Les Femmes sans visage

Les violences sexuelles en République Démocratique du Congo

En novembre 2012, des soldats de l'armée congolaise, défaits par les rebelles du M23, se replient dans la localité de Minova sur les bords du Lac Kivu. Durant une dizaine de jours, ils vont se livrer à des viols de masse. Plus de 1000 femmes mais également hommes et enfants en seront les victimes. 

Le 12 février 2014 s'ouvre à Minova même le procès de 39 soldats. Extrêmement médiatisé dans le pays, ce procès se voulait historique tant par le nombre de personnes poursuivies pour viols que par le haut niveau militaire du tribunal établi. Exceptionnellement, la Cour s'est déplacée pendant une semaine de Goma à Minova pour entendre les victimes, le voyage jusqu'à la capitale du Nord-Kivu étant trop onéreux pour elles. Se protégeant d'un voile anonyme, 47 femmes seulement feront face avec courage à leurs agresseurs. 

Le 4 mai 2014, le tribunal rend son verdict : seuls deux soldats sont condamnés, dont l'un à perpétuité. 

Voici, à travers quelques photographies de Diana Z. Alhindawi (lauréate 2015 du Visa d'Or Humanitaire du CICR pour la couverture du procès de Minova) et deux reportages vidéos de Alyona Synenko, déléguée communication du CICR, l'histoire de femmes victimes de violence sexuelle en République Démocratique du Congo. De la difficile avancée de la répression de ces crimes à la résilience des victimes souvent exclues de leurs communautés.

Sans visage : Le procès de Minova


Endiguer la stigmatisation des victimes de viols


Voici l'histoire de Pascaline. Elle a vu sa vie basculer le jour où elle a été violée par des hommes en armes. Ce fut ensuite la peur de se voir rejeter par son mari et l'ensemble de la communauté. Les victimes de violences sexuelles sont stigmatisées dans de nombreuses cultures ; au traumatisme du viol s'ajoute ainsi celui de la perte de leur famille et de leurs moyens de subsistance.

Avec l'aide d'une conseillère locale, Pascaline et son mari sont parvenus à surmonter le drame et s'emploient aujourd'hui à bâtir un avenir ensemble. Rejetés par leurs familles et le reste de la communauté, et privés de l'essentiel de leurs moyens de subsistance, ils doivent néanmoins se battre pour s'en sortir.


La prévention de la violence sexuelle et de ses conséquences passe aussi par l'information et la sensibilisation au Droit. Diffuser les principes les plus élémentaires à l'attention des combattants, des porteurs d'armes et des responsables des chaines de commandement est une évidence. Mais il en est de même à l'attention des populations, si ce n'est pour faire en sorte que les victimes et parfois leurs enfants nés des viols ne soient considérés comme des parias.