#NouvelleRéalité

Voilà trois ans que le conflit a débuté dans l'est de l’Ukraine

La vie quotidienne des habitants de cette région a été complètement bouleversée par le conflit. Aujourd'hui, les longues heures d'attente dans le froid ou la chaleur pour se rendre à la ville la plus proche ; le manque d’eau, d’électricité et de chauffage ; l’isolement et les bombardements ininterrompus sont devenus la #NouvelleRéalité.

Toutes les familles avec enfants ont quitté le village de Maïorsk, situé juste sur la ligne de contact. Depuis trois ans, presque chaque nuit, les derniers résidents entendent le bruit des bombardements qui déchire le silence environnant. 

Mikhaïl, 50 ans, vit dans un immeuble de cinq étages qui a été bombardé plusieurs fois. Pendant près d’un an, il n’y avait plus ni chauffage, ni eau, ni électricité dans les appartements. Cet hiver, la température à l’intérieur est descendue à 12°C. À cause d’une pression insuffisante dans les conduites, l’eau ne parvient toujours pas jusqu’aux étages.

Mikhaïl et ses voisins vont chercher de l'eau au sous-sol pour cuisiner et se laver. Pour certaines familles du Donbass, c’est la #NouvelleRéalité.

Maria, 74 ans, habite au cinquième étage du même immeuble avec son mari, qui souffre de graves problèmes mentaux dus à son âge et au stress provoqué par les bombardements nocturnes. Dans son appartement, Maria conserve l'eau dans des bouteilles qui ont souvent gelé cet hiver en raison des températures glaciales.

En novembre 2016, un poste de premiers secours a ouvert à Maïorsk dans ce qui était autrefois le jardin d'enfants. Seul poste de secours de la région, il dessert quatre villages : Maïorsk, Zhovanka, Peski-2 et Bakhmutka.

Svetlana, 44 ans, travaille au poste de premiers secours de Maïorsk mais habite à Zhovanka. C'est une infirmière de profession bien connue dans le secteur. À la suite du conflit, elle a perdu son emploi et son revenu jusqu’à ce qu’on lui propose de devenir la coordonnatrice du poste de Maïorsk. Comme aucun service de transport ne relie les deux villages, Svetlana doit chaque jour marcher quatre kilomètres pour se rendre au travail et quatre kilomètres pour rentrer chez elle, sous les bombardements le soir, sur des routes gelées l’hiver. 

Svetlana vit à Zaitseve comme son père, mais le conflit a divisé le village en deux. Avant, il ne lui fallait que 15 minutes pour aller rendre visite à son père bien-aimé. Désormais, le trajet prend deux heures et demie et nécessite de franchir plusieurs postes de contrôle.

Il ne reste dans le village d'Opytne que 53 personnes sur une population d’un millier d’habitants avant le conflit. Cela fait trois ans qu’il n’y a plus d’eau courante ni d’électricité. Les habitants doivent tirer l’eau au puits : au petit matin pour boire et cuisiner, mais seulement tard le soir pour la lessive et la toilette, pour éviter que l’eau ait une odeur de boue. Les tuyaux de chauffage ont été détruits, aussi les maisons sont-elles chauffées au bois et au charbon. Chaque nuit, les habitants entendent le vacarme du conflit. La plupart des bâtiments ont été endommagés. Maria, 72 ans, vit à Opytne depuis 1972.

Il reste un jardin d'enfants opérationnel à Marinka. Endommagé en 2014, le bâtiment est toujours en cours de réparation mais une aile a rouvert au printemps 2015, où étudient et jouent actuellement 40 enfants. Dès que le chauffage sera rétabli, le jardin d’enfants pourra accueillir 100 enfants de plus. 

Il reste un jardin d'enfants opérationnel à Marinka. Endommagé en 2014, le bâtiment est toujours en cours de réparation mais une aile a rouvert au printemps 2015, où étudient et jouent actuellement 40 enfants. Dès que le chauffage sera rétabli, le jardin d’enfants pourra accueillir 100 enfants de plus. 

À première vue, le jardin d’enfants semble ordinaire. Mais nous sommes à Marinka, sous les fréquents bombardements, où même un jardin d’enfants ordinaire doit être doté d’un abri complètement équipé.

Pour un enfant, il est normal d'aller à l’école tous les jours. Mais quand on vit sur la ligne de contact, cela peut s’avérer dangereux. À Marinka, 158 élèves étudient à l’école n° 2. Lyudmila Anvarovna, qui dirige l’établissement depuis six ans, a réussi à le garder ouvert pendant tout le conflit.


Pour Svetlana et son bébé Anatoliy, il est vital de pouvoir accéder au Centre cardiovasculaire et de réadaptation pour enfants : Anatoliy est en effet né avec une maladie cardiaque qui exige des soins médicaux réguliers. Cet hôpital, premier et seul centre de la région spécialisé dans la santé cardiovasculaire des enfants, est maintenant souvent la cible de bombardements. Dans cet endroit qui devrait être un refuge pour les enfants malades vulnérables et leurs familles, les fenêtres cassées et les murs détruits sont devenus la #NouvelleRéalité.