Le président dominicain Danilo Medina a lancé un grand projet inédit dans la capitale Saint-Domingue pour aider les plus fragiles, ceux qui subissent de plein fouet les tempêtes : déménager entièrement un quartier le long du fleuve Ozama et le transformer en parc submersible.
Le projet de la Nueva Barquita comprend le déménagement de 7000 habitants vers des logements neufs à quelques kilomètres de là sur les hauteurs. Il prévoit également l'extension de la ligne de métro vers les quartiers populaires, la construction du premier téléphérique urbain des Caraïbes et à terme une navette fluviale si un jour le fleuve est suffisamment dépollué.
Un nouvel appartement sans chèvres ni coqs
Dans le bidonville de la Barquita, les maisons les plus pauvres trempent dans les eaux sales du fleuve. Tout macère dans les ordures jetées par les fenêtres. A chaque grosse tempête, le tout remonte jusqu'aux toits des maisons.
Les habitants se réfugient sur les hauteurs en attendant que les eaux baissent. Un coup de serpillière, un matelas qui sèche et la vie reprend.
L'eau monte très haut jusque ici, sous le toit, dès qu'il pleut je suis désespérée car je sais que le fleuve va monter, je ne dors pas car dès l'aube il faudra peut-être tout laisser et nous réfugier dans l'église
Les habitants doivent emménager en novembre dans des immeubles HLM de quatre ou cinq étages. Au bout de quatre ans sur place, ils deviendront propriétaires de leur logement. En contrepartie, ils doivent suivre une formation animée par Gisela pour apprendre à vivre ensemble et à respecter l'environnement. Les animaux comme les chèvres et les coqs seront interdits.
On a de plus en plus de conflits pour un simple problème : les gens déposent leurs poubelles à la porte du voisin... Dans les ateliers, on leur apprend à demander pardon, à s'excuser...
Pour financer ce grand projet, la République dominicaine a emprunté 437 millions de dollars dont 210 millions sur 20 ans à l'Agence française de développement, la banque française chargée d’aider les pays les moins développés à se développer. Le téléphérique urbain, comme le métro, sont construits par des entreprises françaises.
Ils sont en tout 300.000 habitants de Saint-Domingue à vivre le long du fleuve au milieu des poubelles, des rejets des usines et des abattoirs. Pour eux rien n'est prévu, le projet présidentiel est aussi un symbole pour montrer qu'il lutte contre la pauvreté. Il serait trop cher de déménager tout le monde.
La transformation du bidonville de la Barquita en parc submersible doit servir d'exemple pour lutter contre la pollution des rives du fleuve. Il a permis aux Dominicains de prendre conscience qu’ils peuvent prendre soin de leurs ressources. Mais rien ne changera si l'on ne leur impose pas de mieux gérer leurs déchets en les faisant participer par exemple à des collectes.
