Dans les coulisses
de Kusmi Tea,
aux portes du Havre

Leader du thé premium en France, Kusmi Tea produit ses thés à Saint-Vigor-d'Ymonville, près du Havre.

Au cœur de la zone industrialo-portuaire du Havre (Seine-Maritime), sur le territoire de la commune de Saint-Vigor-d'Ymonville, un entrepôt se fait discret au milieu des grandes industries. Dans ces locaux, sont produites plus de 900 tonnes de thés par an, pour la célèbre marque Kusmi Tea. Les thés du leader national du thé premium sont reconnaissables au premier regard par leurs boîtes métalliques et colorées, évoquant Saint-Pétersbourg, son lieu de naissance. Entre ces murs, 150 ans d’histoire et de savoir-faire sont préservés.

Un peu d'histoire

Kusmi Tea, c'est avant tout une aventure russe. En 1867, Pavel Michailovitch Kousmichoff crée ses premiers mélanges de thés et d’arômes, à Saint-Pétersbourg. La maison Kousmichoff s’impose vite comme une référence sur le marché russe, fournissant même la cour des tsars de Russie. Une histoire russe s'arrête avec la Révolution de 1917 et l’exil de la famille à Paris, où ouvrira la boutique Kusmi Thé, au 75 de l’avenue Niel, dans le 17e arrondissement. La maison familiale sera rachetée à la fin 2003 par le groupe Orientis, dirigée par les frères Orebi, et spécialisée dans l’épicerie fine sucrée. « La société-mère a été créée en 2001 », présente Arnaud Fleury, directeur général de Kusmi tea.

« Sa première acquisition était la société Olivier Langlois, société havraise de distribution de café vert pour les torréfacteurs. Elle commercialisait également des thés et accessoires, sans marque, que nous avons développés avec la société Kousmichoff  qui avait tous les atouts pour faire une belle marque. »

De son atelier dans le 17e arrondissement de Paris, où « une dizaine de personnes remplissaient des boîtes de thé de façon artisanale », toute l’activité est transférée dans les entrepôts de Saint-Vigor d’Ymonville. De là, une nouvelle aventure débute, faisant, en quelques années, de la marque Kusmi Tea une référence sur le marché des thés premium.

Vers le 100%
made in France

©Valentine Godquin / Normandie-actu

La création de ces thés commence par le mélange de feuilles de thés entières avec des arômes naturels. Des produits rigoureusement sélectionnés, pour garantir la qualité de ces thés premium. Une fois le mélange réalisé et contrôlé, place aux équipes en charge du conditionnement des thés, dans des boîtes métalliques ou en sachets.

Chaque variété de mélange de thés est séparée dans les différents ateliers de production, pour éviter les mélanges de saveurs. Le conditionnement des produits est au cœur d’un vaste plan de développement de la marque, qui a récemment investi 1,5 million d’euros dans de nouvelles machines, qui se chargeront de tout, de la fabrication du sachet à l’emballage des boîtes de thés.

Relocaliser en France

Parmi les objectifs de Kusmi Tea : revenir à une production 100% française, en remontant la fabrication des boîtes et sachets dans l'Hexagone. Après avoir transféré la fabrication de ses boîtes métalliques de la Chine vers une entreprise française, la marque compte, à terme, réaliser l'intégralité de ses sachets sur place, en Normandie. Arnaud Fleury présente ces évolutions : « Les sachets étaient préparés d'abord au Maroc. Personne ne pouvait alors mettre des feuilles entières de thé en sachet. On transférait les mélanges dans une société marocaine qui fabrique des sachets en coton, cousus main. »

« Depuis trois ans, les Japonais ont développé des machines qui fabriquent des sachets en amidon de maïs, pouvant contenir des feuilles entières. Notre partenaire marocain a aidé notre entreprise à implanter une de ces machines en France, et désormais, la moitié de la production, soit 25 millions de sachets, est réalisée directement sur place. »

La commande d'une nouvelle machine, qui sera installée dans le courant de l'été 2018, permettra de transférer l'autre moitié de la production directement dans l'entrepôt de Kusmi, « dans l'idée d'intégrer un maximum de choses chez nous, et de gagner en maîtrise et flexibilité ».

La dégustation,
une étape capitale

Chaque mélange de thé est contrôlé, le conditionnement des produits étant bloqué jusqu'à la validation par le laboratoire. (©Valentine Godquin/Normandie-actu)

À côté des ateliers de production, un laboratoire reçoit des échantillons de chaque mélange produit. Objectif : analyser et goûter tous ces thés, avant de lancer le conditionnement en boîtes ou sachets.
Jacky Becaud est responsable de laboratoire. Avec une petite équipe de testeurs et Delphine Borrel, responsable qualité produit, il analyse chaque nouvelle production. « Nous contrôlons les éléments figurés (morceaux de fruits, écorces d'orange, ndlr) comme les arômes. » Certains éléments sont choisis pour le goût, d’autres pour l’aspect visuel de la recette. « Plusieurs tests sont faits pour détecter les petites différences entre chaque tasse, en comparant la nouvelle production avec la précédente. »

Un travail qui nécessite d’avoir du palais et de travailler régulièrement les papilles pour détecter toutes les saveurs.

« C’est une formation perpétuelle. J’ai eu l’avantage de débuter dans l’hôtellerie et d’avoir suivi des cours d’œnologie. Cela nécessite aussi une bonne hygiène alimentaire. »

Selon les périodes, 10 à 25 thés peuvent être testés en une journée, une étape préalable et obligatoire avant le conditionnement du produit. Les échantillons seront conservés trois ans, pour la traçabilité des produits. Enfin, dans ce même laboratoire, sont imaginés les nouveaux mélanges de thés à retrouver en boutique.

Des effectifs majoritairement féminins

Une activité minutieuse. (© Sébastien Taldu/Kusmi Tea)

Beaucoup d'activités sont encore manuelles. L'humain a encore toute sa place sur les chaînes de production, pour réaliser notamment des activités nécessitant une minutie et une précision que la machine n'apporte pas encore : plier et fermer les sachets de thé vrac contenus en boîtes, remplir les coffrets, etc.
650 salariés travaillent en moyenne pour Kusmi Tea, en France, pour la production, des thés, en boutique et au siège, à Paris. Particularité de cette marque : la masse salariale est à 80% féminine !

« C'est un secteur qui intéresse plus les femmes que les hommes, d'après ce que l'on constate lors des recrutements. La moitié du comité de direction est féminin également. Cela nous aide aussi par rapport à la clientèle, qui est, elle aussi, principalement féminine. »

Dans l'entrepôt près du Havre, 230 personnes travaillent au quotidien. Avec des effectifs qui peuvent évoluer en fonction du pic d'activité, notamment à l'approche de l'hiver, et des fêtes de fin d'année.

L'activité est le plus souvent linéaire, il n'y a pas de véritable creux en été, d'autant que nous constatons une croissance dans la consommation des thés glacés.


Les évolutions dans les ateliers normands permettent également de procéder à de nouveaux recrutements, avec une trentaine de nouvelles recrues en deux ans. Des recrutements sont toujours en cours autour de la qualité, les suivis de produits, l'audit auprès de fournisseurs...

Conquérir le marché mondial

Désormais numéro 1 du thé premium en France, la marque Kusmi Tea voit plus loin et compte désormais conquérir le marché européen et mondial.

« Notre challenge est de développer l'exportation internationale. Nous sommes très présents en Allemagne, qui représente un gros marché de consommation de thés. »

Ce développement passera notamment par la Belgique, la Suisse et la Scandinavie. « Une boutique est aussi ouverte à Londres pour étendre le rayonnement européen. »
L'Asie est également en ligne de mire, avec une implantation début 2017 au Japon, et la Corée du Sud programmée pour 2018, de même que Hong Kong et Singapour. La marque compte sur la notoriété de sa boutique des Champs-Elysées, à Paris, pour étendre son rayonnement sur le marché étranger, en Asie comme  outre-Atlantique.

Kusmi Tea en chiffres

Arnaud Fleury, directeur général  de Kusmi Tea. (©Valentine Godquin/Normandie-actu)

- Rachat de Kusmi Tea par le groupe Orientis fin 2013, installation à Saint-Vigor-d'Ymonville en 2004
- Numéro 1 du thé premium en France 
- 75 millions d'euros de chiffre d'affaires
- 75 boutiques en France, 25 à l'étranger
- Lancement de la gamme « detox » en 2006
- Environ 100 mélanges en vente, dont une trentaine dans la gamme d'infusions biologiques Løv organic, soit plus de 600 références produit
- Une croissance entre 20 et 30% sur les dix premières années, et à 5% par an depuis
- 650 salariés en France, dont 230 dans les ateliers de production, près du Havre
- 80 % de femmes au sein de l'entreprise
- 900 tonnes de thés produites par an
- 50 millions de sachets de thé, et 6,5 millions de boîtes de thé en vrac
- 70% de la production vendus en France