ECB, DE KOBLENZ À EVRY

Le Street Art fait le (grand) mur

Invité au festival Wall Street Art Grand Paris Sud, l'Allemand ECB est un artiste qui voit la vie en grand. Il aime et privilégie les formats gigantesques pour réaliser ses portraits d’hommes et de femmes du monde entier. Pour le festival, il peindra le 6 juin, le visage d’une vielle Sibérienne sur le mur du foyer Rameau, à Evry. L’art d’aujourd’hui, ici et maintenant !

Après des études d'art à Koblenz, Hendrik Beikirch, alias EBC, commence
à dessiner dans les années 90, à une époque où le Street Art s’appelait encore «graff». Son style ? Influencé par le graff new-yorkais et ses explosions de couleurs, il épure peu à peu son trait. Il exécute des portraits, surtout en noir et blanc, de personnes souvent marqués par la vie et le passage du temps. Il dessine d’abord en atelier ce qu’il représentera ensuite sur les murs du monde entier.
De plus en plus réalistes, voire hyperréalistes, ses visages gagnent en intensité, d’autant que l’artiste joue avec le support brut du mur, ses aspérités pour transmettre davantage de densité aux sujets. « Je mets aujourd’hui l’accent sur
les textures afin de souligner l’expression de mes portraits
», explique-t-il.


« Je mets aujourd'hui l’accent sur les textures
afin de souligner l’expression de mes portraits »

UN PONT ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ

Les formats XXL lui permettent de s'exprimer – plus librement ? – en tout cas, de symboliser le lien qui relie hommes et cités, coutumes et progrès technologiques. Emblématique de son art de la démesure, la grande fresque murale d’une hauteur de 70 m, réalisée en 2012 à Busan en Corée du Sud, s’inscrit parfaitement dans le décor futuriste de la ville et dans son dessein pictural. Le portrait du vieux pêcheur coréen semble faire la jonction entre tradition et modernité dans un pays en pleine mutation. Hendrik Beikirch corrobore : « En arrière-plan, les gratte-ciel designés par Daniel Libeskind, offrent un cadre parfait, à la fois sur le plan esthétique et le contenu ». Un pont entre modernité et tradition sur le point de s’effacer.

UNE MÉMOIRE QUI S’ESTOMPE

Intéressé par les modes de vie traditionnelle, l’artiste fait plusieurs séjours au Maroc en 2016 où il « capture » les expressions de Marocains âgés aux traits burinés ou de femmes au visage tatoué. De ces images, il crée des portraits
qu’il sème sur les murs des villes du monde entier, comme pour rappeler que partout sur Terre des traditions ancestrales – en Corée, au Maroc… – sont en train de disparaître .

Les coutumes ancestrales disparaissent.
L'artiste les capte au travers
du visage de ces vieilles femmes
marocaines au visage tatoué.
Hendrik ECB Beikirch. "Trades" Portrait of Fadma Tafza, a traditional tattooist for women faces.  The streets of Arce, Italy. (photo © Hendrik Beikirch)

Un peu à la manière du Français C215 ou du travail des ethnologues, ECB donnent la parole, rend hommage aux sans paroles, à des hommes, des usages ancestraux amenés à disparaître. "I want to transform people from the anonymous to the iconic, while paying tribute to trades that might be gone in the near future." « Je veux transformer les personnes de l'anonyme en emblématique, tout en rendant hommage aux métiers qui pourraient disparaître dans un proche avenir. »

Un artiste à la recherche de sa mémoire et d’une mémoire collective.


Site web : hendrikbeikirch.com

www.wallstreetart.grandparissud.fr