Casamance 
La renaissance d'une région

Au sud du Sénégal, les populations qui avaient fui le conflit en Casamance réinvestissent leurs villages avec l'assistance du CICR.

LE RETOUR D'UNE POPULATION EXILÉE

Depuis plus de trente ans, un mouvement indépendantiste, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance, s'oppose aux forces gouvernementales sénégalaises. Cette région a vécu au rythme du conflit, poussant nombre d'habitants à fuir en quête de sécurité ; se déplaçant ailleurs dans le pays ou trouvant refuge en Gambie voisine. Depuis 2012, petit à petit, les villages abandonnés reprennent vie avec le retour de leurs habitants. 

Le CICR accompagne cette "renaissance" pour des milliers de familles.

Reconstruction de l'habitat

En Casamance, plusieurs villages ont été abandonnés il y a quelques années faute de sécurité. Les villageois partis principalement en Gambie et en Guinée-Bissau ou dans d'autres zones de Casamance rentrent volontairement et progressivement chez eux. La reconstruction de l’habitat est une condition essentielle de leur retour dans les villages.

En aide aux familles qui ont choisit de rentrer chez elles, le CICR a fourni plus de 38 000 tôles pour aider à la reconstruction des maisons, il participe également à la pose des toitures.

Petit à petit, les villages jadis désertés reprennent vie.

Le retour des familles en Casamance a débuté en 2012. Le CICR aide les familles qui se réinstallent.  En 2015, 264 familles ont reconstruit leur maison et repris des activités agricoles avec l'aide du CICR.


Les récoltes sont destinées en partie à la vente et en partie à la consommation des ménages.
CC BY-NC-ND / CICR / J.Cendon

Relancer l'agriculture 

Des initiatives locales, comme celle des jardins maraîchers permettent aux habitants de relancer une agriculture et une économie locale. Pour les familles revenant dans la région, ces initiatives leur offrent la possibilité de subvenir à leurs besoins alimentaires, et de participer à la revitalisation de la région. 

L'initiative des jardins maraîchers, comme dans le village de Kouram, cible principalement les femmes, et bénéficie aux populations qui se sont réfugiées en Gambie en 2006 et qui rentrent progressivement dans leurs villages d'origine depuis 2012. Soukèye Coly, présidente des femmes du jardin maraîcher explique que les récoltes sont destinées en partie à la vente et en partie à la consommation des ménages.

Le soutien à la sécurité économique est un volet essentiel de l’aide du CICR 

Ces initiatives micro-économiques sont soutenues par des programmes de sécurité économique du CICR. Entre autres, le CICR distribue du matériel et des semences, finance des projets, aide à l'installation d'infrastructures, forme les populations à de nouvelles pratiques agricoles, etc.  

Par exemple, en Casamance, le CICR a distribué plus de 28 000 palmiers-rôniers aux familles pour relancer l'agriculture et installé des panneaux solaires pour alimenter les bassins d'eau et faciliter le travail de puisage des femmes des jardins maraîchers.


Le CICR aide ces familles à retrouver une vie plus digne grâce aux semences et aux kits agricoles qui leur ont été distribués. En 2015, cinq digues ont été consolidées dans le cadre du programme « travail contre nourriture » bénéficiant à 200 familles de 29 villages qui ont reçu dix tonnes d'arachide, une tonne de maïs et 800 kg de niébé (haricot). Au total, plus de cinq tonnes de riz ont été distribuées à 200 familles en Casamance.

L'accès à l’eau potable est essentiel pour les populations des zones d’accès difficile.
CC BY-NC-ND / CICR / J.Cendon

L'eau, clé de la vie et du développement

La plupart des villages se situent dans des zones reculées, difficiles d'accès, il est donc essentiel pour eux d'avoir accès à l'eau potable. Au retour des familles, il faut remettre en place le système hydraulique du village pour permettre aux habitants de s'alimenter en eau potable et de pouvoir s'occuper des cultures agricoles. 

Le CICR soutient la formation de volontaires de la Croix-Rouge Sénégalaise, et fournit le matériel nécessaire aux réparations des installations hydrauliques. Il aide aussi à la mise en place de nouvelles infrastructures hydrauliques, comme l'installation de panneaux solaires pour faciliter l'irrigation. 

Oumar Diémé est un artisan qui répare les pompes manuelles. Volontaire de la Croix-Rouge sénégalaise à Bignona, il travaille aussi comme agent de santé communautaire à la Case de santé de son village Sitoukène (commune de Djibidione, Fogny).

"J'ai été formé par le service de l’Hydraulique avec l’appui du CICR. Après la formation, le CICR m’a fourni le matériel nécessaire aux travaux de réparation"
CC BY-NC-ND / CICR / J.Cendon

La priorité de l'accès au soin

En Casamance, le CICR soutient cinq postes de santé appartenant aux trois districts sanitaires. Le CICR facilite le déplacement des équipes médicales, en jouant un rôle d'intermédiaire neutre dans le domaine de la santé, et renforce la présence et l'action des équipes médicales dans une zone difficile d'accès. Le CICR travaille en collaboration avec les équipes médicales du district.

Le CICR joue un rôle d'intermédiaire neutre, ce qui favorise un meilleur accès aux soins de santé de base. Il transporte le personnel infirmier jusqu’aux villages et facilite ainsi le fonctionnement du système.

CC BY-NC-ND / CICR / J.Cendon

Des consultations médicales régulières par le personnel médical du district sanitaire sont prodiguées dans les postes de santé des villages de Poukéne, Woniack, Kouram, Barakessé et Kabékel (dans le Fogny, département de Bignona). Un suivi médical de proximité peut ainsi être réalisé par l'infirmier chef de poste et son équipe.

L'infirmier chef de poste de Darsalam (dans le Fogny), Kadialy Sylla, précise que les consultations médicales, le suivi de la santé de la mère et de l'enfant, etc. sont menés grâce à l’aide du CICR.

Le CICR soutient les populations déplacées internes à cause du conflit dans la mise en place d'initiatives micro-économiques.
CC BY-NC-ND / CICR / J.Cendon

 Les Initiatives micro-économiques

Pour garantir la sécurité économique des familles revenant dans leurs villages, le CICR soutient des projets d'initiatives micro-économiques (MEI).  L'objectif d'un MEI est de fortifier sur le long terme le revenu d'une famille ou d'une communauté en se basant sur les productions locales.

Le CICR aide au financement de tels projets, mais aussi à la formation de ses acteurs. Il accompagne les initiatives dans toutes leurs durées de vie, en fournissant le matériel et l'expertise nécessaire, en mettant en contact les interlocuteurs, et en veillant à la bonne gestion du projet.

Une aide essentielle aux victimes du conflit

Cette jeune fille a été blessée par balle lors d'un braquage de véhicule au cours d'une sortie de fin d'année scolaire. Elle a été en prise en charge par le CICR pendant deux ans jusqu'à sa sortie de l’hôpital. Malgré les douleurs, elle a repris l’école et est en classe de seconde au lycée de Djibock. Elle continue toujours ses traitements à l’hôpital régional où elle se rend tous les deux jours. Pour assurer une continuité de sa prise en charge médicale, le CICR a financé un projet d’initiatives micro-économiques pour la vente d'objets artisanaux de sa mère.

Annexes

Retrouvez le travail de José Cendon sur son site internet

L'actualité humanitaire sur le blog de la délégation française du CICR : L'humanitaire dans tous ses états