Bamako :

Al-Mourabitoune revendique la prise d'otage

Vingt-sept morts. C'est le bilan de la prise d’otage qui a eu lieu à l’hôtel Radisson Blue de Bamako, la capitale du Mali, ce vendredi 20 novembre. Parmi les victimes, se trouvaient des Russes, des Chinois, et un membre du gouvernement belge et des Maliens. Une attaque dont le seul objectif était apparemment de semer la mort, quelque soit la couleur de peau ou la nationalité des victimes. Une attaque qui fait écho aux terribles attentats qui ont frappé Paris, une semaine avant, jour pour jour. A une différence près : la revendication de l’appartenance des terroristes. L’attaque de Bamako, hier en début d’après-midi, a été perpétrée par trois hommes qui se revendiquent du groupe Al- Mourabitoune, une liale d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), tandis que celles de Paris ont été menées par des jihadistes de l’organisation Etat Islamique.

 Naissance et expansion du groupe

Le terme « Al-Mourabitoune », qui signifie « les Almoravides » en arabe, est un groupe armé islamiste salafiste sahélien qui a été fondé en août 2013 par l'un des terroristes les plus recherchés au monde :

Mokthar Belmokhtar, alias « le borgne ». Il est connu pour être l’un des principaux partisans à l’origine du ralliement des jihadistes algériens à Al-Qaïda, ce qui a amené à la naissance d’AQMI en 2007. Sa légitimité, il l’acquiert grâce à son expérience de la guerre et des groupes armés radicaux, notamment le GIA (Groupe Islamique Armé) ou le GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat, l’ancienne « version » d’AQMI), dans lesquels il a combattu pendant la décennie noire, lors de la guerre civile algérienne. En août 2013, le représentant et chef d’Al-Qaïda, Ayman Al-Zawahiri, lui intime l’ordre de fusionner le groupe Malien MUJAO (Mouvement Pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest) et le groupe des Signataires par le Sang.

Suite à cela, Belmokhtar a été nommé chef d’Al-Qaïda en Afrique de l’Ouest car il est le premier dirigeant d’AQMI à s’être implanté en dehors de l’Algérie, dans les pays du Sahel et du Sahara, et à être très présent au Mali.


Un retour des incendies

En fusionnant deux groupes radicaux aux méthodes différentes, AQMI a additionné ses possibilités et ses capacités d’action. Belmokhtar affiche à lui seul, en tant qu’unique chef du groupe, un triste palmarès : il est l’auteur de la prise d’otages de Tigentourines près d’In Amenas en Algérie, en janvier 2013, lors de laquelle 37 otages sont morts. Quatre mois plus tard, il a supervisé un attentat contre un camp militaire au Nord du Niger, qui a couté la vie à 18 soldats.

Le porte-parole du groupe Al-Mourabitoune aurait annoncé que la fusillade de Bamako a été menée afin de venger la mort d’un de leurs « frères », un homme d’origine Malienne nommé Ahmed Tilemsi , qui était le chef du MUJAO et bras droit de Belmokhtar au sein de l’organisation. Il avait été tué en décembre dernier lors d’une opération menée par l’armée française à Gao, dans le nord du Mali.

On ignore si cette histoire de vengeance est véritable ou s’il ne s’agit que d’une récupération, mais ce que l’on sait, c’est que ces groupes prônent un islam fondamentaliste et pro- charia, qu’ils se financent, entre autres, au moyen d’otages (de préférence occidentaux) et qu’ils usent des méthodes communes à toutes les organisations terroristes connues : vols et pillages, enlèvements et prises d’otages, régime de terreur ... Le schéma typique de la juste organisation d’un groupe terroriste.

Dorothée André-Micolon