Le Tiffany's renaît de ses cendres !

Le 27 juillet 1971 à 17 h 30, le Tiffany's ouvrait ses portes... pour longtemps !

Le Mas de Couran à Lattes plonge dans l'ambiance revival du Tiffany's, la mythique boite de nuit des années 70 qui était située route de la Mer à Montpellier, dimanche 1er juillet 2018 à partir de 20 h 30. Hommage, musique et souvenirs sont conviés autour de la luxueuse piscine du patio lattois.

La démarche est motivée par la nostalgie. « Et alors ? » Réanimer l'esprit d’un club des années 70 devenu communauté sur les réseaux sociaux, celle des "adeptes du Tiffany’s", c’est admettre que le passé - s’il ne peut revivre - peut au moins se répéter. Et traverser les siècles. 



Clients de la première heure, ils brillent d’une autre jeunesse cinquante ans plus tard mais l’ADN de ces champions du night-clubbing est resté intact. Jean-Louis Daidonne est le maître de cérémonie, promoteur des soirées mythiques d’un Tiff’... aujourd’hui mythologique. « Je suis rentré par curiosité sur la page Facebook créée par Bernard, on était 300. ça m’a donné l’envie de faire une soirée et, de bouche-à-oreille, aujourd’hui nous sommes près de 1 500 inscrits », s’étonne-t-il. Lorsqu’il se remémore le Tiffany’s, le visage de Bernard Chadelas, le pharmacien, s’illumine. « Quand j’étais étudiant, je baignais dans ce milieu de la nuit avec des tas de copains, on s’y réunissait pour des soirées corpo pharma. »


Jacques, le videur, (il préfère physionomiste), Jean-Claude le serveur, Robert le DJ... Ils déblatèrent, se coupent la parole, esquissent des images, se marrent comme des mômes, tracent à gros traits l’histoire de ces soirées où, « de 21 h où l’on suivait le film du soir jusqu’à 6 h du matin, on ne faisait rien d’autre que passer du temps ensemble, on dansait, on se baignait dans la piscine. »

Ce qui semble être le noyau dur carbure cul sec au c’était mieux avant, comme ils tournaient au whisky-soda. Nostalgie d’une époque « où l’on se posait moins de questions », d’une décennie plus insouciante et plus légère parce que « moins fliquée », où des taux d’alcoolémie hallucinants constituaient une circonstance atténuante face à un juge. Quant au port non obligatoire de la ceinture, elle en aurait peut-être sauvé quelques-uns entre Richter et l’avenue de la Mer. 


Embaucher une fille pour son physique « de Suédoise », ça ne dérangeait pas, c’était même une marque de fabrique au Tiffany’s où l’émancipation féminine « n’était pas un problème ». Les serveuses font partie d’un décor inspiré de ce qui se passe de l’autre côté de la frontière, sur la Costa Brava ou plus bas, à Torremolinos, d’où sont d’ailleurs importés le concept et le nom. 


« On était en vacances sur à Playa de Aro. Le Tiffany’s, on l’a découvert là-bas avec mon mari. C’était une révolution de voir une boîte qui pouvait accueillir un millier des personnes, où l’on y faisait la fête à l’espagnole ! », se souvient « comme si c’était hier » Madame Gimferrer, l’épouse de feu Jeannot, son fondateur. Un pari osé à Montpellier qui ne se risque pas encore à de telles jauges. « Mon père m’a raconté qu’il en aurait fait un centre commercial si cela n’avait pas marché », explique son fils Marc.

« Mon père en aurait fait un centre commercial »

Et c’est un peu ça, le Tiff’, un condensé de toutes les musiques festives, des plus ordinaires aux plus groovies... Ces clubbers ont 20 ans en 1971, soit trois petites années après 68. Au Tiffany’s, on se promet de faire péter l’ordre moral comme un bouchon de champagne. La liberté, la fête, le plaisir, voilà ce que réclame une jeunesse surtout étudiante et montpelliéraine vite rejointe par une flopée de « notables ». Ni poétique, encore moins politique, seulement ludique et très éthylique, ce qui ne les différencie que peu de leur descendance.




Robert Francès, le tout premier DJ, en 1971, est un obsédé du son et de la musique de cette époque. « Le disco, c’était plus tard, et la variété, c’était la honte, sauf quand on commençait à être bien éméchés. Vers 4 h du matin, je glissais un Claude François pour me marrer et faire la fête. » Son cœur balance toujours au son de The Who, The Temptations, Lou Reed ou James Brown. 

Alors sur la page Facebook, chacun y va de play-list, comme un avant-goût de ce qui sera posé sur les platines dimanche. La liste est longue et elle risque de ne plus s’interrompre. Le You’re the first de Barry White, le Smoke on the water de Deep Purple, le Rock loabster des B52’s, l’incontournable Shaft d’Isaac Hayes, le Superstition de Stevie Wonder, le Long train running des Doobie Brothers, souvent copié... On s’y retrouve, on y partage des anecdotes, des objets publicitaires, de vieux cartons d’invitation à la soirée d’inauguration, « le 27 juillet 1971, à 17 h 30 ».



Sur les notes d’un finish gravé dans les gènes de toute une génération, le Tengo tango des Cannonball Adderley Sextet, on rentrait au petit jour, sa bouteille de JB et un tabouret « chouravé » sous le bras... « mais je l’ai ramené le lendemain », se marre encore Jacques qui, avec ses potes, ne rêvaient pas d’un autre monde puisqu’ils en étaient les rois... Des nuits en tout cas.

Valérie Marco

Soirée Adeptes du Tuffany's Dimanche 1er juillet 2018 à partir de 20 h 30 au Mas de Couran à Lattes Réservations au 04.67.65.57.57

La page Facebook Adepte du Tiffany's

Midi Libre Live spécial Tiffany's revival
dimanche 1er juillet à 19 h 30 en direct du Mas de Couran

A voir sur midilibre.fr

Montage Webdoc M.Pieyre