21 jours en fauteuil roulant

Le défi de la Tourangelle Cécile Bregeard 

Ouvrir une porte, monter une marche : des petits gestes qui accompagnent notre quotidien et sont devenus de véritables automatismes. Simples à accomplir pour bon nombre de personnes, ils se révèlent de véritables épreuves en fauteuil.
Pour comprendre et travailler sur ces difficultés, l'architecte tourangelle Cécile Bregeard s'est mise en situation de handicap moteur durant trois semaines. Du 24 août au 13 septembre 2016, cette architecte de Tours Nord s'est déplacée en fauteuil roulant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. 

Premiers jours : 
"J'apprends les gestes"

Avec son fauteuil, Cécile Bregeard se rend sur son lieu de travail, dans les transports en commun, au cinéma. Un combat de tous les instants. 

A la maison, le pari s'avère immédiatement difficile à tenir, tant les équipements ne sont pas adaptés. La jeune femme doit se faire aider, mais elle ne peut entrer dans certaines pièces. 

Au programme de ces premiers jours : l'expérimentation d'activités sportives en fauteuil, ou encore un voyage en train pour se rendre à Orléans afin d'assister à une conférence tenue par l'association Reconfortsep (information sur la sclérose en plaques).

Le voyage se fera sans encombre : "à partir du moment où le trajet a été programmé et organisé, des agents viennent vous aider."  

Bénévole depuis quelques années à l'Association des paralysés de France, Cécile Bregeard a ouvert un blog pour conter au quotidien son aventure.

Sensibiliser les architectes

L'objectif de l'expérience est de sensibiliser les architectes et les élus à l'importance de l'accessibilité. A l'issue de ces trois semaines, Cécile Bregeard lancera une association : le Centre de recherches et d'innovations pour l'accessibilité universelle (CRIAU), qui aura pour but d'organiser des rencontres de sensibilisations destinées aux entreprises et aux professionnels ou encore des travaux de groupe avec des étudiants.

« Ce projet ne concerne pas seulement les personnes en fauteuil roulant mais aussi les personnes âgées ou en grandes difficultés. »

Équipée en permanence d'une caméra fixée sur le fauteuil, Cécile Bregeard relève le plus d'informations possibles. Elle échange également avec d'autres personnes, en fauteuil ou pas, et se fait conseiller.

Mi-parcours : 
"J'en ai marre"

"C'est dur et plus fatiguant que je ne l'aurais imaginé."

Malgré le sourire, Cécile Bregeard avoue que l'expérience, débutée il y a une dizaine de jours, n'a rien de reposant. « J'en ai marre », lâche-t-elle.

Au travail, à son domicile, en ville… Cécile Bregard ne quitte jamais (ou presque) son fauteuil. « Il m'est arrivé seulement de m'en séparer pour des rendez-vous professionnels sur des chantiers ou pour faire quelques pauses sur les conseils de mon médecin. »

Avec la chaleur et parce qu'elle ne marche plus, elle a très mal aux jambes

 Les magasins, "c'est compliqué"

La liste des problèmes rencontrés est déjà longue. Si les courbatures et la tendinite à la main droite du début sont oubliées, les difficultés de déplacement, elles, persistent. 

Chaque trajet doit être minutieusement préparé.« En temps normal, j'aime bien flâner en ville mais il y a plein de magasins où je ne me rends plus en raison des difficultés ou du manque d'informations sur la présence ou non d'une rampe d'accès. » Elle cite la rue Nationale où il reste « pas mal de seuils ».

Des trajets plein de surprises

Cécile Bregeard évoque encore l'absence de bateaux ou les ressauts sur les trottoirs qui nécessitent d'emprunter la chaussée, les dévers qui manquent de vous faire tomber, les obstacles (candélabres, horodateurs, poubelles)… 

« Parfois, on s'engage sur un chemin mais à l'arrivée, il n'est plus possible de continuer. »

L'architecte a appris l'anticipation : 

A la maison, rien n'est simple

Dans la cuisine, « avec un seul endroit pour faire demi-tour », ou dans la salle de bains, où le miroir « trop haut » est inutilisable. Son conjoint "fait un peu tout à la maison. Je crois qu'il a hâte que ça se termine ! »

Pour les courses, Cécile se fait accompagner.

Après avoir testé le hand en fauteuil, elle s'est rendue au cinéma. Sans problème. « J'aimerais aussi faire la promenade avec le chien, mais à condition d'être accompagnée. » Histoire d'éviter l'accélération surprise du border collie…

L'heure du bilan

Grosse fatigue, à l'issue des trois semaines. Fatigue physique, mentale, sentiment d'enfermement... Cécile Bregeard ne cache pas son impatience de voir l'expérience s'interrompre

L'architecte, pourtant déjà au fait des problématiques liées à l'accessibilité, assure avoir modifié son regard professionnel