Commerce à Toulouse :
à chaque quartier
sa spécificité !


Pas moins de 1 600 boutiques peuplent le centre-ville de Toulouse pour un total de 220 000  m2 de surface commerciale et pas moins de 19 km de parcours marchand. Le plus grand centre commercial du sud de la France... qui répond à une implantation qui ne doit rien au hasard.

En effet, une récente étude de la Chambre de Comme et d'Industrie de Toulouse (CCIT) a établi que ce commerce de centre-ville se découpait en plusieurs unités marchandes clairement identifiées.

De la rue Alsace-Lorraine à la place de Bourse

Depuis la rue Alsace-Lorraine, porte d’entrée commerciale de l’hypercentre, à la place de la Bourse, où domine le commerce alternatif, huit secteurs marchands animent la ville  : le secteur Mass Market, correspondant à la rue Alsace-Lorraine, l’Alimentaire avec les marchés couverts des Carmes et de Victor-Hugo, le quartier Teenager via les rues des Filatiers et Saint-Rome, le haut de gamme du côté de la rue Croix-Baragnon, le secteur étudiant autour de la fac de droit, l’alternatif situé place de la Bourse et alentour et le secteur "prime" à la place Saint-Georges et environs.

Chacun de ces secteurs connaît une typologie de commerce, une identité et même un esprit propres qui, souvent, renvoient à leur histoire. Voici un focus sur ces différents secteurs marchands toulousains.

La rue Alsace-Lorraine,
porte d'entrée de la ville

Crédit : Côté Toulouse/D.Russeil

La rue la plus commerciale de Toulouse, porte d'entrée vers les autres commerces du centre-ville, rassemble l’ensemble des enseignes internationales que l’on peut retrouver dans les centres commerciaux.

Il y a Zara, Celio, Devred, H & M. Y résistent aussi quelques indépendants comme Habiague et Toulouse Stylo, respectivement présents ici depuis 130 et 70 ans. Le gérant de la deuxième boutique, Philippe Léon, est aussi le président de l’association de commerçants Vivre Ensemble la rue d’Alsace-Lorraine à Toulouse. Il nous parle de cette rue dont il a vécu en direct quelques-unes des grandes mutations.

L'axe chic de Toulouse

«  Aujourd’hui, la rue Alsace-Lorraine, c’est l’axe Nord-Sud de la ville, celui autour duquel s’organisent toutes les autres spécificités commerciales de Toulouse. Cela a été et cela reste l’axe chic où se concentre l’offre des grandes enseignes, une offre nécessaire pour l’ensemble de notre tissu commercial. C’est la vitrine commerciale d’un centre-ville piéton qui comprend 19 km de parcours piétonniers  », explique Philippe Léon, qui ne se lasse pas de raconter l’histoire de cette rue.

«  La rue Alsace-Lorraine a toujours été une rue commerçante dévolue à des produits haut de gamme même si le commerce de luxe s’est déplacé quartier Croix-Baragnon. L’arrivée du métro en 1993 a été une grande étape dans l’évolution de la rue puisqu’à partir de cette date, il y a eu beaucoup plus de monde. Une tendance accentuée avec la piétonnisation de la rue au milieu des années 2000  », rappelle Philippe Léon.

D'Haussmann à la piétonnisation

• Une ouverture dans la ville : À la fin du XIXe  siècle, Toulouse suit l’exemple de Paris avec la création de grands boulevards. Dans la Ville rose, deux artères voient le jour, soit la rue de Metz et la rue d’Alsace. Celle-ci est creusée de 1869 à 183. 

• L’arrivée du tramway dope l’activité commerciale : Au début du XXe  siècle, le tramway électrique dope l’activité des commerces et de nouvelles enseignes s’installent dans les grands immeubles : c’est le temps de Au Capitole ou encore de Maison Universelle, devenu Zara ces dernières années face au square de Gaulle. Le tramway cédera ensuite la place à la voiture.

• Le métro ouvre en 1993 : L’année 1993 est un tournant dans la vie de la rue Alsace avec le lancement de la ligne A et un afflux de nouveaux consommateurs.

• Deux chantiers pour une mue : Entre 2005 et 2012, la rue Alsace connaît une succession de chantiers visant à rendre l’espace aux piétons. De quoi faire son lèche-vitrines dans de meilleures conditions.

Carmes-Capitole,
le paradis des jeunes

La rue Saint-RomeCrédit : Côté Toulouse/A.Assémat

C'est l’axe de la flânerie, du shopping, de la virée entre copains (ou copines) ou l’endroit préféré pour boire un verre entre amis. Entre les Carmes et la place du Capitole, c’est la diversité commerciale, les bons plans restos et les magasins branchés.

La foule de la rue Saint-Rome

Le soir, la rue des Filatiers bouillonne. Le samedi après-midi, qui n’a pas vécu au moins une fois une promenade rue Saint-Rome à se marcher sur les pieds, notamment en période de soldes  ?

Voici l’axe préféré de la jeunesse toulousaine à l’affût des dernières tendances (Celio pour les hommes, C&A pour une cible familiale, ou encore Foot Locker pour les ados et les sportifs) et des dernières ouvertures de magasins. Les boutiques éphémères aiment également cette artère, proposant de bonnes affaires sur un court laps de temps. Pour les Toulousaines, le choix est garanti sur la mode, les chaussures et le vestimentaire avec des boutiques originales.

Rue des Changes, côté Esquirol, est l’endroit choisi aussi par Cup N Cake, les rois toulousains du cupcake. Auparavant situés rue Jules Chalande, Nancy et Nordine proposent notamment le « Nutella One », un cappuccino ou un chocolat chaud badigeonné de Nutella. Une pause gourmande dans la frénésie du quartier.

Le commerce alternatif,
roi de la Bourse !

La rue Cujas. Crédit : Côté Toulouse/D.Russeil

C'est probablement le quartier le plus atypique de Toulouse en terme d’activité commerciale. Une particularité qui tient à l’histoire même de ce quartier de la Bourse-Jacobins, situé entre le Capitole, les rues de Metz, Pargaminières et la Garonne. «  C’est un ancien quartier de grossistes et de fabricants de prêt-à-porter jusqu’à encore une trentaine d’années. Puis, ces activités ont migré en zones industrielles, laissant le quartier complètement sinistré pendant une dizaine d’années  », raconte Béatrice Sacholle, gérante d’un salon de coiffure rue Gambetta.

Un quartier d’indépendants 

Celle qui a fondé l’association des commerçants Bourse-Jacobins et en est toujours vice-présidente se souvient donc très bien du renouveau du quartier il y a une quinzaine d’années.

«  À l’époque, il a fallu le courage de jeunes entrepreneurs avant-gardistes pour oser s’installer dans ces rues à l’abandon  », souligne-t-elle.

Et c’est en se démarquant du commerce de masse que le quartier de la Bourse-Jacobins va ainsi peu à peu se développer : dans ces rues qui comptent quelque 400 professionnels indépendants (commerçants, artisans et libéraux), les franchises n’ont quasi pas droit de cité – seules quelques exceptions y sont installées, comme les marques American Apparel, Volcom et, dernièrement, Oxbow.

Des commerces éthiques, durables, "fait-main"…

Des professionnels qui partagent une certaine vision de la société. « Ici, l’offre tourne beaucoup autour des valeurs de développement durable, de commerce équitable, des produits artisanaux de qualité… », décrit Philippe Jalby, actuel président de l’association de commerçants et gérant de la boutique Éthic & Chic, rue Gambetta.


L’offre commerciale du quartier jouit ainsi d’une grande variété. Des restaurants bios côtoient ainsi une dizaine de coiffeurs et barbiers indépendants des magasins de vélos ou de prêt-à-porter éthique, des épiceries régionales (bretonne, italienne…), des professionnels de la médecine douce, des concepts stores dédiés à la déco made in France (L’interprète, Slow Concept…), des boutiques de Do It Yourself (Arrow Shop, Fifi Jolipois) et de jeux de société, le plus vieux magasin de machines à coudre de Toulouse ou encore des librairies spécialisées. C’est aussi le quartier des friperies, avec Groucho, Le Grenier d’Anaïs ou encore Kilostock…

«  L’offre est très complète, mais il nous manque encore un boucher, un crémier, un primeur, un fleuriste et un pressing  », regrette l’association des commerçants, qui s’est rapprochée de la chambre des métiers pour essayer de «  recruter  » ces professionnels et, ainsi, compléter le panel d’activités du quartier. Il constitue cependant déjà un bon vivier d’adresses loin des sentiers battus, pour des idées shopping originales.

Croix-Baragnon,
le chic en toute sérénité

La rue Croix-Baragnon. Crédit : Côté Toulouse/D.Russeil

À l'abri du tumulte de la rue de Metz, bien calé au calme entre Esquirol et la préfecture, le quartier Croix-Baragnon-Rue des Arts concentre toutes les enseignes haut-de-gamme de Toulouse, telles Louis Vuitton ou Longchamp.

Quartier de standing, classé

«  Ce sont des boutiques-locomotives qui attirent les clients par leur nom  », analyse Laurent Lopez, président de l’association des commerçants Croix-Baragnon. Selon lui, «  les gens qui viennent dans ce quartier, assez peu passant car il compte peu de bars et restaurants, sont donc quasiment déjà acheteurs  ».

Bien sûr, les commerçants profitent également de la manne liée au tourisme, puisque le quartier abrite l’un des joyaux du patrimoine toulousain : la cathédrale Saint-Étienne. Les petites rues semi-piétonnes, sans stationnement, attirent également les flâneurs…

Autant de clients potentiels qui viennent aussi chercher un service de qualité, taillé sur-mesure. «  C’est la force de nos commerces indépendants face aux grandes enseignes : apporter du conseil à notre clientèle. Personnellement, je connais 99 % de mes clients et peux ainsi devancer leurs besoins ou envies  », confie celui qui est aussi le gérant de la boutique L’Observatoire.

Un esprit «  village »

Une philosophie qui rejoint l’esprit «  village  » de ce quartier résidentiel de standing, où tout le monde se connaît. «  Entre commerçants, on se croise tous au bar du coin le matin pour boire notre café, et on n’hésite pas à se renvoyer des clients lorsqu’ils ont une demande qu’on ne peut satisfaire  », indique Laurent Lopez, qui souligne que c’est dans ces rues qu’est née il y a six ans la Grande Braderie de Toulouse.

Ça bouge du côté
du quartier étudiant !

La rue du Taur. Crédit : Côté Toulouse/A.Assémat

Entre la mythique place du Capitole et le quartier d'affaires de Compans-Caffarelli, il se passe toujours quelque chose dans le quartier étudiant porté par l’université Toulouse 1-Capitole. Un quartier symbolisé par la rue du Taur, axe stratégique qui vous mène tout droit à Saint-Sernin.

«  C’est une rue où l’on trouve beaucoup d’indépendants, des librairies, des coiffeurs, des magasins de vêtements. C’est aussi un quartier très étudiant et très touristique l’été  », explique Céline Duval, présidente de l’association des commerçants de la rue du Taur, qui fédère une trentaine de commerçants.

«  Une rue avec plusieurs identités  »

À côté, la rue des Lois est en pleine mutation, entre travaux et nouvelle dynamique commerciale. «  Notre rue n’a pas une identité propre, mais plusieurs entre les libraires, les restaurants indépendants et les jeux de société du Passe Temps, l’un des rares lieux à Toulouse à proposer cette activité. Et la sociologie est très diversifiée  », indique Philippe Roncalli, président de l’association des commerçants de la rue des Lois (47 adhérents) et gérant du magasin d’optique Mon Opticien.

Une association qui a repris de la vigueur il y a quatre ans et qui ne veut pas rester les bras ballants. Une fois les travaux terminés, les commerçants de la rue des Lois veulent être pro-actifs pour leur quartier. «  95 % des commerçants sont adhérents, on va bientôt devenir une vraie association avec un projet, un renforcement du lien social…  », conclut Philippe Roncall.

Ce grand quartier étudiant, c’est aussi la place Saint-Pierre et le port de la Daurade new-look, un projet d’aménagement de Saint-Sernin et, en 2018, de nouveaux locaux pour les étudiants de la Toulouse School of economics (TSE), au bord du canal de Brienne.

Charme et mixité
à Saint-Georges

À l'angle de la rue Saint-Antoine-du-T. Crédit : Côté Toulouse/D. Saint-Sernin

Saint-Georges, sa place très italienne et ses petites ruelles qui serpentent. Un quartier qui fait le lien entre la rue marchande d'Alsace-Lorraine et les boulevards. Un quartier à la mode où les Toulousains aiment boire un verre et où les habitants apprécient l’ambiance village qui y règne.

«  À ceux qui disent que Saint-Georges prolonge la place Wilson, je réponds que Wilson prolonge le quartier Saint-Georges  », relève Umberto Di Prisco, président de l’association de commerçants Saint-Georges Mon Quartier.

Des commerces très variés et de proximité

De la rue de Metz, à Wilson, Saint-Georges propose un quartier mixte avec des commerces variés : des boutiques de vêtements, des bijouteries, des enseignes de design et de bouches (boulangerie, boucherie…). Les nombreux commerces indépendants participent au charme du quartier qui sera encore plus accueillant pendant les fêtes.

Les amateurs de shopping seront ravis de remonter la rue Saint-Antoine-du-T illuminée, puis de s’installer aux terrasses des cafetiers de la place. «  Ces cafetiers sont l’âme du quartier  », assure le président des commerçants.

Améliorer le cadre de vie et accompagner des projets

«  L’objectif de notre association Saint-Georges Mon Quartier est de créer des liens entre les commerçants à travers des animations que nous souhaitons mener et proposer tout au long de l’année  ; d’améliorer, promouvoir et protéger les activités de ses adhérents  ; d’améliorer le cadre de vie du quartier en accompagnant des projets portés par les adhérents  ; de mettre en place un partenariat avec les institutions de proximité et d’essayer de participer à l’aménagement local  », conclut Umberto.

Victor-Hugo et Carmes :
deux marchés alimentaires incontournables

Crédit : Côté Toulouse/D.Russeil

Enfin, la CCI a isolé les deux marchés alimentaires couverts de l'hyper-centre de Toulouse, dans sa carte des secteurs marchands : Victor-Hugo et Carmes. Deux incontournables réputés et chargés d'histoire.

Victor-Hugo, le "ventre" de Toulouse

Comment ne pas saliver devant les étals savoureux et généreux du marché Victor-Hugo, le plus grand marché couvert de la Ville rose (avec ses quelque 86 commerçants) et l'un des plus réputés de France, suprême condensé de l’excellence culinaire du Sud-Ouest... Une exigence qualitative des plus nobles produits du terroir qui confine au divin.

Les commerçants expliquent inlassablement dans une ferveur quasi-religieuse, la spécificité de chaque produit, sa provenance, l’importance de sa saisonnalité, sa fraîcheur. « Quand on rentre à Victor-Hugo, on rentre dans les ordres…  », métaphorise Olivier Ivanes, le président de l’association des commerçants de Victor-Hugo. 

Une passion du métier et des spécialités respectives, souvent transmise génération après génération, garante de l’authenticité du lieu, clé de voûte de son succès pérenne. Les clients ne s’y trompent pas, quels qu’ils soient. Aussi bien les fidèles du quartier, que les mères de famille ou les fêtards du samedi soir qui viennent prendre un dernier verre au petit matin.

Une véritable mixité qui tord le cou à l’image un peu «  bourgeoise  » que certains voudraient lui accoler. «  Qualité n’est pas forcément synonyme de prix exponentiel… »  , répond Pascal Bellocq, troisième génération de poissonnier sur le marché, qui a repris l’affaire familiale en 1993. Manger sainement à prix raisonné : une tendance partagée de plus en plus par les consommateurs, tout milieu social confondu. 

«  Ventre de Toulouse  », le marché est aussi et avant tout créateur de lien social. Au comptoir d’un des quatre bars du marché, il n’est pas rare de faire des rencontres amicales, voire professionnelles. Soucieux de son image et en prise avec son temps, le marché fait sa rentrée en accentuant son virage 2.0  : les commerçants ont lancé leur site internet pour faire connaître leur quartier et sont présents sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram).

Bientôt 125 ans pour le marché des Carmes

Créé en 1892, le marché des Carmes fêtera ses 125 ans en 2017. Aujourd'hui, 47 loges font partie du décor, «  avec environ la moitié des commerçants qui sont là depuis plus d’une décennie  », explique Nicolas Lassalle, gérant de Sena Fromager dans le quartier et tout nouveau président de l’association des commerçants et artisans du marché des Carmes.

Boucherie, charcuterie, fromages, fruits et légumes, traiteurs, poissons… Les saveurs, partout sur les étals, sont ainsi le fruit d’une longue tradition familiale et d’une transmission filiale essentielle  ! «  Il commence à y avoir du renouvellement », précise Nicolas Lassalle. 

Ce dernier a «  plein d’idées  » pour développer ce temple de la gastronomie. « D’abord, il faut faire connaître nos produits et casser cette image de marché onéreux. Ensuite, pour garder notre clientèle et rester attractif, le marché doit s’ouvrir pour ne pas se faire dépasser par les deux marchés couverts, Saint-Cyprien et Victor-Hugo. Il faut amener du monde, créer des événements  », poursuit-il.

L’anniversaire des 125 ans sera le moment idéal pour marquer le coup. «  Je dois rencontrer les élus pour essayer de mettre en place de l’événementiel en 2017  », espère Nicolas Lassalle. Dans son projet idéal, le gérant de Sena Fromager souhaiterait aller jusqu’à «  améliorer la structure. La dernière restauration du marché des Carmes remonte à l’année 1999  », rappelle-t-il.