Florence Picard,
une femme dans le Street Art

L'art emballe la fibre optique


Artiste, jeune et Évryenne, Florence Picard est la première figure
féminine à participer au Wall Street Art. Bien sûr, le festival accueille
et fête les grands artistes, français et étrangers, du Street Art
qui embellissent la cité. Mais il serait incomplet sans donner
un espace d'expression aux artistes « d’ici et de demain ». Pourquoi
pas sur des boîtes de fibre optique? Portrait de l’artiste en pied.



Même si Florence Picard n'est pas née à Évry, elle en connaît tous
les recoins puisqu’elle arpente la ville depuis qu’elle est toute petite.
Après des études aux Beaux-Arts de Besançon et un master en poche,
elle est revenue dans sa ville et travaille au Théâtre de l’Agora.
En 2015, elle répond à un appel à projet dans le cadre du festival
Street Art organisé par l’agglomération. Sa proposition est retenue,
la seule contrainte étant de couvrir deux boîtes de fibre optique
de 1,70 cm x 1,70 cm. Après une première proposition,
elle choisit de représenter le thème de l’œuvre Moby Dick.

Comme dans le roman Moby Dick,
l'homme doit-il toujours chercher
à soumettre la nature et la détruire ?

Pourquoi avoir choisi Moby Dick
pour couvrir ce type de mobilier urbain ?

Ce roman est un classique que tout le monde connaît et qui parle à chacun.
Le contraire de l'élitisme. Et puis surtout, c’est la première oeuvre
que j’ai lue. Cette traque à la baleine, mue par la haine du capitaine, montre
une quête vaine face à un animal fabuleux. Tandis que le capitaine s’affaiblit
de jour en jour, mangé par sa propre fureur, la baleine, symbole de la nature, triomphe. Pour moi, ce cachalot blanc, loin d’être un monstre sanguinaire,
est un mythe vivant qui apporte du merveilleux dans la vie. Dans ce roman, Melville prévient également des dangers de la chasse intensive.
Aujourd’hui, le livre pose toujours la même question qu’il y a 200 ans :
l’homme doit-il toujours chercher à soumettre la nature et la détruire?
C’est pour toutes ces raisons j’ai eu envie de représenter Moby Dick.

Pour quelle raison avoir répondu à cet appel à projet ?

Je connais bien Évry et j'avais envie d’apporter quelque chose à ma ville. C’est bien que des artistes internationaux peignent ici, mais c’est aussi utile de montrer aux habitants que les Evryens peuvent participer à l’embellissement de leur commune. Chacun d’entre nous peut collaborer à l’évolution de la ville selon ses activités. Pour moi, l’art est un acte politique qui doit faire progresser la société.

Bien que ce soit ma première création sur du mobilier urbain, j'ai l’habitude de peindre de grands formats.

Comment procédez-vous ?
Je travaillerai au pochoir et au spray. En noir et blanc avec quelques
petits rehauts de doré et de cuivre, pour figurer cette légendaire baleine
blanche sur un côté des deux Street Box. Sur l’autre face, je peindrai
un extrait de l’œuvre de Melville. Sur les côtés et au-dessus, l’océan…

Plusieurs bornes sont installées à travers la ville.
Avez-vous choisi cet emplacement par hasard ?

J’ai choisi précisément ces deux bornes car elles se trouvent
sur le boulevard de l’Yerres. C’est un endroit que je connais bien,
situé entre mon travail et la salle d’escalade que je fréquente.
C’est une partie de la ville lumineuse et verte, toute
proche du parc des Coquibus où j’aime me promener à vélo.
Une raison supplémentaire de vouloir l’investir.

Vous êtes une artiste éclectique : vous participez
à des installations, vous faites de la céramique, de la peinture,
de la broderie… Qu'est-ce qui vous attire dans le Street Art ?

Le Street Art, c’est la possibilité pour les créateurs d’habiter un lieu urbain, mais aussi de dialoguer avec les habitants du quartier où l’on peint. D’impulser des discussions entre les gens.  Le Street Art a fait évoluer l’art, l’a fait descendre dans la rue. C’est antiélitiste et en plus, ce n'est pas fait pour durer.

J'ai créé une installation
autour du thème des pinatas mexicaines
pour une exposition au centre culturel
de Besançon en 2015.
Traditionnellement, les pinatas sont faites à partir de paille ou de  papier mâché et remplies de bonbons.
Les enfants les battent pour faire  jaillir les sucreries... et les manger.


Quels sont vos projets ?

Après avoir participé à plusieurs expositions : au centre culturel de Besançon, en 2015, au musée des Beaux-Arts de Dôle en 2016, lors d'une exposition collective, et également pour l’inauguration de La Fabrique, à Évry, je prépare une exposition en septembre prochain à Narbonne, au centre d’art contemporain L’Aspirateur. Le thème ? « L’art peut-il être une fête. » Un début de réponse…

Moby Dick : 9 boulevard de l’Yerres, Evry.

Site internet : http://florencepicard.portfoliobox.fr/florence-picard-s-portfolio