Dans les coulisses de l'African Safari

Parc zoologique de Plaisance-du-Touch

Sur la commune de Plaisance-du-Touch, à 20 minutes de route de Toulouse, cela fait des années que les habitants partagent leur quotidien avec d'étonnants voisins: les animaux de l'African Safari.

Créé en 1970 par le couple Toniutti, ce parc zoologique ne comptait au départ que cinq hectares et une cinquantaine d'animaux.

Quarante-six ans plus tard, le site s'est transcendé : ce sont désormais près de 600 individus de 80 espèces différentes qui s'ébrouent gaiement sur 20 hectares, dont 15 hectares de réserve africaine, que les visiteurs découvrent en voiture, et cinq hectares qui se parcourent à pied. Sans oublier des animations pédagogiques et des spectacles d'otaries et d'oiseaux.

Une expérience au plus près des animaux pour les visiteurs qui, côté coulisses, se prépare au quotidien, dans le respect de nombreuses règles de sécurité et d'hygiène, afin de garantir aux résidents du parc une vie - presque - comme dans la nature... 

Le bien-être des animaux
au cœur des préoccupations

Crédit : Côté Toulouse / D.Russeil

Neuf heures du matin. Xavier, soigneur du parc zoologique depuis un an et demi, entre dans l'abri de deux rhinocéros blancs, pesant près de trois tonnes chacun. «Mes petits chouchous», confie-t-il en grattant l'oreille du mâle Buldo – pour « buldozer » !

Responsable de la partie "réserve africaine", il est déjà à pied d'œuvre depuis 7 h et achève de faire le tour de son secteur. Avant de rendre visite aux deux rhinocéros, il a auparavant nettoyé l'enclos principal qui accueille plusieurs sortes d'antilopes, des autruches, des gnous ou encore des watusis, ces vaches africaines aux cornes démesurées.

Une fois l'enclos remis en état, il faut ravitailler les distributeurs de fourrage pour les bêtes. Celles-ci ont passé la nuit à l'abri de refuges fermés.

"C'est une façon pour nous de les protéger - des intempéries, des blessures qu'elles pourraient se causer entre elles pendant la nuit, mais aussi des vols. Au matin, cela nous permet aussi de vérifier leur état de santé", explique Xavier.

Si le soigneur constate un comportement suspect chez un animal, il le garde alors à l'intérieur du refuge, ce qui permettra ensuite à la vétérinaire du parc, Sylvie Clavel, de l'examiner facilement sans qu'il soit nécessaire de le capturer à nouveau et de le stresser...

"La clé du métier de soigneur, c'est de connaître parfaitement les animaux dont il s'occupe, afin d'anticiper les anomalies avant qu'elles deviennent un vrai problème", décrit Élodie Da Costa, chargée de communication et des animations pédagogiques du parc.

9 h 15. Les premiers visiteurs arriveront d'ici un quart d'heure, avec l'ouverture du parc. Il est temps pour Xavier de faire sortir ses derniers petits protégés. Buldo, le mâle rhino âgé de 22 ans, est accompagné de Margot, une femelle de 32 ans qui avait été donnée par le Prince Rainier.

À l'instar de Xavier, ils sont dix soigneurs à se relayer sur la totalité du parc pour s'occuper des animaux et de leurs enclos. Un travail physique à temps plein qui connaît deux périodes particulièrement actives dans la journée : le matin donc, pour le réveil des animaux, puis le soir après la fermeture du parc vers 19 h pour faire rentrer tout le monde au bercail.

"Les animaux ont alors droit à une ration de foin, d'herbes et de compléments. C'est un peu leur gâterie de la journée... Autant dire qu'il n'y a pas besoin de les forcer pour aller se coucher !", plaisante le soigneur.

Une mission de sauvegarde
des espèces menacées

Crédit :  Côté Toulouse / D. Russeil

De son côté, Sylvie Clavel, la seule vétérinaire du parc, s'active malgré une nuit assez courte. Elle est rentrée tard la veille d'un long périple depuis la Normandie pour récupérer les nouveaux locataires du parc : trois nandous d'Amérique, de grands oiseaux, cousins de l'autruche et de l'émeu.

Ce matin-là, elle procède donc à l’acclimatation des nouveaux arrivants dans leur enclos, qu'ils partageront avec deux autres recrues : des maras de Patagonie, gros rongeurs à longue pattes, quelque part entre le lièvre et le cobaye.

« Nous faisons partie de l'Association Française des Parcs Zoologiques (AFdPZ), réseau qui a mis en place un système d’échange d’animaux entre les principaux parcs zoologiques de France, afin d'éviter la consanguinité, les comportements agressifs ou encore la surpopulation », explique la vétérinaire.

L'AFdPZ faisant elle-même partie de l'Eaza, réseau de parcs zoologiques au niveau européen, l'African Safari est donc susceptible d'accueillir des animaux venant d'un peu partout en Europe.

"On n'achète aucun animal, et on ne choisit pas les individus que l'on reçoit : c'est l'Eaza qui décide. On ne fait qu'indiquer les espèces et le nombre d'individus à disposition, ainsi que les naissances, les décès et la place disponible, lorsqu'on créé de nouveaux enclos par exemple", précise Sylvie Clavel. Seul le coût du transport reste à la charge du zoo.

Un oryx réintroduit dans la nature, au Maroc 

C'est aussi dans ce cadre que l'African Safari fait partie du Programme d'Élevage Européen, un plan mis en place pour conserver le patrimoine génétique des espèces. L'objectif est notamment de préserver des espèces menacées ou en voie de disparition dans la nature, afin d'éviter qu'elles ne s'éteignent.

Girafes, tigres de Sibérie, éléphants d'Afrique, rhinocéros blancs, capucins à poitrine jaune... Au total, ce sont 23 espèces présentes au parc de Plaisance qui sont concernées par ce plan. 

Récemment, par ce biais, le zoo de Plaisance a même pu participer à la remise en liberté d’un oryx algazelle, sorte d'antilope, au Maroc. Une espèce classée éteinte dans son milieu naturel...

Engagée dans le développement durable local

Mais pas besoin d'aller au bout du monde pour participer à la préservation de la faune. Depuis trois ans, l'African Safari s'inscrit dans une démarche de protection de la biodiversité locale.

Ainsi, tous les engrais utilisés sur le site sont issus de l'agriculture biologique et non-nocifs, tandis que le fumier récolté dans les enclos est donné à un agriculteur du coin pour enrichir ses champs. Une politique qui a permis l'installation naturelle sur le parc d'une trentaine d'espèces d'oiseaux locales.

Le site a aussi créé une association pour aider à promouvoir, auprès des visiteurs, d'autres structures locales qui mettent en place des actions autour de la biodiversité. Et organise régulièrement des journées spéciales destinées aux visiteurs, avec entre autres des ateliers "nichoirs" et "hôtels à insectes".

Sensibiliser le public
de façon ludique

Crédit : Côté Toulouse / D. Russeil

Dans la zone du parc qui se visite à pied, en milieu de matinée, des bruits d'eau se font entendre. Près d'un bassin surplombé par des gradins, François, dresseur, est en pleine « discussion » avec Nora, Nelly et Cléo. Venues d'Allemagne, ces trois jeunes otaries sont arrivées récemment au zoo.

"Elles remplacent Marie, Daisy et Tania, trois otaries que le public connaissaient bien car elles sont restées de nombreuses années ici. Elles sont parties en Écosse, pour une retraite tranquille sans spectacle", informe François.

Entre deux harengs, Nora, Nelly et Cléo s'échauffent gaiement dans le bassin, en vue de leur première représentation de la journée. Un petit-déjeuner amoureusement préparé par le dresseur. "Ce moment entre nous permet de développer de la relation de confiance. Le métier de dresseur n'a rien à voir avec celui de dompteur : on ne force pas l'animal, c'est un travail de complicité qui se fait sur le long terme."

Le dresseur, qui ne fait pas partie de la hiérarchie des animaux dont il s'occupe, est là pour les nourrir, les soigner, leur apprendre des exercices.

Mettre en exergue la précarité de certaines espèces

Une mission de dressage que François partage avec Charlotte, aussi bien auprès des otaries que des oiseaux participant à des spectacles. 

"Notre objectif est de faire en sorte que les animaux soient bien dans leur tête et dans leur corps. Une bonne entente, c'est la clé d'un spectacle de qualité", estime le dresseur, qui présente cet été avec ses otaries un spectacle sur le thème d'actualité : les Jeux olympiques.

Car au-delà de divertir les visiteurs, ces spectacles ont aussi un but pédagogique. À travers eux, le public peut apprendre à connaître et comprendre les espèces et les comportements des animaux.

C'est aussi une façon de le sensibiliser sur leur vie en milieu naturel. Et souvent, leur fragilité, voire carrément la menace de les voir s'éteindre. Un objectif qui est également décliné sur des panneaux informatifs près des enclos, ainsi que par des animations pédagogiques conçues par Élodie Da Costa et Sylvie Clavel.

"À partir du lundi 11 juillet et jusqu'à fin août, nous proposerons des goûters pédagogiques : des animateurs entreront dans certains enclos d'espèces menacées afin de les présenter plus en détails aux visiteurs", annonce Élodie Da Costa.

Vous aurez donc rendez-vous chaque jour à 13 h avec les tapirs, à 14 h avec les capucins et à 16 h 30 avec les tigres de Sibérie.

Un parc qui ne cesse d'évoluer

Crédit : Côté Toulouse / D. Russeil

Ces "goûters pédagogiques" s'ajoutent à de nombreuses nouveautés proposées par l'African Safari. Il faut dire que le parc est connu pour son dynamisme, proposant régulièrement de nouvelles espèces, agrandissements, réaménagements et animations.

Outre l'arrivée des trois jeunes otaries et leur spectacle sur les JO, les visiteurs peuvent désormais découvrir une famille de suricates - qui ne cesse de s'agrandir avec déjà la naissance de quatre bébés depuis le début de l'année - ou encore entrer dans l'enclos des wallabys. L'occasion de les observer au plus près, de les laisser approcher et de prendre quelques photos en gros plan !

Les plus petits pourront également profiter d'une mini-ferme, outil pédagogique essentiel pour leur apprendre le rapport aux animaux.

Les nandous d'Amérique et maras de Patagonie ne seront déjà bientôt plus les "petits nouveaux" du parc. En effet, un nouvel enclos est en cours de création, pour accueillir à l'automne 2016 une nouvelle espèce : le coati roux.

Des réaménagements... avant un nouvel agrandissement de taille ?

Autant de réaménagements qui ont pour objectif d'optimiser l'espace disponible dans le parc actuel. Avant peut-être un agrandissement conséquent dans les années à venir...

"Les propriétaires de l'African safari sont en cours de négociation pour racheter des terrains alentours. Le projet - s'il se réalise un jour - serait de créer une importante extension pour créer un parc découpé en continents", confie Élodie Da Costa.

Une suite logique pour ce parc qui ne cesse de bouger. En 1990, il était passé de cinq à quinze hectares, avec la création de la réserve africaine, puis avait à nouveau gagné cinq hectares supplémentaires en 2014.

Avec ses quelques 180 000 visiteurs par an, l'African Safari fait déjà partie des parcs zoologiques qui comptent en France. Un attrait qui devrait encore grandir au même rythme que le site...