Jason Picard un long combat contre l'obésité

Par Sylvaine Hausseguy

Jason Picard souffre d'obésité morbide. Il a décidé de maigrir. Pour suivre ce parcours difficile, il sera entouré de l’équipe du CHU de Poitiers. Nous le suivons pas à pas dans son long combat contre l'obésité.

30 avril 2014


Jason Picard, 25 ans : son combat contre le poids

Jeudi 8 h, Jason Picard, 25 ans est admis en hôpital de jour au centre spécialisé de l'obésité du CHU de Poitiers. Une longue journée s'annonce pour cet analyste programmeur, originaire des Roches-Prémarie. Il va rencontrer l'ensemble de l'équipe de ce centre spécialisé ouvert il y a deux ans.

" Savoir si l'opération est possible "

C'est seulement à la fin de la journée qu'il en saura plus sur ce qui l'attend. Pourra-t-il bénéficier d'une intervention bariatrique destinée à restreindre l'absorption de nourriture via la mise en place d'un anneau ou la réduction (aux trois-quarts) de l'estomac (par les techniques de by-pass ou sleeve). « J'attends aujourd'hui de savoir si l'opération sera possible, quand elle aura lieu, etc. » Le jeune homme souffre d'obésité morbide. Son indice de masse corporelle est largement supérieur à 40. Il pèse 241 kg. En ce début de matinée, il est anxieux et parle peu. Les questions se bousculent dans sa tête. Il en a tant à poser à l'équipe (voir par ailleurs) et espère beaucoup des réponses.
Il rejoint la salle d'activités du centre. Elle sera pour lui – et pour plusieurs autres ce jour-là – à la fois une salle d'attente, un coin repas et un espace d'échanges. Et justement, il se livre. A peine quelques phrases. Il s'est toujours connu en surpoids. « Depuis tout petit, explique-t-il. Et ça n'a jamais cessé. » Sa corpulence, pourtant, ne l'a jamais empêché de faire du sport au collège, au lycée. « Je faisais du foot ». Elle ne l'a jamais isolé. « J'ai toujours eu des amis, je sors. » Quant au regard des autres, il n'en a pas souffert, dit-il « Je n'ai jamais eu l'impression d'être jugé, ça s'est toujours bien passé. Et je n'ai pas eu de problème sur le plan professionnel. »

80 kilos en trois ans

Pourtant Jason Picard prend toujours du poids. « A la fin de mes études, à Loudun, puis à La Rochelle, pour la licence, je faisais 160 kilos. J'ai essayé divers régimes. » Il tente les protéinés, les équilibrés, etc. Il perd quelques kilos pour en reprendre plus. « Un moment, j'ai voulu intégrer un centre pour une prise en charge globale de mon obésité. Mais j'ai eu une opportunité d'emploi, j'ai différé… »
Il quitte la Vienne pour s'installer à Nantes. Et cette nouvelle donne n'est pas sans conséquence pour le jeune homme. Assis de 9 h à 18 h, un quart d'heure de marche quotidienne… En trois ans et demi, il prend 80 kilos, la solitude avoue-t-il, l'éloignement, le stress aussi l'ont conduit à se réfugier dans la nourriture. « Mon problème n'est pas le grignotage, chez moi, c'est la quantité. »

Son corps l'alerte

Cette démarche, Jason Picard l'a entamée parce que son corps lui a envoyé un signal fort. «Il y a un peu plus de six mois, j'ai eu une infection à la jambe. Elle était assez grave. C'est à ce moment -là que j'ai pris conscience que c'était à cause de mon poids. J'ai vu mon médecin traitant dans un premier temps puis ici, au CHU avec le Pr Faure, chirurgien digestif. Je l'ai vu pour la première fois en janvier.»

Une aventure au long cours

Au terme de cette journée, Jason Picard était plus détendu, plus confiant. Bien que le délai avant la chirurgie soit de six à douze mois, il a décidé de suivre ce programme et souhaite partager cette expérience. Aussi, a-t-il accepté de témoigner dans ces colonnes. Nous allons donc le suivre tout au long de son parcours. Son objectif est de perdre, à terme, une centaine de kilos.


L'obésité est une maladie

Comment Jason Picard, en est-il arrivé là ? Il est bien difficile de répondre à cette question tant la réponse est complexe et multifactorielle (voir ci-contre). Et la seule volonté ne suffit pas à maigrir.«Il faut rappeler une réalité, souligne le Dr Xavier Piguel, l'obésité est une maladie dont on ne guérit pas.» Choisir de se faire opérer n'est pas la solution de facilité quoi qu'en disent certains. Il faut une volonté à toute épreuve.

Deux mois après sa première consultation au centre spécialisé contre l'obésité du CHU, Jason Picard s’astreint à une activité physique régulière.

25 juin 2014


L'activité physique, sa première arme contre l'obésité

«J'ai appliqué les consignes sur l'activité physique, je fais des exercices avec des haltères et des bandes élastiques… » Il y a un peu plus de deux mois, nous avions rencontré Jason Picard, 25 ans. Ce jeune homme, originaire des Roches-Prémarie était admis en hôpital de jour, au centre spécialisé de l'obésité (CSO) du CHU de Poitiers. Il souffre d'obésité morbide, son poids est de 241 kg.

Au cours de cette journée, il avait rencontré l'ensemble de l'équipe coordonnée par le Dr Xavier Piquel qui compte un endocrinologue, un chirurgien viscéral, une diététicienne, une psychiatre, un coach sportif, une infirmière, une assistance sociale. Car tous vont l'accompagner dans un projet de chirurgie bariatrique. Mais le chemin vers l'opération est long, de six à 12 mois pour préparer l'intervention. Il faut que Jason perde du poids, son objectif est d'une centaine de kilos.

Soutenu par toute sa famille

Il y a donc quelques jours, le jeune analyste programmeur était de retour au CHU. Sur place, il a rencontré Magali Bertrand, la diététicienne qui va le suivre. C'était sa première visite. En attendant d'être reçu, la discussion porte sur les changements intervenus au cours de ces deux derniers mois. « En plus des haltères, je marche, au moins 40 minutes voire une heure par jour. Je suis toujours dans la même société mais mon nouveau lieu de travail se situe dans la ville où je vis, alors maintenant je m'y rends à pied et je rentre chez moi pour déjeuner. Et lorsque l'article est sorti (NDLR. : le 30 avril dernier), j'avais un peu peur de ce qu'allaient dire les gens parce que si j'étais dans cette situation, c'est parce que je me laissais aller. Or, j'ai eu des retours positifs. Mes parents m'ont soutenu et me soutiennent mais maintenant c'est aussi mes grands-parents, mes oncles, mes cousins qui m'ont téléphoné me disant qu'ils me soutenaient. »
Le jeune homme rencontré en avril a changé, il est plus motivé que jamais, s'ouvre plus facilement aux autres. Son entretien va commencer, il rejoint sa diététicienne. Il ne s'est pas pesé depuis deux mois et ne sait donc pas s'il a perdu du poids. « On verra », dit-il Un peu plus d'une demi-heure plus tard, Jason ressort, le visage un peu soucieux. La balance indique plus trois kilos… Bien qu'il n'avait pas d'objectifs spécifiques à atteindre, ce n'est pas évidemment ce qu'il voulait entendre. « J'ai pris trois kilos et j'ai perdu de la masse graisseuse, c'est ce qu'indique l'appareil de mesure. » S'il accuse le coup un moment, le jeune homme se reprend vite. « La diététicienne m'a rassuré, c'est quand même positif de perdre de la masse graisseuse, ça m'encourage à poursuivre. » Et il est bien décidé à le faire. Il quitte le CHU, un semainier en main où il doit indiquer son échelle de faim et de satiété, une feuille indiquant un certain nombre d'objectifs. Son prochain rendez-vous est fixé en septembre. Nous serons à ses côtés.

Cinq mois après sa première visite au centre contre l'obésité, Jason Picard espère pouvoir se faire opérer. Les médecins du CHU de Poitiers se réunissent pour en décider.

7 octobre 2014


Jason Picard, 244 kilos, attend le feu vert des chirurgiens

Dans quelques heures, Jason Picard sera fixé sur ce qui se passera pour lui dans les prochains mois. 
Son combat contre ses 244 kilos, cet analyste programmeur, originaire du canton de la Villedieu-du-Clain, le mène avec volonté et sérieux. Il a modifié ses habitudes alimentaires, il s'astreint à une activité physique chaque jour, il travaille sur ses sensations de faim, de satiété. Mais ce parcours est difficile.
Sur la balance, en juin, le jeune homme avait pris trois kilos. La déception se lisait sur son visage. Mais le soutien de l'équipe médicale l'a reboosté. Cette prise de poids s'explique par une augmentation musculaire, le muscle est plus lourd.

Le jeune homme a passé une troisième visite ; il arrive à la fin de sa préparation diététique. A quelques minutes de rencontre, l'endocrinologue qui le suit, le Dr Xavier Piguel, il s'est confié. « J'ai l'impression d'avoir perdu un peu de poids, j'espère que l'aiguille de la balance penchera du bon côté. »

" Il a arrêté le grignotage "

Le jeune homme se sent mieux. Après un examen pour détecter un problème d'apnée du sommeil, il dispose depuis juillet d'un appareil respiratoire. « Je faisais un nombre important d'apnées par heure. Aujourd'hui, je suis moins fatigué, les périodes de somnolence ont disparu. » Concernant ses habitudes alimentaires, il a consigné tout ce qu'il a absorbé sur ce carnet alimentaire que découvre le Dr Piguel. « Tout y est précisément noté, le poids des aliments, l'accompagnement, le volume de boisson et ce durant les sept jours qui ont précédé cette visite. » La balance du centre est un petit bijou de technologie qui calcule le taux de graisse et la masse musculaire et leur évolution au fil des mois. C'est le moment de vérité. Et elle n'est pas ce qu'il attendait. Néanmoins, le médecin l'a rassuré. L'objectif de cette préparation qui peut durer de six à douze mois, n'était pas que Jason Picard suive un régime particulier mais qu'il change ses habitudes. « Il a arrêté le grignotage, il prend le temps de manger et ne le fait plus devant un écran. Il poursuit une activité physique (NDLR sa masse musculaire a augmenté) Il est plus à l'écoute de son corps. On voit qu'il a fait des efforts. »
Toujours demandeur d'une chirurgie bariatrique et par la technique du by-pass, le jeune homme espère qu'il pourra se faire opérer. « Toute l'équipe du centre doit se réunir pour en discuter le 7 octobre. » C'est aujourd'hui.

Jason Picard attend le feu vert des médecins pour se faire poser un bypass, pour réduire la taille de son estomac.

19 novembre 2014


Vers une intervention qui changera la vie de Jason

« Je suis pressé d'y être… » C'est ce que confiait, il y a trois semaines Jason Picard, après avoir reçu un courrier du centre spécialisé pour la prise en charge de l'obésité sévère du CHU.  Il a été admis au CHU, pour subir une batterie d'examens préopératoires.

Écho, bilan hépato, fibro…

Depuis avril et son premier rendez-vous avec l'équipe pluridisciplinaire du centre, le jeune analyste programmeur  a suivi une préparation diététique de plusieurs mois incluant la pratique d'exercices physiques malgré ses 244 kg.
C'est avec sa mère qu'il a découvert la chambre du service d'endocrinologie et de chirurgie viscérale du CHU de la Milétrie où il va être admis durant trois prochains jours.
C'est la première fois qu'il est accompagné d'un membre de sa famille. Sa mère le soutient, approuvant une décision, « qu'il a pris seul, au moment où lui-même l'a décidé », explique-t-elle, fière du courage que montre son fils. En effet, entamer cette démarche n'est pas si simple, elle engage un changement de vie radical et en partager les étapes au fil de ces colonnes, n'est pas chose facile. « Ce que je souhaite au travers de ce témoignage, c'est que le regard qu'on porte sur les personnes obèses ou en surpoids change. Que ces personnes qui n'osent pas sortir, sachent qu'elles ne sont pas seules. »
Il confie « être impatient » de démarrer les examens avec, entre autres au « programme » une échographie cardiaque, un examen hépatique, une fibroscopie gastrique pour détecter la présence d'hélicobacter pylori, une bactérie nécessitant un traitement antibiotique. C'est la dernière ligne droite avant d'obtenir le feu vert médical et subir par cœlioscopie un « bypass », une des techniques en chirurgie de l'obésité qui consiste à court-circuiter l'estomac, à le réduire à une petite poche. 

21 novembre 2014


Chirurgie de l'obésité : Jason a le feu vert


Il ne tenait plus en place, impatient de connaître la décision des médecins. Après trois jours d'hospitalisation pour y subir une batterie d'examens, Jason Picard a obtenu le feu vert de l'équipe du centre contre l'obésité du CHU de Poitiers pour une chirurgie bariatrique. L'intervention aura lieu en deux temps. Il subira sous cœlioscopie une sleeve ,(réduction des 4/5e de la taille de l'estomac). Puis, dans un second temps, un by-pass. L'objectif de Jason est de perdre près de 100 kg. La première intervention devrait avoir lieu en février. 

Jason Picard a été opéré. Il a subi une réduction de l’estomac Il a regagné son domicile.

27 février 2015


Jason Picard, l'opération qui va changer sa vie

Quatre jours d'hospitalisation et Jason Picard, a pu regagner son domicile hier où il entame une convalescence qui va durer six semaines. Le jeune analyste programmeur  a subi une intervention destinée à réduire son estomac. Il a été opéré au bloc intégré, dernière génération, dédié à la chirurgie viscérale et bariatrique du CHU de Poitiers. Hospitalisé depuis la veille, il a confié quelques minutes avant l'anesthésie qu'il était prêt, plus que jamais prêt à subir l'intervention qui va changer sa vie. « Ça y est, on y est. »
Son poids était de 240 kg. Son but, a-t-il toujours confié, serait d'en perdre la moitié, voire plus.

" Le patient peut perdre jusqu'à 60 % de son poids "

Et cet objectif est très réaliste selon le Pr Jean-Pierre Faure, chirurgien viscéral, spécialiste de la chirurgie de l'obésité, qui suit le jeune homme. « Sa prise en charge va se faire en plusieurs étapes. Aujourd'hui, nous allons commencer par une intervention qui va limiter très fortement la taille de son estomac en pratiquant une sleeve gastrectomie. On va couper les deux tiers de son estomac pour diminuer son volume d'alimentation. » Il s'agit d'une technique irréversible qui, en terme de perte de poids, donne de bons résultats.
« En théorie, le patient peut perdre jusqu'à 60 % de son poids. Si tout va bien, s'il respecte le régime à savoir absorber 80 g à 100 g d'aliments à chaque repas, c'est-à-dire, en volume, l'équivalent d'un pot de yaourt, il peut y arriver entre 12 et 18 mois. » Le praticien a cependant évoqué plusieurs étapes. « Si cette perte de poids n'est pas suffisante, il sera possible d'intervenir dans un an ou deux. On pourra lui proposer la transformation de cette sleeve en by-pass gastrique ». Cette technique consiste à court-circuiter la digestion intestinale par une dérivation vers l'intestin grêle.
Mais cette option n'est pour l'heure pas d'actualité. A tout juste 26 ans, Jason Picard vient d'entamer une nouvelle vie. Dans le cadre de son suivi post-opératoire, il reverra le Pr Faure, au début du mois d'avril.

Un peu plus d'un mois après l’ablation des deux tiers de son estomac, Jason Picard va reprendre son travail. Il a perdu plus de vingt kilos !

10 avril 2015


La balance penche du bon côté pour Jason

Après six semaines de convalescence, Jason Picard, opéré d'une sleeve gastrectomie le 23 février dernier est sur le point de reprendre son travail. Le jeune homme de 26 ans a regagné la région nantaise, pour retrouver son poste d'analyste programmeur.

Passage obligé avant cela, la visite post-opératoire. Elle a eu lieu le 2 avril. Le jeune homme, originaire du canton de la Villedieu-du-Clain a fait le point avec l'équipe du (CSO) centre spécialisé de l'obésité du CHU de Poitiers. Il a obtenu le feu vert du Dr Xavier Piquel, endocrinologue et du Pr Faure. Chirurgien viscéral, spécialiste de la chirurgie de l'obésité, celui-ci a pratiqué cette intervention qui a consisté à réduire de deux tiers le volume de l'estomac du jeune homme et, du coup, de diminuer le volume d'alimentation.

" Je ne m'attendais pas à en perdre autant "

Le résultat de cette chirurgie bariatrique ne s'est pas fait attendre. En plus des sept kilos perdus juste avant l'opération, le jeune homme en a perdu vingt, à sa grande surprise. « Honnêtement, je ne m'attendais pas à en perdre autant en un peu plus d'un mois » explique-t-il en souriant. Il suit à la lettre un protocole bien précis. « Je pense que le fait d'avoir travaillé sur les sensations de satiété m'a beaucoup aidé, je n'éprouve pas de difficultés particulières en ce qui concerne mon alimentation, à part peut-être le fait de mastiquer plus longtemps, ajoute-t-il, en plaisantant, mais bon, c'est tout. »
Comme il en a pris l'habitude depuis maintenant plusieurs mois, il fait de l'exercice, de la marche et compte bien continuer. Sans s'être fixé d'objectif en terme de temps, Jason Picard espère bien perdre la moitié de son poids pour, un jour, rejouer au foot, une passion qu'il partage avec son frère et son père. En tout cas, il fait tout pour.


Un petit-déjeuner de 120 grammes

Depuis l'intervention, le jeune informaticien observe à la lettre les recommandations et conseils de l'équipe du CSO. Son alimentation est constituée de deux biscottes au petit-déjeuner, de 120 g (l'équivalent d'un pot de yaourt), d'un plat principal avec son accompagnement et cela, le midi et le soir. « A l'exception des boissons gazeuses et des soupes, pour éviter le risque de détendre l'estomac, je peux manger de tout mais en très petite quantité… Ça peut paraître peu mais ça suffit. »

En avril, lors de sa première visite médicale post- sleeve gastrectomie, Jason Picard avait perdu 20 kilos. Un second rendez-vous au CHU
 a eu lieu.

16 juin 2015

Jason, deux mois de plus et vingt-six kilos de moins


Vendredi 12 juin, 12 h, centre de lutte contre l'obésité au CHU de Poitiers. Jason Picard, est venu directement de Carquefou où il travaille. Il a rendez-vous avec le Dr Piguel, endocrinologue du centre. Il s’agit de sa seconde visite médicale depuis son opération bariatrique. Le 23 février, il a subi une sleeve gastrectomie, c’est-à-dire l’ablation des deux tiers de l’estomac. En avril, le jeune informaticien avait perdu 20 kg. Un bon début pour entamer un parcours qui doit le conduire, espère-t-il, à perdre la moitié de son poids initial, lequel était de 240 kg. Combien en a-t-il perdu depuis avril ? Il ne le sait pas, lui-même. « Je sais que j’ai maigri par rapport à mes vêtements mais c’est tout… » 

La barre des 200 est franchie 

C’est vrai qu’il flotte dans sa chemise. Après un entretien avec le Dr Piguel, c’est le moment qu’il attend sans le redouter désormais, celui de se peser. Un bon moment se passe. Et c’est avec un air étonné qu’il rejoint le praticien. Ce dernier affiche un large sourire. « C’est super, félicitations ! » lance-t-il au jeune homme. Encore incrédule, Jason Picard confie alors avoir perdu 26 kg depuis avril. « Franchement, je ne m’attendais pas à en perdre autant en deux mois et je pensais être encore au-dessus des 200 ! ». Il réalise soudain qu’il vient de passer un cap et il sourit, un vrai sourire. 

Depuis son opération, il a perdu 44 kg. En pratiquant tous les jours une activité physique, il sait que son objectif se rapproche. « Je marche tous les jours et il y a trois semaines, j’ai essayé de rejouer au foot, en salle. Ça faisait huit ans que je n’avais pas joué. Au début, ça allait mais un moment mon corps n’a plus suivi, j’ai arrêté. » Son rêve de retoucher un jour à un ballon, n’en est plus tout à fait un, aujourd’hui. Ce n’est maintenant qu’une question de temps, il le sait. Peut-être sera-t-il inscrit dans un club lorsqu’il rencontrera à nouveau son endocrinologue. Le rendez-vous est déjà pris, c’est pour octobre.

Un peu plus de sept mois après sa sleeve-gastrectomie, Jason Picard revient au CHU de Poitiers. Il perd toujours du poids

7 OCTOBRE 2015

une nouvelle victoire sur la balance


Le 12 juin dernier, nous avions laissé Jason Picard très ému de voir son poids descendre enfin sous la barre des 200 kg. Quatre mois après avoir subi une sleeve-gastrectomie (ablation des deux tiers de l'estomac), il avait perdu 46 kg. Dans le cadre de son suivi au centre de lutte contre l'obésité du CHU de Poitiers, un nouveau rendez-vous lui avait été alors fixé au 5 octobre par le Dr Xavier Piguel qui le suit depuis sa toute première visite en avril 2014.

Moins 72 kg en sept mois

Vivant et travaillant à Carquefou (Loire-Atlantique), le jeune homme a donc rallié la maison familiale des Roches-Prémarie pour ce nouveau rendez-vous. Et la réaction de ses proches l'a conforté dans l'impression qu'il avait. « Ça faisait un moment que je n'étais pas descendu et j'ai bien vu dans leur regard que j'avais maigri. » Mais c'est toujours à la balance que revient le dernier mot. Et elle a affiché… 168 kg. Le jeune homme a perdu 28 kg depuis juin. Cela l'a laissé sans voix. On le voyait très ému et très heureux de ce résultat. « Je pensais me situer autour des 175 kg… » Ses vêtements sont là pour lui rappeler qu'il est sur la bonne voie. Le tee-shirt qu'il porte est largement trop grand maintenant. « Et ça n'est pas fini, confie Xavier Piguel. La perte de poids va se poursuivre à un rythme moins rapide sur 12 à 18 mois avant de se stabiliser, explique l'endocrinologue. Un an après l'opération, on mange plus autour de 1.200 à 1.400 calories qu'un mois après l'intervention où on n'absorbe que 400 à 600 calories. Mais 1.200 à 1.400 calories par jour, c'est loin des 2.200 calories que consomme un trentenaire. »

Le médecin rappelle donc que la chirurgie ne fait pas tout. Il faut s'astreindre à une certaine discipline, il faut bouger ce que fait le jeune Poitevin tous les jours. La pratique du foot reste pour l'instant occasionnelle, explique-t-il, mais il marche quotidiennement ne perdant pas de vue son objectif : diviser son poids initial par deux voire plus.

En février ou mars 2016, il s'en rapprochera certainement puisqu'il aura à nouveau rendez-vous avec l'ensemble de l'équipe, tout juste un an après son opération.

Quatorze mois après son opération, Jason Picard, 27 ans, a perdu 100 kg. Et le jeune homme ne compte pas s'arrêter là.

28 avril 2016
100 kg de moins sur la balance 

La barbe qui lui mangeait le bas du visage a disparu. Il n’a plus les mêmes montures de lunettes, préférant quelque chose de plus sport…

Assis dans la salle d’attente du centre spécialisé de l’obésité du CHU de Poitiers, on le reconnaît à peine. Et ça le fait sourire. S’il est toujours aussi réservé, Jason Picard sourit plus volontiers. 

Et il y a une raison à cela. Le jeune homme est en passe de gagner sa guerre contre l'obésité morbide, bataille entamée il y a deux ans. Un peu plus d’un an après, c'est l'heure du bilan avec toute l’équipe qui le soutient. 

" Le regard sur soi est le plus difficile à changer " 

Au fil de ces quatorze mois, sa courbe de poids a baissé, passant de 240 kg à 196, puis 168… Qu’allait-elle indiquer ce jeudi 28 avril an milieu de matinée ? « Je ne sais pas, je ne me pèse pas, explique-t-il en souriant, je veux garder la surprise… » Le jeune homme sait qu’il a régulièrement perdu du poids. 


« Depuis un mois et demi, j’ai repris le foot régulièrement, une fois par semaine dans une équipe d’entreprise. C’était une sensation qui me manquait, il y a deux ans, c’était un de mes rêves de pouvoir rejouer. Sur le terrain, je vois que je peux bouger, c’est une renaissance. Au delà de l’apparence physique, c’est là que je vois du changement… Et aussi dans le regard des personnes que je rencontre car moi, j’ai toujours du mal. Le regard sur soi est le plus difficile à changer, ça va demander un travail sur soi. » 

Il lui faudra encore du temps pour s’approprier ce nouveau corps qui a déjà tellement changé et qui changera encore. Et pour cela, il peut compter sur le psychiatre de l’équipe : le Dr Lévy-Chavagnat. Après plusieurs prélèvements biologiques, et une collation, le jeune homme rencontre le Dr Xavier Piguel. 

Avant l’entretien médical, le jeune homme se pèse et la balance affiche un poids qu’il n’imaginait pas atteindre un peu plus d’un an après son opération. Il pèse 142 kg. On le sent très ému tout comme son médecin dont le sourire en dit long. Jason Picard a perdu 100 kg. 

« Et, a priori, ce n’est pas fini, explique l’endocrinologue, parce qu’il est jeune, parce que c’est un homme. Mais ça va diminuer en terme de rapidité et de perte de poids. Cependant, il y a des pistes, à commencer par une pratique plus importante du sport pour perdre du poids et retendre les tissus. » 

A peine plus d’un an après son opération, il est encore trop tôt pour envisager une chirurgie plastique concernant notamment un excédent de peau. « Il faut attendre 18 à 24 mois après l’intervention pour ça… » 

Le jeune analyste programmeur a déjà une petite idée de ce qu’il compte faire. « Je vais voir avec le coach médico-sportif de l’équipe pour déterminer quelle activité pratiquer pour me remuscler. » 

Jason Picard a gagné son pari contre le poids

240 puis 120… Cette suite de chiffres a rythmé les 22 derniers mois de la vie de Jason Picard. Il s'agit de l’évolution de son poids depuis sa chirurgie.

Avril 2014. Jason Picard passe pour la première fois, l'accès du centre spécialisé contre l'obésité (CSO) du CHU de Poitiers, il pèse 244 kg. Le jeune homme de Roches-Prémarie souffre d'obésité morbide. Il sait qu'il doit réagir. Au terme d'une journée de tests et d'examens médicaux réalisés par l'équipe médicale du Dr Piguel, il sait que son combat sera long et difficile. L'objectif qu'il s'est fixé – perdre la moitié de son poids – semble irréalisable.

Décembre 2016, mardi 6. Visite de routine au CHU, 22 mois après l'intervention. Même service, même salle d'attente. Même équipe ou presque. Même balance… Après quelques secondes, l'écran affiche… 120 kg. Sur le visage du jeune homme comme sur celui de son médecin, apparaît un large sourire. Jason Picard a gagné. Il a perdu la moitié de son poids. « Maintenant, ce que je perdrais, ce ne sera que du bonus. »

" Maintenant, c'est du bonus "

C'est une surprise pour lui que d'avoir perdu 22 kg depuis avril dernier. « Je ne me pèse pas entre deux rendez-vous. Je savais que j'avais maigri à cause des vêtements. Les fringues que j'ai achetées il y a un mois par exemple sont déjà trop grandes », lance-t-il en riant. Il est heureux, on le voit. Depuis sa sleeve gastrectomie intervenue en février 2015, la perte de poids a été régulière et n'est pas terminée. C'est le résultat de l'action combinée de la chirurgie bariatrique, de son suivi et de sa détermination. En avril dernier, lors de la présente visite, il s'était promis d'intensifier sa pratique sportive. En plus du foot qu'il pratique dans une équipe corpo, l'analyste programmeur s'est mis au badminton. « Au début, c'était histoire de me mettre dans le rouge, de faire le point sur ma forme physique. La première séance de deux heures, j'ai craché mes poumons, c'était vraiment dur. Maintenant, ça va… »
Oui, maintenant ça va. Mardi, le jeune homme toujours très discret s'est livré un peu plus, revenant sur ce qu'il appelle la première phase de ce changement. « Le plus difficile, ce fut les trois jours de tests, je pensais qu'à l'issue, on fixerait une date pour l'opération… » Il lui a fallu attendre dix mois avant d'obtenir le feu vert de l'équipe chirurgicale du Pr Faure. Un délai tout à fait raisonnable pour appréhender les changements futurs notamment en terme d'image. « Si le regard des autres a beaucoup changé, j'ai un peu de mal encore même si je prends un peu plus conscience de l'image que j'ai de moi. Je sors, je vais vers les autres avec plus de facilité. » Ce changement, Marie-Christine, sa mère l'a constaté. « Je le sens plus souriant, plus ouvert... ». Elle est heureuse et fière explique-t-elle. « Fière comme toute la famille du chemin qu'il a parcouru ». Et qu'il va encore parcourir. Avant d'envisager une chirurgie plastique (ablation de l'excédent de peau), il faut que son poids se stabilise. On ne le saura que dans trois mois, lors la prochaine visite de contrôle, en mars.


30 Avril 2017
Jason Picard : moins 127 kg sur la balance

A 28 ans, il débute une nouvelle vie. Trois ans après l'avoir entamé, Jason Picard achève son long combat contre l’obésité sur une victoire par KO.

Les rendez-vous réguliers de Jason Picard au centre spécialisé de l'obésité du CHU de Poitiers vont désormais s'espacer. A l'exception d'une visite annuelle de contrôle, le jeune homme de 28 ans n'a aujourd'hui plus aucune raison de s'y rendre.
Parce qu'il y a eu plusieurs rounds. Ce combat, qu'il a entamé en avril 2014 contre le poids et qu'il a partagé dans ces colonnes, vient de s'achever sur une belle victoire, trois ans après, jour pour jour, ou presque…

En franchissant pour la première fois les portes du CSO que coordonne le Dr Xavier Piguel, endocrinologue au CHU de Poitiers, il pesait 244 kg. Le jeune homme originaire des Roches-Prémarie souffrait d'obésité morbide. Une maladie aux causes multifactorielles comme l'avait rappelé alors le médecin.

" Attendre l'opération, c'est ce qui a été le plus dur "

Aujourd'hui, la balance affiche 117 kg. Depuis son opération, une sleeve gastrectomie (NDLR ablation des 2/3 de l'estomac) pratiquée par le Pr Faure, chirurgien viscéral, il a perdu 127 kg, autant dire que l'objectif qu'il s'était fixé au début de son parcours – à savoir perdre la moitié de son poids – est plus qu'atteint.
Ce parcours n'a pourtant pas été facile. Il ne se résume pas, comme beaucoup pourraient l'imaginer, au seul acte chirurgical.
Toute une équipe de soignants (diététicienne, coach sportif, psychiatre, endocrinologue, etc.) a accompagné le jeune homme pendant de longs mois avant l'opération. Il lui a fallu changer toutes ses habitudes, bouger, faire de l'exercice, se préparer à appréhender l'avenir, bref se remettre en question sans savoir s'il serait éligible à la chirurgie bariatrique. « Je crois que la chose la plus difficile, ce qui a été le plus dur pendant ces trois ans, ça a été l'attente. L'attente entre la première consultation, en avril 2014 et le moment où on m'a dit que c'était ok pour l'opération et que la date a été fixée au 23 février 2015. Si j'avais un conseil à donner à quelqu'un qui entame ce parcours, c'est d'être patient et surtout hyper motivé. »

Une vie sociale plus riche

Car il faut aussi poursuivre ses efforts après. Il s'est remis au foot et a intensifié sa pratique d'une activité physique, il y a plusieurs mois, en se mettant au badminton. Il sait aussi qu'il lui reste une étape à franchir dans un autre service du CHU de Poitiers. Son poids est désormais stable, il peut envisager maintenant une chirurgie post-obésité. « Lorsque la perte de poids est aussi importante, une chirurgie reconstructrice est nécessaire, indique le Dr Xavier Piguel. Elle consiste en l'ablation de l'excédent de peau, notamment au niveau de la ceinture abdominale, ce qui peut représenter jusqu'à 7 à 8 kg. Il ne s'agit pas d'une chirurgie esthétique mais bien d'une chirurgie reconstructrice, c'est une question de qualité de vie. »
Trois ans, c'est plus qu'un parcours, c'est une aventure qui marque le début d'une nouvelle vie. Au fil de ces colonnes, nous avons vu ensemble sa transformation. Et elle n'est pas seulement physique. Ce jeune analyste programmeur a pris de l'assurance. Il y a encore quatre mois, il confiait dans un sourire que le regard des autres avait changé mais qu'il avait lui même encore un peu de mal. Aujourd'hui, c'est tout autre chose. Certes, il est toujours aussi discret, posé, mais aller vers les autres n'est plus un problème. « J'ai plus confiance en moi, je sors plus, beaucoup plus ; deux à trois fois par semaine, avec des copains, des copines », lance-t-il en éclatant de rire.
Tout a changé dans sa vie sociale et il envisage même d'autres changements. « Si l'opportunité se présente à nouveau dans mon entreprise d'aller travailler à l'étranger, je crois que j'y réfléchirais, surtout si c'est dans un pays chaud. »

Sylvaine Hausseguy