(Photo de couverture) JACQUES CHIRAC en campagne pour sa réélection, le 9 avril 2002, adoube son futur Premier ministre lors d'un meeting au parc des expositions de Poitiers.
(Photo Dominique Bordier)
Le ballet des présidents
Tous les présidents de la Ve République ont visité la Vienne au cours de leur mandat. François Hollande est attendu pour la première fois, jeudi 26 janvier 2017.
Devant les six mille personnes massées dans les allées de Blossac, à Châtellerault, le 15 juin 1963, le premier président de la Ve République disait sa foi dans la continuité de la représentation de l'État : « Songez qu'un jour, après moi, d'autres viendront dont je suis sûr qu'ils poursuivront la même ligne, dans la même direction. » D'autres sont venus, en effet. Certains même se réclamant du gaullisme. Et tous ont eu l'occasion de fouler la terre du Poitou au cours de leur mandat. En soixante années, toutefois, l'exercice de la visite présidentielle a évolué. Quand Charles de Gaulle passait deux journées entières dans la Vienne en s'arrêtant dans des dizaines de bourgs pour s'offrir des bains de foule et improviser des discours, ses successeurs ont adopté des déplacements express formatés pour les journaux télévisés. La cérémonie des vœux de Nicolas Sarkozy en janvier 2012 était à ce titre presque caricaturale : atterrissage à 11 h, discours au palais des congrès du Futuroscope et décollage à 13 h.
« Les visites du général de Gaulle avaient un caractère systématique, il se déplaçait en voiture, allait à la rencontre des habitants, dînait et dormait à la préfecture où il n'était pas toujours évident de lui trouver un lit de 2,10 mètres ! », raconte le politologue Dominique Breillat. « L'accueil réservé aux autres présidents a changé ; la pratique présidentielle aussi. »
" L'ambiance était tendue "
La dernière sortie en province de Georges Pompidou, en janvier 1974, a ainsi été perturbée par les manifestants. « Très fatigué par la maladie, il était venu à Poitiers pour lancer la régionalisation mais la visite s'est mal passée ; l'ambiance était tendue en ville, j'y étais ce jour-là, et un policier avait été blessé », ajoute Dominique Breillat. « Vertadier qui, à l'époque, était maire de Poitiers et secrétaire d'État à l'Intérieur, l'a payé de façon très injuste puisqu'il a été sorti du gouvernement au remaniement de mars. » Avec Valéry Giscard d'Estaing, les déplacements deviennent thématiques. En octobre 1979, sa visite dans le Poitou consacrée au monde du travail n'a pas franchement marqué les esprits. Celle de Nicolas Sarkozy à Châtellerault, trente ans plus tard, non plus ; l'impressionnant dispositif de sécurité ayant éclipsé la table ronde sur le thème des mesures prises pour répondre à la crise. Des venues de Jacques Chirac, on retient surtout le déplacement de campagne, en 2002, au cours duquel le président-candidat avait demandé à son futur Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, de le rejoindre à la tribune. De celles de François Mitterrand, les Poitevins gardent le souvenir d'un symbole, la plantation de l'arbre du bicentenaire à Saint-Gaudent. Les présidents ont passé, le chêne est resté.
Baptiste Bize
