L'Atlantique en pédalo

contre le gaspillage alimentaire

Dénonçant le gaspillage alimentaire, le Tourangeau Baptiste Dubanchet, 27 ans, va rallier Paris à New York, en pédalant, et en se nourrissant exclusivement de produits mis au rebut.

Photos : © La Faim du Monde.

Première étape : Paris-Gibraltar

En juin 2014, Baptiste avait défrayé la chronique en parcourant 4.000 km à travers l'Europe à vélo, en mangeant uniquement ce qu'il trouvait dans les poubelles. 

Depuis janvier 2017, Baptiste pédale à nouveau. Il a d'abord mis le cap, à vélo, sur Gibraltar, pour la première étape de ce pari un peu fou qui le mènera à New York en pédalo, avec pour seuls vivres des produits dont la date limite d'utilisation optimale (DLUO) est dépassée depuis plus de dix ans pour certains. Une DLUO qu'il voudrait justement voir supprimer.

Fin janvier, il traversait l'Espagne

Le 17 février, il est enfin arrivé à Agadir. La fin de la première étape. Lui restait à terminer la préparation du pédalo et à l'acheminer jusqu'à Agadir. Une opération qui a été compliquée par les autorités marocaines qui ne voulaient pas lui donner l'autorisation de partir de leurs côtes. 

Le bateau de 7,5 mètres a, également, été abîmé lors de sa mise à l'eau. Des avaries sans gravité. 


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A l'assaut de l'Atlantique

Une première étape de 13 jours

Le grand départ a eu lieu le 9 avril, au départ d'Agadir. Le Tourangeau a reçu la visite de son « parrain » Jean-Gabriel Chelala. Un parrain qui a déjà traversé l'Atlantique en 2009 sur ce même pédalo.

Durant 13 jours, Baptiste a tenté de donner une direction à l'avancée de son pédalo, affrontant une dépression météorologique. En vain. 

« A part les soucis liés à la météo, tout s'est très bien passé », se réjouit-il. « Et pourtant c'était la partie la plus dangereuse car près des côtes il y a beaucoup de trafic. J'ai réussi à bien m'alimenter avec les aliments périmés. J'ai mangé principalement des lentilles et du riz. Je suis rassuré car je sais que je tiendrai le coup durant les deux à trois mois que durera la traversée vers la Martinique. »

Embarquez à bord, grâce à cette vidéo à 360 degrés : 


Baptiste explique que la solitude ne lui a pas posé problème : « C'est difficile les quatre premiers jours mais on finit par s'y faire, on tolère la solitude. J'ai tout de même croisé beaucoup d'animaux : des dauphins, des oiseaux, des tortues… C'est agréable de sentir de la vie ! »

Une carte permet de suivre sa progression : 

Le 22 avril, Baptiste s'est fait remorquer par des pêcheurs, comme on le voit à la fin de cette vidéo. Il s'est mis à l'abri des vents forts dans un port marocain à El Ouatia, dans le Sud du pays. Il va y rester quelques jours, le temps de faire réparations et ajustements sur le pédalo.

Il a optimisé cette escale marocaine en achetant le matériel qui lui manquait pour s'attaquer sereinement à la grande traversée de 3.000 milles (soit 5500 kilomètres de terriens) vers la Martinique, qui devrait durer environ trois mois. « Le pédalo est maintenant pleinement opérationnel », assure Baptiste qui est notamment parvenu à solutionner ses problèmes de communication. « Toutes les semaines, je préparerai une vidéo avec une thématique spécifique liée au gaspillage alimentaire et aux solutions pour le limiter », précise Baptiste. « Je tiendrai aussi un petit carnet de bord en vidéos pour la chaîne TF1.  »

Deuxième départ : cap sur la Martinique ! 

Samedi 6 mai, Baptiste a finalement repris la mer. « Je vais faire cap directement vers la Martinique car le vent de Nord rend impossible toute escale aux Canaries. De toute façon je n'ai plus le temps de m'arrêter car j'ai pris un mois et demi de retard sur le planning initial. Je suis à la fois impatient et inquiet quand je pense à cette grande traversée en solitaire. C'est une sensation un peu étrange »

"Usé nerveusement"

Lundi 22 mai, parti depuis deux semaines, Baptiste fait face à des sentiments contradictoires. Il est à la fois heureux de faire route vers le but, mais fatigué de pédaler dix heures par jour et usé nerveusement par un environnement sans cesse mouvant. Après être passé dans le Sud des Canaries, Baptiste pense déjà au prochain point de passage, les îles du Cap-Vert qu'il devra déborder par l'Ouest, sous peine de se retrouver à nouveau en difficulté le long des côtes africaines…

"Je voudrais que mon bateau arrête de bouger 2 minutes”

« La mer est souvent très agitée, cette forte houle m'empêche de dormir et de cuisiner correctement. Le manque de sommeil joue forcément sur les nerfs. Quand j'installe mon antenne Fleet pour communiquer, elle bouge dans tous les sens et ça me stresse beaucoup. Le pédalo est secoué en permanence. Parfois j'aimerais que mon embarcation arrête de bouger juste 2 minutes, pour avoir un peu de répit… L'ambiance est vraiment humide. Je fais face à des problèmes de moisissure à bord. Mon chapeau de paille en a fait les frais ! Quant au vent, il est très fort et qu'à moitié favorable : je veux gagner dans l'Ouest et j'ai un vent qui m'emmène au Sud-Ouest. »

Baptiste vous invite en vidéo à déjeuner avec lui... exclusivement des aliments destinés aux rebuts. Bon appétit ! 

Mi-parcours

Mardi 20 juin. Baptiste est à mi-parcours en terme de durée. La solitude commence à peser

« Je ne croise plus personne, cela fait bien deux semaines que je n'ai pas vu le moindre bateau. Je ne vois pas d'animaux marins non plus. Les seules traces de vie, ce sont quelques poissons volants autour du pédalo, et aussi des moucherons à l'intérieur de mon embarcation ! Ce n'est pas une situation facile car dans la vie je ne suis pas un solitaire, j'aime être entouré », explique-t-il.

Mis à part ce spleen ressenti de temps à autre, notamment quand la nuit tombe, tout va pour le mieux pour Baptiste qui résiste physiquement malgré des journées bien toniques

« Je pédale beaucoup plus qu'avant, entre 10 et 14 heures par jour. J'ai enchaîné trois journées de 14 heures, c'est crevant ! Mais il est important pour moi de me fixer des objectifs. Pour ne pas prendre de retard et risquer de me faire piéger dans un ouragan, j'ai pris la décision d'étendre un poncho pour la pluie sur le pédalo. Cela permet d'augmenter la prise au vent du pédalo et ainsi de gagner un peu en vitesse. »
Il espère arriver fin juillet en Martinique


Peu de nouvelles

Jeudi 13 juillet. N'ayant plus de forfait téléphone et internet, Baptiste communique uniquement avec son routeur. Il donne ainsi peu de nouvelles. 

Sur les 3.000 milles nautiques (5.650 km) séparant le Maroc de la Martinique, il lui en reste 800 (1481 km) à parcourir. L'arrivée est donc proche. Après plus de deux mois de traversée, la fatigue se fait pleinement ressentir.

"Je me repose de plus en plus car je commence vraiment à accuser le coup, le corps est usé par toutes ces journées à pédaler dans la houle, le vent et le courant ", confie Baptiste.

Baptiste économise ses télécommunications. Il n'a plus de forfait téléphone et la priorité est d'appeler son routeur à terre, afin qu'il l'aide à trouver la meilleure trajectoire et surtout à éviter à tout prix les tempêtes tropicales. Quant aux connexions à Internet, elles sont encore plus limitées. 

Les stocks de nourriture diminuent également. Il aura suffisamment pour tenir, mais regrette de ne plus avoir de sucre à grignoter. 

L'arrivée est toujours prévue dans un mois. " Entre les communications avec le routeur limitées, la panne de certains appareils et les conditions météo compliquées, je ne suis pas complètement maître de ma trajectoire. Je vais tout faire pour viser la Martinique, comme cela était initialement prévu. Mais il est aussi possible que j'atterrisse en Guadeloupe, à Saint-Martin, ou même ailleurs..."

Cap sur la Guadeloupe

Gare aux tempêtes tropicales !

Vendredi 21 juillet. Les risques de tempêtes tropicales contraignent le Tourangeau à viser la Guadeloupe, plutôt que la Martinique. Il y est attendu la première semaine d'août. Fatigué mais soulagé d'entamer la dernière ligne droite.

"Je suis parti très en retard du Maroc. C'était l'horreur ces derniers jours et je ne peux plus viser cette destination, c'est trop sud et il y a des risques de tempête tropicale », explique le jeune homme. « Sur les conseils de mon routeur, je vise la Guadeloupe, c'est plus à l'ouest donc je limite les risques. J'espère y arriver entre le 1er et le 5 août mais si une tempête se forme sur ma route d'ici-là, je pourrai être propulsé ailleurs… "

Il fait 50 degrés dans l'habitacle et il continue de pleuvoir, l'ambiance est humide. Le pédalo est secoué en permanence. Je continue à beaucoup pédaler. La bonne nouvelle c'est que j'avance assez vite, plus que d'habitude, car les vagues et le vent me propulsent. »

Au niveau de la nourriture, Baptiste réussit son pari de résister à la traversée en mangeant des aliments périmés. “Je suis en manque de sucre, je mange beaucoup de ce qu'il me reste, c'est-à-dire du riz blanc et de la semoule. J'ai hâte de manger à nouveau des choses normales ! ”

Plusieurs indices lui font penser que la terre se rapproche, à son grand soulagement :

Je vois de plus en plus de poissons et de bateaux, quelques oiseaux aussi. Je suis impatient de retrouver pas mal de choses, dont les humains principalement. Mes proches me manquent énormément… Trois mois seul en mer, c'est extrêmement long. Maintenant je fonce sur la Guadeloupe..."

Où est-il ?

Suivez sa progression sur la carte :

Que mange-t-il ?

>>> Des produits secs (riz, pâtes) dont la date limite d'utilisation optimale (DLUO) est dépassée depuis plus de dix ans pour certains.

Baptiste démontre dans ses vidéos, que leur saveur est intacte. C'est d'ailleurs l'une de ses occupations favorites à bord du bateau.

Il appel ainsi les industriels à abandonner l'affichage de la DLUO, ce qui permettrait aux produits des rester plus longtemps en rayon et d'éviter le gaspillage.

Une pétition est en ligne :

>>> Il mange également des fruits lyophilisés (vidés de leur eau).

"La technique de la lyophilisation n'a jamais été exploitée" rappelle Baptiste. Elle permettrait pourtant d'éviter que les fruits fragiles soient abîmés dans les transports et ensuite jetés.

« La lyophilisation permet de ne pas jeter les fruits et les légumes"

"Aujourd'hui, on congèle beaucoup, ce qui impose des congélateurs et un risque de rupture de la chaîne du froid. Entreposés dans de bonnes conditions, les produits lyophilisés peuvent pourtant se conserver durant 25 ans ! "

Cette vidéo explique comment les aliments de Baptiste ont été vidés de leur eau, pour une meilleure conservation :

La technique de la lyophilisation.