En forme olympique !

Rio 2016

La Seine-et-Marne et les Jeux Olympiques, c'est une longue et belle histoire. De Henri Louis Hérouin, médaillé d'or à Paris en 1900 au tir à l'arc, à Laure Manaudou, championne olympique à Athènes en 2004, rares sont les éditions où le département n'a pas brillé. 

Il y a eu les années fastes de l'escrime melunaise, avec ses 16 médaillés olympiques, de Frédéric Pietruszka à Patrice Lhotellier, en passant par Bernard Talvard, Daniel Revenu, Bruno Boscherie ou Valérie Barlois, l'athlétisme avec la médaille de bronze d'Antoine Richard à Moscou en 1980, l'équitation avec Michel Roche, Hubert Parot et Marcel Rozier, sacrés par équipe en saut d'obstacles en 1976 à Montréal, le tir avec Delphine Réau-Racinet, médaillée d'argent à Sydney (2000) et de bronze à Londres (2012)...

Une histoire qu'une dizaine d'athlètes seine-et-marnais tenteront encore d'enrichir cet été à Rio. Une fois encore, ce sont les sports phares du département qui seront en évidence : l'escrime avec Enzo Lefort, Astrid Guyart et Peter Joppich, l'athlétisme, avec Renelle Lamotte, Teddy-Atine-Venel, Florian Carvalho et Carolle Zahi, et l'équitation avec l'éternel Roger-Yves Bost. A eux d'écrire l'histoire !

Escrime : objectif médaille pour les Melunais

Astrid Guyart, Enzo Lefort et Peter Joppich seront en lice pour une médaille, voir un titre olympique à Rio. A leur avantage, ils ont chacun au moins une participation dans une édition précédente.

Cette année, le Cercle d'escrime Melun val de Seine renoue avec la compétition olympique grâce aux sélections d’Astrid Guyart et Enzo Lefort en équipe de France, et celle de Peter Joppich, pour l’équipe d’Allemagne. Trois fleurettistes qui peuvent sérieusement croire en leurs chances de médailles et renouer avec une histoire olympique dont Patrice Lhôtellier est le dernier à avoir ramené une médaille.

 Astrid Guyart : A 33 ans, la sœur de Brice Guyart, champion olympique par équipe en 2000 à Sydney, et en individuel en 2004 à Athènes, espère bien marcher sur les traces de son grand frère. Fidèle au club du Vésinet, depuis sa plus tendre enfance, elle a décidé de rejoindre le cercle d’escrime Melun val de Seine pour se donner toutes les chances de réussite à Rio. « Pour cette année olympique, j’avais besoin d’être dans les meilleures conditions pour réussir. Venir à Melun me permettait cette disposition et je pouvais échanger avec Patrice Lhôtellier », explique l’escrimeuse bien décidée à réussir ses Jeux Olympiques de Rio après avoir été partenaire en 2008 (Pékin) et avoir pris la 4e place par équipe en 2012, à Londres. Épreuve par équipe qui n’est pas olympique à Rio. 

L’avis de Patrice Lhôtellier : « Avec Astrid, nous avons beaucoup échangé. Le fait d’avoir fait les Jeux Olympiques il y a quatre ans lui a permis de voir cette pression unique aux Jeux. Elle sait que cela ne va pas être une épreuve comme les autres, que ce n’est pas l’une des favorites. par contre, si elle est à 100 % de sa valeur, elle peut faire une médaille. » 

Enzo Lefort : Arrivé au cercle d’escrime Melun Val de Seine après les Jeux Olympiques de Londres (2012), Enzo Lefort ne manque pas d’ambition même si sa sélection a été longue à se dessiner. Déjà vainqueur d’une manche de coupe du monde en individuel (Paris en 2014) et multimédaillé par équipe, il peut espérer dans les deux compétitions et il ne s’en cache pas : « Je veux ramener deux médailles. une en individuel et une par équipe. J’ai prouvé que je pouvais ramener une médaille en championnats du monde et d’Europe ». Malgré ses 24 ans, il compte aussi s’appuyer sur l’expérience engrangée depuis Londres : « Depuis quatre ans, j’ai appris à gérer. J’ai évolué, je connais mieux mon corps, mes sensations et ma préparation pour arriver à mon pic de forme »

L’avis de Patrice Lhôtellier : « Il sait qu’il peut tout faire. Il est bien revenu après une saison compliquée. Au classement mondial, il est loin d’être favori mais dans le jeu, il peut battre tout le monde. A Rio, il va savoir gérer ses émotions et puis il a la chance de pouvoir jouer sa chance en individuel et par équipe »

Peter Joppich :  Le fleurettiste allemand est fidèle au cercle d’escrime Melun Val de Seine depuis 2011. Quadruple champion du monde en individuel (2003, 2006, 2007 et 2010), champion d’Europe en 2013, il a aussi été couronné par équipe au niveau européen (2007 et 2013). Même si ses performances sont de moindre importance depuis quelques années, il reste un fleurettiste à suivre puisqu’il s’est qualifié en individuel alors que l’équipe allemande ne sera pas présente à Rio. 

L’avis de Patrice Lhôtellier : « J’ai discuté avec Peter lors des derniers championnats de France. On a parlé des Jeux Olympiques et il m’a dit qu’il n’avait pas de pression. Qu’il ne savait pas s’il ferait une médaille mais qu’il n’avait pas peur. Il est moins fort que les autres mais s’il gère bien son tournoi… »

Athlétisme : la découverte Lamote, l'expérience de Carvalho et d'Atine Venel

Avec Carolle Zahi (Athlé Sud 77), trois autres athlètes seine-et-marnais fouleront la piste de Rio : Renelle Lamote (Athlé Sud 77) sur 800M, Florian Carvalho (US Nemours-Saint-Pierre) sur 4X400M et Teddy Atine-Venel (Savigny Sénart) avec le relais 4X400 M.

On l'annonce depuis deux saisons comme la relève de l’athlétisme français. En perpétuelle progression, Renelle Lamote (Athlé Sud 77), 22 ans, a encore réussi une grande saison 2016, avec un nouveau record personnel descendu à 1’58’’01 et une médaille d’argent lors des championnats d’Europe à Amsterdam, va vivre au Brésil ses premiers Jeux Olympiques. 

Finaliste aux Mondiaux de Pékin l’an passé, la protégée de Thierry Choffin va retrouver l’élite mondiale avec un premier objectif, décrocher sa place en finale. Si le podium semble difficile à atteindre et devrait se jouer autour des 1’56’’, le scénario de la course pourrait offrir des possibilités à la Bellifontaine qui a beaucoup progressé tactiquement.

 Le sens tactique de Carvalho 

La tactique sera aussi l’un des enjeux du 1500 M sur le quel s’alignera Florian Carvalho (US Nemours-Saint-Pierre, 27 ans)). Treizième en 2012 à Londres, le Nemourien connaîtra à Rio ses deuxièmes JO. Qualifié de justesse pour le Brésil grâce à sa place dans le top 16 mondial au moment des sélections, Carvalho a connu une saison compliquée. Mais son expérience internationale et son sens tactique font de lui un candidat sérieux à la finale. 

L’expérience de Atine-Venel 

Comme Carvalho, Teddy Atine-Venel (Savigny-Sénart, 31 ans) va participer à ses 2e Jeux Olympiques avec le relais 4X400 M français. Mais il faut remonter à 2008 et aux Jeux de Pékin pour retrouver trace de sa participation. Malgré une saison estivale compliquée et loin de ses standards habituels, le Savignien a gardé les faveurs de l’encadrement tricolore pour poursuivre son rôle « d’aîné » au sein du relais bleu. Ses qualités de deuxième relayeur, son influence sur ses coéquipiers, et son art du rabattage en font un des piliers de ce relais, qui visera la finale brésilienne.

Carole Zahi revient de loin

Tout juste naturalisée française, l'Ivoirienne d’origine n’a qu’un seul objectif, faire partie du 4x100 m qui sera en piste à Rio.

A l'évocation des Jeux Olympiques de Rio, les yeux de Carolle Zahi se remplissent d’étoiles. Ses Jeux Olympiques, elle les veut et elle les aura au terme d’un parcours marqué d’embûches.

 « Défendre les couleurs de la France » 

Administrative d’abord. « Je suis arrivée en France à l’âge de 9 ans et depuis que je pratique l’athlétisme, il ne m’est jamais venu à l’esprit de courir pour une autre nation que la France. C’est elle qui m’a permis de réaliser mes performances. J’ai toujours des relations avec la Côte d’Ivoire mais pour moi, je dois courir pour défendre les couleurs de la France », explique la sprinteuse originaire d’Abidjian. 

« Il était plus logique pour moi de courir pour la France car j’ai tout mes repères ici. Une partie du groupe d’Alex Ménal a des sélections en équipe de France. C’est comme cela que j’ai pris la décision d’entamer les démarches de naturalisation à la préfecture », précise la spécialiste du 100 mètres licenciés à l’Athlé Sud 77. Portland Dans le même temps, le volet sportif de la préparation olympique poursuit son cours. Une préparation qui passe par les championnats du monde en salle à Portland, en mars 2016. « C’était un passage obligé pour les Jeux Olympiques » insiste Alex Ménal, son coach qui déplore toutefois les conditions dans lesquelles elle est partie : « Elle n’a fait que les séries car elle a eu des problèmes de visas. Elle est partie un mercredi pour une course qui se tenait le vendredi. Si elle était partie dans les temps, cela aurait changé les choses », regrette Alex Ménal. Blessure Un contretemps qui ne va malheureusement pas être le seul à transformer sa participation au 100 m olympique. 

« Le 8 juin, lors d’une séance d’entraînement, sur une dernière séance technique j’ai ressenti une douleur à l’ischio-jambier gauche », confie l’athlète consciente d’être ralentie dans sa progression. « Je ne comprends pas ce qui a bien pu se passer car j’étais vraiment en forme. c’est la première fois que je courais aussi vite depuis l’hiver », se rappelle Carolle Zahi. Une analyse partageait par son coach : « Elle n’avait jamais été aussi bien. Cette blessure, c’est la chose dont j’avais le plus peur car chaque jour, elle était de mieux en mieux. Si elle ne s’était pas blessée, elle aurait fait moins de 11’15 (les minimas pour les 100 m individuels aux JO) ». Amsterdam Contrainte à un mois d’arrêt, Carolle Zahi est tout de même sélectionnée pour les championnats d’Europe d’Amsterdam, début juillet, au sein de l’équipe du 4x100 m. « Je suis allée à Amsterdam pour rester avec le groupe et intensifier les soins pour arriver en pleine forme aux Jeux Olympiques afin de courir ». Une sélection pour Amsterdam qui lui fait du bien physiquement et surtout moralement : « Le fait que les coaches m’aient sélectionné m’a montré qu’ils avaient confiance en moi ». Une confiance, associée à des résultats (11’’28 au 100 m) qui lui permette d’aller aux Jeux Olympiques de Rio au sein de l’équipe du 4 x 100 m. Il ne lui reste qu’à gagner sa place au sein de l’équipe qui sera retenue pour disputer l’épreuve. En attendant, elle retrouvera sa complice d’entraînement Floriane Gnafoua, elle aussi coaché par Alex Ménal.

Equitation : Bosty, 20 ans après !

Roger-Yves Bost (Haras des Brulys, Saint-Martin-en-Bière) retrouve les Jeux Olympiques 20 ans après sa première participation à Atlanta et une 4e place par équipes.

C'est un exemple de longévité. À 50 ans, Roger-Yves Bost, le cavalier du Haras des Brulys à Saint-Martin-en-Bière, va en effet retrouver les Jeux Olympiques 20 ans après sa quatrième place lors des JO d’Atlanta. Réserviste à Londres, il y a quatre ans, « Bosty » s’est offert ce beau cadeau au prix d’un superbe retour au premier plan. Champion d’Europe à Herning (2013) avec Castle Forbes Myrtille Paulois, sa jument partie à la retraite en novembre 2014, le cavalier seine-et-marnais a pu compter sur de nouveaux chevaux pour montrer qu’il fallait toujours compter avec lui. 

Deuxième de la Coupe des Nations de Saint-Gall avec Qoud’coeur de la Loge, avec lequel il s’est offert une 2e place en Coupe des Nations à Calgary, Roger-Yves Bost s’est aussi illustré à Madrid en remportant le CSI Coupe du Monde avec Pégase du Murier. Mais c’est son couple avec Sydney Une Prince qui lui a offert les faveurs des sélectionneurs. C’est avec ce cheval qu’il a remporté l’épreuve de vitesse à Cannes ou encore terminé à la 2e de la Coupe des Nations de Rome. Et c’est ce cheval que les entraîneurs français ont privilégié. « On en a discuté ensemble, explique Roger-Yves Bost. J’ai la chance d’avoir trois chevaux exceptionnels. Mais Sydney Une Prince a été plus régulière ces derniers mois, elle fait beaucoup de sans-faute et apporte plus de garanties »

« Être fort d’entrée » 

Ce choix s’explique aussi par le futur parcours qu’auront à affronter les cavaliers de saut d’obstacles lors des JO. « On connaît simplement le site pour le moment. C’est une grande carrière de sable, mais on ne sait rien du futur tracé. Mais le chef de piste, celui qui dessine le parcours est venu en Europe ces derniers mois pour faire le tracé de quelques épreuves, et on a vu que c’était surtout très technique. C’est aussi pour ça qu’on a choisi Sydney Une Prince… » 

S’ils seront bien logés au village olympique, Roger-Yves Bost et les cavaliers français disputeront leurs épreuves à 1 heure environ de Rio. Avec, pour commencer, l’épreuve par équipes où les 4 Français selectionnés seront à l’œuvre. « On a une vraie chance de médaille par équipes, note Bosty. On est dans les 4 ou 5 équipes qui prétendent au podium. Et le résultat sera d’autant plus important qu’il conditionnera la sélection en individuels… » Sur les 4 cavaliers en lice par équipes, seuls 3 seront alignés pour l’épreuve individuelle. « Il faudra être fort d’entrée, être bon tout de suite. J’ai pas mal d’expérience, c’est sûr, j’ai fait beaucoup de compétitions internationales, mais les jeux, ça reste quelque chose d’exceptionnel. Il faudra faire des sans-faute pour aller chercher la médaille par équipes et pour espérer faire l’individuel… » 

Comme à Londres en 2012 avec Bost, c’est un Seine-et-Marnais qui assurera le rôle de réserviste, puisque Philippe Rozier (Espace Marcel-Rozier, Bois-le-Roi), 53 ans, déjà présent aux JO de Los Angeles en 1984 et de Sidney en 2000, et son cheval Rahotep de Toscane seront là en cas de pépin pour l’un des quatre titulaires.

Haut Vol : Benjamin Auffret, le grand plongeon

À 21 ans, Benjamin Auffret, né à Montereau, habitant de Perthes-en-Gâtinais, et licencié à la VGA Saint-Maur, va découvrir les JO à Rio au plongeon à 10 mètres. 

Benjamin Auffret est passé depuis tous les états depuis quelques mois. Ancien gymnaste reconverti au plongeon de haut vol, le Perthois, auteur d'un très bon début de saison 2016, a en effet décroché sa sélection olympique dès le mois de novembre 2015. Une qualification très précoce qui lui a offert pas mal de confort pour préparer au mieux ses premiers JO. « Le fait de me qualifier tôt a été un énorme avantage pour moi, explique Benjamin Auffret. Nous avons pu prendre le temps de travailler des détails et étaler la préparation pour être bon aux J.O. Sans cela, j’aurais dû être prêt beaucoup plus tôt dans la saison ». Une situation qui ne lui a pas évité la tuile que tout sportif redoute à l’approche d’une grande compétition, la blessure. « Je me suis blessé en début d’année. Ça a évidemment perturbé ma préparation dans le sens où je n’ai pas pu prendre part aux dernières étapes des World Series et aux championnats d’Europe. Je n’ai donc pas pu me mesurer au niveau international actuel et montrer aux juges ce que je sais faire. »

Comme aux Mondiaux 

Revenu dans le circuit il y a deux mois, le Seine-et-Marnais a vite retrouvé ses repères en finissant deuxième du Grand Prix FINA d’Italie. Un retour à la compétition réussi et une bonne préparation pour Rio, puisque la compétition était organisée en extérieur comme le seront les Jeux Olympiques. Reste maintenant à réussir le saut parfait au Brésil. « J’aborde ces Jeux avec beaucoup d’impatience. J’ai tellement rêvé de ce moment et entendu les autres sportifs me raconter la démesure de l’événement que j’ai simplement hâte d’y être et montrer ce que je sais faire. Mon objectif sera d’abord d’accéder à la finale. Une fois en finale, tout sera possible et je compte bien créer une surprise, comme je l’ai fait aux championnats du monde l’an dernier ». À Kazan, en Russie, le Perthois avait pris une belle 5e place. Cette fois, ses adversaires sont prévenus…