Ceux qui aident les migrants

Dans Grand Poitiers, des habitants se mobilisent pour accueillir les migrants.
Dossier : M.-L. Aveline, J.-M. Gouin, D. Monteil

le billet

LE SENS DE L'ACCUEIL

Afghanistan, Irak,Syrie, Congo ou Soudan. Ils sont venus de ces lointains pays où guerres, persécutions et famines ont été leur quotidien. Ne pouvant gagner l'Angleterre, ils ont été évacués de la jungle de Calais et on leur a trouvé ici un accueil provisoire mais plus sûr. Ils vont y rester quelques mois avant peut-être d'obtenir un statut, apprendre la langue et peut-être un jour, rêve ultime, obtenir un travail. Certes, ici ce n'est pas l'Eldorado mais « c'est déjà ça », comme chantait Alain Souchon… Et tandis que certains surfent sur les peurs et les fantasmes, d'autres se mobilisent et leur viennent en aide. Ici un sourire ou une poignée de main, là une nuit au chaud ou des cours de soutien. De quoi se dire qu'au fond, malgré tout, nous sommes bien tous égaux…

J.-M. G.

A Mignaloux, associations et habitants se mobilisent

Depuis leur arrivée en octobre, seize migrants originaires du Soudan ont trouvé l'accueil et la solidarité auprès des habitants. Rencontre.


Bonjour, bonjour, comment allez-vous ? Ils ont intégré les premiers codes de la politesse à l'occidentale. Certains ont le sourire franc et la poignée de main ferme, quand d'autres semblent encore porter dans leur regard fatigué la marque d'un long voyage… A Mignaloux-Beauvoir, ils sont seize. Seize jeunes hommes entre 20 et 30 ans originaires du Soudan (Darfour) arrivés de la « jungle » de Calais à la fin octobre. Ici, sur prescription de l'Etat via l'association Audacia, ils occupent des chambres dans une ancienne résidence services rachetée par le centre hospitalier Laborit. « Il y a eu tout de suite un élan de solidarité et des retours des habitants disant qu'est-ce que je peux faire ?, résume Dany Coineau, première adjointe. On a alors ciblé les besoins immédiats et réparti tous les besoins en trois axes : vêtements et aide alimentaire, cours de français, ouverture vers les associations pour trouver des activités. Il y a eu une formidable mobilisation des habitants. Cent vingt personnes, essentiellement des Mignaliens, se sont manifestées ».

Apprendre la langue et travailler

Pour Mustapha, Walid, Abdel Hazim, Moubarak et les autres, il a d'abord fallu se poser. Se reposer. Tous ces hommes ont fui un pays où la guerre, la faim et l'extrême dénuement ont longtemps été leur lot quotidien. « On a été très bien accueillis ici, lance Moubarak, 26 ans *, mais nous sommes un peu inquiets pour nos demandes d'asile » **. A leurs côtés depuis deux mois, les bénévoles se veulent rassurants. « Ici c'est un centre d'accueil et d'orientation (CAO), précise le maire Gérard Sol. Ils sont là au moins jusqu'au mois de mai-juin ». Alors il faut occuper les journées du mieux possible. Ainsi Agnès Minéraud fait partie de ceux qui donnent des cours de soutien en Français et organisent des ateliers de cuisine. Avec Dominique Ha, un autre Mignalien qui organise des randonnées avec le groupe « Les Marchepieds », ou encore Francis Mayet, ancien prof de français, toutes ces bonnes volontés ont à cœur de faire avancer les migrants vers plus d'autonomie. Et de sérénité. « J'ai subi beaucoup de violences de la part des autorités, confie Mustapha. Tout ce que je souhaite, c'est la protection et la tranquillité ». Mais quand on l'interroge sur son avenir, le jeune homme confie : « J'ai pratiqué le foot mais j'ai eu des problèmes avec mes chevilles en traversant la Libye. Ici en France, je souhaite apprendre la langue et l'informatique. »
Les sportifs de la commune ne sont pas en reste. Ils ont aussi proposé leur concours. Parmi les animateurs du club de foot (ASM Foot) Pierre Quintard et Mickaël Richet ont prévu d'intégrer les jeunes Soudanais aux entraînements. « On va caler tout ça, assure Pierre Quintard, ils sont déjà venus soutenir Mignaloux. Maintenant on va voir comment les intégrer à l'entraînement ». Une date a déjà été trouvée. Ce sera le mercredi 28 décembre à 19 h 15.

* Les propos des migrants sont traduits par Ali Kazem, traducteur bénévole. ** Les situations sont disparates. Certains migrants ont déjà obtenu leur statut de demandeur d'asile. D'autres pas encore. Les dons destinés à organiser des activités avec des entrées payantes ou des sorties collectives peuvent être adressés à Audacia, 6, place Sainte-croix, Poitiers en précisant la mention « Pour CAO de Mignaloux-Beauvoir ».

Des migrantes âgées aux Couronneries

La sociologue Colette Le Petitcorps a mené une enquête en partenariat avec deux jeunes filles en service civique pour le compte de l'association CIF SP (Centre d'information et de formation des services à la personne) sur le thème des « femmes immigrées âgées vivant seules » dans le quartier des Couronneries. Cette enquête a été un levier important pour mettre en place, via le CIF SP, un lieu de rencontres, de loisirs et d'animations pour personnes âgées isolées (*). Entretien avec Colette Le Petitcorps qui a mené la phase exploratoire d'avril à juin dernier.

Pourquoi les Couronneries ?

C'est le quartier de Poitiers dans lequel la population est la plus âgée (plus de 75 ans).

Comment avez-vous enquêté ?

Les aides à domicile ont été des personnes ressources, tout comme les gardiens d'immeubles ou de logements sociaux mais aussi Solange, une bénévole de l'association Sanza qui nous a accompagnés sur le marché des Couronneries du mercredi.

Sur la période, vous avez rencontré combien de femmes ?

Douze femmes d'origines différentes, notamment algérienne, malgache, mauricienne, centre africaine, lettone, turque, guinéenne… Cette grande diversité a été la première surprise. Deuxième surprise : sur les 12 femmes, 8 ont migré fin des années 90-début 2000 à l'âge de 50 ans ou plus.

Elles ont tout quitté pour quelles raisons ?

C'est à chaque fois un projet personnel lié à une situation : divorce, violence, fin de carrière, petits-enfants à garder…

S'expriment-elles sur leur isolement ?

Oui, elles disent qu'elles se sentent seules et ont des attentes vis-à-vis de l'association [NDLR : le CIF SP]. La plupart parlent français sauf celles d'origine turque. L'entourage familial est peu ou pas présent, le réseau de sociabilité (amis ou voisins) peu dense, et la fréquence des déplacements faible. Elles sont limitées pour tout car elles ont de très petits revenus, méconnaissent les dispositifs existants et personne ne s'occupe d'elles alors qu'elles ont pu, par exemple s'occuper des petits-enfants pendant longtemps. Avec aussi une particularité ; pour beaucoup de ces femmes se pose encore la question de savoir où elles vont vieillir.

Pourtant elles sont âgées de 60 à 80 ans ?

La notion de « chez soi » n'est pas évidente pour elles-mêmes si elles parlent français. Elles ont déjà un parcours de mobilité et ne vivent pas à Poitiers depuis 40 ans. Et, à leur âge, elles sont encore actives et ont des projets.

(*) Le centre a été inauguré mardi soir.

Bienvenu trouve refuge chez des habitants

Des familles s'engagent à accueillir un migrant chez elles pendant quelques semaines. Valérie et Pierre Dugontier ont ouvert leur maison à Bienvenu.

Dans la chaleur de ce foyer qu'il n'a pas envie de quitter – pas plus que son précédent hébergement –, Bienvenu accepte de raconter son histoire, posément, même si les mots n'ont pas encore un effet de catharsis. Comment expliquer la peur, l'enfermement, la cruauté, la faim, le déracinement ? Comment faire ressentir à ses hôtes les affres opérés à la fois sur son physique et son mental, après avoir été spolié de sa vie de jeune homme dans son propre pays, le Congo RDC qu'il a quitté en 2010 ?

" Le réseau Welcome pose un cadre "

Valérie et Pierre Dugontier sont conscients de l'état de grande fatigue de Bienvenu, du temps de « réadaptation » qu'il lui faudra pour se sentir « revivre ». Ils ne brusquent jamais leur invité qu'ils ont nourri et logé pendant quatre semaines. Le couple adhère au « tout nouveau » réseau Welcome (lire ci-dessous). Leur engagement est réfléchi. « Nous sommes déjà sensibilisés à la cause. Nos enfants sont grands, nous avons l'espace suffisant pour l'accueillir dans de bonnes conditions. Le réseau Welcome pose un cadre qui est rassurant à la fois pour les accueillis et les accueillants. Il faudrait plus de familles encore. » Entre ces trois personnes, le courant est vite passé, la confiance aussi. La séparation sera d'autant plus difficile lorsqu'il partira pour être accueilli dans une autre famille ; le principe fondateur de Welcome. Un pincement au cœur réciproque. « Nous avons été heureux d'avoir des discussions intéressantes. C'est vraiment une belle rencontre ! », estime Valérie.

Demandeur d'asile

Avant les effusions du départ et les promesses de se revoir, Bienvenu savoure ces moments qui lui permettent de vivre un peu plus facilement toutes les démarches administratives de demande d'asile. Dans son prochain foyer temporaire, il racontera sûrement à nouveau son départ précipité, après son enlèvement et des menaces de mort, de Kinshasa – où il travaillait au sein du ministère de l'urbanisme – pour avoir donné un avis négatif sur un projet immobilier. Puis sa nouvelle identité en Angola avant d'être suspecté de copier des données « secret défense », pour une clé USB oubliée dans son sac. Emprisonné, il tombera malade et sera transporté dans un hôpital surveillé d'où il s'échappera avec l'aide d'amis. Direction le Portugal (deux semaines) puis la France. De Paris, il est monté dans le premier train pour… Poitiers. Son parcours est identique à bon nombre de migrants livrés à eux-mêmes. L'isolement, la rue, la Croix-Rouge, le 115 et puis un jour un appel téléphonique providentiel… de Welcome.

à savoir

Welcome "sous notre toit"

Il n'échappe à personne que le mot Welcome (bienvenue en anglais) n'a pas été choisi au hasard. Depuis juillet dernier, le réseau « apolitique et laïc » compte une centaine de personnes. Beaucoup sont adhérentes et/ou jouent un rôle : accueillants, visiteurs, tuteurs… Présidé par Vincent Le Roux, le réseau s'est donné pour objectif d'héberger des hommes ou des femmes « en règle par rapport à leur démarche de demande d'asile ». « Chaque personne accueillie va changer de lieu toute les 4 ou 6 semaines et ce pendant 6 mois, explique Vincent Le roux. Il faut donc organiser " son parcours ". En ce moment, nous avons 4 personnes, bientôt 5 simultanément ; ce qui mobilisera sur la durée jusqu'à 35 familles auxquelles nous demandons un lieu de sommeil protégé et d'assurer le petit-déjeuner et quelques repas. Nous venons juste en complémentarité de ce qui existe déjà. »

welcomepoitiers@ outlook.fr
Siège : M3Q, 25 rue du Général-Sarrail à Poitiers.

" J'ai mis un matelas dans le salon "


Patrick nous a donné rendez-vous dans un bar, un matin de décembre, à l'heure du café. Un homme ordinaire ou qui se dit tel. Ni militant ni particulièrement engagé en politique. Mais un jour…
« C'était en novembre, j'étais assis en terrasse aux Couronneries. Il y avait un gamin à côté de moi qui avait l'air un peu paumé. Je lui ai offert un thé et j'ai compris qu'il était à la rue depuis deux mois. Il répétait 115 ! 115 ! Je lui ai donné mon numéro de téléphone. J'ai pris le sien. Plusieurs jours après je le rappelle, il est à la gare. On va le voir avec une amie. Il nous montre un coin où il dormait… On l'a emmené dîner à la maison. Je ne me voyais pas ensuite le redéposer à la gare, comme ça. Alors j'ai mis un matelas dans le salon»

La chance de le croiser

Les choses ne s'arrêtent pas là. Patrick ne se résoud pas à voir ce gamin dehors. Alors avec un petit groupe d'amies, Annabelle, Colette, Béatrice, Monique, il met en place un « réseau » d'aide au jeune homme dont ils apprennent qu'il a 18 ans, qu'il est Guinéen et qu'il est arrivé en France deux mois plus tôt via l'Italie. « Une copine a pris le relais pour lui apprendre quelques mots de français. On lui a donné un peu d'argent pour qu'il s'achète quelques fringues. Il a pris ses repas au Toit du monde le midi. On sait aussi par l'intermédiaire d'une autre copine qu'il a commencé à prendre des cours aux Trois-Cités. Le problème des nuits ne s'est pas reposé depuis dix jours. Il semble qu'il ait eu une place au 115De façon concrète, on a été trois à l'aider. Pour nous, humainement, ce n'était pas possible de le remettre à la gare. Pour ma part, ça s'est trouvé comme ça. J'ai eu la chance de le croiser et ça m'a ouvert le cœur et les yeux… »

La main tendue de l'université aux migrants

L'université de Poitiers conduit une politique ouverte sur le monde. Elle accueille, depuis de nombreuses années, des migrants. De Syrie notamment.


L'université dans la ville mais aussi l'université dans le monde. Une ligne politique que l'établissement d'enseignement supérieur poitevin tient à maintenir. En accueillant 17 % d'étudiants étrangers – ce qui représente 4.300 personnes et 136 nationalités – le président de l'université, Yves Jean, ne cache pas sa fierté de dire que l'institution se place largement au-dessus des statistiques nationales annonçant que la moyenne des universités françaises reçoit seulement 12 % d'étudiants étrangers.

Une réponse contre l'obscurantisme

Les raisons de cette main tendue sont plurielles : une politique humaniste qui affiche une aide à une jeunesse sacrifiée dans son pays, une diffusion de la connaissance au plus grand nombre, une visibilité dans le monde de l'établissement poitevin à travers « ses » étudiants étrangers. Au début du XXe siècle, 15 % d'étudiants étrangers constituaient l'effectif des inscrits à l'université de Poitiers. Qui ne compte plus le nombre important de juristes africains formés dans cet établissement de l'ex-capitale régionale.
« Yves Jean et son équipe sont attachés à l'égalité des chances », rappelle Christine Fernandez, vice-présidente de l'université de Poitiers, chargée des relations internationales.
En 2014, l'établissement poitevin a été sollicité pour recevoir un groupe de dix bacheliers syriens. Deux ans plus tard, ce sont dix étudiants de la même nationalité, réfugiés au Liban, titulaires d'une licence, qui sont arrivés à Poitiers. Ils ont répondu à l'appel à projet de l'ambassade de France au Liban pour obtenir une bourse du gouvernement français dans la perspective de poursuivre leur cursus en master. Ils ont obtenu cette allocation (767 € par mois et par personne auxquels il faut ajouter la gratuité des frais d'inscription et de la sécurité sociale). La première année est réservée à l'apprentissage du français au centre FLE (Français langue étrangère) et les deux autres sont consacrées au master I et II. « Les relations internationales prennent en charge tous les aspects sociaux et nous leur apportons un soutien dans la vie de tous les jours », assure la vice-présidente. Une réponse « contre l'obscurantisme ». « Il n'y a rien de mieux que la culture et sa diffusion au plus grand nombre pour lutter contre l'obscurantisme, revendique l'enseignante-chercheur, Christine Fernandez. Ils seront les ambassadeurs de demain de l'UP, de la qualité de la formation qu'ils ont reçue et de ses recherches. »
Une politique d'ouverture à l'internationale, de la licence au doctorant, qui assoit le travail réalisé par l'établissement poitevin. Il n'est pas le seul : les universités Paris VIII et Pau suivent la même ligne politique.

Biffane prépare un master en oncologie

Docteur en pharmacie au Liban du haut de ses 24 ans, Biffane, née de mère libanaise et de père syrien, a des intentions bien affichées : « Je viens préparer un master en oncologie à l'université de Poitiers et souhaite, plus tard, m'installer ici en France. » Pour travailler, dans le cadre de sa formation d'oncologie sur les médicaments, avec les trois pays (Syrie, Liban, France).

Biffane connaît malgré son jeune âge plusieurs cultures, « Japon, Chine et Ghana ». « Je trouve que les gens ici sont très accueillants et particulièrement l'UP », dit-elle. Ajoutant : « J'ai eu la chance d'être reçue durant 3 jours par une famille de Parthenay, c'était formidable. »

Nawaras veut obtenir un master en économie

Nawaras, 26 ans, Syrien, inscrit en master I de Sciences économie et finances travaillait depuis un an et demi au Liban où il organisait les événements religieux. Arrivé en France depuis le 11 octobre 2016, il prépare un master en sciences économie et finances pour exercer, plus tard, « dans le secteur de l'économie ».

Avant son passage au Liban, il habitait à Sweida. Une ville de Syrie encerclée par l'horreur : « C'était très difficile aux alentours de ce lieu à cause de la guerre », témoigne-t-il. Des souvenirs aujourd'hui gommés par une France qu'il « aime ». Nawaras adore aussi « La tour Eiffel – " on est resté une nuit à Paris lorsque nous sommes arrivés en France " –, la nature et le fromage. »

le chiffre

153

C'est le nombre de places en CAO (centres d'accueil et d'orientation) pour les migrants venus de Calais selon des données fournies par l'association DNSI (D'ailleurs, nous sommes d'ici). 40 à la Chauvinerie (Poitiers), 25 à Naintré, 53 à Châtellerault, 16 à Mignaloux-Beauvoir et 19 mineurs isolés à Vouneuil-sur-Vienne.


en savoir plus

Hébergement et relais

> Audacia. Pour les personnes demandeuses d'asile et personnes en démarche de demande de titre de séjour pour des raisons autres que la demande d'asile (titre de séjour pour raison de santé, titre de séjour vie privée et familiale…). Dispositif Cada de 100 places d'hébergement en appartements (sur orientation de la préfecture et de l'Office français de l'immigration et de l'intégration). Dispositif CHRS de 26 places d'hébergement d'urgence (par l'intermédiaire de la commission SIAO - Service intégré d'accueil et d'orientation gérée par la Croix Rouge à Poitiers).
> 115. (Samu social géré par la Croix Rouge) : numéro d'urgence de service public, gratuit, 7 j/7 et 24 h/24.
Objectif : orienter les personnes sans-abri vers des lieux d'hébergement.
> Toutes les places en hébergement d'urgence sont actuellement occupées.
> Ils aident aussi. Le collectif DNSI (D'ailleurs, nous sommes d'ici), le Toit du Monde, le Relais Charbonnier, Welcome, Secours catholique, Secours populaire, collectif de citoyens…

le vrai du faux

Que touchent les migrants ?

Dans ce domaine, exagérations, amalgames et idées fausses circulent allégrement dans les conversations et sur les réseaux sociaux. On entend ici ou là que les migrants toucheraient plus que les travailleurs pauvres ou seraient mieux traités que les SDF français. Pourtant…
> L'aide financière qui peut être accordée aux migrants existe bel et bien, pour ceux
qui demandent l'asile en France mais l'accès au travail leur est impossible les neuf premiers mois qui suivent leur arrivée. Il s'agit de l'allocation pour demandeur d'asile (ADA).
> Elle est verséeà condition d'être majeur et d'avoir des ressources inférieures au RSA.
Son montant dépend de la taille de la famille et de son hébergement. Pour un migrant seul hébergé en foyer d'accueil, l'aide est de 200 euros par mois.
> Le RSA (revenu de solidarité active) ne peut être perçu que par les personnes ayant effectivement obtenu le statut de réfugiés. Pour en bénéficier, il faut avoir au moins 25 ans et surtout être en situation régulière. C'est-à-dire, pour un étranger, disposer de la carte de résident ou d'un titre de séjour depuis au moins cinq ans autorisant à travailler en France. Ce qui n'est évidemment pas le cas des demandeurs d'asile.

aller plus loin

Migrinter livre son expertise

Hébergé par la maison des Sciences de l'homme et de la société de l'université de Poitiers, le laboratoire Migrinter est spécialisé dans l'étude des migrations internationales et des relations interethniques. A travers l'organisation de colloques, de programmes de recherches et de nombreuses publications, il propose une approche francophone du phénomène des migrations, couvrant des domaines aussi divers que les diasporas, les circulations ou les mobilités urbaines. L'un de ses membres, Thomas Lacroix, chercheur au CNRS et directeur adjoint de la revue « Migration studies » vient de publier un essai engagé intitulé « Migrants l'impasse européenne » (Editions Armand Colin) dans lequel il étudie « la crise des migrants ».