En Haïti après l'ouragan 

L'aventure de deux Jocondiens

Guy Brault, et Bruno Cousin, président et vice-président de l'association de Joué-lès-Tours "Agir pour l'enfant", investie auprès d'écoles et d'orphelinats en Haïti depuis 2001, ont décollé lundi 10 octobre pour Port-au-Prince. 

Là-bas, ils vont tenter d'aider les habitants touchés, mardi 4 octobre 2016, par le plus violent ouragan des Caraïbes depuis dix ans. Accompagné de pluies torrentielles, le vent a soufflé à plus de 230 km/h.

Plus de 1.000 personnes ont été tuées. On craint désormais une épidémie de choléra.

Vous souhaitez aider les Haïtiens, via l'association jocondienne ? Vous pouvez envoyer un chèque à Agir pour l'enfant, 2 Rue du Clos Neuf, 37300 Joué-lès-Tours. Un reçu fiscal vous sera envoyé. Vous pouvez également remplir le formulaire en ligne.

Les premiers témoignages

Pour les deux Jocondiens, le voyage  était prévu de longue date pour le bon fonctionnement de leur association. Ils y resteront jusqu'au 21 octobre, mais vont changer leur programme, afin d'aider la population. 

Lundi 10 octobre : premiers contacts

"Les appels à l'aide de nos correspondants sur place commencent seulement à nous arriver. Haïti a connu une grosse coupure d'électricité qui a empêché toute communication. Les gens expliquent qu'ils ne savent plus où habiter, leurs maisons ont été soufflées..."

Dans l'avion, Guy Brault se prépare à un voyage éprouvant.

Il s'est déjà rendu en Haïti après de grandes catastrophes (un ouragan en 2006, et le tremblement de terre de 2010), mais jamais si peu de temps après le drame.

Depuis 2001, l'association "Agir pour l'enfant", comptant 350 à 400 adhérents, parraine 150 enfants et adolescents. A Port-au-Prince, elle soutient trois écoles à Port-au-Prince qui n'ont pas été touchées par l'ouragan.

"L'une des écoles que nous soutenons, située à Canapé Vert, un bidonville de la banlieue de Port-au-Prince, nous préoccupe fortement. Son directeur nous a alertés sur sa peur du choléra. Il nous faut trouver un moyen de purifier l'eau. Il en va de la vie de 300 enfants ."

"Des visages angoissés 
à l'arrivée"

Après leurs douze heures traditionnelles de voyage, Bruno et Guy sont " ébahis" de ne trouver personne au service Immigration de l'aéroport de Port-au-Prince. 

Le chauffeur qui les accueille leur parle de sa famille restée aux Cayes, ville du Sud ravagée par Matthew. Il sourit mais est visiblement angoissé de ne pas avoir eu de nouvelles en direct. Il n’ose pas partir car les routes ne sont pas sûres. 

"Partout, les embouteillages habituels, rien dans la nuit ne fait paraître le drame de la semaine précédente, si ce n’est un brouhaha nettement moins important que d’habitude..."

Une cantine 
à Port-au-Prince

Depuis 15 ans , Agir pour l'Enfant soutient la cantine du collège CIM situé au centre de Port au Prince. Tous les jours une centaine d’enfants peut ainsi prendre un plat chaud à midi.

Beaucoup de ces enfants viennent du sud du pays. Certains ont perdu leur maison ; leurs parents leur travail, et toutes leurs ressources. La scolarité ne va plus être une priorité et nombreux sont ceux qui ne viendront plus à l'école. 

Cette école est dirigée par les Filles de Marie, une congrégation religieuse, qui gère une vingtaine d’établissements à travers Haïti. Guy Brault interroge la directrice Sœur Philomène sur l’insouciance des habitants avant l’arrivée de l'ouragan Matthew. 

" On nous a tant parlé d’autres ouragans qui ne sont jamais venus" explique-elle. "Celui-ci n’a rien à voir avec ceux qui ont déjà frappés Haïti. Des arbres pas seulement déracinés mais parfois coupés en deux au niveau du tronc par la violence du vent. Les animaux ont été décimés. Les bananiers, manguiers et autres cultures ravagés. "

Désolation
dans la montagne

Pour arriver dans la zone rurale au-dessus de Petit Goave et Miragoâne, les Jocondiens ont gravi la montagne durant deux heures et demi, pour rejoindre une des zones les plus touchées par l'ouragan.

"L'accès est très difficile : on commence et on finit par des heures de "blocus sérieux" (embouteillages) pour sortir de Port au Prince, explique Anne Montel, présidente du Comité de Lyon de l'œuvre de l'Adoption Française. La route est ensuite une piste pentue, par endroits empierrée mais glissante et ravinée qui suit les crêtes des mornes (collines) verts."

 Certaines maisons sont totalement détruites, d'autres n'ont plus de toiture, d'autres enfin - et cela surprend les voyageurs - sont intactes. 

Ces paysans devaient tout juste subsister avant le cyclone, ils ont perdu leur habitat et leur outil de travail. Sans aide, ils n'auront que la perspective de quitter leur campagne pour un exode vers les bidonvilles de Port-au-Prince.

"Les récoltes sont totalement détruites. Les arbres fruitiers, les bananiers sont tous à terre. Les feuilles de bananiers sont déchiquetées, et les cocotiers scalpés. Le petit bétail (chèvres...) a été décimé. La population est très inquiète. Les habitants savent bien qu'ils n'ont rien à manger pour les 4 à 6 mois à venir."

Des fruits inutilisables couvrent le sol. Des pluies diluviennes s'abattent sur les villages, c'est la saison. Et cela n'aide pas à la reconstruction. 

"L'après midi il pleuvait fortement et les villageois s'abritaient dans la boue sous un espèce de préau, raconte Anne Montel. L'église, démolie par l'ouragan de 1989, toujours inachevée, n'a jamais été couverte par un toit. Un culte se tenait sous une bâche pour quelques personnes qui tentaient collectivement d'entrer dans un temps de deuil et de se soutenir dans la détresse."

La reconstruction 
a débuté

Toujours dans la montagne, les villageois ont commencé les reconstructions. Ils retaillent les poteaux de bois envolés des maisons, découpent des lamelles dans les palmiers, et colmatent les murs avec de la terre. 

"L'association offre les clous et les tôles, explique Guy Brault. Il nous environ 100 € pour une maison. Mais ce sont les habitants qui prennent en charge la construction des murs, c'est important."

L'association Agir pour l'enfant espère pouvoir aider des dizaines de villageois à reconstruire leurs abris. 

700 maisons ont été touchées dans la zone. 

L'association est parvenue à se procurer des tôles, grâce à un réseau de connaissances. Mais il lui faut de l'argent. 

Trois jours après l'arrivée des voyageurs, 3.000 € ont été récoltés, par les familles d'enfants adoptés ou parrainés, et leurs amis.

"Nous avons un compte bancaire sur place, qui nous permet de payer immédiatement les marchandises."

La motivation des habitants est importante. L'association envisage de reconstruire une soixantaine de maisons, dans un premier temps. 

La première maison fut rapidement terminée : 


Il reste du travail. les habitants craignent surtout la famine, qui risque de sévir après la perte des cultures et des arbres fruitiers. 

Le choléra ? "Tout le monde en parle ici, assure Guy Brault. Normalement la montagne devrait être épargnée."


Vous souhaitez aider les Haïtiens, via l'association jocondienne ? Vous pouvez envoyer un chèque à Agir pour l'enfant, 2 Rue du Clos Neuf, 37300 Joué-lès-Tours. Un reçu fiscal vous sera envoyé. Vous pouvez également remplir le formulaire en ligne.

Avec les enfants 
du bidonville

Retour à Port au Prince. Les Jocondiens sont accueillis à Canopé Vert, dans une école d'un bidonville de la banlieue de Port-au-Prince. 

300 enfants y sont scolarisés. Mais l'absence d'eau potable laisse craindre une épidémie de choléra. 

Le directeur de l’école a fait construire un puits. Mais l'eau qui en sort est trouble et salée.

« On a proposé un prêt de 2.000 € pour l’achat d’un osmoseur, qui nettoiera l'eau. L'école en vendra ensuite aux parents pour financer l'investissement.» 


Grand moment du voyage : un repas offert aux enfants à la cantine. 

« Le premier depuis le début de l’année scolaire ! "

L'expérience pourrait se poursuivre, l'école ayant décroché des dons de nourriture de la part d’organismes officiels.

Malheureusement, la situation devrait s’aggraver avec l'arrivée dans le bidonville des sinistrés du sud.  

Guy Brault craint une triple peine pour les enfants sinistrés : la perte de leur maison, la faim et la déscolarisation. 

« Il faut s’organiser pour que les écoles puissent accueillir les enfants. L'association a encore du travail. » 

Pour l'instant, les gens trouvent encore des fruits tombés, mais cela ne va malheureusement pas durer. 

"Et fournir à manger va coûter bien plus cher que des tôles !"

L'association jocondienne promet de ne rien lâcher. Elle cherche des bénévoles et de nouveaux parrains pour assurer scolarité et nourriture aux enfants.

Plus de 10.000 € ont fianlement été récoltés durant le mois d'octobre. Beaucoup de Tourangeaux sont parmi les donateurs. 

Une vente de produits artisanaux haïtiens sera organisée vendredi 18 novembre, de 14 h à 19 h 30, et samedi 19 novembre de 14 h à 18 h 30, à la maison des associations de Joué-lès-Tours, 2 rue du Clos-Neuf. Tous les bénéfices iront aux enfants d'Haïti.

Vous souhaitez aider les Haïtiens, via l'association jocondienne ? Vous pouvez envoyer un chèque à Agir pour l'enfant, 2 Rue du Clos Neuf, 37300 Joué-lès-Tours. Un reçu fiscal vous sera envoyé. Vous pouvez également remplir le formulaire en ligne.

L'heure du bilan

125 toits financés

En décembre, l'association dressait un premier bilan, alors que l'opération se poursuit.

"Nous en sommes à 125 toits financés en partenariat avec le Comité de Lyon de l'œuvre de l’Adoption Française, se réjouit Guy Brault, président de l’association jocondienne. Régulièrement Georginaud, notre correspondant sur place, nous envoie des nouvelles et des photos. "

Dans son dernier message, ce correspondant demandait à l’association s’il devait réduire le nombre de tôles données aux familles afin d’en aider davantage. 


« Il reste ainsi 264 familles à aider sur notre secteur, expliquait-il. Dois-je leur demander de faire un peu plus petite leur maison, ce qui nous permettrait de donner 25 feuilles de tôles au lieu de 30 ? »

 Les Jocondiens n’ont su que lui répondre. Une nouvelle fois, ils ont invité ceux qui le peuvent à continuer de donner de l’argent à l’association. 

« Nous en sommes à 12.500 euros récoltés et réinvestis dans les maisons, ce qui est déjà un gros score, rappelle Guy Brault. Les Tourangeaux sont déjà nombreux à nous avoir aidés. » 

Vous souhaitez aider les Haïtiens, via l'association jocondienne ? Vous pouvez envoyer un chèque à Agir pour l'enfant, 2 Rue du Clos Neuf, 37300 Joué-lès-Tours. Un reçu fiscal vous sera envoyé. Vous pouvez également remplir le formulaire en ligne.