Qui sont les saints que l'on nous montre?

2016, année ostensionnaire

Cachés des regards depuis 7 ans, les saints du Limousin sont offerts à la vue de tous cette année.  Mais qui étaient-ils ? Voici leur nom et leur histoire, commune par commune. 

Aureil

Gaucher naît vers 1050-1060 dans les Yvelines, à Meulan. Ermite, il se fixe en Limousin avec son ami Humbert. Après une nuit de prières à Saint-Léonard, ils s'arrêtent lors de leur périple à travers les forêts, à Aureil. Il fonde le prieuré des chanoines réguliers. Un autre monastère sera fondé par Gaucher à Bost-las-Mongeas (le Bois-des-Nonnes). Gaucher meurt octogénaire... d'un accident de cheval ! L'évêque de Limoges le canonisa en 1194.

Aixe-sur-Vienne

Alpinien aurait été le premier disciple de Saint-Martial et aurait annoncé la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ à Limoges. On lui attribue le pouvoir de guérir les paralytiques et les possédés. En 1275, il est inhumé à Limoges aux côtés de Saint-Martial puis transféré à Ruffec en Charente. Ses reliques sont éparpillées façon puzzle. Certaines se trouvent à Castelsarrasin. D'autres sont conservées à Limoges, Aixe, Ruffec et Rouffignac en Dordogne.

Photo Brigitte Azzopard

Chaptelat


L'un des saints les plus connus en France est Saint-Eloi, ministre de Dagobert que tout monde a chanté enfant. Né en 588, celui que l'on vénère en Europe, au Canada et en Afrique est célébré tous les sept ans dans la commune. Eloi, orfèvre hors pair est le fondateur de l'abbaye de Solignac. Selon la légende, l'église de Chaptelat aurait été construite à l'emplacement de sa maison natale.


Le Dorat


Saint-Israël : Né en 950, il est connu pour sa légendaire charité. Durant le mal des ardents en 994, il effectue des rondes nocturnes dans la cité. Un an avant sa mort, Israël assiste au début de la construction de la collégiale du Dorat, destinée à remplacer l'église détruite par un incendie.


Saint-Théobald naît en 990 au Cheix, près du Dorat. Ses parents sont des cultivateurs. Son intelligence qualifiée de supérieure lui permet de rapidement devenir l'administrateur de la collégiale. Israël lui demande d'instruire un élève brillant, Gaultier : il sera le troisième saint du Dorat. Théobald meurt à 80 ans.

Les processions attirent une foule nombreuse

Photo Thomas Jouhannaud

Eymoutiers

La cité s'est développée autour du tombeau de Saint-Psalmet, au Moyen-Âge. Cet ermite né en Irlande en 570 réalisa de nombreux miracles quand il arriva en France. Au point qu'il décida de s'enfuir vers l'épaisse forêt de Grigeas en Limousin pour s'y retirer. Mais sa renommée était telle que des habitants venaient solliciter ses guérisons. Il redonna la vue à une femme et soigna la fille d'un seigneur mordue par une vipère. La ville de Domps (Domus Psalmodus) en tire son nom (la Maison de Psalmet). A sa mort, des pèlerins affluèrent à son tombeau.

Guéret

Fils d'un paysan creusois, berger et guérisseur, Saint-Pardoux est devenu aveugle le jour où un châtaigner s'est abattu sur lui. Il a alors consacré sa vie entière à Dieu. Ces reliques furent transportées de Guéret à Sarlat puis Arnac avant d'être présentées à la population de Limoges en 994 lors du mal des Ardents. Elles furent alors rapportées à Guéret et sorties exceptionnellement en 1685, pour éviter qu'un incendie ne ravage la ville toute entière.

Photo Thierry Sallaud

Javerdat

On y honore chaque année Saint-Blaise et Saint-Jean. Connu pour soigner les maux de gorge, le premier était un médecin et un évêque qui vécut en Arménie. Persécuté par Dioclétien, il se retira dans une grotte pour vivre en érmite. C'est là que des animaux sauvages venaient le voir pour recevoir sa bénédiction ou pour être guéris quand ils étaient malades. Il mourut en martyr, décapité.

Coup d'envoi des ostensions 2016, à Saint-Michel-des-Lions

Photo Thierry Sallaud

Limoges


Saint-Martial 

Premier évêque de Limoges, apôtre des Gaules est l'un des sept missionnaires de Rome venus évangéliser la Gaule. Dans les années 60, des fouilles sont effectuées lors des travaux de creusement du parking souterrain place de la république. Un tombeau lui étant attribué est découvert. Son portrait se trouve aujourd'hui encore sur le blason de la ville de Limoges.


Saint Aurélien

Patron des bouchers de Limoges, il est le successeur de Saint-Martial. Vénérant les dieux païens, Aurélien Cotta est envoyé en Aquitaine pour détruire le christianisme et s'oppose à Saint-Martial dans sa mission d'évangélisation. Frappé par la foudre puis ramené à la vie par Saint-Martial, il se convertit alors au christianisme. Il a ensuite succédé à Saint-Martial comme évêque, le deuxième de Limoges. La chapelle Saint-Aurélien abrite ses reliques.


Saint-Loup

Certainement originaire du Limousin, chargé de l'accueil des pèlerins visitant la crypte Saint-Martial, ce prêtre a participé aux côtés de Saint-Eloi à l'édification de l'abbaye de Solignac (son nom figure sur la charte de la fondation du monastère) et a été nommé évêque en 614. En 1158, ses restes sont transférés à l'église Saint-Michel-des-Lions de Limoges. Pour l'anecdote, l'anniversaire de sa mort déplaçait chaque années des milliers de pèlerins. C'est ainsi que naquit la foire de la Saint-Loup.


Sainte-Valérie

Deux histoires, deux versions. Celle du moine Adémar de Chabannes : selon la légende, Valérie fille du gouverneur de Limoges Léocadis fut décapitée parce qu'elle refusait de se marier au nouveau gouverneur Julius Silanus (également appelé le duc Etienne !). Son bourreau Hortarius fut frappé par la foudre. Valérie aurait ramassé sa tête pour aller voir Saint-Martial et la déposer à ses pieds. Hortarius fut quant à lui ressuscité par Saint-Martial. La seconde version date du XXème siècle : Valérie, femme d'une importante famille de Limoges aurait eu le privilège, non sans avoir versé quelques dons importants à la cathédrale, d'être enterrée aux côtés de Saint-Martial. Sa mâchoire inférieure se situe à Saint-Michel-des-Lions.

Photo Thomas Jouhannaud

Nexon 

15ème évêque de Limoges à la fin du VIème siècle (579-591), Saint-Ferréol est qualifié d'homme de justice et de paix et protège les habitants de Limoges des excès du roi Chilpéric en matière fiscale, s'occupe de relever l'église de Brive (celle de Saint-Martin) quand celle-ci fut incendiée. Il fut enterré à Limoges avant que ses reliques ne partent pour Nexon.

Pierre-Buffière 

Saint-Côme et Saint-Damien : ils vécurent au Moyen-Orient au IIIème siècle (la Turquie actuelle). Frères jumeaux, on leur attribue de nombreuses guérisons miraculeuses. Ils furent arrêtés et ramenés dans la ville d'Alep (Syrie) devenue tristement célèbre récemment... Refusant les dieux romains et diffusant le christianisme, il sont condamnés à mort. Ils sont depuis devenus les Patrons des médecins et des chirurgiens. Leurs reliques sont conservées dans l'église Sainte-Croix. 

Rochechouart 

Saint-Julien-de-Brioude, soldat de l'armée romaine, probablement originaire de Vienne en Isère vécut son christianisme secrètement et dut fuir, à l'annonce d'une persécution à venir. Il se réfugia en Auvergne avant d'être arrêté à Brioude. La légende raconte qu'il se livra lui-même à ses poursuivants au IVème siècle. Il fut décapité et sa tête fut amenée à Saint-Ferréol (cf Nexon) qui subit le même sort.


Saint-Junien 

Les fondateurs de la cité, Amand et Junien, sont célébrés depuis 1512. Le premier, d'origine hongroise s'y installe en 500 avant d'être rejoint par Junien, originaire du Nord qui devient son disciple. On dit de Junien qu'il a accompli quatre grands miracles dont l'un d'eux consista à débarrasser la région d'un dragon à l'aide d'une croix.

Photo Thomas Jouhannaud

Saint-Just-le-Martel

Né entre 330 et 340, Just est enfant qualifié de « doux et bon ». Un jour, alors qu'il joue dans un pré avec ses camarades un orage éclate. Une grande lumière apparaît et un ange aux ailes déployées les protège de la foudre. Just remercie Dieu, puis se rend à Limoges. Il y fait la connaissance de Saint-Hilaire évêque de Poitiers qui l'ordonne prêtre. Il aurait ensuite accompli plusieurs miracles. La ville de Saint-Just a été construite sur sa sépulture. Le Martel est le marteau qu'aurait lancé un jour Saint-Just non loin du hameau du Verdaud en criant « Où mon marteau tombera, une église tu bâtiras ».

Saint-Léonard

Compagnon d'armes de Clovis, Léonard naît au Vème siècle. Il se voit offrir de hautes charges mais les refuse, préférant opter pour une existence tournée vers Dieu et devient disciple de Saint-Rémy. Il soutient les malheureux et délivre les prisonniers. Il s'installe dans la forêt de Pauvain, non loin de Limoges, pour mener une existence d'ermite. A sa mort, il est enterré dans la chapelle qu'il a fondée. Richard Coeur de Lion y viendra en pèlerinage, tout comme Charles VII et le futur Louis XI, Anne d'Autriche ou l'épouse de Nicolas II.


Saint-Victurnien

C'est en Ecosse que Victurnien aurait vu le jour au VII ème siècle. Il quitte son pays pour rejoindre le Limousin, vivre en ermite dans ce qui est surnommé « la vallée ténébreuse ». Capable de guérir les personnes atteintes de troubles mentaux, il est tellement réputé que les foules en masse viennent des autres régions pour lui rendre visite. Une église est dressée.

Saint-Yrieix-la-Perche

Arédius ou Arède, fondateur de Saint-Yrieix est issu d'une riche famille gallo-romaine. Un jour à l'église, une colombe vient se poser sur sa tête. Tout le monde y voit un signe divin. Lorsque son père décède en 572, il s'installe dans l'une de ses villas baptisée Attanum et la transforme en monastère. Ce cloître est le premier créé en Limousin. Saint-Arède meurt à près de 80 ans après avoir accompli de nombreux miracles. Saint Ferréol, évêque de Limoges, assiste alors à ses obsèques.

Photo Brigitte Azzopard

Sources: les "Limoges Insolite" et la "Haute-Vienne secrète" de notre collègue Jean-François Julien, les infos recueillies auprès des différentes mairies, Google et Wikipedia.