François Hollande en promenade de santé à Poitiers

Jeudi 26 janvier 2017, François Hollande est venu à Poitiers parler santé. 
Par B. Bize, V. Buche, S. Hausseguy, P. Deschamps

En déplacement sur le thème de la santé, jeudi 26 janvier, à Poitiers, le président de la République s'est offert plusieurs bains de foule en se prêtant au jeu des " selfies ". Une vraie cure de popularité.

Des jeunes filles sautillent en hurlant de joie devant le centre cardio-vasculaire. Elles n'en reviennent pas. Mieux qu'un autographe de Justin Bieber, elles viennent de faire un « selfie » avec François Hollande. Tout sourire, le président de la République s'offre un bain de foule. Quand son prédécesseur était contraint de se réfugier dans un bar de Bayonne, en fin de mandat, pour échapper à l'hostilité de la rue, lui est acclamé. Pas même enfariné, ni giflé, comme son ancien Premier ministre en campagne.

" Le service d'ordre a été très étonné "

Au pied des tours HLM des Couronneries, au CHU, sur la place d'Armes : partout, jeudi 26 janvier, le long de son parcours de santé, François Hollande a reçu le même accueil chaleureux des Poitevins. À chaque étape, des dizaines de personnes l'attendaient. Des badauds intrigués par le cortège de véhicules officiels. Des curieux venus pour l'apercevoir. Des admirateurs, aussi, prêts à jouer des coudes pour une photo souvenir.
« J'ai vu des regards que je n'imaginais pas voir aujourd'hui », reconnaît le député-maire de Poitiers, Alain Claeys. « En arrivant à l'hôtel de ville, il m'a demandé si c'est moi qui avais mobilisé. Je lui ai dit que je n'avais rien fait, ce qui est vrai. J'étais très heureux de cet accueil. »
À la sortie de l'hôtel de ville, en fin de journée, François Hollande a mis dix bonnes minutes, dans une joyeuse cohue, à rejoindre sa petite DS présidentielle. « Le service d'ordre a été très étonné », ajoute le maire. « Ils n'avaient pas prévu ça. Des manifestations oui, mais pas ça. » Le rassemblement prévu à l'appel des syndicats hospitaliers, le matin, a effectivement été tenu à distance.
« Je veux une photo avec lui, ce serait une grande fierté pour moi », explique Monique, dans la foule. « Tout le monde le critique mais quand il est là tout le monde vient le voir ; il est plus aimé que Sarkozy quand même », observe Alex, étudiant à la fac de droit. « Pour quelqu'un qui est impopulaire, je trouve qu'il y a beaucoup de monde ici », s'étonne Jennifer qui a eu droit à une bise présidentielle alors qu'elle venait à la mairie faire un changement d'adresse.
L'Elysée tenait à ce que la visite perturbe le moins possible le quotidien des Poitevins. En bon président normal, François Hollande a donc pu croiser des patients dans la salle d'attente de la maison de santé des Couronneries, des personnels dans les couloirs de l'hôpital et des « vrais gens » au relais Georges-Charbonnier.

" En toute simplicité "

« Il est venu en toute simplicité, naturel, chaleureux, au milieu des gens », raconte Patricia Persico, adjointe au maire de Poitiers, à la sortie de l'entrevue accordée au conseil municipal. « Il fallait se pincer ; zut, c'est le président quand même ! », avoue sa collègue Christine Sarrazin-Baudoux. « Les gens commencent à s'apercevoir que ce quinquennat a été utile et que beaucoup de choses ont été faites », ajoute François Blanchard, l'adjoint à la jeunesse, séduit par son humour.
« Est-ce qu'il faut ne pas être candidat pour être populaire ? », s'interroge Alain Claeys. « C'est une question que je demande de méditer… »


Nez à nez avec le président chez le médecin de quartier

François Hollande à la maison de santé des Couronneries

Mélissa, 11 ans, a le rhume. Jeudi 26 janvier au matin, sa maman avait donc pris rendez-vous chez son médecin, à la maison de santé des Couronneries. « On nous a demandé de vider nos poches et de passer au détecteur de métaux à l'entrée », raconte-t-elle. « On ne s'attendait pas à ça ! » En l'occurrence à tomber nez-à-nez dans le hall d'accueil avec le président de la République venu visiter ce lieu exemplaire en matière d'offre de soin dans un quartier populaire.

« On a essayé de fonctionner le plus normalement », explique le Dr Gilles Patrier qui a ouvert ce centre en 1975 au rez-de-chaussée d'une tour de douze étages. L'occasion pour lui et pour la quinzaine de praticiens généralistes et spécialisés qui interviennent ici de présenter le projet d'extension.

« Sur une année, nous accueillons plus de patients que les urgences du CHU et de la polyclinique réunies », précise Philippe Boutin. Objectif : doubler la surface et le nombre de professionnels. Le président a bien compris qu'un coup de pouce de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine serait le bienvenu.

B .B

Au CHU : " Nous sommes ici dans l'excellence... "

Le professeur Pierre Corbi, chef de pôle, a présenté l'équipement high-t(ech au président de la République

François Hollande n'a pas tari d’éloges sur le niveau d’engagement des soignants et des équipements de santé dans le département.

L'inauguration du centre cardio-vasculaire (CCV) était le temps fort de la visite marathon du chef de l'Etat. En fin de matinée, c'est guidé par le Pr Pierre Corbi, chef de ce nouveau pôle, que François Hollande, Marisol Touraine et Thierry Mandon, secrétaire d'État chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche accompagnés d'un aréopage d'élus, ont découvert quelques-uns des différents services qui le composent. Quelques-uns seulement, sécurité sanitaire oblige car l'activité chirurgicale et médicale avait été maintenue.


C'est en douze minutes chrono que la visite presse a été bouclée, à peine le temps de rencontrer l'équipe du service imagerie et de poser à ses côtés, de saluer les soignants de l'hôpital de jour, de s'informer sur les technologies innovantes intra-muros et le chef de l'Etat s'est éclipsé pour découvrir en comité restreint l'IRM 3 Tesla.

" Le CHU de Poitiers est l'un des plus modernes de France "

Une bonne heure plus tard, les 559 personnes autorisées (invités plus staffs élyséen, préfectoral et technique compris) affluaient dans le hall du pôle. On était loin des 2.500 prévues le 2 décembre, date initialement retenue pour l'inauguration. S'il était peu présent, le personnel soignant a été largement associé à l'événement, soulignant que le CHU de Poitiers était l'un des plus modernes de France. « Il se pratique ici des interventions uniques en France. Ce que j'ai vu est admirable. Nous sommes dans l'excellence. » François Hollande a plus tard évoqué la nécessité de relever d'autres défis dans l'avenir, dont celui du grand âge, de la fin de vie, insistant sur la nécessité d'améliorer les soins palliatifs. Soins palliatifs a-t-il précisé appelés à devenir une discipline universitaire. Encore une fois, il a salué le travail effectué par les équipes dans le service dédié et celui réalisé par Alain Claeys, l'un des deux rapporteurs de la loi sur la fin de vie.

Groupement hospitalier de territoire, fusion, le président de la République a, là encore, salué les initiatives poitevines face à la désertification médicale. Au passage, il a annoncé le renforcement des moyens aériens des Smur, ce devrait être le cas à Poitiers.

Sylvaine Hausseguy

La CGT politise sa manif

Près de 300 manifestants, contenus loin de la visite présidentielle par un cordon de gendarmes mobiles, avaient répondu à l'appel lancé par l'Union départementale CGT. Parmi eux, des délégations, venues des départements voisins, une forte représentation de la Coordination nationale infirmière et des cégétistes des secteurs de l'énergie ou des services publics. Quelques militants Force ouvrière étaient également présents, ainsi que des drapeaux du parti communiste de des Jeunes communistes.
A l'instar des autres centrales syndicales et des syndicats de la santé qui en avaient fait la demande, une délégation conduite par Catherine Giraud, secrétaire de l'UD-CGT, a été reçue durant près d'une heure par une collaboratrice de François Hollande.
A la sortie, et juste avant de procéder à la dispersion d'une manifestation qui s'est déroulée dans le calme et la bonne humeur, la responsable syndicale a eu des mots très durs et pour la direction du CHU de Poitiers et pour l'hôte du jour : « On nous a parqués très loin parce que moins on nous voit, mieux c'est. La réalité de l'hôpital public, le président ne la verra pas aujourd'hui. » Catherine Giraud a également affirmé que, en raison de cette visite officielle « 300 salariés ont été invités à ne pas venir aujourd'hui » et que « on a bougé des patients pas présentables ». La direction du CHU confirme avoir demandé au personnel administratif de rester chez lui pour des raisons de sécurité mais nie avoir déplacé le moindre malade.
Appelant à mots à peine couverts ses camarades à sanctionner la politique menée au cours du quinquennat qui s'achève, la patronne de la CGT martèle : « C'est pas la gauche qui a été au pouvoir pendant quatre ans. »

Vincent Buche

A la rencontre de la bonté

L'un après l'autre les intervenants du relais Georges-Charbonnier de Poitiers -soignants, éducateurs de rue, assistantes sociales… - prennent la parole devant un François Hollande visiblement attentif en cette fin de visite présidentielle.
Vient le tour de Patrick Houllier, médiateur ou « casque bleu » comme il se définit lui-même. Il explique son travail : « Je suis un électron libre. Je vais ou je veux. » « Comme moi en quelque sorte », réplique François Hollande, ravi de terminer sa journée sur une thématique chère à la gauche : l'assistance aux plus démunis.
« Ce qui fait la force de votre centre, c'est la pluralité des intervenants et la volonté de partager les expériences », résume le Président après avoir donné la parole à tout le monde. Les témoignages, même indirects, sont rudes : « Ils me racontent que sur les bateaux qui les amènent, ils sont tellement serrés que, quand quelqu'un se noie, ils sont presque contents parce que ça leur fait un peu de place»

Une autre intervenante explique l'accès aux soins, qu'a permis la mise en place de l'aide médicale d'État. François Hollande saute sur l'occasion pour faire la leçon à ceux qui parlent de supprimer ou réduire la couverture maladie universelle : « On imagine s'il n'y avait pas cette aide ce que deviendrait cette population. Il y a des moments où il faut rappeler cette réalité. »

Avant de repartir vers son avion, le président de la République signe le Livre d'or du Toit-du-Monde au sein du relais Georges-Charbonnier, sacrifie à quelques selfies et lance au directeur de l'Agence régionale de Santé qui, quelques minutes plus tôt avait, dans une jolie envolée, fait valoir la nécessité de rendre aux gens non seulement santé mais aussi la beauté : « Ici, on rencontre aussi la bonté. »

Voir notre diaporama