassembler la documentation historique nécessaire à l'écriture de son roman, dont l'histoire se situe au 19e siècle pendant le Second Empire.

Un autre collégien, Lucas, demande : « Quels sont vos horaires de travail ? » Là encore, les différences sont notables entre Johan Héliot (« à partir de l'après-midi, le soir et parfois au milieu de la nuit, un moment d’inspiration privilégié ») et Gwenaële Barussaud, qui a longtemps jonglé avec un métier parallèle de professeur de Français et qui doit aujourd’hui s’accorder avec une vie de famille bien remplie…

« L'imagination peut surgir à n'importe quel moment de la journée, fait remarquer l’auteure de Pauline, demoiselle des grands magasins. Ecrivain est un métier de création mais qui nécessite une grande rigueur au travail, en s’astreignant d’écrire tous les jours au moins quelques jours pour garder le fil de son histoire. » Un point de vue partagé par Johan Héliot qui « prend des notes sur un carnet et des feuilles volantes avant de rédiger le roman par ordinateur pour faciliter l’envoi du manuscrit aux maisons d’édition ».

Ces détails techniques ne doivent pas faire oublier l'essentiel : le plaisir d'écrire et de raconter des histoires, qui vient généralement de pair avec le plaisir de dévorer les livres. « Le véritable talent de l’écrivain, c’est la persévérance, confie Johan Héliot. Si vous êtes curieux de nature, imaginatif et que vous croyez en vos histoires, écrivez-les ! Il n’y a pas d’âge pour rédiger un roman ni même pour être publié. »

Fanzines, vidéos, arts plastiques...
Les livres inspirent les ados 

Qui sait, y avait-il parmi l'audience de futurs lauréats du Prix Ados auteurs ? De nombreux adolescents étaient là non seulement pour rencontrer les écrivains mais aussi pour présenter leurs propres projets, effectués dans le cadre du Prix Ados créateurs. Le principe : durant toute l’année scolaire, les jeunes Bretilliens étaient invités à proposer des créations artistiques évoquant les univers de livres de la sélection.

Le palmarès des créations individuelles a consacré des élèves du collège Rosa Parks de Rennes, qui ont présenté des œuvres d'art plastique appréciées par le jury. Le podium a été trusté par des jeunes de l'établissement du quartier Kennedy !

Pour les créations collectives, la troisième place est revenue à 12 jeunes de Maure-de-Bretagne. Olivier, animateur jeunesse de l'association locale Léo Lagrange, explique le projet : « Notre choix s'est porté sur l’ouvrage d’heroic fantasy Finisterrae de Jeanne Bocquenet-Carle. Nous sommes partis pendant deux jours en forêt de Brocéliande pour libérer l’inspiration et susciter la création. » Résultat, des fanzines rédigés par les jeunes écrivains en herbe, dans lequel ils racontent leur ressenti sur l’histoire. Une révélation pour Alexandre, 13 ans, qui a même eu le plaisir de rencontrer la romancière il y a quelques semaines. « Travailler à partir d’un roman et rencontrer celle qui l’a écrit donne envie de s’y mettre à son tour », a-t-il avoué. Le point de départ d’une vocation ?

Aux deux premières places du palmarès, ce sont des créations vidéos qui ont été récompensées : celle des jeunes de Messac en second et, en tête d'affiche, les bande-annonces réalisées par 11 jeunes de 5e, 4e et 3e du collège Saint-Joseph de Pipriac : Mattis, Galahad, Matteo, Eléane, Florian, Sarah, Titouan, Lucas, Pauline, Julien et Osian. Ceux-ci étaient encadrés par une professeure documentaliste de l'établissement, Nadine Bouchard, et par l'animateur du PIJ Fabrice Bodiguel.

« Il a été convenu de travailler à partir de deux ouvrages de la sélection : Finisterrae de Jeanne Bocquenet-Carle et Vibrations de Raphaële Frier, qui présentaient l'avantage d'être très différents, la première histoire étant située dans un univers fantastique et la seconde plus moderne et réaliste. Une fois que les collégiens ont lu ces deux ouvrages, ils se sont mis d’accord pour en tirer des vidéos et nous n’avons eu qu’à les accompagner, en collaboration avec Rémi Duquenne, animateur cinéma de l’association Souliers », précise Nadine Bouchard.

L'enthousiasme des participants s'exprime dans deux bande-annonces d'1m30 chacune, complétées par un making-of. Tous ont mis la main à la pâte selon leurs talents et ses affinités : certains travaillant à l’écriture des scénarios, d’autres à la réalisation, ou encore à la réalisation de la bande-son, des effets spéciaux, à la mise en scène des acteurs… « On s’est inspiré des bande-annonces qu’on connaît, comme celles de Twilight et Harry Potter, en y apportant notre propre touche », explique Titouan.

Vous voulez voir le making of ?

Pour Vibrations aussi, il y a un making of.

Le résultat est bluffant, avec un vrai travail de réinterprétation par l'image et le son des deux romans de la sélection. Comme le dit Eléane, « tout le monde a une vision différente d'un livre, on a proposé la nôtre… et c’était super cool à faire ! » Le talent des collégiens de Pipriac a séduit le jury, ainsi que leur volonté de « donner envie de lire aux copains moins lecteurs », estime Matteo. Parmi les 11 participants, certains se sont découvert une passion pour le cinéma, d’autres pour l’écriture. Tous ont accru leur plaisir de lire au travers de cette expérience.

« Pipriac montre que la culture est accessible, y compris en milieu rural, se réjouit le directeur de l'établissement scolaire Jean-François Houée. Ce Prix Ados créateurs permet d'inventer des possibles. Pour les collégiens, c’est encourageant et formateur. » Lire, écrire, persévérer, être libre et créatif : tels pourrait être les commandements d’une éducation épanouie par la littérature.


Reportage : Régis Delanoë (textes), Franck Hamon (photos).

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