12 000 personnes défilent à Toulouse contre la barbarie et les amalgames

Les attentats du vendredi 13 novembre sont dans toutes les mémoires et le silence est lourd dans le cortège. Les Toulousains ont répondu à l'appel d'une quinzaine de syndicats et associations à se réunir « contre la barbarie, contre les amalgames, pour la liberté et pour la paix ».

La manifestation a été, entre autres, initiée par la CGT, la FSU, Solidaires31 et la Ligue des Droits de l'Homme. L'appel à la mobilisation a également été signé par de nombreuses associations, dont le Droit au Logement ou le collectif Toulouse Syrie Solidarité, et des comités de quartiers.

La foule s'est rassemblée à 14h30 à la station de métro de Jeanne d'Arc, fermée pour l'occasion. Jean-François Mignard, secrétaire général de la Ligue des Droits de l'Homme, prend la parole. Pour lui, cette manifestation doit affirmer « le rejet de tous les fascismes, et la lutte pour une société d'égalité et de justice sociale ». Il cite une phrase de Jean Jaurès, reprise sur le camion en tête de cortège : « il n'y a qu'un moyen d'abolir la guerre entre les peuples, c'est d'abolir la guerre économique, le désordre de la société présente ».



Le cortège se met alors en route, silencieusement. Partout, l'inquiétude se fait sentir. Inquiétude face à la menace terroriste d'abord. Certains, notamment sur la page de l'événement sur les réseaux sociaux, se sont enquis des mesures de sécurité prévues. D'autres ont décidé de venir, mais sans leurs enfants. Les manifestants s'inquiètent aussi des réactions de haine qui émergent.

Le rassemblement se voulait sans affiliation politique. Certains élus ont néanmoins fait le déplacement, notamment le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, les candidats aux élections régionales Carole Delga (PS), Dominique Reynié (LR) et Gérard Onesta (EELV), et également Martin Malvy, président sortant du conseil régional Midi-Pyrénées.

Un large spectre politique représenté, mais pas de trace du Front National. Logique pour Jean-Yves, militant au Parti Communiste assurant le service d'ordre de la manifestation : « ils cherchent à faire l'amalgame, et aujourd'hui on est là pour faire l'inverse. Le message est là : la France est unie, dans toutes ses composantes, y compris la composante musulmane, il ne faut pas confondre terroriste et croyant ». Un message d'union qui se retrouve sur de nombreuses pancartes parmi la foule.

L'inquiétude concerne aussi les récentes mesures prises par le gouvernement. Une banderole contre l'état d'urgence émerge. Dans le discours inaugural, le représentant de la LDH a appelé à rester « vigilants pour que l'état d'urgence ne dure pas et ne nous fasse pas sortir de l'État de droit et de la démocratie ». Pour Jean-Yves, il était important de se rassembler aujourd'hui pour se recueillir ensemble et faire passer un message fort. « L'Etat français réagit par la force, mais ce n'est pas en bombardant qu'on réglera la question. Il faut une reconstruction politique du Moyen-Orient », selon lui.

"L'Etat français réagit par la force, mais ce n'est pas en bombardant qu'on réglera la question".

Il évoque ainsi la situation des Kurdes qui se battent contre l'organisation de l'État Islamique. « Ils sont considérés comme des terroristes par l'Europe et les États-Unis », déplore Jean-Yves. Présents à la manifestation, les Kurdes de Toulouse alertent sur la situation à Kobane. La ville syrienne résiste à la fois aux attaques de l'organisation Etat Islamique et aux forces armées turques qui visent les positions du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan.

"Il faut se rassembler pour défendre nos libertés"

La manifestation a réuni dix fois moins de monde que celle du 10 janvier dernier après les attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo. Les personnes présentes ont néanmoins réaffirmé leur détermination contre le terrorisme et leur volonté de s'unir, toutes horizons confondues, pour y faire face.

Photos par Amélie Phillipson