Rallye Monte-Carlo

Ogier, Prince de Monaco pour la cinquième fois

La 85e édition du rallye Monte-Carlo s'est déroulée de nouveau dans le décor féerique des Alpes du Sud. Depuis mercredi 18 janvier, l'épreuve comptant pour le championnat du monde des rallyes WRC a fait vibrer des milliers de supporteurs et fans au bord des routes. Renouvelé à 85 %, le parcours des spéciales laissait présager une édition pleine de rebondissements et de surprises. 

Arrivées dès lundi à Fontreyne à Gap, les équipes ont disposé de plusieurs jours pour réaliser les derniers réglages sur les bolides. Les incertitudes étaient nombreuses avant le début de la saison. Le Haut-Alpin et quadruple champion du monde Sébastien Ogier venait de signer chez Ford via la structure privée M-Sport. Un pari pour le Champsaurin. Gagnant ? 

Les adversaires de Sébastien Ogier sont donc de plus en plus nombreux à l'aube de la nouvelle saison WRC. Le Finlandais Jari-Matti Latvala a signé chez Toyota, Ott Tänak, l'Estonien, est le coéquipier de Sébastien Ogier. Mais le plus redoutable reste Thierry Neuville. Le Belge est au volant d'une Hyundai i20. Le constructeur français Citroën revient dans la compétition. Chris Meeke est candidat à la victoire finale.

Mercredi : le shakedown
pour Ogier

Photo Le DL/Vincent OLLIVIER

Sébastien Ogier reste insatiable. Parti deuxième lors du tour de mise au point sur la route de la Garde à Gap, le Champsaurin signe le meilleur chrono. Une première place anecdotique, car le classement de cette épreuve n'est pas pris en compte au classement général, mais la Ford de M-Sport est bien née. 

Durant l'épreuve, le Danois Andreas Mikkelsen surprend. Au volant d'une Skoda R5 et aligné en WRC-2, il signe le deuxième temps derrière... Ogier. 

Jeudi : un mort sur le Monte-Carlo

Photo PQR/La Provence/Stéphane DUCLET

Jeudi, les 71 pilotes sont partis de Monaco pour se rendre à Entrevaux dans les Alpes-de-Haute-Provence. 21,25 km entre Entrevaux et Ubraye, en pleine nuit. La chaussée est humide et verglacée, les conditions sont très piégeuses. Le Néo-Zélandais Hayden Paddon se fait surprendre au volant de sa Hyundai i20. Il percute un spectateur espagnol de 50 ans placé dans le virage. Évacué à l'hôpital de Nice, ce dernier n'a pas survécu à ses blessures. L'équipage de la voiture numéro 5 ne repartira pas et la première spéciale est annulée. Les pilotes prennent part au chrono de Bayons, toujours dans les Alpes-de-Haute-Provence. C'est Thierry Neuville qui signe le meilleur temps et prend la tête au général. Il va mener la vie dure à Sébastien Ogier, qui va être repoussé dans ses retranchements. 

Vendredi : de la casse pour
les leaders

Photo Le DL/Vincent OLLIVIER

Jeudi, les pilotes réalisent une des plus grosses journées de ce Monte-Carlo. Six spéciales à parcourir, soit 160,8 kilomètres de parcours chronométrés. Une journée dantesque qui va mettre au tapis plusieurs favoris. 
Dans l'ES 3 entre Agnières-en-Dévoluy et Le Motty, c'est le champion du monde en titre Sébastien Ogier qui part à la faute. Il perd 40 secondes et voit le pilote de la voiture numéro 5 prendre la poudre d'escampette au classement général. 

Dans cette spéciale, le Belge signe le meilleur temps devant Kris Meeke et Ott Tänak, le coéquipier d'Ogier. Le Champsaurin est alors huitième du général, à 49 secondes de la première place. Le parcours exigeant du rallye du Monte-Carlo ne laisse aucune place à l'erreur. 

Le pilote Citroën Kris Meeke est le premier à se faire surprendre. Dans la spéciale entre Aspres-lès-Corps et Chaillol (38,94 km), le Britannique sort trop large dans un virage et touche un talus. Ses chances au général sont réduites à néant. Dans le même temps, Neuville et sa Hyundai i20 sont intouchables. Il enlève la spéciale devant Ogier et Tänak. Juho Hanninen, surprenant depuis le début et troisième au général. Sa voiture et ses espoirs sont détruits dans l'ES 5 entre Saint-Léger-les-Mélèzes et La Bâtie-Neuve. Le Finlandais sort de la route. 

Thierry Neuville continue de grappiller des secondes. Lui et sa Hyundaï devancent l'Estonien Ott Tänak (+31''7) et Sébastien Ogier (+59''1). Derrière, le Finlandais Jari-Matti Latvala suit le rythme (+1'21''4). « Le scénario est parfait. On a vachement bien roulé et la voiture nous donne confiance. Je me sens à l’aise même si on peut encore progresser au niveau des réglages du différentiel. Ici, on peut vite perdre beaucoup de temps, avec un mauvais choix de pneus ou un tête-à-queue. Il faut être très vigilant pour ne pas faire d’erreurs », déclare le leader à la fin des trois spéciales matinales. Sébastien Ogier reste concentré. « C'est un départ difficile, avec des conditions très changeantes et glissantes. Je dois me battre avec la voiture. Mais je suis plutôt content. J'ai du mal à comprendre la voiture dans les parties glissantes, elle est sous-vireuse et j’ai du mal à faire confiance à mon train avant. »

L'après-midi sera plus calme. Sébastien Ogier décroche son premier scratch dans l'ES 7 entre Aspres-lès-Corps et Chaillol. Dans "sa" spéciale, le Champsaurin devance son coéquipier Tänak, le Finlandais Latvala et le Belge Neuville. Ogier et sa Ford trouvent la bonne carburation et signent aussi le meilleur temps dans la dernière spéciale de la journée devant Neuville. Au général, Sébastien Ogier a 45''1 de retard sur le pilote Hyundaï. Le duel s'annonce épique. Le Belge  est prudent : « 45" d'avance, ce n’est pas beaucoup sur un Monte Carlo. On est jamais à l’abri de quelque chose. Une erreur ou un tête-à-queue peuvent vite arriver dans ces conditions difficiles. » 

Samedi : Ogier évite les ennuis

Photo Le DL/Vincent OLLIVIER

Vendredi 20 janvier, 146,88 kilomètres de spéciales sont prévues au programme. La victoire du Monte-Carlo devait se jouer entre Thierry Neuville, sur sa Hyundai i20 et Sébastien Ogier sur sa Ford Focus. Lors de l'ES 9 entre Lardier-et-Valença et Oze, le mieux classé prend l'avantage. Il devance de 2''6 le Champsaurin. Dans l'ES10 entre La Bâtie-Montsaléon et Faye, il récupère encore 11 secondes. Le Haut-Alpin reconnait qu'il a été trop sur les freins. « J'ai fait une bonne première spéciale mais dans la deuxième on a été trop prudent, sur des conditions que l’on n’a pas pu faire en essais (avec les pneus en croix, panachés). C’est toujours particulier, j’appréhendais un peu la balance de la voiture et j’étais trop sur la retenue.» Le Belge, à l'inverse, se montrait confiant. « On est content. Il va falloir continuer à gérer car les conditions vont rester difficiles Le rallye est encore long. C'est toujours dur de rouler au maximum, il faut garder une petite marge mais on doit exploiter la voiture au mieux sur les parties sèches. »

Le coup de théâtre de ce Monte-Carlo se déroule dans l'ES 13, entre Bayons et Bréziers. En sortant un peu trop large dans une courbe, le leader tape et casse sa suspension arrière gauche. Il perd plus de 30 minutes. Ses chances de succès sont parties en fumée. Sébastien Ogier en profite et prend la première place du classement général avant le dernier jour de course. L'opération est parfaite pour le Champsaurin.

Kris Meeke ne verra pas Monaco. Dans la liaison entre Bréziers et la principauté, il brise sa suspension. Il n'a pas pu rejoindre le parc fermé monégasque. Son Monte-Carlo est terminé. 

Sébastien Ogier et Julien Ingrassia, encore gagnants

Photo Le DL/VIRGILE

Dimanche, il restait quatre spéciales à disputer pour l'équipage de la voiture numéro 1. Avec 47 secondes d'avance au général sur son co-équipier Ott Tänak, Sébastien Ogier doit assurer pour rallier l'arrivée à Monaco. Cette 85e édition du Monte-Carlo a été surprenante jusqu'ici... 
Dimanche matin, le bolide de Tänak a des soucis moteur. Le pilote ne peut pas s'employer pour titiller le champion du monde en titre. Dani Sordo, sur Hyundai accroche le scratch dans la spéciale entre Luceram et le col de Saint-Roch longue seulement de 5,50 km. L'ES 16, sur le même parcours, a été annulée par les organisateurs. Trop de spectateurs étaient mal placés dans les portions de la spéciale. 

Pour la dernière spéciale du Monte-Carlo, les meilleurs pilotes du monde empruntent la route du mythique Turini. La neige tombe au sommet du col et vers la descente de Peïra Cava, l'arrivée. Neuville gagne la spéciale et empoche les cinq points de bonus pour le championnat. Sébastien Ogier, très prudent sur les portions enneigées, termine seulement à la 11e position. C'est pour lui sa première victoire avec sa nouvelle Ford Fiesta WRC. Le quadruple champion du monde signe son quatrième succès de rang en Principauté, le cinquième de sa carrière (sa première victoire fut acquise en 2009, pour le compte du championnat IRC, avec une Peugeot 207 S2000). 

Au classement général, Sébastien Ogier s'impose devant le pilote Toyota Jari-Matti Latvala (+2'15'') et Ott Tänak (+2'57''8).

Photo Le DL/VIRGILE

Réalisé par Louis ANDRÉ (avec G.C.)