Viols : Procès de Minova

Photographié par Diana Z. Alhindawi,
Lauréate du Visa d'Or Humanitaire du CICR,
Exposé à Paris du 3 nov. au 5 déc. 2015

Viols : Le Procès de Minova

Entre le 12 et le 19 février 2014, un tribunal temporaire a été établi dans la ville de Minova, en République Démocratique du Congo pour entendre les témoignages des habitants victimes de viols. À cause du nombre élevé de soldats accusés au cours procès et du haut niveau militaire du tribunal établi, ce fût le procès pour viol le plus important en RDC, un pays surnommé "La capitale mondiale du viol" en 2010, par Margot Wallstrom, représentante de l'ONU pour la violence sexuelle dans les conflits.

"Le Congo, la capitale mondiale du viol"

Margot Wallstrom

Pendant le procès, 39 soldats du gouvernement ont été accusés d'avoir pris part aux 10 jours de violences en novembre 2012, après qu'ils aient fuit les rebelles du M23 (Mouvement du 23-Mars), qui à l'époque avait capturé la ville clé de Goma. Pendant ces 10 jours, plus de 1 000 personnes ont été violé uniquement à Minova. Dans la culture congolaise, les victimes de viol sont fortement rejetées par le société, par conséquent les victimes portaient des voiles pour se dissimuler pendant le procès, protégeant ainsi leurs identités. Malgré ces mesures, seulement 47 femmes témoignèrent. Le jugement prononcé, seulement deux soldats furent reconnus coupables de viol...

En RDC, les victimes de viols sont rejetées par la société
Une victime, voilée pour protéger son identité, témoigne au procès. Dans une soirée de novembre 2012, des soldats ont pillé sa maison et l'ont violé. Quand son mari l'a appris, il est parti et n'est jamais revenu.

Une photographe engagée

Diana Z. Alhindawi, ancienne humanitaire, connaissait déjà le contexte de la République Démocratique du Congo quand elle a commencé à entreprendre une carrière de photo-journaliste. Elle était coordinatrice pour Oxfam en RDC lorsque les violences ont eu lieu à Minova en 2012. Elle quitte le milieu humanitaire, ne lui permettant pas d'être suffisamment proche du terrain, des besoins, de l'aide réelle. Considérant la photographie comme une aide humanitaire indirecte, "une pièce du grand puzzle humanitaire" (propos rapporté au journal Le Temps dans cet article).

Après avoir étudiée la photographie, elle revient des années plus tard en RDC, en 2014, où elle assiste chaque jour à ce procès historique. Malgré le verdict décevant, ce procès témoigne un certain espoir : le plus important procès pour viol de RDC a eu lieu, les victimes ont pu témoigner en sécurité, et l'histoire de ce procès a été racontée dans le monde entier.

Micheline, 18 ans, tient une photo de son fils, Alain. En novembre 2012, quand les soldats attaquèrent le refuge pour victimes de viols où elle était avec son fils, ils kidnappèrent Alain. 
Quelques jours plus tard, elle le retrouva, gravement malade. Il mourut un mois plus tard.

Un reportage primé

A l'unanimité, le Jury de la 5ème édition du « Visa d’Or humanitaire du CICR » a récompensé la photojournaliste Diana Zeyneb Alhindawi pour son remarquable reportage intitulé « Viols : procès de Minova » réalisé en République Démocratique du Congo. Le Jury était composé de représentants du New York Times, de Paris-Match, de La Croix, du Figaro Magazine, de Géo et du CICR.

Outre les qualités de réalisation, le Jury a été particulièrement sensible à l’histoire de ce procès racontée en 10 photographies. Diana Zeyneb Alhindawi a su décrire avec force et humanité la confrontation entre les parties civiles et la défense, les présumés bourreaux et leurs victimes qui, par mesure de sécurité, apparaissaient masquées.

Enfin, ce photoreportage apporte une touche ténue d’espoir, celle de voir mieux et plus systématiquement jugées et réprimées les violences sexuelles en tout temps et en toute circonstance afin que cesse l’impunité.

Doté de 8000 euros, le « Visa d'Or humanitaire du CICR » s’adresse à des photojournalistes professionnels à qui est proposé le thème des femmes dans la guerre : femmes combattantes, femmes détenues, femmes victimes de la violence sexuelle, femmes cheffes de familles en l'absence des hommes, femmes à la recherche de proches disparus…

Le Jury de cette 5ème édition du Visa d’Or humanitaire du CICR était composé de Daphné Anglès, (New York Times), Armelle Canitrot, (La Croix), Magdalena Herrera (Géo), Jerôme Huffer (Paris Match), Cyril Drouhet (Le Figaro magazine), Georgios Comninos et David-Pierre Marquet (CICR).

La plupart des victimes ont encore des symptômes de stress post-traumatique. Ici, une femme voilée a peur d'aller témoigner, ses pensées sont fixées sur les événements de la nuit où elle a été violée. Une psychologue l'aide à surmonter sa peur.

Amani Mirielle Kahatwa prend un appel derrière l'auditoire de l'école où se tient le procès. Son équipe composée de 10 procureurs congolais est employée et soutenue par l'Association du Barreau Américain. Ils ont tous reçu plusieurs menaces concernant leurs sécurités

Annexes 

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La prochaine compétition pour le Visa d'Or Humanitaire commencera en avril 2016. Si vous êtes un photojournaliste professionnel et que vous souhaitez participer à la compétition, n'hésitez pas à contacter la délégation du CICR en France à cette adresse mail : fjoli@icrc.org

Enfin, ne ratez pas septembre prochain le festival de photojournalisme Visa pour l'Image