Watch Me 

tordre le cou aux polémiques

Les scandales impliquant des violences de policiers blancs sur des afro-américains se multiplient aux États-Unis. Pourtant, la confrontation n'est pas choisie par tous.

« Hands up, don't shoot ». Un an après l’affaire Michael Brown, -un Noir de 18 ans tué par un policier blanc- le Missouri se souvient de ce slogan qui a été repris dans le pays tout entier. Écrit sur les nombreuses banderoles brandies lors des protestations de Ferguson, ces quatre mots ont secoué les États-Unis. Quinze mois après le décès de Mike Brown, un autre afro-américain de 18 ans a été tué par la police, à Normandy, tout près de Ferguson. Une nouvelle fois, les versions diffèrent. Selon les policiers, le jeune homme s’est tiré une balle dans la tête, après avoir été touché par un tir des forces de l’ordre, alors que les témoins soutiennent qu’il a été tué par la Police. Quelques jours plus tôt, une jeune lycéenne noire a été brutalisée par un policier blanc dans une salle de classe. La vidéo a fait le tour du web. Mais certains officiers de police arrivent à garder leur calme.

« Je n'aurais jamais imaginé un flic si cool »

Aux USA, le racisme est devenu un sujet d'actualité permanent. Dès qu’une histoire comme celle de Michael Brown apparaît, le « Monde libre » s’embrase. Mais le 26 octobre dernier, un sujet un peu différent a passionné la Toile. Alors que deux groupes de jeunes afro-américains commencent à se battre à Washington DC, une policière blanche intervient et demande le calme. Aaliyah Taylor, 17 ans, décide alors de provoquer l’officière et se met à danser le Nae Nae, sur la célèbre chanson Watch Me. À la surprise générale, un battle s’engage entre les deux jeunes femmes et les tensions disparaissent. « Au lieu de se battre, elle a essayé de retourner la situation et d’en faire quelque chose de drôle. Je n’aurais jamais imaginé un flic si cool. Il y a de bons policiers », a avoué la jeune danseuse après la scène, qui ne serait pas si rare. Alors que la vidéo, enregistrée par les amies d’Aaliyah Taylor, a fait le tour du monde, les autorités de la capitale américaine en ont profité pour rappeler que ce genre d’épisode est fréquent. Pour Marinos M. Marinos, le secrétaire du département de police de Washington DC, les habitants de la capitale ont des contacts positifs avec les forces de l’ordre. Le seul problème réside dans le fait que cela est rarement filmé, contrairement aux débordements. Pour la policière qui a enflammé le dance-floor « c’est embarrassant que cela soit devenu si gros. C’est ce que l’on vit tous les jours. » Saluée par Barack Obama, cette performance rappelle que les relations entre policiers blancs et jeunes afro-américains peuvent être très cordiales.

« Puisse Dieu protéger nos policiers »


 De plus en plus d'interventions policières aux États-Unis, sont filmées par des tiers qui peuvent décider de ne diffuser que la partie de la vidéo qui les intéresse. Les forces de l'ordre luttent désormais face à cette pratique ne montrant souvent que les dérives. Pour James Comey, directeur du FBI, c'est un véritable fléau. « Aujourd’hui, dans le monde de YouTube, les officiers de police ne sont-ils pas devenus réticents à sortir de leurs voitures et faire ce qu’il faut contre le crime ? », s’interroge-t-il après l’affaire de la lycéenne arrêtée en classe, et traînée de force. Trois de ses camarades ont filmé la scène et l’ont diffusée sur le média social. « Puisse Dieu protéger nos policiers », a lâché M. Comey. Une danse pour tordre le cou aux polémiques ? Possible. L’utilisation de YouTube a cette fois été bénéfique à la police. On peut alors se demander s’il ne serait pas nécessaire pour les forces de l’ordre, de mettre en ligne des vidéos de ce genre. Si les abus de certains policiers sont bien réels et doivent être condamnés, d’autres travaillent de manière tout à fait correcte. Dans un contexte si tendu, ces images deviennent une bouffée d’air frais pour les Américains. Merci au Nae Nae.

Sebastien Girard