Il grimpe les édifices de Montpellier en solo intégral

Romain, 20 ans, est accro de l'escalade libre

D'aucuns diront que l'exercice est inconscient, dangereux, inutile. A première vue oui, mais c'est plus fort que lui, Romain, 20 ans, est un free-rider, un voyageur libre du monde vertical, à l'assaut des architectures urbaines. Il pratique l'urban climbing ou grimpe urbaine. 

Il escalade les édifices, les bâtiments, à la manière d'Alain Robert le Spiderman français, en solo intégral, c'est-à-dire sans équipement pour l'assurer. Une technique qui joue sur la capacité à ne jamais chuter, car à partir d'une certaine hauteur, c'est la mort qui est au bout du voyage. 



Le Montpelliérain s'aide des échafaudages des édifices, lorsqu'ils sont en travaux ou simplement en construction. A son actif, l'Altrad Stadium, l'opéra Comédie, les églises, l'Arbre blanc, la Folie en construction le long des rives du Lez à Richter. 

Cet étudiant en cinéma n'est pourtant pas un grimpeur né. Enfant "peureux, introverti, sujet au vertige jusqu'à la phobie du vide", il décide plus tard de combattre le mal par le mal. Avec l'aide d'un ami débute un long apprentissage de l'escalade le long des parois vertigineuses de l'arrière pays. L'initiation durera 6 ans. 

Peu à peu, la phobie disparaît au point que le jeune garçon devient vite accro de la verticalité des choses. "Mes études me prennent beaucoup de temps, et j'en manque pour grimper en milieu naturel. L'idée est venue naturellement, voir la ville d'en haut."


C'est en 2016 que la première ascension aura lieu. En pleine nuit, à minuit. Avec un ami, ils profitent des travaux sur l'opéra Comédie pour atteindre le sommet, en toute discrétion. Pas de cordages, d'attaches, tout se fait "à l'instinct" pour le jeune garçon : "J'ai confiance en moi après toutes ces années d'escalade, je sais ce que je peux faire "

Autre défi, l'église située sur la place Albert 1er : "J'ai fait l'ascension de jour, avec un gilet fluo pour passer pour un ouvrier, vers 16 h ". Une autre balade verticale, l'Altrad Stadium, clôturera les premières aventures. 

En décembre dernier, le cadeau est trop beau. L'Arbre Blanc, du quartier Richter, s'offre à cette folle envie "d'aller plus haut". Avec son ami , ils renouvelleront le défi par trois fois. D'abord par l'intérieur, puis par l'extérieur, jusqu'au toit. "La-haut, j'ai l'impression d'être un roi sur la ville, seul, personne ne sait. Le plus difficile, c'est la transgression de l'interdit, le premier pas qui fait passer de la légalité à l'illégalité." 



Romain a conscience des dangers : " Quand je grimpe, ma sécurité est basée sur la connaissance de mes capacités et sur mon modèle d'exécution, c'est-à-dire la répétition d'un schéma de gestes. De la même manière que tout le monde se lève, va au travail, se couche, et répète ça le lendemain, moi je lève la main droite, le pied gauche, répète, et atteint le sommet. Une structure artificielle a un motif identique, donc lorsqu'on a fait les deux premiers mètres, on peut faire les 30 suivants, le reste c'est de la connaissance de ses capacités physiques et mentales "


L'étudiant n'a pas d'idole en particulier, pas d' Alain Robert en lui, " j'aime bien la French Freerun Family 3F " note-t-il modestement. Des rêves, il en a sous le coude "partir faire le monde sur les toits, de Paris ou de Londres". Il sait les critiques virulentes dont il sera la cible mais balaie cela d'un revers de mots : "Une transposition de l'insécurité des gens sur mes activités ". Bon vent, l'homme libre. 

Michel PIEYRE

En théorie, il n'y a pas de loi qui interdit de grimper une façade donnant sur la voie publique. En cas d'intrusion dans une propriété privée, sur un monument historique, c'est une autre histoire. Toute dégradation est répréhensible ainsi que la mise en danger de la vie d'autrui en cas de chute. L'urban climbing ne date pas d'aujourd'hui, les ouvriers des premiers building de New-York sont les pionners. L'exercice est dangereux, mortel à partir d'une certaine hauteur.

Le 12 janvier 2017, un jeune photographe lyonnais est mort alors qu'il escaladait un pont en pratiquant l'urban climbing.