Shinzo Abe 

contre 70 ans d'histoire japonaise 


La loi japonaise sur l'armée provoque de violentes et nombreuses réactions. En adoptant ce projet, le Japon tire un trait sur son identité pacifique qui leur tient à coeur depuis les bombardements atomiques de 1945.

Il y a de quoi briser l'image du japonais paisible. Shinzo Abe crée la controverse au pays du soleil levant avec son projet de loi. Celle-ci permettrait au Japon d’intervenir militairement hors de ses frontières. Le projet de loi a été adopté ce 18 septembre dernier provocant des affrontements physiques entre parlementaires ainsi que de tumultueuses manifestations populaires. Une preuve supplémentaire que le pacifisme reste une valeur primordiale pour les japonais. Ce sentiment est né de la plaie béante causée par la défaite japonaise, à la fin de la seconde guerre mondiale. Les explosions atomiques à Hiroshima et Nagasaki en 1945 ont traumatisé la nation japonaise. Depuis, elle ne se mêle plus aux conflits mondiaux. La Constitution instaurée à la fin de la deuxième guerre mondiale, poussée par les Etats-Unis, le leur interdit. Les Japonais craignent en plus de faire de nouveau face à une catastrophe d’ampleur similaire aux bombes américaines. La chambre haute -appelée la Diète- a vu des milliers de manifestants se rassembler devant ses portes. Ils scandent le slogan «Oui à la paix, non à la guerre». Les organisateurs du soulèvement comptent 120 000 mobilisés alors que la police en dénombrent 30 000. Les japonais brandissant leurs pancartes, réclament la démission du Premier ministre. 

Deux voisins peu engageants

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Malgré les protestations du peuple japonais et son identité pacifiste, le Premier ministre Abe s'est démené pour faire passer la loi sur l’armée. Selon lui et le gouvernement américain, il y a prescription. Le Japon n'est plus une nation impérialiste depuis 70 ans maintenant. De plus, la présence de l'armée américaine sert à l’archipel de bouclier face à la Chine et à la Corée du Nord toujours menaçantes. Le leader Nord-Coréen Kim Jong-Un se montre de plus en plus agressif envers la Corée du Sud. L’armée chinoise elle, désire s’étendre sur l’océan Pacifique qui lui sert de frontière avec le Japon. Le gouvernement de Pékin notamment, a une rancune envers ses voisins japonais depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. La Japon ne s'est jamais excusé des exactions perpétrées par son armée sur le peuple chinois. Le massacre de Nankin en 1937, a vu les troupes impériales nippones massacrer et violer des citoyens chinois en masse. Aujourd’hui, les deux pays s'arrachent plusieurs territoires, maritimes comme insulaires. Les îles Senkaku en sont un exemple.

Vers un engagement en Syrie ?

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Les forces américaines sont de plus en plus demandées au Moyen-Orient. Washington aimerait pouvoir enfin retirer ses troupes du territoire Japonais, même si cela prend quelques années. Maintenant que le Japon a la possibilité d'envoyer des troupes, les américains peuvent désormais faire appel à lui. La Maison Blanche a d’ailleurs déjà demandé l’aide du Japon en Corée. En tant que membre de l'OTAN, le pays du soleil levant est obligé d'intervenir si ses alliés se font attaquer. En d'autres termes, le Japon pourrait très bien se retrouver aux côtés des forces américaines, en Syrie par exemple. Daesh y a après tout revendiqué l’assassinat de deux otages japonais. La perspective de se retrouver au front, et d’être exposés à une menace terroriste, effraie le peuple nippon. Mais cette nouvelle politique extérieure n’oblige pas forcément le Japon à renier ses convictions. C’est après tout un pas de plus vers une l’indépendance militaire au Japon.

Sébastien Girard, Zacharia Gunet et Juliette Lissandre