Une journée dans mon centre départemental d'action sociale

enfance, famille, santé, vieillesse, insertion

Avez-vous déjà poussé la porte d'un centre départemental d’action sociale (Cdas) ? Faisons connaissance avec les professionnels qui, chaque jour, apportent aide et conseils dans les domaines de l’enfance, la famille, la lutte contre les exclusions, la santé, la perte d’autonomie liée à l’âge… Reportage au Cdas de Janzé, en Ille-et-Vilaine.

09:00 // Delphine Dourdain, agent d'accueil, oriente le premier visiteur de la matinée.

"Je suis le premier contact des usagers qui viennent rencontrer l'équipe médicosociale. Au-delà de l’accueil, il faut pouvoir faire une première évaluation de la demande. Ce qui suppose une bonne connaissance des missions de chacun. Le Cdas est une référence pour l’accompagnement des personnes vulnérables dans les domaines de l’enfance, la famille, le logement..."

09:30 // Ludivine Jouzel, assistante sociale, reçoit Elodie

La jeune femme bénéficie du revenu de solidarité active (RSA). Elle loue un logement assez mal isolé. Ses factures d'électricité sont élevées. Elle doit faire face à une demande de régularisation de 350€. L'assistante sociale va l'aider à mettre sa situation à plat et l'accompagner dans la recherche d’une solution.


"Si une personne est en difficulté financière, par exemple, je vais étudier avec elle son budget. Nous allons voir quelles dépenses peuvent être revues. Si besoin, nous allons déposer une demande d’aide financière. Ce n’est pas facile pour les personnes de venir exposer leurs difficultés. Beaucoup ne voient pas d’issue. Mon rôle consiste à répondre à un problème immédiat mais aussi à les aider à ne pas se retrouver dans la même situation à l’avenir. Je donne beaucoup d’informations sur l’accès aux droits, notamment dans les cas de séparation. J’ai un rôle de conseil et d’orientation pour toutes les démarches administratives. Je vais voir comment la personne vit la situation, comment les choses peuvent s’organiser dans l’intérêt des enfants s’il y en a. Je reçois aussi des parents qui rencontrent des difficultés avec leurs enfants et se sentent dépassés. On réfléchit ensemble à ce qu’il conviendrait de changer. J’essaie aussi de les amener à pointer ce qui est positif. Mon rôle, c’est de rétablir la communication au sein de la famille. J’ai une fonction de généraliste. Je vais appréhender globalement une situation et si besoin, orienter les personnes vers des collègues plus spécialisés ou des partenaires extérieurs."

Où est mon Cdas ? 

10:00 // Chantal Héleine, conseillère sociale en gérontologie, se rend au domicile d'une personne âgée dans le cadre d’une demande d’allocation personnalisée d’autonomie (Apa)

Versée par le Département, l'Apa finance les services qui facilitent le maintien à domicile de ceux qui ne sont plus capables d’accomplir les gestes de la vie courante.

"La personne âgée ou un membre de sa famille fait une demande d'Apa auprès du centre local d’information et de coordination (Clic) ou du centre communal d’action sociale de sa commune. C’est ensuite que j’interviens. Je me rend au domicile de la personne pour parler avec elle de ses besoins. En présence d’un de ses enfants si elle le souhaite. Je m’occupe d’un secteur rural où les demandes sont faites tardivement et toujours justifiées. Mon collègue médecin conseil territorial va s’attacher à la santé de la personne et évaluer sa perte d’autonomie. En complément et en concertation avec lui, je vais déterminer avec la personne comment on peut l’aider. Je prends le temps de créer une relation de confiance et d’élaborer un plan d’aide qu’elle pourra accepter. Ce plan peut comprendre des heures d’aide à domicile pour la toilette ou l’habillage, le portage de repas, la téléalarme, des temps d’accueil de jour pour les personnes atteintes d’Alzheimer voire un hébergement temporaire… Le coût est abordé. En fonction des ressources, l’Apa finance tout ou partie du plan d’aide personnalisé. Le nombre de demandes augmente chaque année. J’ai également de nombreuses demandes de révision du plan d’aide, suite à des hospitalisations par exemple."

11:00 // Véronique Nabucet, infirmière, assistée de Virginie Bechard, informatrice sociale, a rendez-vous salle des Halles à Janzé

Dans le cadre de l'action «Mieux manger à tout âge», elle va dispenser des astuces et conseils aux dynamiques retraités du Club de l’amitié pour les aider à se maintenir en bonne santé.

"Nous menons des actions collectives dans un objectif de prévention. Pour « Mieux manger à tout âge », nous avons organisé des ateliers avec des élèves du lycée professionnel de la Maison familiale rurale, des adolescents de l’espace jeunes mais aussi des mères et des assistantes maternelles. Nous avons également tenu un stand au marché. Nous adaptons nos actions aux différents publics. Je fais aussi partie de l’équipe de protection maternelle et infantile (PMI). A ce titre, je participe au bilan des 4 ans dans les écoles. Tous les enfants peuvent bénéficier de ce bilan. C’est l’occasion de vérifier l’ouïe, la vue, le langage… J’accompagne aussi les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) sur le plan de la santé, dans leurs démarches auprès de la Sécurité sociale, de la Maison départementale des personnes handicapées, d’un médecin traitant..."

12:00 // Sophie Le Lan, conseillère technique, fait le point avec des collègues

"Une de mes fonctions, c'est d’aider mes collègues à prendre du recul, aussi bien la secrétaire que la responsable ou l’assistante sociale. On peut vite être happé par l’urgence d’une situation. On a besoin de se poser pour réfléchir au meilleur moyen d’accompagner les personnes, à la façon d’intervenir dans une famille. Je peux aider une collègue de l’aide sociale à l’enfance à trouver les bons termes pour un rapport de signalement ou la préparer à une audience de justice. Ma porte est toujours ouverte. Mon bureau est central au Cdas pour accueillir mes collègues tout en respectant le secret professionnel. Cet échange est souvent une première étape avant l’exposé d’une situation en commission pluridisciplinaire. Je suis l’interface entre ce qui remonte du terrain et la hiérarchie. Les travailleurs sociaux ont une mission d’accompagnement et de soutien aux familles. J’exerce ce même travail mais pour mes collègues."

14:00 // Mélanie Travert, animatrice locale d'insertion, accompagne François, bénéficiaire du revenu de solidarité active (RSA)

Le jeune homme veut trouver un appartement. L'animatrice locale d'insertion va le guider dans sa recherche de logement social. Elle va aussi l’aider dans sa demande de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé et sa recherche d’un emploi adapté. Le territoire compte plus de 200 bénéficiaires du RSA.

 "Je les reçois tous au moins une fois au CDAS pour les informer de leurs droits et de leurs devoirs et définir avec eux quel accompagnement serait le plus adapté à leur situation. Pôle Emploi accompagne ceux qui sont autonomes dans leur recherche d’emploi et qui ne connaissent pas de difficulté sociale. L’animatrice locale d’insertion accompagne les personnes qui rencontrent des freins pour accéder à l’emploi, notamment sur le plan de la santé, du logement, de la mobilité… Elle peut les orienter vers des collègues – assistante sociale, infirmière… – ou vers des partenaires extérieurs – point accueil emploi, bailleurs sociaux… Je reçois les bénéficiaires du RSA une ou plusieurs fois par mois voire tous les 3 ou 6 mois, tout dépend des situations. Les entretiens permettent de faire le point. Un contrat d’engagement est passé avec chaque personne, ce qui est une obligation légale. J’ai des permanences à Janzé mais aussi à Retiers et à Martigné-Ferchaud pour pallier aux problèmes de déplacement et être au plus proche des usagers."

15:00 // Anne-Gaëlle Collet, puéricultrice, répond aux questions d'une maman venue avec son nourrisson

Elle fait partie de l'équipe PMI (protection maternelle et infantile) qui comprend, outre les 3 puéricultrices, un médecin, une infirmière, une auxiliaire de puériculture, une sage-femme, une conseillère conjugale et familiale et une secrétaire.

"Nous accompagnons les parents d'enfants entre 0 et 6 ans. L’arrivée d’un enfant bouscule le quotidien et peut rendre la famille vulnérable. Nous accueillons les parents qui le souhaitent pour répondre à leurs questions. Sont souvent évoqués l’alimentation, le sommeil, les pleurs, le couchage, la motricité, l’éveil… Les parents attendent une écoute, une attitude bienveillante, pas un jugement. A côté des temps de permanence et de consultation, nous faisons beaucoup de visites à domicile pour les familles qui ont des difficultés à se déplacer. Nous proposons également des ateliers « relation par le toucher »pour renforcer le lien parent-enfant. Nous travaillons avec les maternités, les crèches, les écoles, les centres médico-psychologiques… J’espère que les familles nous voient comme un soutien, une ressource pour les aider dans leur rôle de parent et pas comme des personnes intrusives qui s’immiscent dans leur quotidien. Notre travail est diversifié. L’intérêt de l’enfant reste notre priorité."

16:30 // Sonia Chauvin, travailleur social Aide sociale à l'enfance, et sa collègue Manon Gilbert, recherchent une assistante familiale pour Alice

Pour protéger la petite fille, le juge des enfants a décidé de l’éloigner de sa famille.

"Nous intervenons à partir du moment où il y a un placement éducatif à l’Aide sociale à l’enfance (Ase). Notre mission première est de trouver un lieu d’accueil adapté au profil de l’enfant, soit chez une assistante familiale, soit dans un foyer. Ce travail s’effectue parfois dans l’urgence. Si nous recevons une ordonnance de placement provisoire dans la journée, nous pouvons passer jusqu’à 60 appels pour trouver une solution immédiate et adaptée à la famille. Le parent et l’assistante familiale sont reçus au Cdas par le responsable enfance famille et par moi-même. Dans les 15 jours, je serai reçue par le juge des enfants. D’ici là, je vais rencontrer le parent et l’enfant, organiser des visites dans un lieu neutre et préparer un exposé de la situation pour le juge. L’Ase est garante du placement de l’enfant, de son bien-être physique et psychique. A nous de voir comment ça se passe dans sa famille d’accueil, à l’école, lors des rencontres avec ses parents… Nous sommes toujours dans la bienveillance avec comme objectifs de rétablir un lien entre l’enfant et le parent et de travailler au retour de l’enfant dans sa famille lorsque c’est possible. C’est un travail de longue haleine. Il faut commencer par dépasser la méfiance envers les services sociaux. Nous sommes souvent dans l’action, très sollicitées par les appels des parents ou des enfants, occupées à rédiger notes et rapports pour le juge des enfants. Des temps d’échange en équipe nous permettent de prendre du recul. En plus des visites « protégées » que nous organisons entre parent et enfant en notre présence, nous avons des échanges avec les enfants."

17:00 // Cécile Richard, responsable du Cdas, réunit l'équipe d’animation

Cette équipe réunit plusieurs métiers : médecin de la protection maternelle et infantile (PMI), médecin référent pour les personnes âgées et les personnes handicapées, responsable enfance famille, conseillère technique. Parmi les thèmes abordés : la coordination entre services, la bienveillance entre collègues, la mise en place de procédures pour la sécurité des agents, la continuité du service pendant les congés…

« En tant que responsable du Cdas, j’ai un rôle important en matière de management, d’animation des équipes et de lien avec l’agence départementale, le siège et les élus. Il faut également gérer les relations avec les partenaires du territoire : communautés de communes, centre hospitalier, associations du secteur social, mission locale, caisse d’allocations familiales… On assure la gestion d’une instance partenariale pour ce qui relève du revenu de solidarité active (RSA) et du fonds de solidarité logement (FSL). On est aussi en charge de la protection de l’enfance, du suivi des informations préoccupantes. Et, bien sûr, responsable de la sécurité des agents et du bâtiment. »


Vous rencontrez des difficultés personnelles ou familiales : n'hésitez pas à vous rapprocher de votre Centre départemental d'action sociale ou à contacter Info Sociale en Ligne par téléphone au 0 810 20 35 35