La nouvelle vie des Allumettes

L'ancienne friche industrielle va accueillir 
logements et supermarché

Avec les Ardoisières, c'est le dernier témoin de l’histoire industrielle d’Angers et de son agglomération.

Tout commence en 1981 quand la Seita décide de fermer la manufacture.

Les Allumettes sont alors vendues à une conserverie des Ponts-de-Cé. 

Rapidement, le nouveau propriétaire n'exploite plus les locaux industriels et les loue soit à des entreprises, soit à des artistes. 

En 2007, arrive le Toit angevin. Le bailleur social devenu Podeliha achète. Fermement décidé à raser le tout pour construire des logements sur cet emplacement idéalement situé aux confins d’Angers et des Ponts-de-Cé. Il y arrive… presque. 

Des associations, comme la CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) ou la Rêverie des Allumettes s’emparent du dossier. La Sauvegarde de l’Anjou s’en mêle. La Drac, la direction régionale des Affaires culturelles, est alertée. Le chantier stoppé. Et le site classé patrimoine industriel du XXe siècle.

Aujourd'hui, Podeliha bâtit 52 logements à l'intérieur des anciennes halles de fabrication préservées. Un magasin Lidl nouvelle génération va ouvrir.

La mémoire ouvrière sera rappelée 
dans une salle au milieu du parking de Lidl. 

Ici, au tout début, il y avait les mineurs qui fabriquaient quelques allumettes chez eux. Souvent à leurs risques et périls. La fabrication devient industrielle en 1863, avec l'établissement des frères Lebatteux. Elle devient un monopole de l’État en 1872. 

C’est à ce moment que se bâtit l’usine de l’avenue Jean-Jaurès. Un modèle du genre, avec ses halles immenses, son dessin au carré, sa gare qui permet l’acheminement des peupliers. 22 000 m2 de bâtiments dont 7 000 m2 ont été détruits avant que le site soit classé par la Drac comme patrimoine industriel du XXe siècle. 

Les femmes de mineurs avaient trouvé du travail ici. « Un revenu d’appoint », dit Pascal Reysset. Mais des hommes sont aussi employés aux travaux les plus durs, comme la manutention des arbres. 

Quand la « manu » ferme, le 30 juin 1981, il reste encore 180 salariés. Certains seront reclassés dans l’usine de Nantes, d’autres partiront en pré-retraite. Tous en ont gros sur le cœur.

Guy Tharreau se souvient.
Il est entré aux Allumettes en 1968.

Il raconte le « déroulage », une opération qui consistait à tailler le bois en plaques de l'épaisseur d’une allumette. Ces mêmes lamelles empilées qui étaient ensuite hâchées. 

« Une fois découpées, elles étaient trempées dans un bain d’acide borique », histoire que l’allumette ne s’enflamme toute entière d’un coup. 

Ce n’était que le début. Les petits bouts de bois étaient ensuite passés au « blutoir » pour les nettoyer, avant de subir le « cribleur » qui ôtait les éléments imparfaits. 

Manquait alors l’essentiel : le phosphore au bout de l’allumette. Un nouvel engin parfaitement élaboré composé d’une grille où chaque bâtonnet était rangé et passait au séchage, avant de tremper dans le phosphore, d’être éjecté, puis rangé encore automatiquement dans les petites boîtes également fabriquées sur place. Rangées, « à quelques unités près ».

 250 à 300 000 € vont être consacrés à transformer la cheminée et l'ancien château d'eau en œuvre d'art signée Raphaël Zarka

Ici, vivent aussi des artistes 
qui souhaitent garder leurs ateliers

Réalisation :
Marianne DEUMIÉ.