Coupe de France 2005:
10 ans après, les joueurs du CSSA racontent

Le 4 juin 2005 le CSSA atteignait la finale de la Coupe de France face à Auxerre. Un match perdu 2-1 dans les dernières secondes du temps réglementaire. Dix ans plus tard, les joueurs et le staff racontent ce match si particulier.

Credit: Angel Garcia
Credit: Angel Garcia

Samedi 4 juin, 2005

On joue les arrêts de jeu de la finale de Coupe de France entre Sedan et Auxerre. Dans les tribunes, tout le monde s'attend à la prolongation qui va suivre. Les organismes sont fatigués et même le duo mythique Thierry Roland/ Jean-Michel Larqué prévoit de passer 30 minutes de plus à commenter. Plus qu’une poignée de seconde à jouer, Auxerre tente une dernière attaque, le ballon est renvoyé par les Sedanais. Sabin est à la récupération. Au lieu de garder la balle, il part en contre dans la partie de terrain adverse. Il perd la balle. Le Bourguignon Akala déborde côté gauche et offre un centre millimétré à Bonaventure Kalou. L’Ivoirien devance deux défenseurs et bat Patrick Regnault. 2 buts à 1 Auxerre a gagné à la dernière seconde et les Sedanais ne peuvent que pleurer leur beau parcours. Dix ans après nous avons retrouvé les acteurs de la rencontre.

Credit: Angel Garcia

Août 2004

Le CSSA est reparti pour une nouvelle saison en Ligue 2 après avoir quitté la Ligue 1 en 2002. Les hommes de Serge Romano visent la montée mais n'ont pas fait de la Coupe de France ou de la Coupe de la Ligue leur objectif. Après cinq matchs l’équipe perd l’un de ses piliers, Didier Neuman. Plein d’ambitions, les Ardennais ne réalisent pas une grande saison en championnat. À la bataille très longtemps pour la montée, les Ardennais terminent sixième à 9 points de Troyes premier promu. Mais le club se rattrape en Coupe de France.


Après avoir sorti Strasbourg évoluant en Ligue 1 et deux clubs de CFA, les Ardennais se retrouvent face à Grenoble en quart de finale. Les hommes de Serge Romano s'imposent 2 buts à 1 face aux Isérois après prolongation.

Les Sedanais se présentent alors face à Monaco. À la même époque l’an dernier, les joueurs de la principauté réalisaient l’un des plus beaux parcours en Champions League en se qualifiant pour la finale de la compétition en sortant Chelsea et le Real Madrid. Les deux équipes se sont déjà rencontrées à Sedan lors des seizièmes de finale de la Coupe de France et les Monégasques l’avaient emporté 1 but à 0.


Cette fois-ci, Sedan ne se laissera pas intimider. Après une partie plutôt fermée, les Ardennais s'imposent 1-0 grâce un but de Mickaël Citony. «Ils nous ont pris de haut et nos joueurs se sont sublimés», analyse Jérôme Monier, entraîneur adjoint à l’époque. «C’est la magie de la Coupe, tout se joue sur un match. On savait qu’on était le petit Poucet mais sur un match tout peut arriver», explique Marcus Mokake.


À leur retour les joueurs sont acclamés dès leur arrivée à l’aéroport. «C’était une ambiance extraordinaire. On arrive et les gens nous attendaient à la sortie de l’avion c’est vraiment marquant.»

Pas le temps de se reposer, le CSSA qui a dit adieu à ses rêves de Ligue 1 affrontera Auxerre en finale. À l'époque l’équipe de Guy Roux fait figure de poids lourds en première division avec des joueurs comme Benjani, Akala, Mathis, Sagna ou Kalou. «Ils avaient un effectif bien plus fourni que le notre, on n’avait rien à perdre», se remémore Johan Charpenet capitaine de l’époque. «Pour nous, cette finale ce n’était que du bonus, on avait déjà fait un super parcours», raconte Stéphane Noro. Certains en ont déjà l’expérience. C’est le cas de Didier Neuman.  Remis de sa blessure depuis la demi-finale, le milieu rêve de remporter un deuxième trophée après le titre remporté en Coupe de la Ligue avec Guegnon en 2000.


Après trois jours de préparation à Clairefontaine, les hommes de Serge Romano vont débuter leur grande finale. Qualifié de «Petit Poucet» car évoluant en Ligue 2, les joueurs sont sollicités par la presse «C'est un plaisir d’attirer l’attention quand tu es un joueur de foot», se rappelle Laurent Gagnier. L’avant match est un moment que tous se remémorent. «On a été escorté de Clairfontaine jusqu’au Stade de France. On s’est retrouvé sur le périphérique avec deux motards qui écartaient les voitures devant nous. C’est forcément un peu magique», raconte Patrick Regnault.

«Il faut voir à quoi ça ressemble de jouer une finale au Stade de France. Tous les bus Sedanais, qui vous attendent devant le stade. Ça te file des frissons» renchérit Laurent Gagnier. Puis les joueurs vont prendre la température de la pelouse deux heures avant le match. «Et là, tu sors des vestiaires et tu vois tout un côté du stade en rouge et vert. On ne s'attendait pas à ça.» Patrick Regnault continue «On est sorti et on s’est pris ça dans la gueule. Il y avait même des joueurs qui sortaient leur téléphone pour filmer le public. Et c’est peut-être ça qui nous a foutu la pression.»

La pression, Jérôme Monier et le staff ont pourtant tout fait pour l'éviter. «On leur avait demandé de sortir deux heures trente avant sur la pelouse pour s’imprégner des lieux et pour que la pression ait le temps de redescendre. Quand on arrive dans un lieu comme ça, il faut un vrai temps d’adaptation.»

Jet privé, frappe de 35 mètres et but à la dernière seconde

Car malgré le sempiternel «on n'a rien à perdre» répété à l’envie par les joueurs, le groupe joue là une grande page de son histoire et Auxerre n’est pas une équipe inexpérimentée. Menés par Guy Roux, alors en poste depuis plus de 40 ans, les Bourguignons sont largement favoris et espèrent bien faire respecter la hiérarchie. Ils ont en tout cas mis les moyens. La veille du match Bonaventure Kalou jouait un match avec la sélection ivoirienne en Libye. Guy Roux n’a pas hésité a affrété un jet privé à son attaquant vedette pour qu’il soit en tenue pour le match. On ne se bat pas avec les mêmes moyens.

Après ces premiers moments d'émotions, les Ardennais rentrent sur la pelouse. «L’image d’avant match qui me marque c’est lorsque l’on est aligné. On est tous comprimés alors que les joueurs d’Auxerre sont plus espacés. Bien sûr ça ne change rien mais ça dit quelque chose de l’état nerveux des deux équipes», raconte Patrick Regnault. Après une rapide présentation des joueurs au ministre des Sports de l’époque, Jean François Lamour, l’arbitre de la rencontre donne le coup d’envoi du match.


La première mi-temps est disputée mais on sent tout de même la division d'écart qui existe entre les deux clubs. «On fait une mauvaise première mi-temps où il nous marche dessus», analyse Didier Neuman. Laurent Gagnier : «On rentre aux vestiaires en perdant 1 but à 0 après un but de Benjani ça se voit qu’on est pris par l’enjeu.»


Les Sedanais reviennent sur le terrain avec d'autres intentions. Serge Romano leur demande de se lâcher plus et, après 5 premières minutes difficiles, c’est ce qu’ils vont faire. C’est à la 64ème minute que le match bascule. Décalé près du rond central, Stéphane Noro amène la balle puis décoche une frappe de plus de 30 mètres qui touche la barre avant de rentrer. «Un but extraordinaire», «une frappe venue d’ailleurs», abonde ses coéquipiers. L’intéressé se souvient surtout de la célébration. «Après ce but je cours vers le public, Je suis en face du Kop ardennais et je vois toute la joie qu’il y a dans cette tribune, c’est un moment juste magnifique.» «Après ça on se dit qu’on va les manger et qu’il ne peut plus rien nous arriver», se rappelle Laurent Gagnier.

La suite du match, lui donnera tort et la percée désespérée de Sabin leur coûte cher. «Tu ne peux pas en vouloir à Cédric. Il est super-vif et ultra-puissant et comme il est rentré en cours de jeu il se sent pousser des ailes. Mais du coup on se découvre et on se prend ce but à la con», analyse Laurent Gagnier.

Pour les Ardennais c'est la douche froide. Fini les rêves de titre. «Ils nous auraient resté 3 ou 5 minutes on aurait poussé et tout donné pour remonter mais là non. Tu remets le ballon au centre et l’arbitre siffle la fin du match», se rappelle, toujours dégoûté, Jérôme Monier qui n’a toujours pas revu les images du match.

Ils en garderont «un souvenir merveilleux» voire même «le meilleur de leur carrière» pour Johan Charpenet le capitaine. Marcus Mokake, lui, sait la chance qu'il a eue. «La plupart des joueurs ne jouent pas au Stade de France, même avec le Cameroun (il compte 14 sélections en équipe nationale). Je n’ai jamais revécu une chose pareille.» Après les pleurs, les Sedanais vont récupérer leur médaille.

À la tribune, Guy Roux annonce qu'il quitte Auxerre après 40 ans de bons et loyaux services.

Credit: Angel Garcia

Que sont-ils devenus?

Il y a dix ans ils amenaient le CSSA en finale de Coupe de France. Aujourd'hui certains ont raccroché les crampons et se sont reconvertis, d'autres jouent encore. Revue d'effectif.