Eric Ter

Compositeur inlassable

Guitariste avant tout, Éric Ter pourrait être qualifié de bluesman, « mais pas pur et dur », précise-t-il instantanément. Producteur, auteur, et compositeur inlassable, il traîne dans sa carlingue une dizaine d'albums, enregistrés entre Paris, Londres, et la Californie. Mais au fait, c’est qui Éric Ter ?

Éric Ter, ce n'est pas vraiment le p’tit nouveau qui débarque avec trois-quatre riffs en poche. La soixantaine clinquante, autodidacte, un brun ténébreux, voilà deux ans que l’homme a pris ses quartiers dans la campagne de Savigny. Une petite maison, au calme, entourée d’équidés. Seul, avec ses guitares, ses pédales, son clavier, son 24 pistes, et son inspiration.

Après avoir sorti une première galette intitulée Sirkel & Co en 76 chez Charly Records, enregistrée outre Manche avec notamment Mick Taylor en guest star (ancien guitariste des Rolling Stones), il enchaîne deux ans plus tard avec Vertige sur le label Tréma, connu pour avoir produit la quasi-totalité de l'œuvre musicale de Michel Sardou. Puis en 78, suite à des problèmes tant conjugaux qu’avec sa maison de disque, il met les voiles, direction les États-Unis, pour rejoindre un ami batteur à New York.

« On n'est pas resté longtemps, on a traversé le pays en voiture jusqu’à l’ouest, à Los Angeles. Là-bas, je voulais absolument faire de la musique, mais à Los Angeles, c’est pas facile de se faire connaître, il y a trop de monde qui veut percer. »
Eric Ter

Il enchaîne alors les petits boulots, chauffeur, ou même vendeur par téléphone. Parallèlement, il crée son propre studio d'enregistrement, baptisé "Zou Zou". « Ça marchait bien, il y avait pas mal de rappeurs qui venaient à l’époque, se souvient-il. Avec mon copain batteur, on avait aussi rejoint le groupe Les Variations, qui s’était reformé aux États-Unis. » Finalement, il restera près de 15 ans dans la cité des anges. Après de nouveaux déboires conjugaux et le braquage de son studio, il rentre en 1994 à Paname… avec cinq albums de plus au compteur.

Par la suite, il sortira en moyenne un album tous les deux ou trois ans. Aujourd'hui, à 65 ans, avec sa veste en jean et son look de rockeur, Éric Ter n’a toujours pas jeté les gants. L’époque veut que les disques ne se vendent plus ? Peu importe, il compose, encore et toujours. Un nouvel album est dans les tuyaux, pas encore sorti, qu’un autre se profile déjà. Une voix légèrement rocailleuse et grave, posée, en anglais ou en français, avec des chansons qui laissent toujours une part importante à la guitare. Blues, jazz, ou rock ? Un peu de tout ça, avec un maître mot : groove.

Les influences, c'est du classique (mais surtout pas Mozart, insiste-t-il). Zappa, Hendricks, Prince, Billy Gibbons de ZZ Top, John Scofield pour le jazz, « et Miles Davis, évidemment ».

« Et Miles Davis, évidemment. »
Eric Ter dans son home studio

Musicien de studio, il l'est un peu « de par nature. J’aurais eu une grande gueule dès le départ, j’aurais peut-être fait moins d’albums et plus de concerts », songe-t-il. En attendant, il compose. Souvent tout, tout seul. Batterie, basse, guitare, clavier. Et monte sur scène, à l’occasion. « En ce moment, je suis en cheville avec deux super musiciens, Silvio Marie, bassiste, qui joue d’ailleurs ce soir à Bercy avec Michael Gregorio (c'était le 16 décembre, N.D.L.R.), et Fabien Meissonnier à la batterie. On a peu de temps ensemble, mais quand on se voit, ça cuisine, on s’enregistre, on joue, ou on fait un concert. »

« J'ai toujours eu du mal à prospecter, à promouvoir mes disques, ou à chercher des concerts. Si quelque chose se passe pour moi, tant mieux, mais j’ai toujours privilégié le temps et la liberté, avant de courir après l’argent. Je n’ai pas d’emprunt sur le dos, et pas vraiment de famille à m’occuper. »

Alors, 2017, l’année du live ?

« J’ai 65 balais, je ne peux plus partir faire le tour du monde avec ma guitare acoustique, mais j’ai l’impression générale que je suis pas arrivé au bout du truc, que quelque chose va se passer. » Avis aux programmateurs…


Romain Beal